On ne peut pas dire que Rayman Legends n’a pas fait parler de lui, plusieurs mois avant sa sortie et surtout auprès des joueurs Wii U. Prévu au départ pour le lancement de la nouvelle console de salon de Nintendo, il fut repoussé au mois de février de cette année. Puis à quelques semaines de sa sortie, alors que le jeu était quasiment prêt, il fut de nouveau repoussé de 6 mois avec l’annonce d’autres versions du jeu pour quasiment toutes les autres consoles du moment, sauf la 3DS. Si on exclut la version Vita, le jeu est enfin disponible après tant de débats sur la justification du report d’Ubisoft. Au delà des coups de gueule sur internet c’est maintenant le jeu et rien d’autre que l’on va juger.Si Ubisoft se sera mis plusieurs joueurs à dos, il reste un des éditeurs apportant le plus gros soutien à la Wii U. Et jusque-là, personne n’a osé renier la qualité des deux démos (même si la dernière est en fait un mode de jeu) mises en ligne par Ubisoft sur l’eShop, n’importe quel joueur s’y étant essayé était émerveillé et à vrai dire, c’est toujours le cas avec le jeu complet !
Le moteur de Rayman Origins est réutilisé et amélioré avec plusieurs effets 3D. Cela n’entache pourtant pas le résultat final et on reste devant un jeu de plateforme 2D magnifique comme l’était Rayman Origins. Mais plus que la technique, Ubisoft Montpellier a réellement laissé parler son savoir faire artistique. Rayman Legends a son propre style et même si l’ambiance générale du jeu ne plaira pas à tout le monde, visuellement on ne peut qu’applaudir le résultat final. En jeu le titre reste toujours fluide (60 images par seconde) et tourne en Full HD. Il est aussi possible de jouer sur le GamePad et comme d’habitude le résultat est assez bon, néanmoins ce sera toujours moins éblouissant que lorsqu’on découvre les niveaux sur un écran de TV HD.
Alors bien sûr les graphismes ne font pas tout et le gameplay a son importance. Rayman se manie assez bien mais sa physique est toujours assez flottante. Avant de s’y faire il vous arrivera de faire des erreurs, notamment dans les niveaux rapides comme les niveaux musicaux, même si au final j’ai trouvé la physique plus adaptée pour ces niveaux. Les niveaux musicaux sont justement une des nouveautés de cet épisode par rapport à Rayman Origins et ils résument à eux seuls l’esprit du jeu. Une reprise folle et débile (mais pas de lapin crétin hein) d’une chanson connue se joue en fond pendant que l’on traverse un niveau à toute allure. Le rythme de la musique nous dicte quand sauter ou taper selon ce qui se présente à nous et cette idée de musique presque vivante, qui colle aux actions du joueur, est très amusante. Pourtant on ne fait qu’avancer sans s’arrêter et sauter ou taper mais peu de jeux de plateforme se servent de la musique pour influencer un peu le gameplay, Rayman Legends le fait à merveille dans ces niveaux qui ponctuent chaque monde.
Les niveaux classiques sont aussi de retour et ils sont assez nombreux. Mais il faut également compter sur le GamePad de la Wii U pour apporter du neuf. Ceux qui se sont essayés à la démo ont pu voir comment cela fonctionnait. En solo, le joueur est obligé d’utiliser le GamePad et alterne entre des phases de plateforme classique qui se jouent aux boutons et des phases au tactile. Lorsque le personnage ne peut plus avancer, c’est Murphy qui prend le relais, il fait office de pointeur et vous vous concentrez alors sur l’écran tactile du GamePad. Globox remplace le personnage que vous contrôliez et il avance automatiquement mais vous devrez lui tracer un chemin en déviant les pièges. Dans tous les types de niveau il y a des Ptizêtres à collectionner pour finir les niveaux à 100 %, c’est d’ailleurs dans les niveaux qui se jouent au GamePad que cela sera certainement le plus dur… sauf si vous jouez en multi !
Le multi ne se fait qu’en local, jusqu’à cinq, et les autres joueurs prennent le contrôle d’autres personnages, on peut d’ailleurs débloquer des costumes dont celui de Mario pour Rayman. Pour les joueurs supplémentaires toutes les manettes compatibles Wii U sont compatibles avec le jeu. Pendant que le joueur au GamePad se débarrasse des pièges et active divers mécanismes sur son écran tactile, les autres avancent et peuvent même se gêner entre eux. Le joueur au GamePad peut en plus passer dans la peau d’un personnage et jouer normalement contrairement à New Super Mario Bros. où le joueur au GamePad était cantonné à son rôle de simple assistant (déjà pas très développé).
Autant dire qu’en multi les niveaux utilisant le tactile du GamePad sont encore plus funs, dommage pour les joueurs solo. Ces derniers en profiteront tout de même assez bien seuls mais il est vrai qu’avec l’IA (Globox) qui avance toute seule c’est un peu moins dynamique et drôle. Mais les joueurs solo pourront tout de même se mesurer à d’autres joueurs du monde avec des classements en ligne assez détaillés et surtout un mode challenge. Ce mode pouvait être téléchargé gratuitement avant la sortie du jeu pour faire patienter les fans suite au dernier report (l’application n’est d’ailleurs plus active depuis la sortie du jeu). Pour ceux qui ne le sauraient pas, vous trouvez dans ce mode quelques défis hebdomadaires ou quotidiens où la chasse au meilleur score sera le seul objectif. Ubisoft a réussi à nous donner l’envie d’aller toujours plus loin avec les fantômes de nos amis sur certains parcours ou des joueurs proches de nous dans le classement. Le Miiverse renforce d’ailleurs le partage de score.
Et comme si ce n’était pas assez, les développeurs ont ajouté un petit mode Kung Foot à jouer en multijoueur local encore une fois. Simple mais efficace ce petit mode promet quelques parties de rigolades avec du goot à la Rayman. C’est comme si le jeu voulait toujours nous donner quelque chose à faire. Le solo n’est pas vraiment sacrifié au profit du multi et l’inverse non plus, l’équilibre est assez bon contrairement à pas mal de jeux de nos jours qui ont tendance à s’orienter vers le multi dans leur level design. Au final, avec ces modes, le jeu est déjà bien complet mais il y a encore une surprise ! Ubisoft Montpellier a pensé à inclure 40 niveaux de Rayman Origins à débloquer via des tickets à gratter que l’on gagne en ramassant assez de Lumz sur un niveau. D’ailleurs ces tickets permettent aussi d’obtenir des Ptizêtres, qu’il faut normalement récolter dans les niveaux à la manière des pièces étoiles des New Super Mario Bros. Ils permettent aussi de remplir un bestiaire ou de s’enrichir un peu.
Du coup, on se retrouve tout de même avec un jeu de plateforme 2D assez complet. Son déroulement est classique mais il y a pas mal d’à côtés que plusieurs jeux du genre oublient. Il vous faudra entre 5 et 10 heures pour finir tous les niveaux principaux une première fois. Le reste du contenu est assez conséquent pour vous tenir encore en haleine à moins de ne pas accrocher. Vous verrez notamment qu’il y a des niveaux en plus à débloquer en récoltant plus de Ptizêtres, des revisites de niveaux en mode speedrun sont aussi disponibles de temps en temps. Vous reviendrez peut-être également faire les niveaux finis pour les terminer à 100 %. Et même si vous avez complété tout ce qu’il y avait à faire, il y aura toujours les challenges quotidiens, jusqu’à ce qu’Ubisoft décide d’arrêter. Sa bonne durée de vie nous permet d’apprécier sa réalisation encore plus longtemps, que du bon sur ces points.
Enfin, la musique aussi est une vraie réussite. Déjà évoqués, les niveaux musicaux proposent des reprises débiles (dans le bon sens) de chansons connues, mais le reste de l’OST est composé de musiques assez variées. Certaines sont assez épiques et cela colle étonnamment bien au jeu mais d’autres sont aussi plus légères. Dans tous les cas elles retranscrivent toujours à merveille l’ambiance du monde dans lequel on se trouve. On sent qu’un grand soin a été apporté à la bande sonore, que ce soit dans les niveaux musicaux ou non, les sons sont variés et on entend plusieurs sortes d’instruments. L’ensemble reste cohérent et de qualité.
Rayman Legends est un jeu bourré de référence, cela va des noms de monde (comme 20 000 Lumz sous les mers) jusqu’à des niveaux presque dédiés. Ces références (ou pas) permettent également au jeu d’être vraiment varié. En plus des niveaux musicaux, il y a donc des niveaux plus classiques, des boss gigantesques, des courses poursuites à scrolling automatique, du simili shoot’em up une fois en l’air et même de l’infiltration. Cette variété des situations se place comme la cerise sur un gâteau qui était pourtant déjà très appétissant !