Breath Of The Wild est le Zelda en 3D qui aura mis le plus de temps à arriver, peut-être parce que c’est le plus ambitieux. On l’aura attendu longtemps sur nos Wii U, jusqu’à ce que Nintendo décide de le sortir avec la Switch et c’est cette version que l’on teste principalement. Le but de Nintendo ? Renouveler la série comme l’avait fait Ocarina Of Time en son temps. Respectant sa promesse initiale, Breath Of The Wild est bien disponible sur Wii U mais beaucoup plus difficile à trouver. Avec plus de 300 personnes ayant travaillé sur ce Zelda, le boulot est colossal. Je vous propose le test d’un jeu immense qui va en marquer plus d’un.
Les Zelda 3D ont toujours utilisé une formule qui nous est maintenant bien connue depuis Ocarina Of Time. On parcourt un monde semi ouvert où on part à l’aventure, avançant de villages en donjons, chaque donjon nous offrant un nouvel objet à utiliser pour avancer. Les Zelda 3D ont toujours été assez ouverts mais on suivait un scénario sans pouvoir prendre de grande liberté, tout en avançant à travers les différents donjons, la formule est devenue classique et même si les jeux étaient très bons, il faut dire que la surprise n’était plus vraiment là malgré des ajouts souvent sympathiques. Avec Breath Of The Wild Nintendo a visé la liberté totale, que ce soit dans les déplacements ou dans la progression.
La plupart des objectifs principaux deviennent vite optionnels.
L’objectif principal est de battre Ganon et il nous est vite attribué, ça en fera sourire plus d’un lors des premières heures de jeu. Link se réveille d’une sorte de coma et ne se rappelle de rien, il part donc à la découverte du monde, parti en ruine depuis des années. Chaque joueur pourra choisir de suivre les quêtes qu’il veut, et même si les objectifs principaux sont mis en avant, vous pouvez tout à fait aller au boss de fin, tout en décidant de ne pas faire un donjon. Les donjons sont faisables dans n’importe quel ordre et ils ne renferment plus un objet pour les terminer. Le début du jeu que l’on voit depuis l’E3 est très important car Link est largué dans ce monde avec sa tablette Sheika, qui contient toutes les informations essentielles : la carte et quelques fonctions comme les bombes ou la possibilité de déplacer des objets en les faisant léviter. Dès les premières heures de jeu on débloque ces fonctionnalités qui nous permettent ensuite de réussir l’intégralité des énigmes du monde, la tablette est donc la plaque tournante de l’inventaire de Link. Ce n’est pas comme dans un Zelda classique où on obtient un objet principal à chaque donjon.
En revanche il faudra trouver vos armes car dans ce Breath Of The Wild les armes cassent et rapidement. Cela dépend de l’arme mais je n’en ai pas vu durer plus de 10 combats. Le choix est impressionnant mais il faudra les trouver dans la nature, sur les ennemis, ou dans des coffres. Cet élément de gameplay est très intéressant car on change souvent d’arme et donc de style de combat. On retrouve en général des épées classiques, des lances et des armes lourdes (haches, grosses épées…) qui se manient différemment. Chacune possède un niveau de puissance (chiffré) qui correspond aux dégâts que Link inflige en donnant un coup. Certaines possèdent des effets en plus comme une durabilité renforcée ou un effet élémentaire. Le gameplay des combats ressemble à celui qu’on a toujours connu dans les Zelda 3D. En revanche Link peut enfin sauter à volonté, la série s’offre enfin un bouton de saut ! C’est très utile et il sert d’esquive lors des combats. D’ailleurs une esquive au dernier moment permet une contre-attaque dévastatrice en ralentissant le temps à la Bayonetta. On peut changer d’arme à tout moment avec les touches directionnelles. L’arc devient aussi un type d’arme que l’on peut trouver un peu partout et qui se casse, il s’utilise avec la gâchette droite, les flèches partent en cloche et elles n’atteindront pas un objectif qui est trop éloigné car la physique du jeu est très poussée. Le gameplay est moins évident à prendre en main mais permet beaucoup plus de choses que dans un Zelda classique. On peut bien évidemment jouer avec la manette Pro de la Switch.
Le moteur physique est l’une des énormes forces de ce Zelda et les sanctuaires, les donjons, ainsi que le monde qui entoure Link auront l’occasion de vous le montrer. Ce Zelda contient donc des donjons mais ce n’est pas là qu’on va y passer la plupart du temps à faire des énigmes, c’est dans les sanctuaires. Le jeu en contient énormément, ce sont des mini temples répartis sur la carte qui renferment deux ou trois salles d’énigmes assez proches des anciens donjons de Zelda 3D. Ce sont des échantillons de donjons classiques dans l’esprit mais avec des énigmes bien nouvelles et fraîches, souvent basées sur la physique. Les objets en bois, ou l’herbe, s’enflamment, les explosions repoussent des objets, il y a du ragdoll (les corps des personnages, dont Link, ont une physique et peuvent tomber par exemple), les objets en métal conduisent l’électricité. Je vous laisse expérimenter plein de choses mais ces effets n’ont aucune limite et permettent même de contourner parfois la vraie solution d’une énigme, le jeu est impressionnant sur ce point et je n’avais jamais vu ça dans un autre jeu, le souci du détail sur la physique du jeu est grandiose. Grâce à cela on sent vraiment qu’on tient un jeu vivant, tout est cohérent dans cette nature. Le jeu est même assez joli avec un style bien particulier, qui se rapproche des Zelda cell shading mais sans totalement tomber dedans, les traits sont beaucoup moins grossiers et on trouve aussi des textures plus ou moins détaillées.
Ce Zelda est immense. Dès le début on ressent cette impression de grandeur alors qu’on reste cantonné au plateau qui sert de tutoriel pour les premières heures. On profite de la nature dans laquelle on prend plaisir à se balader. Ce n’est pas le plus beau jeu de tous les temps mais ces grandes étendues, ces reliefs, les couleurs, le style graphique et le dépaysement en font un jeu malgré tout très contemplatif lors de nos phases d’exploration. Lorsqu’on se balade on finit toujours par tomber sur quelque chose qui attire notre attention. Un sanctuaire, un objectif de quête qui n’est finalement pas si loin, un groupe de personnes attaqué par des ennemis, des ennemis jamais aperçus, un village en ruine, un vrai village, un coffre, une tour, un relai… La carte est bien arrangée et il y a toujours quelque chose à faire ou à voir dans les alentours.
Les mauvaises langues parlaient de monde vide mais ce n’est pas le cas. La nature telle qu’elle est représentée dans Breath Of The Wild est pleine de vie mais on ne le voit pas au premier coup d’oeil. Alors certes on n’a pas des villes peuplées comme dans un Assassin’s Creed et des plaines remplies de personnages, mais quel en serait l’intérêt ? On perdrait même le propos du jeu. Les bruitages en extérieur sont très soignés, on y croise des animaux, des gens qui se baladent et cette impression d’avoir toujours quelque chose à faire. On ne s’ennuie jamais sur ce monde immense, même quand on commence à se perdre. Ce Zelda invite le joueur à tout explorer et on le fait avec plaisir tant tout est bien calibré et réparti sur cette carte. Si en jetant un coup d’oeil on peut se dire que c’est vide, en jeu on est tout le temps attiré par quelque chose au loin et c’est ça qui est fort, il y a toujours quelque chose à aller voir, on ne peut alors pas dire que le jeu est vide.
Les animaux sont aussi bien présents et on peut les chasser, car la cuisine est aussi une nouveauté de cet épisode. Les coeurs ne tombent plus des pots et des buissons. Il faudra se faire ses propres remèdes, qui peuvent aussi nous octroyer des bonus si on apprend les bonnes recettes. On récolte énormément d’ingrédients en jeu et il vaudra mieux savoir s’en servir pour récupérer facilement des coeurs car on en perd vite. Les game over pleuvent mais ne vous punissent jamais vraiment, les checkpoints sont nombreux. Il ne faudra pas avoir peur d’éviter des ennemis dans le jeu, surtout au début et vous deviendrez vite prudent en attendant d’avoir des armes et des vêtements puissants. D’autres animaux peuvent être montés comme les chevaux, mais pas que ! Les relais permettent d’enregistrer quelques montures pour les sortir si besoin, à la manière d’un garage qui sauvegarde nos véhicules dans un GTA (oui, sacrée comparaison). Les vêtements de Link ont aussi une importance capitale. On peut les changer pour résister à des températures extrêmes mais aussi avoir une meilleure défense. Les fontaines des fées sont de retour et permettent d’améliorer la défense des vêtements que l’on possède déjà. La tenue bleue que vous voyez donc sur le matériel promotionnel du jeu n’est qu’une tenue parmi pas mal d’autres. Les amiibo permettent d’ailleurs de vous donner des tenues d’anciens épisodes et des objets ou armes en plus, ils peuvent grandement faciliter le jeu donc allez-y doucement. Ils sont utilisables une fois par jour.
Breath Of The Wild est un jeu tellement gratifiant. Il récompense l’intelligence et la curiosité du joueur. Dans le jeu vous avez des quêtes avec des objectifs indiqués mais vous avez parfois plusieurs moyens pour y arriver, c’est à vous de vous débrouiller. Le jeu regorge aussi de secrets et certains PNJ perdus vous parlent parfois de choses très intéressantes, sans qu’aucun marqueur n’apparaisse sur une carte pour y aller. Vous récoltez des informations, mais ensuite c’est à vous de vous débrouiller. C’est tellement bien fait que ça reste accessible, à partir du moment où on s’investit un minimum. C’est une ode à la découverte. Chaque chose qui vous intrigue cache en général un secret. Il y a 900 graines Korogu cachées dans le jeu, elles permettent d’augmenter la capacité de votre inventaire mais les 900 ne sont pas nécessaires pour atteindre le maximum heureusement. Chacune se découvre plus ou moins simplement en se baladant, en replaçant un rocher dans un cercle par exemple, ou en plongeant dans un cercle formé par des nénuphars… etc. Il y a vraiment pas mal de quêtes à faire et rien que l’aventure principale vous prendra au moins 40 heures de jeu si vous la faites correctement. Pour tout faire il faudra largement plus que cent heures par contre, il n’y a pas de Zelda plus long et on le parcourt avec plaisir tant le monde est grand.
L’escalade, dont on a tant parlé avant la sortie, est une composante essentielle de cette nouvelle formule pour la série. Avec cette nouveauté de gameplay Link peut grimper PARTOUT (sauf sur les murs glissants des sanctuaires et des donjons). Grimper consomme de la jauge d’endurance, elle était apparue dans Skyward Sword avec le sprint qui est toujours là. Il suffit de sauter sur un mur (ou un arbre, une maison…) et Link s’y agrippe mais vu qu’on est limité en endurance il va falloir étudier les montagnes que l’on va vouloir escalader. On peut surmonter ces obstacles mais pas bêtement et c’est une vraie récompense d’arriver au sommet d’une montagne en jouant avec la jauge d’endurance. Il est logique que cette fonction ne soit pas utilisable dans les sanctuaires car ça faciliterait beaucoup d’énigmes, mais en extérieur c’est vraiment un « game changer », cette nouveauté est vraiment réussie et c’est grâce à l’escalade que le jeu propose cette liberté.
Petite mention au mode d’affichage Pro dans les options, je vous conseille de l’essayer. Pour les fans d’exploration ce sera peut-être la cerise sur le gâteau. Une fois activée, la mini map et les autres informations à l’écran disparaissent (sauf les coeurs et le radar à sanctuaires de la tablette Sheika). On profite nettement mieux des paysages du jeu et on se laisse porter plus facilement en suivant moins assidûment les points affichés sur la carte. On peut toujours accéder rapidement à la carte complète avec le bouton « -« . Certains aiment, d’autres ne s’y feront pas, mais essayez. Pour moi c’est un régal !
Breath Of The Wild tente une approche différente par rapport aux derniers jeux de la série mais aussi par rapport à d’autres open world. Certains points peuvent alors être vus comme des défauts par certains, même s’ils sont totalement assumés depuis le départ par Nintendo. Certains seront peut être déçus de voir des mélodies plus discrètes (mais de grandes qualité, toujours orchestrales) mais les bruitages du monde sont bien mis en avant. C’est une bande son d’une vraie qualité mais qui ne s’impose pas aux oreilles du joueur au-dessus du reste des bruits que l’on entend. En revanche c’est le premier Zelda doublé (et en Français en plus) mais les personnages ne parlent que dans les scènes importantes. Les voix sont de qualité et semblent en plus meilleures qu’en Anglais, et rassurez-vous, Link reste bien muet et ça ne choque pas vraiment. La narration reste aussi un peu en retrait. Il y a bien des passages où on nous raconte une histoire mais ils sont dilués dans le monde et pas toujours obligatoires. C’est une narration très décousue car chacun n’aura pas forcément les scènes liées aux donjons dans le même ordre. Les souvenirs de Link peuvent aussi être récupérés dans n’importe quel ordre. En dehors du début et de la fin du jeu, chacun obtiendra les scènes du jeu dans un ordre différent.
Mais encore une fois c’est très bien fait car il n’y a aucune incohérence, tout est écrit pour pouvoir être vu dans n’importe quel ordre et c’est à nous de reconstituer les morceaux. Sur ces deux points, certains joueurs historiques de la série seront donc un peu déçus mais ces changements sont opérés avec brio et ils excellent dans leur registre. Ce Zelda s’inspire de beaucoup de choses d’autres open world mais il casse aussi certaines de leurs habitudes. Ce n’est pas un open world où l’on suit une succession de quêtes bêtes et méchantes, dans un ordre prédéfini, pour mettre en avant un scénario. Ici le joueur construit son aventure, la narration est donc plus en retrait et le jeu va à contre-courant de ce qu’on voit en ce moment dans d’autres jeux à monde ouvert sur ce point.
Il y a par contre quelques vrais défauts comme le framerate. Il est vrai que sur la TV le jeu passe de temps à autres en dessous des 30 images par seconde. Je n’ai pas trouvé d’explications, le jeu peut être très fluide lors de combats dans des zones immenses alors qu’un coup de vent dans un petit village peut faire chuter le framerate… C’est dommage mais globalement ces quelques chutes n’entachent en rien l’expérience du jeu car ce Zelda est une bête technique avec sa physique hors norme. Ces chutes ne m’ont jamais compliqué un combat par exemple (heureusement), ce sont des choses qui arrivent dans le jeu mais qui ne sont pas omniprésentes. Avec son style très coloré, on trouve pourtant quelques textures assez moyennes si on veut chipoter, il est vrai que les montagnes par exemple ne sont pas toujours ultra détaillées mais ça n’enlève rien à l’exploit technique du jeu au niveau de son moteur.
Enfin j’aurais peut-être un petit reproche à faire sur les donjons, si vous ne voulez pas savoir vous pouvez passer directement à la conclusion du test. Une fois qu’on en a fait deux on se rend compte que les donjons tournent autour de la même mécanique et suivent le même schéma. Ils sont différents dans leur architecture et leurs énigmes mais la mécanique principale utilisée est toujours la même, sans trop vous en dire. C’est légèrement décevant mais en contrepartie il y a tellement de sanctuaires aux énigmes variées à côté qu’on lui pardonne cette petite « faiblesse ».
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Conclusion
A une époque où le genre open world est tant plébiscité, les plateformes Nintendo étaient loin d'être les consoles de prédilections pour ces jeux. Avec ce Breath Of The Wild, Nintendo enfante d'un des meilleurs open world jamais créé. Un jeu intelligent, qui va à l'encontre de conventions actuelles (tout en reprenant des éléments d'autres jeux) et qui marque sa saga d'une empreinte indélébile. The Legend Of Zelda : Breath Of The Wild c'est le plaisir de se perdre dans un monde où le gigantisme, les mystères et l'exploration sont rois. C'est un vrai jeu d'aventure et on en retire ce que l'on veut tant chacun peut choisir ce qu'il veut faire avant d'aller affronter le mal. On se demande comment un tel jeu peut rentrer dans une si petite cartouche, il a tout ce dont peut rêver un open world malgré quelques légères perturbations techniques occasionnelles. Son moteur physique restera aussi dans les mémoires. Que vous possédiez une Wii U ou une Switch, foncez sans hésiter, ce jeu restera culte.
Ce test a été fait avant ou après l’arrivée du patch 1.1.1 qui corrige (en grande partie) le framerate? Sinon très bon test ;).
Avant 😉
pour tuer la framerate il suffit d’aller très vite et d’avoir une sauvegarde rapide qui se fait
Très bon test. Déjà plusieurs dizaines d’heures passées sur ce Zelda, je ne m’en lasse pas