Développé et publié par Baroque Decay (Yuppie Psycho, Catequesis), The Count Lucanor, apparu plus tôt sur Steam et autres supports, a débarqué sur Nintendo Switch. Prenez donc un morceau de pain, un bout de fromage et quelques bougies pour nous accompagner dans un voyage qui s’annonce plutôt macabre.
Je vais vous conter l’histoire de Hans : il s’agit d’un enfant qui fête ses dix ans aujourd’hui. Il vit seul avec sa mère car son père n’est pas revenu de la guerre, ce qui plonge la famille dans une pauvreté sans précédent. Hans, extrêmement triste que sa mère n’ait rien à lui offrir pour son anniversaire, décide de quitter la pièce euh… la maison familiale, pour partir à l’aventure et devenir riche. Sa mère, malgré son immense peine et voyant qu’elle n’arrive pas à le retenir, lui donne tout ce qui lui reste : la vieille canne de son père (le grand-père de Hans), trois pièces d’or et un fromage.
Vous voilà donc partis à l’aventure. Vous croiserez rapidement une vieille dame et un marchand qui auront besoin d’aide, mais libre à vous de choisir entre vous séparer du peu que vous avez emporté pour sauver ces malheureux et être grippe-sou. Après une longue marche, vous croiserez la route d’un jeune berger accompagné de ses chèvres et vous boirez un coup ensemble. L’alcool ne faisant pas bon ménage avec un enfant de dix ans, vous tomberez vite dans un coma éthylique provoquant un sombre cauchemar. A votre réveil le monde a changé, les gentilles chèvres de votre nouvel ami se sont transformées en démons cannibales tandis que la rivière n’est plus qu’un flux de sang épais. Vous ne tarderez pas à faire une nouvelle rencontre avec un lutin, qui vous propose de le suivre jusqu’au château le plus proche pour vous proposer un marché ; si vous arrivez à découvrir son nom dans les 24 heures, il vous mènera à son maître dont vous hériterez des châteaux et des terres, directement légués par le Comte Lucanor en personne, puisque ce dernier n’a aucun héritier.
The Count Lucanor est un jeu d’aventure/survival horror en 2D. Comme beaucoup de ses cousins, il s’inspire de Zelda pour sa vue de haut et ses multiples pièces où pièges et ennemis vous attendent de pied ferme. Une fois dans les murs du château, vous pourrez attaquer les énigmes dans l’ordre qui vous plaira mais dans une certaine limite car elles sont dispersées dans les multiples chambres du domaine, elles-mêmes réparties par étages auxquels vous accèderez progressivement en récupérant divers objets et clés. Vous devrez arriver au bout de chacune des chambres pour reconstituer le prénom du Lutin qui vous a lancé le défi. Chaque lettre de son prénom sera à récupérer et vous devrez trouver le bon ordre dans lequel les assembler pour espérer réaliser votre rêve d’enfant : Devenir un riche prince.
Hans n’est pas très costaud du haut de ses dix ans, il faudra donc user de votre dextérité mais aussi vous armer de patience, pour ne pas mourir trop souvent face aux ennemis violents et aux pièges vicieux qu’abritent les lieux. Le manoir est sombre et dangereux mais pour vous aider, vous aurez une multitude d’objets à votre disposition : Tout d’abord les bougies, qui seront votre principal moyen de survie car il fait très noir dans l’enceinte du château. Vous disposerez aussi de nourriture et quelques pièces d’or mais aussi d’un pied de biche, de clés, d’anneaux magiques, d’un miroir… Au fur et à mesure de votre progression vous découvrirez également les notes d’un certain J.F, disséminées un peu partout. Il semblerait que cette personne ait tenté l’aventure avant vous, mais nous ne savons pas ce qu’elle est devenue. Vous croiserez aussi Guilia, une chasseuse de trésors venue s’aventurer dans le château ; nous n’en dirons pas plus à son sujet pour ne pas vous spoiler. Attention, tout a un prix dans ce bas monde, vous ne trouverez pas tout de suite beaucoup de pièces d’or qui vous permettent d’acheter certains objets très utiles, même pour les sauvegardes. Effectivement, pour enregistrer votre partie vous devrez « sauver votre âme » en jetant une pièce dans la fontaine se trouvant dans les jardins du château.
The Count Lucanor paraitra vraiment laid à tous les néophytes du style rétro, très à la mode ces dernières années. Il faut dire que le jeu bat des records avec ses graphismes sortis tout droit de machines ayant existé bien avant l’ère 8bit ; pour certains cela ressemblera à de la terrine de pixels alors que pour d’autre ce sera du pixel art dans toute sa splendeur. Néanmoins, que vous vous placiez d’un point de vue ou de l’autre, le contexte morbide du jeu prendra le dessus et vous commencerez à ressentir un malaise pesant mais jouissif, grâce à une ambiance sale, digne des plus grands survival horror. Au fur et à mesure que l’on avance dans la partie, nous passons de l’étrange au bizarre, jusqu’au macabre. Croyez-nous, vous ne verrez plus les chèvres et les fonctionnaires du même œil après avoir goûté à The Count Lucanor. Si vous en doutez, osez vous enfermer dans le noir, casque sur les oreilles et Nintendo Switch en main pour défier le lutin bleu et nous en reparlerons. Les bruitages qui agrémentent la bande son, une reprise de Jean-Sébastien Bach façon sonorités 8 bit, sont vraiment dérangeants, jusqu’à vous en faire frissonner, et cela contribue à renforcer cette ambiance qui fait la force de ce jeu.