En occident, un héros bourré de testostérone avec son héroïne plus ou moins sexy et un scénario similaire à un long métrage Hollywoodien suffit à faire un jeu qui se fera au moins remarquer par l’ensemble des joueurs. Au Japon, viser un ensemble précis de joueurs est également chose commune, et quand on cible un public masculin et/ou fan d’animation japonaise, le fanservice peut alors être grandement mis en avant, parfois au détriment d’une qualité exemplaire. Marvelous AQL a eu le culot de produire ce genre de jeu sur 3DS, argumentant sur l’effet 3D pour renforcer ce fanservice. Et comme si ce n’était pas suffisant, avec le soutien de quelques éditeurs, Senran Kagura Burst franchira la frontière asiatique pour arriver jusqu’en Europe, une Terre où ce type de jeu n’a pas l’habitude de s’aventurer. Doit-on se laisser séduire par les poitrines des Shinobi des écoles Hanzo et Hebijo?
Hanzo et Hebijo, deux voies, deux écoles, deux groupes d’héroïnes
Senran Kagura Burst nous propose un scénario pas forcément tiré par les cheveux mais pas non plus inintéressant. Nous suivons donc l’histoire d’un Japon moderne où les shinobi vivent encore dans l’ombre de la population. Deux voies donnant naissances à deux écoles s’opposent. D’un côté les Shinobi œuvrant pour le bien à l’école d’Hanzo, et de l’autre ceux œuvrant pour le mal de l’école Hebijo. D’un côté, seul les individus n’ayant jamais commis d’actes maléfiques sont autorisés à postuler tandis que de l’autre, tout individu est autorisé à y étudier. D’un côté, la justice et la bonté, de l’autre la corruption et la force. Pourtant, des deux côtés, on retrouve des héroïnes plus ou moins voluptueuses, ayant chacune leur histoire pas toujours rose, et leurs raisons de vouloir devenir Shinobi. Et ces deux camps vont être amenés à se livrer une nouvelle fois bataille losque l’école Hebijo montre sa volonté à s’emparer du Super rouleau d’art Ninja de l’école Hanzo. L’originalité du jeu à ce niveau est de donner le choix de suivre le scénario du côté de Hanzo ou d’Hebijo et de changer à n’importe quel moment du jeu sur la même sauvegarde (qui est divisée en deux suivant votre progression d’un côté et de l’autre). L’histoire en elle-même est découpée en plusieurs chapitres de chaque côté, avec des missions faisant avancer l’histoire et des missions annexes. Concernant les missions à progression scénaristique, sans parler de gameplay, cela se déroule comme un roman interactif avec de nombreuses lignes de texte doublé quand les héroïnes parlent. Il arrive également qu’il y ait des séquences où nous voyons le profil en 3D des héroïnes parler ou encore un dialogue avec pour toile de fond un artwork représentant la situation dans laquelle évolue les personnages. Des situations parfois bien cocasses. Autrement dit, des mécanismes rappelant plus ou moins ce que l’on trouve dans les Visual Novel et qui n’est pas pour déplaire. Il vous appartient donc de suivre l’aventure que vous souhaitez et découvrir ainsi le point de vue des unes et des autres (car la majorité du casting est féminin) et ainsi découvrir le passé de chacune, leur motivation et leur volonté. Le scénario principal peut vous occuper une dizaine d’heures si vous ne cherchez qu’a simplement finir le jeu, mais viser le 100% peut s’avérer être une longue tache. Mentionnons que le Japon a eu une première version en 2012 avec seulement le scénario de l’école Hanzo, puis a sorti Senran Kagura Burst ajoutant le contenu relatif à l’école Hebijo et que c’est cette version qui nous parvient aujourd’hui en Europe. Bien que disponible uniquement en anglais avec le doublage intégral en Japonais, l’effort de localisation et même de version physique du jeu est louable. On ne peut que féliciter l’éditeur Zen United pour cela.
Voluptueusement beau et un contenu très généreux
C’est ce qu’il y a à dire sur Senran Kagura Burst. La réalisation en Cel-shading est plutôt jolie et colorée, et les quelques séquences en 3D ne sont pas toutes parfaites mais restent belles. Parmi les jeux qui adoptent ce style graphique, il n’y en a pas forcément de bien marquant sur 3DS, si ce n’est Ace Attorney 5. Senran Kagura Burst n’a pas la prétention de faire aussi bien mais reste soigné. La 3D stéréoscopique se limite aux QG, aux animations de début et de fin de mission, aux dialogues entre personnages ainsi qu’aux petites scènes cocasses en combat. Pourtant, quand on observe ces séquences, on a cette impression que le jeu a été fait avec la 3D et que quand on arrive aux séquences de gameplay en 2D, on a une impression de downgrade graphique. D’ailleurs bien que jolie, c’est visuellement inconfortable quand vous activez la 3D. Lancez votre mission qui vous propose donc un combat en 2D et qu’en plein combat certaines scènes se présentent soudainement en 3D pour directement revenir en 2D. Mise à part cela, le jeu n’est pas moche loin de là, il est également très généreux. Le casting du soft est majoritairement féminin et le maître mot de Senran Kagura Burst reste: Fan service. Entre le fan service lié au gameplay et le fan service pur, le jeu assume ce qu’il est. Sans encore rentrer dans le gameplay, si nous parlons simplement de ce point, disons que l’un des buts des développeurs, couplé à la 3D de la console, est sans doute de vous amener à reluquer les héroïnes. Entre les poitrines qui rebondissent et la possibilité de changer les tenues de vos héroïnes, tout est là messieurs pour vous séduire sans pour autant être allé dans l’obscénité. Et quand on parle de changer les tenues, on ne parle pas juste de changer un ou deux vêtements mais également les couleurs allant de l’uniforme scolaire au bikini, sous les remarques embarrassées de votre héroïne, qui vous demandera souvent de ne pas la reluquer autant. Bref, veillez à ne pas oublier de sortir des vestiaires pour reprendre votre aventure ou vous ne finirez jamais le jeu. Enfin, petite note sympatique et vraiment généreuse sans pour autant être du fan service, le jeu vous propose une galerie d’images ainsi que l’OST à débloquer en progressant. Sur ce point d’ailleurs, si l’OST n’est pas forcément une œuvre d’art, elle n’est pas mauvaise et on apprécie aller dans la galerie non pas forcément que pour l’écouter mais également lire les commentaires des compositeurs sur chaque piste. Un ajout assez surprenant pour un jeu de ce genre. Autrement, il y a également des titres à gagner, qui peuvent s’apparenter « aux exploits » que l’on a dans les jeux Wii U et qui est toujours un contenu non négligeable pour ceux qui vise le 100%.
Gameplay perfectible
On parlait du scénario et de la réalisation de Senran Kagura Burst en évitant au maximum d’évoquer le gameplay. Cependant, on ne peut pas infiniment repousser et ne pas en parler. Basiquement, Senran Kagura Burst est un Beat em’all dont on ne sait pas vraiment la direction qu’il a voulu prendre entre la 2D et la 3D. Concrètement, on a un déroulement en scrolling horizontae mais une certaine profondeur, qui au final ne sert à rien vu que la portée des attaques que l’on exécute fait que l’on arrive souvent à englober et aligner tout le monde à notre niveau. Les différentes héroïnes ont chacune leur style de combat, leurs caractéristiques, leurs forces et faiblesses. Fluide voire très fluide, à ce niveau on ne reprochera pas forcément grand-chose. En fait, on arrive rapidement à la conclusion qu’au niveau du gameplay c’est un simple Musou-like en 2D dont la pauvreté des techniques de chaque personnage nous fait vite tomber dans la répétitivité et ce n’est pas le fan service avec les vêtements qui se déchirent en prenant plus ou moins de dommages qui nous feront oublier cette redondance. Pire, quand on en arrive à ces courtes séquences cinématiques, que ce soit pour les vêtements qui se déchirent, l’activation des techniques Ninja ou la transformation en Shinobi, elles sont certes jolies mais elles cassent le rythme. Pour parler d’un autre point cassant le rythme, quand on suit le scénario, on a donc une séquence narrative qui peut parfois être très très longue pour un combat qui dure entre quelques secondes et moins de 10 minutes. Autant si le combat est long on n’en est pas complexé, autant pour quelques secondes on se demande pourquoi on a du joué cette partie du coup.
Il y a énormément de missions mais qu’elles fassent avancer ou non le scénario, avec ou non des contraintes, on se rend compte très vite que l’on est juste condamné à taper des ennemis au sol et dans les airs. De plus, on ajoute une durée de vie très artificielle avec une notation en fin de mission, qui n’est attribuée qu’au personnage que vous venez de contrôler, autrement dit pour ceux qui recherche le 100%, il faudra refaire plusieurs fois la même mission avec les autres héroïnes ce qui peut être lassant à un certain point. On dit bien plusieurs fois dans le sens où il ne s’agit pas juste de refaire la même mission avec les autres personnages mais également avec le même personnage en mode de jeu « Frantic » ou Yin, qui est une notation supplémentaire. Justement cela nous amène à parler d’un élément du gameplay qui tourne autour de certains modes de jeu. Pour le coup, on a un élément qui est intéressant, quand vous lancez une mission au début du jeu, lors de la séquence d’introduction vous avez la possibilité de jouer de manière standard avec possibilité de passer en mode standard et ainsi passer en mode « Yang » ou « Shinobi » lorsque votre jauge d’arts est pleine, ce qui booste vos statistiques en changeant vos vêtements. Mais vous avez sinon la possibilité de passer en mode « Frantic » ou « Yin », qui laisse votre personnage en maillot de bain avec la possibilité d’activer des skills ninja sans se transformer en Shinobi, une puissance et une vitesse décuplé mais une défense inexistante rendant un combo ennemi potentiellement fatal. Hors le fait qu’il soit joli de voir son héroïne se changer en Maillot de bain dès le début de la mission, le mode « Frantic » est un mode de jeu quitte ou double, où vous pouvez gagner facilement et très rapidement mais également perdre de la même manière. Autrement dit, autant vous pourrez vous ennuyer sur la facilité à finir le jeu en mode « Yang », autant jouer en mode « Yin »/ »Frantic » est littéralement jouissif. En jouant ce mode, si vous avez besoin d’un défouloir après une dure journée de travail sur un bon jeu d’action, vous avez Oboro Muramasa (Wii) ou vous avez Senran Kagura Burst qui remplira presque aussi bien la même mission, fan service en plus. En progressant dans l’aventure, vous pourrez choisir dans quel mode jouer à chaque fois que vous changez de personnage, avec l’introduction du mode Flash qui est juste un mode intermédiaire entre le « Yang » et le « Yin ».
Le gameplay globale de Senran Kagura Burst n’est pas mauvais, juste perfectible au niveau du rythme lié au scénario, une pauvreté des techniques et un problème de confort visuel qui peut nous amener à couper la 3D. En visualisant de manière optimiste, il y a de bonnes idées notamment les différents mode de jeu, qui peuvent encore être travaillé pour donner quelque chose d’encore meilleur, notamment l’absence de difficulté en mode « Flash » et « Yang ».