Développé par le studio indépendant espagnol Fourattic, Crossing Souls vient de sortir sur Nintendo Switch après une sortie en Février dernier sur PC et PS4. L’éditeur Devolver Digital, qui a déjà sorti le très bon Enter the Gungeon, avait déjà repéré le titre, signé un contrat d’édition avec le studio et promis de le publier, peu importe le niveau de financement. Finalement, la campagne Kickstarter qui a suivi fut un succès fin 2014 avec 51 983$ récolté, et quelques années plus tard, le voici. Nous avons donc plongé dans son univers rétro, qui fait entre autre honneur aux jeux Nintendo et à la culture populaire des années 80.
Crossing Souls se déroule en Californie et plus précisément en 1986. On y incarne Chris, Matt, Charlie, Big Joe et Kevin, une bande de cinq gamins qui devra démêler un obscur complot gouvernemental. Très rapidement, ils découvrent une mystérieuse pierre rose qui permet de voyager entre deux royaumes. Ils ne seront pas les seuls à s’intéresser de près à cet artéfact à la fois fascinant et dangereux. Largement influencée par des films comme Les Goonies, E.T, ou Super 8, l’histoire se laisse suivre mais n’est pas très originale. Difficile de trop rentrer dans le détail sans spoiler, mais l’écriture aurait gagné à être plus approfondie et moins conventionnelle. Malgré des moments forts, on ne s’attache pas plus que ça aux personnages dont le background reste limité aux vacances d’été. Une belle amitié se dégage tout de même de leurs actions et décisions prises tout au long de l’aventure, mais les dialogues auraient mérité d’être plus approfondis. Au final, on voit très vite où souhaite nous emmener le jeu et on découvre des méchants peu charismatiques.
Les cinq enfants ont tous des capacités uniques et leur propre style de combat. Chris est le plus agile du groupe, il peut sauter, grimper sur différentes surfaces et possède une batte de baseball comme arme. Il s’impose naturellement comme le leader du groupe. Matt est l’intellectuel avec ses chaussures capables de planer et son pistolet à rayons laser. Big Joe c’est le costaud, il est plus lent mais ses poings occasionnent beaucoup de dégâts aux ennemis. Charlene est la fille du groupe, elle se sert d’une corde à sauter comme d’un fouet et dispose d’un dash. Enfin, Kevin, le petit frère de Chris n’a pas de talent particulier et parvient toujours à s’attirer des ennuis, mais il occupera un rôle central dans l’histoire. Aux cours des diverses missions, vous pouvez alterner à tout moment entre ces cinq personnages pour faire face aux situations. Certains obstacles seront franchissables uniquement avec l’un d’entre eux et sa spécialité. Très vite, un autre personnage sera jouable en plus de celui incarné dans la bande, pour basculer dans le monde des mortels et permettre à son équipe de progresser plus facilement.
Le jeu propose un système de combat en temps réel, c’est-à-dire que vous rencontrez des bandes rivales, des esprits, des boss et après la séquence de dialogue, vous êtes libre d’utiliser le personnage de votre choix et d’alterner durant le combat. Il arrive d’être pris à revers et de recommencer quelques fois la séquence mais globalement le jeu est bien équilibré. On trouve aussi de nombreuses énigmes pour la plupart très simples d’accès allant de clés à trouver pour ouvrir les portes, mini-puzzles à construire en déplaçant des éléments, passages secrets, mécanismes à activer, labyrinthes… La progression est très variée, on a également certains passages sous forme de mini-jeux redoutables comme des courses poursuites en vélo avec la police et d’autres phases bourrées de références aux années 80 que l’on vous laisse découvrir tellement l’hommage va loin. Dans les deux mondes, mort ou vivant, les personnages vous aideront à progresser dans le jeu en délivrant de précieuses informations.
A la fin de chaque niveau, on trouve un boss à affronter dans des combats un peu plus élaborés. Il faut généralement déjouer les plans de l’ennemi avant de pouvoir l’attaquer, mêlant aussi par la même occasion de petits casse-têtes. Les combats sous toutes leurs formes dans Crossing Souls sont bien rythmés, le jeu donne également accès à certains objets via un inventaire rapide pour restaurer sa santé, faire exploser des portes avec des bombes, utiliser des flashs sur les ennemis. On a aussi un vrai inventaire avec un détail de toutes les missions, une présentation des personnages rencontrés, une collection de cassettes à dénicher dans la ville avec de nombreux clins d’œil aux films des années 80. Le contenu est satisfaisant pour une durée de vie avoisinant les sept heures de jeu. La progression est assez linéaire car le plus souvent cloisonnée à un environnement précis, on regrette un peu le manque d’ouverture. Côté difficulté, c’est assez inégal car certains mini-jeu mettent la barre trop haute alors que parfois il suffit de choisir Big Joe pour passer en force sans trop de difficulté. Un meilleur équilibrage n’aurait pas été de refus.
Le jeu propose un monde ouvert avec de multiples zones à découvrir. La ville californienne, une forêt hantée, un manoir lugubre, une bibliothèque… Les développeurs se sont inspirés du premier The Legend of Zelda pour le level design qui manque un peu de relief. Les environnements sont variés et la direction artistique est de très haute volée. Très grosse maîtrise à tous les niveaux que ce soit le pixel-art, les couleurs et l’ambiance. C’est tout simplement magnifique, sans oublier les animations différentes pour chaque personnage. Entre chaque niveau, une petite cinématique ressemblant aux dessins animés des années 80 (inspiré de Teen Wolf, Saint Seiya ou encore Teenage Mutant Ninja Turtles) se lance et c’est un vrai régal. Tout est là pour créer une ambiance avec une bande-son composée par Timecop1983 totalement dans le thème bien que les morceaux soit relativement court, on en voulait plus.
Conclusion
Beaucoup d’amour se dégage de Crossing Souls, et après plusieurs années de développement, Fourattic nous livre une aventure rétro nostalgique séduisante dans un style pixel-art à tomber par terre. L’ambiance années 80 est là avec toutes les références nécessaires pour titiller les amateurs de pop culture, bien qu’un peu trop nombreuses par moment. On reste quand même dans une aventure assez linéaire et peu originale. La bande de potes en mode Stranger Things parle beaucoup mais on ne s’attache pas plus que ça aux personnages. Un premier essai convaincant mais qui manque de profondeur dans son gameplay, ses puzzles ou encore son histoire.
LES PLUS
- Direction artistique sublime
- L’ambiance années 80 réussie
- Les cinématiques en dessin animé
- Cinq personnages jouables
- Bourré de références
- Bonne bande-son
LES MOINS
- Une histoire peu originale
- Difficulté en dent de scie
- Des contrôles pas toujours précis
- Les puzzles assez classiques