Commander Video est de retour après son passage remarqué sur le WiiWare! Il fut le héros des jeux Bit Trip présentant plusieurs gameplay différents, simples mais proposant un challenge relevé. Suivi par l’excellent Runner 2 sur Wii U, qui confirme le talent et la qualité des jeux de chez Gaijin Games. Le studio se nomme aujourd’hui Choice Provisions et revient avec un certain Runner3. Repoussé une fois à 2018, le jeu est désormais disponible sur Nintendo Switch (et PC) sur l’eShop, et en boîte en Amérique du Nord grâce à Nicalis.
The Timbletot est déterminé à débarrasser le multivers de toutes traces de bonheur et d’amour. Mais CommanderVideo, amoureux transi qu’il est, refuse de baisser les bras et de laisser cela se produire. Bercé par une écriture soignée et amusante, Runner3 pose les bases d’un univers déjanté qui ne se prend pas la tête, accompagné par le très grand Charles Martinet qui revient pour son rôle de « The Narrator » mais pas seulement, (ce n’est pas un spoil car nous l’avons appris récemment) il fait lui aussi partie des personnages jouables aux côtés des têtes connues et des nouveaux venus: Dave de Woah Dave!, Unkle Dill, Frank ‘N Stein, Awnty Rewty et bien d’autres. Si au départ, nous débutons avec deux personnages jouables, CommanderVideo et CammandgirlVideo, pas moins de onze personnages seront à débloquer et jouables ensuite. Nous débutons donc par des niveaux faisant office de tutoriel pour introduire le joueur aux commandes. Les trois premiers niveaux restent assez simples, mais la difficulté augmente très vite. Les développeurs ont déjà annoncé l’arrivée prochaine d’un mode facile, étant donné que beaucoup de joueurs ont trouvé cela trop corsé. Le challenge est au rendez-vous et comptez environ une vingtaine de tentatives voire plus par niveau pour en voir la fin.
Le cœur du jeu étant son gameplay, Runner3 ne change pas ses habitudes. Il faut être prêt à enchaîner les sauts, les sauts muraux, les glissades, les coups de pieds mais aussi à se frayer un chemin en conduisant, volant et même en dansant jusqu’à la victoire. Concernant les sauts via des trampolines, certains sont automatiques et d’autres demandent au joueur d’orienter le stick dans la bonne direction, ce qui n’est pas très logique. L’une des nouveautés est le double saut qui sera très souvent utilisé mais pas forcément nécessaire dans chaque situation, sous peine de faire des erreurs. Cela apporte une mécanique supplémentaire tout comme les véhicules : avion aubergine, voiture céleri, canette propulsée au gaz carbonique, tout y passe. La conduite dans les airs ou sur terre est très perturbante au début mais à force de refaire le niveau, nous devenons vite experts. Les niveaux ne seront jamais à 100% avec des véhicules, cela se déroule sans prévenir sur de petites distances. Plusieurs embranchements seront proposés, il suffira de choisir droite ou gauche avec les gâchettes bien qu’aucune flèche ne prévienne avant, ce qui peut paraître brutal. Si vous avez joué aux précédents jeux, vous allez tout de suite retrouver vos marques, un avantage étant donné que le gameplay est très exigeant et donc parfois frustrant: nous pensons par exemple aux doubles sauts impliquant de briser un mur en hauteur. Ce genre d’obstacle demande une exécution précise et est souvent difficile à passer.
Pour découvrir tous les mondes, il faudra vaincre un boss en fin de niveau. C’est la déception de ce Runner3: les boss sont malheureusement trop faciles. Alors que tous les niveaux offrent un challenge plutôt élevé, nous aurions pu croire que les boss le seraient aussi. Ils sont tous très originaux et plutôt amusants mais en quelques minutes sont vaincus, avec seulement trois coups à donner et une facilité assez déconcertante. L’ultime boss est un peu plus long que les autres mais il n’en demeure pas plus intéressant et il arrive assez brutalement. Runner3 se divise en trois mondes pour un total de 40 niveaux. Une fois le jeu fini une première fois, les 9 niveaux restant sont des niveaux impossibles. Ils portent bien leurs noms puisque la difficulté monte encore d’un cran. Il nous a fallu 6h pour terminer le jeu une première fois mais nous pouvons doubler cette durée de vie par le contenu qu’il y a à débloquer derrière. Hormis les niveaux impossibles, il y a les 100 lingots d’or à récolter dans chaque niveau. Mais les développeurs sont allés encore plus loin: une fois le niveau terminé une première fois, il est possible de le refaire mais en empruntant des chemins différents pour récolter 25 gemmes. Et ce n’est pas tout, dans la plupart des niveaux, une marionnette, un médaillon et un objet de quête sont à trouver. Clairement, la rejouabilité est présente et donne envie d’y retourner pour en découvrir un maximum. Il y a énormément de choses à débloquer comme les mondes rétro, assez différents du jeu de base et bien difficile, la boutique et ses nombreux accessoires pour vos personnages ou encore les classements en ligne pour défier vos amis.
Nous sommes en terrain connu, l’un des principaux changements notables étant de passer en 2,5D avec des environnements et la caméra qui n’hésite pas à nous jouer de mauvais tours. Si le level-design est plutôt bon avec des niveaux qui changent souvent de vue ou de sens, il y a quand même de quoi pester. En effet, par moment la caméra va être très proche de CammanderVideo, ce qui ne nous permet pas d’anticiper les obstacles à éviter ou objets à récupérer. Alors certes, le jeu repose énormément sur la connaissance du niveau mais cela reste très mal pensé. Les niveaux sont bien plus longs et un seul checkpoint est souvent un peu juste au vu de la difficulté. D’autres points négatifs sont à relever, à commencer par les bruitages provoqués lorsqu’on saute ou qu’on récolte de l’or. Les bruitages ne sont pas constants: nous étions habitués à en avoir lors des destructions de mur, ce n’est plus le cas et le jeu perd en rythme. Un autre point qui fâche, concerne la qualité du portage en lui-même qui manque de phase de test et de peaufinage. On constate notamment une sorte de filtre de brouillard assez prononcé sur deux niveaux en intérieur: c’est à se demander si cela est voulu par les développeurs car cela dénature beaucoup les niveaux. Nous avons aussi été confronté à des bugs assez gênants comme le premier niveau rétro du monde 1 qui amène à une erreur quittant le logiciel. Il faut visiblement passer le jeu en anglais pour que cela fonctionne. Le framerate est aussi impacté par moment et c’est assez flagrant même si l’expérience n’est pas affectée. La localisation laisse aussi à désirer avec des textes seulement en partie traduits dans les menus et des polices non prises en compte. Enfin, nous pesterons un peu sur les temps de chargement pas bien longs mais toujours présents au chargement de la carte et des niveaux. Un patch pourra corriger pas mal de choses mais vu l’état et surtout à ce prix-là, cela reste assez limite et peu recommandable.
Conclusion
Runner3 était attendu au tournant par les fans des précédents épisodes avec une promesse de renouveau et des environnements en 2,5D alléchants. L’univers est coloré et délirant, l’écriture soignée avec un narrateur de légende. Son gameplay est exigeant mais un mode facile arrive bientôt, son level-design varié et le titre est assez généreux en contenu. Malheureusement, difficile d’enlever ce sentiment de déception une fois le titre terminé. Les boss souffrent d’un mauvais équilibrage de difficulté, les bruitages ont été revu à la baisse, la caméra fait souvent n’importe quoi et le portage est loin d’être impeccable.
LES PLUS
- Une écriture amusante
- Les quêtes des héros
- Gameplay exigeant
- Level design inspiré
- Direction artistique colorée
- Pas mal de contenu à débloquer
- Charles Martinet
LES MOINS
- Les boss très décevants
- Manque de lisibilité par moment
- Des bruitages pas toujours au rendez-vous
- Un voile flou dans les environnements intérieurs
- De rares chutes de framerates
- Un bug gênant sur la première cassette rétro
- Manque de peaufinage