Au Japon quand on évoque le J-RPG, 3 noms de série viennent rapidement en tête : Dragon Quest, Final Fantasy et Tales of. La critique suivante concerne un opus de la troisième série citée, intitulé Tales of The Abyss. Sorti une première fois sur PS2 au Japon et au USA, Tales of the Abyss a pourtant oublié ou n’a pas eu l’occasion de poser le pied en Europe. Il est le 8ème opus phare de la série de Namco Bandai. Dérivé en manga, en anime et autres goodies, Tales of The Abyss décide de revenir sous la forme d’un portage PS2 à destination de la 3DS. Non content de ça, celui-ci n’oubliera pas cette fois de venir en Europe, avant même les USA. Certes il n’est qu’un simple portage mais il a aussi été le premier J-RPG sur 3DS déjà au Japon mais surtout ici en Europe, où il est d’ailleurs l’un des rares représentants à ce jour du genre. La grande question est donc de savoir si ce titre vaut le coup et s’il est un digne premier représentant du genre pour les amateurs de RPG possédant une 3DS ?Le monde d’Auldrant est composé de particules élémentaires nommées Fonons. L’histoire d’Auldrant admet l’existence de 6 Fonons, les recherches actuelles permettent d’inclure un 7ème Fonon, celui du son. Les quelques manipulateurs de ce Septième Fonon ont la possibilité de lire dans l’avenir et sont appelés Septième Fonistes. Yulia Jue est un de ces Septième Foniste et figure importante et religieuse de l’ordre de Lorelei, celui-ci a prédit une ère de prospérité à venir sur le monde. Ces prédictions inscrites sur de la pierre sont appelées Score et Pierres des Fonstones. Seuls les Septième Fonistes sont aptes à lire les Scores. Le jeu nous place aux mains de Luke Fon Fabre, noble pourri gâté et égoïste du pays de Kimlasca en l’an ND2018. Un beau jour alors qu’il s’entraîne avec son maître d’arme Van Grants, une mystérieuse inconnue interrompt leur séance avec la volonté de tuer Van. Notre héros contre une attaque de la jeune Tear mais une Hyper-résonnance entre Septième Foniste a alors lieu et les deux sont téléportés sur le territoire ennemi de Malkurt. Commence alors notre aventure avec un Héros en constante évolution et sur un monde dont les termes scientifiques et religieux seront si précis qu’ils en semblent autant confus que crédibles et donnant à cet opus de la série un scénario grandiose qui nous bercera du début à la fin comme peu de jeux de la série ne savent aussi bien le faire. Un scénario qui est même plus sombre que ce dont nous a habitué la série auparavant, parsemé de nombreuses quêtes annexes et une aventure principale qui saura vous accrocher au moins 40h voire plus pour les perfectionnistes et les fans de New Game.
Globalement, le gameplay de cet opus est classique avec une carte du monde, des moyens de transports variés, des donjons, des obstacles/énigmes qui entraveront votre route, autrement dit le classique du J-RPG. Cependant, la série a toujours cherché l’innovation du gameplay à travers son système de combat et même lier celui-ci au scénario du jeu. Alors certes, si l’on compare ce portage 3DS par rapport à ce qu’il se fait dans la série aujourd’hui en terme de système de combat, celui de Tales of The Abyss est une norme aujourd’hui mais quand on repense à sa première sortie, l’opus était en fait une avancée majeure dans l’évolution du système de combat. Après Tales of Symphonia sorti sur Gamecube en Europe en 2004, la team-Symphonia a continué son travail dans l’élaboration d’un système de combat 3D, dynamique, fluide et efficace et on se retrouve donc avec le résultat de ce travail qui est un véritable succès et qui sert désormais de base aux systèmes de combats 3D de la série. Intitulé « Flex Range Linear Motion Battle System », le système de combat de Tales of The Abyss, outre que de posséder un nom totalement barbare, propose des combats en temps réel et permet : d’attaquer, se défendre, user de magies et/ou de techniques, de donner des ordres aux autres personnages mais surtout en nouveauté de se déplacer librement et en 3D dans la zone de combat (chose impossible auparavant malgré une zone de combat 3D le déplacement était linéaire). En lien avec le scénario, le gameplay de combat met en avant les FoF (Field of Fonon) qui sont des cercles de Fonons résultants souvent d’un sort et ce cercle possède donc un élément lié au sort duquel il est apparu. Une fois sur ce cercle et en performant la bonne technique ou la bonne magie celui-ci se verra directement modifié et une nouvelle technique naîtra avec des effets différents. Hors combat, on a l’apparition des « AD skills » qui sont acquis avec la progression de vos personnages et sont des techniques passives ajoutant des actions ou bonus à vos protagonistes selon que vous équipez celle-ci ou non (avec un nombre de points de skill défini limité). Il y a aussi le « Capacity Core » qui selon ce que vous équipez dessus influencera la progression des stats de vos héros en montant de niveau. Enfin, la 3DS permet d’afficher la carte du monde sur l’écran tactile ou en combat de placer 4 raccourcis techniques de votre personnage contrôlé et de vos alliés afin de ne pas interrompre l’action du jeu par l’apparition du menu. Par exemple, si vous avez besoin de soin, il suffit de placer la technique de soin et de toucher cette même technique via l’écran tactile afin de commander des soins. C’est sûrement le seul ajout gameplay de ce portage 3DS, qui mine de rien, ajoute peut-être un peu plus de fluidité et de dynamisme. Ajoutons à cela, que les temps de chargement du jeu ont été grandement critiqués sur PS2 et ont été corrigés sur ce portage. Enfin, notez qu’il n’y a pas de mode multijoueurs, même local, pour cette version 3DS, chose que l’on peut regretter. Il n’y a pas non plus d’utilisation des fonctionnalités Street Pass ou Spot Pass.
Alors que Namco Bandai avait un boulevard entier à exploiter pour promouvoir l’un des meilleurs opus de la série, un des seuls représentants du genre sur 3DS, avec en plus une localisation jusqu’en Europe. L’éditeur fera preuve de fainéantise qui sera tout sauf favorable à la qualité du titre. En effet, le titre vient bien jusqu’ici mais autant dire que si vous n’êtes pas familier à la langue de Shakespeare, la compréhension du scénario peut être difficile. Notamment lors des nombreux développements scientifiques autour de l’élément qui régit l’équilibre du monde de cet opus de la série, les Fonons. De plus, comme c’est une habitude dans la série, nombre de cinématiques en animation japonaise sont présentes doublées en anglais mais non sous-titrées pas même en anglais, ce qui peut être déstabilisant pour les nouveaux. Ensuite, parlons graphisme. Le titre est potable mais il est loin d’une vitrine technologique pour la 3DS. Par rapport à sa première version le design semble affiné et plus coloré. Ne comptez pas sur l’effet 3D pour apporter un plus, ni dans le gameplay, ni même au niveau du visuel, la 3D ici n’est qu’un effet classique qui peut être désactivé. Au niveau de la bande sonore, soulignez que c’est une des meilleurs OST de la série que signe Motoi Sakuraba avec Motoo Fujiwara avec des thèmes qui nous reste dans la tête, ne serait-ce les hymnes foniques de Tear. Le doublage est en anglais et n’est pas intégrale, le portage aurait pu être l’occasion d’ajouter des lignes doublése surtout aux niveaux des nombreux skits (intermède classique de la série, où les personnages parlent de leur situation ou s’envoient des fleurs dessus pour le plaisir de souffler un coup), qui pour l’occasion sont toutes muettes encore une fois. Bref, sur le plan sonore l’éditeur a seulement repris tout le travail effectué à l’époque sur PS2 sans rien ajouter de plus. Le titre n’est vraiment qu’un bête portage PS2 avec des ajouts presque invisibles qui peuvent laisser les fans de marbre et les nouveaux sont d’autant plus embêtés d’avoir peut-être l’envie d’acquérir un J-RPG sur 3DS et de se retrouver avec un excellent jeu qu’ils ne peuvent pas comprendre.