Sur 3DS, Bravely Default a su montrer que les JRPG à l’ancienne avaient encore la capacité d’attirer un certain public. Après le succès des deux épisodes, Square Enix a décidé de monter un studio dédié à ce type de jeux : Tokyo RPG Factory. Leur premier jeu s’intitule I Am Setsuna, sorti d’abord sur consoles Playstation l’été dernier (en anglais) et disponible sur Switch depuis le lancement de la console. Pour l’occasion il a même enfin été traduit en Français après une forte demande des joueurs, mais en valait-il la peine ?
I Am Setsuna est un jeu qui frappe directement par son ambiance très calme et un peu mélancolique. On se retrouve dans un royaume enneigé où les monstres attaquent les villages sans cesse et de plus en plus régulièrement. On incarne au départ Endo, qui a pour mission de tuer Setsuna mais on découvre très vite qu’ils vont finalement coopérer dans cette aventure. Setsuna est envoyée par son village en tant que « sacrifice », ces élus se sacrifient lors d’un rite qui permet de repousser les monstres pendant des années. Les musiques au piano sont omniprésentes et font toute l’ambiance un peu triste du jeu. Des thèmes plus joyeux accompagnent parfois vos moments de triomphes. Mais ils restent minoritaires dans cette OST qui nous fera penser à des thèmes d’un FF classique, mais joués au piano. Un bon premier point.
L’aventure est assez linéaire car pour découvrir l’histoire on avance de villages en villages et rares sont les allers et retours, sauf vers la fin. Il y a tout de même une world map qui ne trouvera son utilité qu’à la fin lorsqu’on pourra vraiment l’explorer aisément, mais au départ on se demande quelle utilité elle a car on ne fait que passer d’une zone à l’autre sans recherche ni combats. On ne peut pas courir sur cette world map pour accélérer les déplacements, c’est un peu dommage. L’histoire a ses coups de mous mais réussit quand même à nous offrir des moments vraiment sympathiques. Et comme dans tout RPG on recrute des personnages et chacun a sa petite histoire que l’on retient. Il y a de petits rebondissements, et sans avoir un scénario épique le jeu se laisse suivre assez bien. On se demande comment l’histoire finira suite à quelques rebondissements.
Le jeu est bien sûr un RPG au tour par tour et il reprend un peu le système de combat de Chrono Trigger. On choisit nos attaques et sorts lorsque notre jauge ATB est remplie, comme dans tous les jeux du genre, mais le positionnement des héros a un sens. Les combats commencent face aux ennemis mais avec les attaques chacun peut changer de position et on peut alors calculer des attaques de zones plus ou moins efficacement selon le positionnement du personnage. Une jauge se remplit également à force de combattre (ou en attendant avec la jauge ATB pleine) et permet de renforcer nos actions. A chaque fois que cette jauge est pleine, on gagne un point que l’on peut utiliser en appuyant sur Y, juste avant d’effectuer une action que l’on vient de choisir. Ainsi, un sort de soin rendra plus de PV, une attaque infligera plus de dégâts, une technique spéciale aura un effet supplémentaire… etc.
Le système de combat est donc assez classique mais il a ses petites subtilités qui font qu’il ne reste pas non plus trop simpliste. Malgré ça, la progression reste parfois un peu molle et répétitive pendant un temps, spécialement dans les donjons. Ces derniers sont en fait peu inspirés, on avance sur des plateformes en faisant des combats, et si quelques interrupteurs viennent parfois interrompre notre avancée, ce n’est jamais bien folichon. On enchaîne les villages, donjons, boss, phases de dialogues… C’est vraiment du grand classique dans un RPG Japonais à la sauce « 2D ». Il est bien sûr en 3D mais on reprend la vue de haut comme dans un RPG en 2D. La caméra s’abaisse parfois un peu pour laisser admirer de jolis paysages. Les décors plus communs sont moins beaux et les personnages sont propres mais pas resplendissants, on reste avec des modèles 3D proches d’un Bravely Default (en plus détaillés). Leurs portraits qui apparaissent lors des phases de dialogues sont en revanche assez réussis et sur la direction artistique le jeu ne s’en sort pas trop mal. Il faut dire que la technique n’est pas le point mis en avant par Square Enix, cela reste un jeu à l’ancienne et sans gros budget.
A trop vouloir se cantonner à une formule à l’ancienne, le jeu se calque parfois trop sur de vieilles recettes et ne décolle pas pendant quelques heures. Le tout manque d’envolées en milieu de jeu, mais reste très correct et loin d’être mauvais. Heureusement à certains moments l’histoire s’emballe un peu pour offrir des moments plus convaincants. Ce RPG a aussi ces quelques particularités comme son système de magies. Ce sont des spirites que l’on peut équiper aux personnages mais pour cela il faut réussir à les obtenir. Des membres du consortium de magie sont présents dans les villages et il faut alors leur revendre quelques matériaux (obtenus en combats) pour qu’ils vous donnent certaines magies. Le jeu est d’ailleurs assez généreux en matériaux donc vous ne devriez pas avoir trop de problèmes à en trouver, sachant que la façon de finir les combats peut donner des matériaux différents. Il y a aussi des recettes de cuisine à trouver qui permettent de se procurer des plats donnant des bonus pour le combat à venir, ce point rappelle un peu Final Fantasy XV. En revanche le menu peut être une vraie plaie à gérer avec tous ces objets.
La durée de vie est correcte, comptez environ une quinzaine d’heures pour voir la fin de l’aventure. Il y a également quelques quêtes annexes que vous pourrez réaliser vers la fin du jeu. Les développeurs auraient pu mieux les intégrer et surtout en mettre plus au milieu de l’histoire afin de varier les plaisirs. Les 90% du jeu se font en ligne droite sans possibilité de faire des activités annexes. Le tout fait un peu light en plus d’être un peu mou à certains moments. Si vous vous attardez sur les quelques objectifs annexes accessibles en fin de partie vous pourrez sûrement atteindre les 20h de jeu voire plus. Pour le prix proposé il était légitime d’en attendre un peu plus au niveau du contenu. I Am Setsuna est vendu 40 euros et il est disponible uniquement en dématérialisé sur l’eShop chez nous. Vous pouvez tout de même vous procurer la version boîte sortie uniquement au Japon (le français est bien présent, du moins pour la version Switch) que l’on peut trouver pour environ 45 euros sur les sites d’import connus.
Face à la version PS4, le jeu Switch tient vraiment bien la route. Sur la console de salon de Sony le jeu tourne en 1080p à 60 fps et a quelques effets d’éclairage que la Switch n’a pas selon l’analyse de Digital Foundry. La version Switch est en 720p en mode portable et en 1080p sur la TV mais à 30 images par seconde, sans chutes. Il se peut qu’il y ait une saccade au début d’une phase de gros dialogue, c’est bizarre mais pas gênant. Ce n’est vraiment pas du tout un problème pour un jeu du genre et l’expérience technique est vraiment clean. La version PS Vita (disponible uniquement au Japon) a des temps de chargements bien trop longs, donc si vous voulez jouer à ce petit RPG en portable vous pouvez foncer sur la version Switch.
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