Il fut une époque où Square brillait dans le monde du RPG et multipliait les jeux et IP à succès dans le genre. Chez Square, au côté de Final Fantasy et Dragon Quest, la série SaGa avait également sa place sur l’archipel. Malheureusement, contrairement aux deux premiers noms, SaGa est un de ces noms du RPG Japonais qui n’a su briller que sur ses terres natales sans avoir véritablement plus d’aura chez nous. Certains noms n’ayant même jamais eu l’occasion d’effleurer nos terres occidentales comme de nombreux jeux du genre durant ces années. A notre époque, il semblerait que les éditeurs souhaitent corriger ce tir bien que conscients qu’il s’agisse parfois d’un retard de plus de 20 ans. Romancing Saga 2 fait partie de ce lot, le Japon a accueilli ce titre en 1993 et c’est pratiquement 25 ans plus tard que les terres occidentales peuvent enfin y gouter. Après les plates-formes mobiles, c’est au tour des consoles d’accueillir ce classique.
Une saga enfin libre !
On passe l’écran titre pour créer son protagoniste avant que le rideau ne s’ouvre sur le chant d’un barde entonnant la mélodie dans un bar, le tout en anglais. Le lever de rideau commence mal donc pour le public français en quête de confort de jeu avec une expérience traduite. On ne pourra que vous consoler en disant que le jeu ne vous demande pas d’être bilingue pour être compris mais on sait bien que nous sortons ce même argument sur beaucoup d’autres titres. Passons ce premier choc et ouvrons les yeux. On tombe donc sur une version remasterisée de Romancing Saga 2 avec des visuels toujours en 2D et des sprites hommages à l’œuvre originale. Simplement, le tout est amélioré avec des effets modernes et plus de détails afin de ne pas trop nous « piquer les yeux » aujourd’hui si l’on peut dire vulgairement. Globalement, le jeu est propre et joli dans son style. Cela va sans dire, il ne plaira pas forcément à ceux qui recherchent quelque chose de plus « moderne ». D’ailleurs en tendant l’oreille, on peut également parler de la bande sonore. Dès les premières notes, on reconnait bien là le genre de musique qui accompagne les œuvres de cette ère lointaine du RPG. Une belle OST qui sied à un RPG de cette époque, qui plaira aux amateurs de Retro mais qui peut ne pas plaire aux nouveaux amateurs du genre. Passé cette petite introduction technique, Romancing Saga 2 nous conte l’histoire de 7 Héros qui auraient par le passé brillé et sauvé le monde.
Pourtant, le vent souffle encore sur les braises et de nouvelles flammes font naître un nouveau chaos sur le monde. L’ironie du sort veut que ces nouvelles flammes soient incarnées par ceux que l’on nomme les 7 Héros. Le Royaume d’Avalon fait face à ce nouveau chaos et cela sur plusieurs générations de suzerains que nous incarnons jusque l’apparition de notre protagoniste. En temps réel, cela vous tiendra en haleine des dizaines et dizaines d’heures selon votre manière de jouer et vivre le scénario du jeu. Si l’on définit Final Fantasy et Dragon Quest comme des RPG linéaires et narratifs, on dira que Romancing Saga va carrément à l’opposé des deux premiers. Le contexte reste moyenâgeux et fantaisiste mais la narration est moins dense et moins profonde avec tout de même plus de choix ayant une certaine incidence sur le scénario et la fin du jeu. En parlant de choix, notons que cette version de Romancing Saga 2 inclus également quelques éléments inédits comme de nouveaux donjon. Jouer avec ou sans les nouveautés, ce choix même nous appartient. Par ailleurs, le casting de personnage lui-même n’est pas permanent et une bonne partie des personnages peuvent mourir définitivement. Un peu comme si l’option du « Permadeath » de Fire Emblem s’était incrustée dans la série Final Fantasy. Certains auront peut-être pour objectif de terminer le jeu avec le groupe initial tandis que d’autre avanceront avec les pertes qui s’ensuivent en faisant de simples remplacements d’unité car les personnages qui ne demandent qu’à vous servir loyalement sont nombreux sur le Royaume d’Avalon. Le constraste ne se situe pas uniquement sur ce point, Romancing Saga 2 vous propose à un moment du jeu de gérer également l’économie de votre pays. Il ne s’agit pas forcément d’une composante complexe de gestion dans un JRPG mais puisque vous incarnez l’icône à la tête du Royaume, vous possédez des fonds que vous pouvez investir dans l’agrandissement de votre cité, la création de nouveaux services afin de développer de nouvelles techniques et magies parmi d’autres choses. Il ne s’agit pas de lutter aveuglément contre le chaos qui ravage le monde mais également de prendre vos responsabilités de monarque et guider votre Royaume vers un bel avenir. C’est en cela aussi que l’expérience de jeu pourra être différente selon les exigences de chaque joueur. C’est cette « liberté » et cette diversité d’expérience qui différencie Romancing Saga 2 des JRPG plus classique et linéaire de l’époque.
Jeu de Rôle Japonais rime aussi avec exploration et combat. Certes, Romancing Saga 2 ne vous propose pas non plus de vivre une expérience « Open World » avec une immense carte à explorer malgré le caractère moins linéaire de l’expérience globale en comparaison à d’autres JRPG. En dehors d’Avalon, on a une carte du monde où l’on sélectionne les lieux à explorer. Cela peut être un repaire de monstre, un village, une ville, une forteresse ou un donjon. Chacun de ces lieux est à fouiller afin d’ouvrir les quelques coffres dispersés dans chaque endroit. Des coffres remplis d’objets en tout genre qui finissent dans un inventaire ingérable et illisible, trait de caractère très prononcé des œuvres de cette époque. Les repaires de monstre, les donjons, les forteresses et parfois les villes sont peuplés de créatures et de boss à vaincre. Contrairement à ce que l’on peut croire et dont on avoue qu’il s’agit d’un trait caractéristique des JRPG de l’époque, Romancing Saga 2 ne nous propose pas de rencontre aléatoire. Les monstres sont visibles durant l’exploration et le combat s’engage lorsque l’icône de votre protagoniste entre en contact avec les monstres. Notons la tendance des monstres à chercher à rentrer en contact avec vous. Les affrontements reprennent les fondamentaux du genre à l’époque. Du tour par tour classique avec diverses commandes à sélectionner pour chacun des membres de votre équipe. On peut attaquer, sélectionner des techniques, de la magie, fuir ou utiliser des objets entre autres. Ces actions dépendent aussi de votre équipement, il faudra vous équiper de potion pour pouvoir en utiliser par exemple. En parlant d’équipement, il s’agit justement d’une feature qui rend l’expérience Romancing Saga 2 un peu plus inédite. Le levelling de vos personnages se déroule différemment que dans un JRPG classique.
Il ne s’agit pas simplement de gagner des niveaux afin d’augmenter ses stats mais également d’améliorer votre niveau de maîtrise de votre équipement afin justement d’acquérir de nouvelles techniques. Chacun des personnages peut s’équiper de plusieurs objets ou armes et ainsi acquérir différentes techniques. Reste ensuite à prendre en compte leur job et les formations de combats afin d’optimiser au mieux chaque affrontement. Les formations de combat sont un peu plus poussées que le simple fait de placer des personnages robustes et fort au front pour lancer de bonnes offensives ou à l’arrière pour protéger vos mages et archers. La formation « Imperial Cross » du début par exemple se constitue de 4 personnages entourant un 5ème au milieu. Un personnage est au front et devient la cible de choix de vos ennemis. Deux personnages sur le flanc sont un peu plus épargnés par les offensives ennemies mais restent au front. Un à l’arrière de la formation et à protéger des offensives tandis que celui au centre de la formation est le plus à l’abri. Comprenez donc que chaque formation attribue plus ou moins un rôle à chacun de vos personnages et il s’agit donc de mettre chacune de vos unités à la position de la formation qui lui sied le mieux. À vous ainsi d’équiper et faire progresser vos personnages comme il vous conviendra en tenant compte de ce système de formation pour avoir une équipe à l’épreuve de nombreuses situations. Attention d’ailleurs aux ennemis qui rentreraient en contact avec vous par derrière, le combat qui s’ensuit se fera sur une formation brisée. A l’inverse, attaquer à l’arrière de l’ennemi vous donne un tour d’action supplémentaire. Enfin, parlons encore une fois du « Permadeath » pour reprendre ce terme pratique de la série Fire Emblem. Chacune de vos unités possèdes des PV et PM (Point de Vie et Point de Magie), un classique dirons-nous. D’ailleurs vous êtes complètement régénéré après chaque combat. Pratique n’est-ce pas ? Vous pensez même que le jeu sera du coup une vraie partie de plaisir. Détrompez-vous, chacun de vos personnages possède également des LP (Life Point ) et chaque mort consomme 1 LP. Une fois que votre personnage n’a plus de LP, il est définitivement mort. Il s’agira ensuite de recruter un autre personnage qui n’est pas forcément de la même classe que le défunt. Notez qu’un personnage évanoui en combat peut toujours être la cible des offensives ennemies qui diminueront directement les LP. En prenant en compte tout ce que l’on vient de dire ainsi que le fait que les affrontements gagnent toujours plus en intensité et en difficulté en avançant dans le jeu, Romancing Saga 2 peut devenir véritablement frustrant et particulièrement difficile. Un challenge intéressant à surmonter pour les amateurs du genre déçus par les productions assistées de nos jours et qui ne connaissent pas Romancing Saga 2.
Conclusion
Mieux vaut tard que jamais aime-t-on dire. Romancing Saga 2 fut et reste un classique du JRPG très bon. À l’heure où beaucoup surfent sur la vague retro avec le pixel art et les sprites 2D à la recherche de ce qui faisait la gloire des œuvres passées, 25 ans après Romancing Saga 2 s’affiche sans aucune ride à leur côté en proposant ironiquement des mécaniques de jeux mieux huilés et des expériences encore plus variées et inédites dans le genre. Un grand cru du genre à consommer partout sur Switch mais avec modération tout de même pour les plus nouveaux d’entre vous.
LES PLUS
- Joli Remaster
- Les quelques inédits
- Bonne OST à « l’ancienne »
- Les mécaniques de combat
- Le challenge et le Permadeath
- Le côté gestion
- Bonne durée de vie
- L’histoire d’un royaume sur plusieurs génération…
LES MOINS
- …mais sans véritable rebondissement
- Le Permadeath ?
- L’inventaire
- Peut être trop difficile pour certains…
- Peut-être pas assez d’inédits pour les fans
- Fuyez si vous n’aimez pas le coté Retro !
- Full English Plz