Après un Steamworld Dig très apprécié par la critique et orienté vers l’exploration et la plateforme souterraine, Imageform prend sa licence et l’emmène vers un genre totalement différent : la stratégie au tour par tour ! Des points communs subsistent avec le dernier épisode, notamment un peu au niveau de l’univers mais c’est tout de même un sacré virage qu’a entrepris Imageform. Ce changement radical de genre peut choquer mais il n’y a pourtant pas d’inquiétude à se faire car on fait face à un jeu eShop d’ambition.
La première chose qui choquera plusieurs joueurs sera certainement le prix de ce Steamworld Heist. Vendu à 19,99€, il est vrai que c’est élevé pour un jeu eShop mais si vous venez lire ce test c’est plutôt pour savoir si le jeu vaut le coup donc attardons nous sur le jeu et ses qualités (et défauts ?) ! On retrouve donc un peu l’univers de Steamworld Dig, c’est à dire du steampunk avec des robots, des couleurs bien jaunâtres qui évoquaient le far west dans le précédent épisode… Mais cette fois c’est bien plus sombre, non pas pour les thèmes abordés, mais parce que le jeu se passe dans l’espace. Les robots ont toujours cette allure particulière mais avec des looks plus variés. Leur style reste assez original, toujours « sale » mais jamais mauvais. Ce mélange des styles qui faisait le charme de Steamworld Dig marche encore ici avec quelque chose dans le même esprit, mais dans l’espace, et avec un gameplay différent. On perd toujours des ressources lorsqu’on a un game over (cela dépendra d’ailleurs du niveau de difficulté, les méritants seront récompensés), mais en dehors de ça, le jeu n’a plus rien à voir avec Dig.
La 2D est encore de meilleure facture avec des modèles et des décors qui semblent plus détaillés que dans Steamworld Dig. On le sent, ce jeu se veut moins grossier et plus sérieux et il le montre par son gameplay. On retrouve un équipage mené par Piper, une femme qui va essayer de survivre dans l’espace où les ressources d’eau sont rares alors que des bandits commencent à s’imposer. Autant le dire de suite le scénario n’est pas ce qui intéressera le plus le joueur même s’il est moins basique que ça. Et il est agréable d’avoir plusieurs dialogues avec l’équipage, qui restent optionnels. Mais globalement ça ne reste pas aussi fou que dans d’autres tactical RPG par exemple. Le scénario est plutôt là comme un prétexte pour nous faire avancer de niveaux en niveaux. On se retrouve donc dans un vaisseau qui fait office de hub et en vue de côté. On peut s’y balader librement pour parler aux différents membres de l’équipage ou partir en mission. Les missions sont présentées sur une carte similaire à la carte de progression de Super Mario Galaxy 2, on passe de l’une à l’autre en arrimant notre vaisseau à ces plateformes spatiales. Certaines d’entre elles sont d’ailleurs uniquement des magasins ou des vaisseaux ne cherchant pas la bataille, pour le reste ce sont des missions.
Une fois une mission entamée, les déplacements des personnages sont limités mais le jeu reste en vue de côté. On peut déplacer les héros dans une zone jaune où ils pourront ensuite attaquer. On peut aussi les faire aller plus loin, cette zone est représentée par une zone bleue, mais après s’être déplacé si loin le héros ne pourra pas attaquer ce tour-là. Chaque protagoniste, héros ou ennemi se déplace chacun son tour et bien que ce soit du tour par tour et du case par case, l’ensemble ne donne pas quelque chose de vraiment rigide. Les déplacements sont intelligents, quand on s’arrête sur des ressources à récupérer ils les récupèrent, quand on s’arrête derrière un tonneau les personnages se mettent à couvert et on peut finir un tour en se mettant en garde. Les tours s’enchaînent vite et on ne ressent pas trop les lourdeurs que peut amener le tour par tour, d’ailleurs les combats proposent aussi un système différent de ce qu’on a l’habitude de croiser. Les robots sont armés et à la fin de leur déplacement, s’ils peuvent attaquer (en restant dans une zone jaune), il suffit d’appuyer sur R pour passer en mode attaque. C’est alors au joueur de viser en dirigeant le bras du protagoniste pour le faire tirer sur un ennemi. Il n’y a pas de limitation de distance pour un tir, certaines armes ont des viseurs lasers, d’autres tirent plusieurs projectiles à la fois, elles ont toutes leur caractéristiques et statistiques. La visée est très importante car on peut faire ricocher les balles, paralyser des ennemis en leur tirant dans les jambes ou faire plus de dégâts avec des headshot et des tonneaux explosifs. Le stick permet de regarder tout autour de la carte alors que les déplacements se font uniquement à la croix directionnelle. Au lieu de tirer, les personnages peuvent aussi utiliser les objets équipés. Ce système de combat qui ne dépend que de la visée et de la précision du joueur est assez intelligent car le joueur se retrouve dans l’action alors que dans plusieurs tactical, il ne fait que diriger sans trop prendre part à l’action. Les combats d’un Advance Wars ou d’un Fire Emblem ne dépendent pas du skill du joueur mais des statistiques de l’unité utilisée par exemple.
Il faut savoir qu’avant chaque mission il est possible de modifier l’équipement de chacun et même de choisir quels personnages envoyer en mission. Les personnages gagnent en niveau à la fin des missions et débloquent des capacités. Ces dernières vont du plus simple (amélioration de la vie par exemple) au plus singulier comme la possibilité d’attaquer une deuxième fois après avoir détruit un robot ennemi, ou encore une capacité de soin pour régénérer toute l’équipe. Ces capacités spéciales dépendent des personnages et bien sûr de leur niveau. Les zones pacifiques vous permettent d’acheter des équipements, faire avancer l’histoire ou même de recruter des personnages en l’échange de ressources. La carte des missions se charge assez vite mais il n’y a pas qu’une seule zone à traverser dans cet espace. La durée de vie dépendra d’ailleurs grandement de votre manière de jouer. On peut dire qu’au grand minimum il vous faudra dix heures de jeu (et encore il faut vraiment aller vite). Ensuite cela dépend du temps que vous passerez sur chaque carte et entre les missions, les vingt heures ne seront alors pas si loin si on s’implique bien dans le jeu, sachant qu’on peut changer de difficulté à chaque mission. En petit défaut je dirais que les mêmes objectifs reviennent souvent, c’est un peu dommage et on le ressent un peu quand on enchaîne les missions. Des objectifs secondaires viennent parfois nous faire jouer un peu différemment mais c’est rare. On se débarrasse d’ennemis, on ramasse ce qui traîne et le level design n’évolue pas énormément. Heureusement il est bon car on cherche toujours la meilleure position pour ne pas se faire tirer dessus, c’est très important de prendre ça en compte dans nos déplacements ou on perd vite pas mal de PV. Les missions sont surtout de plus en plus grandes. Il y a tout de même des boss qui viennent compliquer la chose. Ce sont des sacs à PV mais sur le premier il faudra par exemple réussir à désactiver son bouclier de temps en temps pour le toucher, il faut bien se positionner pour le faire.
Le jeu sauvegarde notre progression quasiment à chaque tour de jeu ce qui fait qu’il est très facile d’y jouer sur de courtes sessions, les missions ne sont pas non plus très longues même si elles se complexifient au fur et à mesure. Votre performance est d’ailleurs notée par des étoiles en fin de niveau, elles vous permettront de débloquer certaines choses. Ce classement dépend fortement de ce que vous ramassez pendant la mission, le swag collecté (oui oui je sais mais c’est appelé comme ça dans le jeu). En plus des personnages il est possible d’améliorer l’inventaire qui semblera assez restreint au départ, la collecte d’objets est donc très importante pour avancer l’esprit tranquille. Vous pouvez refaire les missions à loisir pour améliorer votre score et gagner plus d’étoiles. Enfin, en ce qui concerne la bande son, plusieurs thèmes sont très similaires à Steamworld Dig mais on notera surtout que le jeu propose à plusieurs moments quelques thèmes chantés ! Il n’y a pas de multijoueur, le mode solo constitue le seul mode proposé par le jeu mais plusieurs options sont disponibles. Il faut d’ailleurs savoir qu’il y a une multitude de modes de difficulté pour coller aux différents types de joueurs. En facile les joueurs n’auront pas trop à se soucier de leurs ressources. En normal le jeu demande une petite gestion mais sans trop limiter les joueurs. Dans les modes de difficultés supérieurs, le jeu s’adresse aux plus gros joueurs de tactical pour les faire réfléchir un peu plus, le choix est là selon votre profil. On peut régler ensuite des détails comme la possibilité de passer les déplacements ou la sensibilité de la visée.
Note : il est important de savoir que le jeu n’est pas traduit en français à sa sortie (le 10 décembre 2015 ici) mais Imageform nous a indiqué qu’une mise à jour arrivera en janvier 2016 pour rajouter notre langue. Pour ce qui est de la notice virtuelle, elle est déjà traduite en français.
Mise à jour – 20/07/2016
Fin avril dernier, Image & Form Games a sorti un patch pour SteamWorld Heist sur 3DS. Ce dernier a tout d’abord apporté le français et d’autres langues européennes que l’on attendait impatiemment depuis sa sortie en décembre dernier. Au même moment, le studio a également enrichi le titre d’un DLC payant. Pour 4,99€, ce contenu additionnel nommé « The Outsider » a ajouté un personnage puissant éponyme mais aussi de nouvelles missions, de nouvelles armes et équipements et de nouveaux chapeaux.
Nous avons donc franchi le pas pour vous afin de juger le rapport qualité/prix de ce DLC, mérite-t-il toute votre attention ? SteamWorld Heist est une pépite sur l’eShop 3DS comme en témoigne notre test. Le capitaine Piper va donc tomber sur un nouvel allié au passé mystérieux qui se nomme Fen, un robot laissé pour mort, ce sera à vous de le réanimer dans un premier temps. Ensuite il pourra rejoindre votre équipe en tant qu’allié et prendre part à de nouvelles escarmouches. Ce nouveau héros est très réussi, il ressemble cependant beaucoup aux ennemies affrontés en fin de jeu, c’est-à-dire qu’il ne colle pas avec le style des autres personnages déjà recrutés. Il a de très bonnes statistiques et capacités, très vite il fera partie des plus récurrents dans vos combats tant il se démarque des autres, notamment à travers sa compétence de charge. Il parvient à se déplacer rapidement, soigner les autres et peut prendre en main pas mal d’armes, pistolets et lourdes, ce qui est appréciable.
Ce DLC ajoutera donc de nouveaux niveaux parfois bien plus corsés, plus grands et donc une nouvelle aventure en compagnie de Fen avec des défis inédits. Plus vous progresserez et plus vous débloquerez d’armes rares et encore plus de chapeaux pour notre plus grand plaisir. Pour faire le tour de ce nouveau contenu, comptez deux à trois heures de jeu en plus, ce qui peut paraître peu. En effet, on s’attendait peut-être à davantage de contenus il faut bien l’avouer. Il aurait pu être offert gratuitement ou alors un peu moins cher à 1,99€. Quand on a adoré le jeu du début à la fin, on se laisse volontiers tenter pour quelques heures supplémentaires et bonus mais vous ne raterez rien si vous décidez de vous contenter du contenu de base, surtout que SteamWorld Heist dispose d’une bonne rejouabilité pour finir le jeu à 100% et plusieurs niveaux de difficulté.