C’est avec une joie non dissimulée que l’on retrouve les frères moustachus dans un cinquième Mario & Luigi aux allures de cross over. Paper Mario et son univers rejoignent le Royaume Champignon tout en volume de Mario et Luigi, et on se retrouve avec deux fois plus de héros, deux fois plus de princesses et surtout deux fois plus d’ennemis « différents ».
Suite à une maladresse (une de plus) de la part de Luigi, le livre contenant le monde de papier où se trouve notamment Paper Mario (Mario de papier dans la version française) se retrouve dans le Royaume Champignon que l’on a connu dans les Mario & Luigi. Les Toads en papier sont là, perdus, mais on a donc un deuxième Mario ou encore même une deuxième princesse. Les décors en papier se retrouvent superposés au monde « normal » et les ennemis aussi. En parlant d’ennemis, Bowser rencontre lui aussi son alter ego de papier et les deux Bowser vont vite s’unir pour s’attaquer aux deux princesses Peach, sans parler des Bowser Junior.
Afin de régler cette pagaille, Mario et Luigi partent une nouvelle fois à l’aventure dans un RPG qui s’annonce assez drôle et original dès le début. Pour les nouveaux venus, la série des Mario & Luigi se présente à chaque épisode comme un RPG se jouant au tour par tour mais avec une progression assez linéaire. Chaque personnage est attribué à une touche et on les contrôle tous simultanément lors des phases d’exploration, ils se suivent. Les combats se basent sur le rythme et il faut réussir à appuyer au bon moment sur la touche qui correspond au personnage pour faire plus de dégâts lors d’une attaque. Il est aussi possible d’esquiver et même contrer des attaques en appuyant au bon moment. Le tout dépend de l’attaque et surtout de l’ennemi contre lequel on tombe. On reste dans du tour par tour mais il faut toujours être attentif, c’est assez dynamique. On retrouve les classiques objets de soins, points de « magie », équipements… etc.
Les frères possèdent leurs attaques spéciales où le rythme est encore plus important, chaque attaque spéciale possède sa « chorégraphie » et devient presque un mini jeu à QTE, sauf que le jeu ne nous dit pas quand appuyer sur quelle touche. L’exploration propose des phases plus ou moins originales, avec l’acquisition de pouvoir pour passer certains endroits, jouant toujours sur la coopération entre les frères. Cette essence de la série est toujours présente dans cet opus mais Paper Mario rejoint assez vite l’équipe et apporte quelque chose de vraiment différent. Tout d’abord il se joue bien différemment. Avec ses PV et son attaque assez faibles (après tout c’est un héros en papier), il peut tout de même faire cinq copies de lui même pour se superposer avec elles. Ses copies lui servent de bouclier mais aussi à décupler sa puissance. Pour reprendre l’exemple que j’avais donné dans ma preview, un saut de Paper Mario n’enlève au départ que 2 PV mais avec 5 clones, si on appuie au bon moment à chaque fois, Paper Mario retire six fois 2 PV car toutes les copies attaquent l’ennemi à la suite.
Autre chose encore plus intéressante, Mario peut sauter un peu plus haut et rester en l’air pour esquiver. Grâce à son poids plume les esquives sont facilitées, encore une fois pour combler ses PV qui chutent à vitesse grand V. Les ennemis en papier ont aussi en général des différences en comparaison de leur alter ego tout en chair. Il faut donc se méfier du type d’ennemi qui nous attaque et surtout de quel monde il est issu, ces différences donnent des schémas de combats plus variés. Une altération d’état peut aussi toucher les personnages en papier, ils peuvent se froisser, pas bête, ils sont alors temporairement paralysés. Mais Paper Mario apporte une dernière chose avec lui en combat : les attaques triples. Il est possible d’attaquer à trois un ennemi, un peu comme avec les attaques frères mais les séquences d’attaques sont encore plus mises en scène. Il faut cependant que les trois personnages soient encore debout. A noter que dans les environnements, Paper Mario peut se faufiler dans certains petits passages très étroits.
Techniquement le jeu est quasiment identique au dernier épisode sorti sur 3DS. On fait toujours face à de jolis sprites 2D pour les personnages (ceux en papier sont en 3D par contre), qui se baladent dans un monde en 3D. L’aventure semble même être un peu plus haute en couleur et je n’ai jamais senti d’accrocs techniques, même avec la 3D stéréoscopique activée tout du long. On ne peut pas dire que ce soit le jeu qui fasse cracher les tripes de la console, ce qui ne l’empêche pas d’être joli pour autant. Depuis ma preview mon avis n’a pas changé, la 3D stéréoscopique est peu utilisée mais tout de même présente pour quelques effets gadgets. Les musiques sont toujours guillerettes avec des thèmes issus des Mario & Luigi, des thèmes de Mario en général et de nouveaux thèmes pour accompagner. Rien de vraiment marquant en somme mais toujours fidèle à ce qui se passe à l’écran et à l’atmosphère du jeu pour partir du bon pied.
Je n’ai pas eu besoin de faire de level up mais il est vrai que j’ai du m’y reprendre à plusieurs fois sur certains boss. Chacun demande une technique spécifique pour les vaincre qui vous demandera souvent d’être observateur, ce qui n’est pas forcément chose commune dans les RPG au tour par tour et qui reste une des particularités de la série. Les boss sont vraiment réussis sur ce point, même si on aurait pu avoir plus varié au niveau de leur apparence. On peut heureusement sauvegarder partout et recommencer un combat si on échoue. Pour les nouveaux joueurs une aide est activable en combats, ainsi qu’un mode facile dans le menu (ou après avoir perdu un combat). Ce Mario & Luigi est accessible au départ mais la difficulté augmente et on le sent un peu, je vous déconseille d’éviter de fuir les combats. Mettez souvent votre équipement à jour et apprenez les attaques des ennemis. C’est un RPG qui demande de l’attention et passé cette phase il est très agréable. On reste dans un univers léger, et on sent qu’on a réussi à progresser avec nos réflexes, l’ensemble reste réussi donc on peut apprécier la difficulté qui n’est pas exagérée. Pour les moins patients le mode facile vous permet de perdre beaucoup moins de PV et un ralenti s’active même lors des attaques spéciales pour avoir le bon timing, vous pouvez l’activer et le désactiver à volonté à tout moment. Sa durée de vie est peut être inférieure à un vrai gros RPG Japonais mais sachez qu’il faudra tout de même plus de 20h pour venir à bout de l’aventure.
Il est possible de se faciliter la vie avec les amiibo. Mario & Luigi : Paper Jam Bros. est bien compatible avec les figurines amiibo mais il semble que ce soit uniquement avec celles en rapport avec l’univers Mario. Même votre Link ou votre Villageois ne fonctionneront pas. Les amiibo permettent d’obtenir des cartes bonus sont totalement optionnels. Ces cartes sont un des ajouts au système de combat, vous en gagnerez en jeu et vous pourrez les utiliser avec l’écran tactile pour booster temporairement votre équipe. Chaque carte est à effet unique pour un temps limité (boost d’attaque, réduction des dommages à 0 pour un tour…). Ce système est plutôt à voir comme un bonus et on peut en général s’en sortir sans utiliser de cartes. Un amiibo permet de créer un paquet de carte entier mais pour cela il faut réussir à se procurer des cartes vierges, un tirage décide ensuite de l’effet qu’au chaque carte, sachant qu’il faut poser l’amiibo à chaque manipulation. C’est un peu contraignant.
Après les amiibo, en parlant de fonctionnalités liées au hardware, si vous jouez au jeu sur New 3DS, vous profiterez du stick C qui permet de faire bouger la carte de la zone sur l’écran du bas sans utiliser le tactile. Les touches ZR et ZL permettent d’utiliser automatiquement certains des objets de l’inventaire pour vous requinquer sans passer par le menu. C’est de l’ordre du gadget mais ça fait toujours gagner un peu de temps, plutôt que de ne rien mettre. On trouve aussi des sortes de succès intégrés au système de combat qui rapportent des points pour acheter des équipements, ils dépendent par exemple du nombre d’esquives réussies sur un type d’ennemis. Il en faudra beaucoup pour gagner des lots intéressants…
Le petit problème du jeu vient de sa répétitivité. On aborde ici le défaut que je voyais un peu arriver dans la preview. Nintendo n’a jamais hésité à inclure des mini-jeux dans la progression à travers les différents épisodes de la série, justement pour varier les plaisirs. C’est le cas ici avec plusieurs chasse aux Toads ou aux objets dans certaines zones… Ou plutôt dans toutes les zones ! A chaque nouveau lieu, on y a droit au moins une fois. Il faut souvent aller sauver les Toad de papier qui sont éparpillés sur une zone définie. Ce n’est jamais bien difficile mais ça prend toujours une dizaine de minutes et quand cette quête se répète, on le sent assez vite et ce n’est plus très fun. Petite variante, certains doivent être attrappés en sprintant, le sprint est d’ailleurs une nouveauté sympathique de cet épisode. Quand on est assez proche de la cible que l’on suit à toute vitesse, on peut la plaquer au sol pour l’attraper. Les pouvoirs acquis par la suite rentreront aussi dans les objectifs de ces quêtes. D’autres fois il faudra chercher des fruits, une autre chasser Kamek d’une zone… Les objectifs varient mais la forme ne change pas toujours énormément et c’est à cause de ça qu’on ressent une lassitude si on joue longtemps et qu’on enchaîne ces phases. Elles sont sympathiques mais il y en a un peu trop et surtout elles sont forcées alors que Alphadream aurait pu se contenter de les mettre en quête optionnelles par exemple.
Entre ces mini-jeux qui font office de pause forcée (et pas toujours palpitante), on retrouve heureusement de bons moments, avec un peu d’exploration comme la série l’a toujours fait, des combats dynamiques, des boss et même des phases plus originales entièrement en 3D. Parfois on s’étonnera de ne pas voir revenir les mini-jeux pendant un moment. Pour les phases en 3D, j’en parlais à la fin de ma preview, ce sont des combats avec un personnage de papier géant, une sorte d’origami. Ils viendront ponctuer votre progression dans certains mondes. L’apparence du Titancarton change selon les combats et il faudra jouer de la capacité spéciale du Titancarton que l’on contrôle. Ces géants se dirigent avec le stick et peuvent charger ou sauter sur un ennemi (il vaut mieux que ce dernier déstabilisé pour ne pas se louper, les sauts sont lents). On a donc des affrontements en arène entre des géants de carton avec un gameplay très basique mais aussi très lourd. La caméra laborieuse rend le tour imprécis, c’est un peu dommage. Chaque nouveau combat de Titancartons (ils sont peu nombreux) ajoutera une petite variante mais la lourdeur et la caméra tirent un peu ces phases vers le bas. Elles restent plaisantes car peu nombreuses.
Autre reproche que l’on peut faire au jeu, c’est son schéma très répétitif. Je vous disait il y a quelques lignes que la quête des Toad revenait trop souvent mais ce n’est pas que sur ce point que le jeu se répète un peu trop. Il ne me semble pas avoir relevé ça dans les anciens, en tout cas c’est flagrant ici. On passe de la découverte d’une zone sur quelques écrans, à un petit village (les villages sont identiques malgré les changements de région, à deux maisons près, incompréhension), puis une zone plus hostile et enfin un boss et parfois un combat de Titancarton. Et ce schéma se répète parfois sans même une scène de transition ! C’est assez frustrant quand on pense que les anciens épisodes se permettaient de tenter plus de choses différentes dans leur progression.
On apprend toujours de nouveaux mouvements au cours de notre aventure. Il sera vite possible de combiner la force des trois marteaux pour casser de gros objets fissurés, d’autres pouvoirs vous permettant d’obtenir des objets un peu cachés et de nouveaux chemins se débloqueront mais je vous en laisse la surprise. Mais on sent que le jeu aurait pu aller encore plus loin dans les phases se déroulant en dehors de ses combats s’il avait été un peu moins répétitif, on reste sur quelque chose de basique alors que Paper Mario aurait pu rendre l’exploration encore plus intelligente. Il intervient à plusieurs moments mais ce n’est pas suffisant. Une salle d’arcade est tout de même disponible dans le premier centre à Toad du jeu et permet de refaire les combats de boss ou de Titancarton.