Le thème de la guerre est un thème très récurrent dans le Jeu Vidéo. Une bonne partie des FPS reprennent ces thèmes et nous livrent des expériences de jeux d’Action Aventure générique qui se ressemblent beaucoup. Pour le centenaire de la Grande Guerre de 1914-1918, Ubisoft a choisi de mettre une de ses équipes sur un projet original en exploitant leur fameux moteur Ubiart Framework et en traitant de cette période historique. Paru depuis 4 ans sur d’autres plateformes, Soldat Inconnu : Mémoire de la Grande Guerre revient sur Switch pour les 100 ans de la Grande Guerre et nous narre une nouvelle fois les évènements de cette période sous un trait nouveau. Voici notre bilan sur une expérience inédite proposé par Ubisoft.
Un vrai cours sur la Grande guerre sur Switch
Nous sommes en Europe en 1914 alors que les différents pays du continent se jettent des regards hostiles et que chacun forme des alliances avec un autre en vue d’un conflit de grande envergure à venir. Nous sommes à un point où un évènement suffit pour que les différentes alliances s’enclenchent et débouchent sur ce conflit. Cet évènement se produit le 28 Juin 1914 lors de l’attaque de Sarajevo. Le titre d’Ubisoft nous fait vivre diverses tragédies de la Grande Guerre à travers 4 protagonistes fictifs aux destins croisés. Emile gère une ferme dans le village de Saint Mihiel en France. Il y vit au côté de sa fille et de son gendre Karl, un jeune allemand. Le couple n’a même pas le temps de jouir du bonheur de la naissance de leur premier enfant que l’Allemagne rappelle Karl au pays et l’enrôle dans l’armée. Alors qu’Emile aurait certainement préféré jouer son rôle de grand père, l’armée française l’appelle le 13 août peu après la déclaration de guerre. A Gare de l’Est, il croisera également la route d’un légionnaire Américain, Freddie. Dont le début de conflit aura eu raison de sa femme alors même qu’ils venaient de se marier. Il cherche ainsi à se venger du régiment allemand responsable de cette tragédie.
Nos 2 compères seront également sauvés à un moment par la jeune infirmière Belge, Anna. Celle-ci cherche à sauver son père, un éminent scientifique enlevé par l’armée Allemande. Nous pourrions même ajouter un 5ème protagoniste sous le nom de Walt, un chien de guerre secouriste jouant également son rôle dans l’intrigue. Nous éviterons d’en raconter plus sur l’aventure qui vous attend mais préparez-vous à vivre un récit de qualité avec toutes les horreurs et réalités de la guerre aux côtés de personnages tous attachants. L’aventure vous emmènera à travers de nombreuses missions dispersées sur 4 grands chapitres soit environ un peu moins d’une dizaine d’heures de jeu en ligne droite. On appréciera également tout l’aspect pédagogique sur cette période. Avec par exemple dans chaque niveau des objets du quotidien de cette époque à retrouver afin d’avoir un petit descriptif à ce sujet. Durant chaque mission, nous avions même un petit résumé des faits réels de la guerre et la dite mission reprend souvent de manière fictive le passage décrit. Notez que ces faits sont souvent accompagnés de documents et photos réelles de cette époque. Il est possible en mode portable d’agrandir la photo en la touchant, le bug étant que l’on n’a pas encore trouvé à ce jour la possibilité d’agrandir la dite photo en jouant en mode TV. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé d’appuyer sur tous les boutons ou même de pointer un joycon sur l’écran mais rien.
Pour le reste l’expérience global reste la même en TV ou en portable. Mais pour en revenir à ce que l’on disait, Ubisoft nous livre un vrai petit cours sur un évènement majeur de l’Europe du XXème siècle avec des références, des éclaircissements, des éléments sur la vie des Poilus ou de ceux vivant à l’arrière ainsi que des choses le contexte politique et économique de cette époque. Le studio français fait même honneur aux chiens morts durant la guerre à travers le rôle de Walt mais également d’un petit chapitre au format bande dessiné disponible dans les « Bonus » du jeu et nous racontant le passé du protagoniste canin. Un bonus qui donne de l’importance à Walt, le rend plus attachant et nous explique aussi quelques liens que le chien a avec quelques personnages du jeu. En parlant de bonus, le studio se permet également de laisser à disposition les arts de concept du jeu que vous pouvez consulter via les « Bonus ». Avec tout ça, certains pourraient croire à un jeu assez lourd mais Ubisoft a su livrer tout cela sans proposer de gros pavé et de manière accessible à tous. Comme le petit bonus de la bande dessiné sur le passé de Walt ! D’ailleurs, on pourrait en fait comparer toute l’œuvre à une bande dessinée avec même une voix off de temps à autres pour nous décrire justement certains moments majeur de la Grande Guerre ainsi que les moments clés du jeu ! Certains diront que l’on ne vit surtout l’œuvre du point de vu Français au final, ce n’est pas faux mais cela reste très instructif et bien fait. Lire et vivre une BD, une bonne manière d’apprécier et s’instruire sur la Grand Guerre que beaucoup ont peut-être oublié!
On ne fait pas forcément ce comparatif à la BD dans le vide car c’est le parti qu’a pris Ubisoft afin de dépeindre et réaliser son jeu. L’Ubiart Framework avait déjà fait ses preuves et continu de surprendre par le rendu et les traits fins que l’on a sous nos pupilles dans Soldats Inconnus. Une véritable BD prend vie et s’anime sous nos yeux. Contexte oblige, on a un univers moins coloré et joyeux que les précédents jeux d’Ubisoft exploitant le moteur mais le tout est cohérent et très joli à voir sur Switch. Certes, la console est capable de mieux si l’on souhaitait faire dans la claque technique mais on ne boudera pas notre plaisir à voir Soldats Inconnus s’afficher sous nos rétines. En TV ou en Portable, nous n’avions relevé aucune différence, le tout est également très fluide et sans chute notable. Tout est accompagné d’une ambiance sonore tout aussi cohérente et nous permettant d’apprécier le titre tel qu’il est. Certains regretteront peut être de n’avoir que des grommèlements très différents selon la nationalité des personnages en jeu au lieu d’un vrai doublage. Mais notons qu’il est plutôt original et que cela reste cohérent d’avoir ces grommèlements accompagnés d’une bulle de BD sur les personnages illustrant ce que les personnages se disent plutôt que des dialogues et des voix qui auraient pu s’avérer être à double tranchant. Pour un titre comme Soldats Inconnus misant sur l’impact émotionnel sur le joueur. Il suffit d’avoir un mauvais jeu d’acteur et donc de doublage pour avoir des lignes mal doublées et ne rendant pas honneur à certaines situations du jeu.
On ne dit pas qu’un doublage aurait pu être mauvais mais ici les grommèlements et la mise en scène sont suffisants pour comprendre et saisir l’ambiance du titre. Du coup, comment une BD « prend vie » avec des illustrations, parfois simplement animées et des grommèlements accompagnés de bulles illustrées ? Pas d’inquiétude, décrit comme ça vous avez peut-être l’impression de simplement appuyer sur une seule touche et passer des dialogues et au mieux consulter des menus pour y lire quelques faits et descriptifs d’objets de cette époque. Il n’en est rien, vous contrôlez bel et bien Emile, Freddie, Karl, Anna et Walt à travers divers décors du front de guerre. Cela peut être le vrai front, aux côtés d’Emile et des milliers de Français lors de l’assaut sur les Chemins des Dames par exemple. Mais ça peut être aussi une phase d’infiltration au côté de Karl dans un village Français. Soldats Inconnus se joue comme un jeu d’Aventure et réflexion en 2D. Au tout début, vous avez un court tutoriel sur les actions possibles et communes des personnages. Vous pouvez effectivement bouger avec le joystick, appuyer sur Y pour donner des coups, ramasser des objets avec A et maintenir la gâchette ZR pour que votre personnage soit en posture de lancer, il s’agit ensuite de régler votre angle et appuyer sur A pour lancer l’objet que vous avez en main.
A côté de ces actions communes, chaque personnage possède certaines habiletés qui leurs sont propres et qui leur donnent à chacun un rôle unique à travers les missions du jeu. On n’est jamais véritablement amené à switcher en directe entre chacun des 5 personnages du jeu en pleine mission. En fait, chacune d’elle est élaborée pour être joué par le personnage défini et seul Walt est présent à vos côtés à chaque mission pour vous soutenir. On ne contrôle jamais directement le chien mais il suffit de maintenir le bouton R pour voir ensuite quelques boutons appuyer pour lui donner l’ordre d’interagir avec les éléments du décor. Pour le reste, nos protagonistes vivent leur mission en parallèle d’un autre et parfois même ils se croisent mais on ne contrôle pas forcément les 2 simultanément. Au mieux c’est l’I.A. qui gérera les actions du personnage en question. En ce qui concerne leur habileté spécifique, Emile est équipé d’une louche ou d’une pelle qui lui permettent de creuser certaines zones de terre meuble afin de progresser. Il s’agira parfois de faire attention aux mines enterrées dans ces zones. Freddie peut couper les barrages de barbelés. Le stéréotype US est peut-être de la partie car notre bonhomme est un gros baraqué et c’est lui qui possède parfois des missions très orienté « Action » comme lorsque l’on est à bord d’un tank et que l’on canarde les lignes allemandes en progressant sur le front. Expérience plus calme pour les derniers protagonistes. Pour Karl, ces phases d’infiltrations l’obligent à se déguiser et changer d’uniforme afin de progresser.
Anna nous propose de vivre son quotidien d’infirmière du front en progressant dans des missions où elle soigne les blessés du front où dans lesquelles elle sauve les habitants d’une ville du front. Il s’agit souvent d’un mini-jeu similaire à un jeu de rythme où l’on appuie sur A ou B selon les indications d’un cardiographe. Elle propose aussi des phases de fuite en voiture sympathique où l’on se doit de progresser au rythme d’un thème de musique classique très connue. En tenant compte de toutes ces données, il s’agit aussi pour vous de progresser dans des niveaux qui vous propose parfois de résoudre des énigmes très simple et à la portée de tous. Il s’agit par exemple de trouver un objet qui peut faire office de levier pour activer un mécanisme ouvrant une porte. Ce levier se trouve peut-être dans une pièce envahie de gaz toxique et accessible uniquement par votre allié canin. Il s’agit du coup de d’abord aller retrouver un masque à gaz pour Walt puis de lui donner l’ordre de vous amener l’objet qui vous permettra d’avancer. Chaque personnage étant cantonné à une mission désigné pour lui, les énigmes se résolvent souvent d’une seule façon et il ne faudra pas forcément être un génie pour progresser. Dans le pire des cas, vous avez la possibilité d’accéder à un indice via le bouton – afin de vous aider à trouver la solution. Toutefois, nous sommes certains que la plupart d’entre vous joueront en « vétéran » sans même s’en rendre compte tant vous n’aurez pas besoin d’appuyer sur cette touche pour un indice. Ah, nous ne vous l’avions pas dit ? Effectivement, il y a un mode « vétéran » qui se contente juste de vous enlever les aides du jeu donc pas si « vétéran » que ça au final. En fait, le plus gros challenge du jeu sera certainement de retrouver les objets du quotidien de cette époque, une quête très « annexe » du jeu. Elles ne concerneront que ceux qui cherchent à finir le jeu à 100% et à s’instruire un maximum. On ne cherchera pas à vous effrayer, il ne s’agit pas non plus de récupérer les 900 Korogu de Zelda ou les Lunes de Mario. Il n’y a pas tant d’objets à récupérer par niveau que ça, c’est un objectif facultatif beaucoup plus accessible. Juste qu’il faudra parfois vraiment regarder les décors dans le détail pour récupérer des objets. Sachant que la plupart des niveaux ne vous permettront pas de revenir en arrière. Pour peu que vous en loupiez un, il faudra reprendre du début. Rien d’insurmontable pour autant. Toutefois, on gardera plus de souvenirs de certaines scènes émouvantes du jeu ou des situations complètement loufoques comme une course poursuite en taxi avec un Zeppelin qui vous canarde. Un beau titre avec des expériences de jeu variées à vivre au moins une fois !
Conclusion
Il y a 100 ans, un des plus grands conflits du XXème siècle prenait fin. Aujourd’hui, aucun joueur ne pourra se targuer de connaitre cette période et de comprendre ce qui se passait à cette période. Soldats Inconnus ne remplacera jamais des années de recherches et personne ne pourra jamais véritablement comprendre ce qu’un Poilu aurait pu ressentir à ce moment. Saluons tout de même Ubisoft qui aura effectué travail de qualité pour dessiner la France de cette époque et livrer aux joueurs une expérience variée avec des personnages attachants aux destins poignants. Le studio aura également fait un bon travail de recherche pour instruire un minimum les joueurs sur ce Grand Conflit. En tant que joueur, on critiquera la simplicité du jeu et le manque de challenge proposé. Toutefois, notre mot de la fin restera le même. Peu importe la plate-forme, par devoir de mémoire, joignez le front de ces « Soldats Inconnus ».
LES PLUS
- - Une véritable BD à vivre !
- - Tout est parfaitement stable
- - TV comme Portable
- - Le tactile en mode Portable pour consulter les archives
- - Ambiance sonore cohérente
- - Des expériences de jeu variées !
- - Accessible à tous
- - Des protagonistes attachants !
- - Sans oublier Walt !
- - Un sujet maitrisé !
- - Un cours sur la Grande Guerre sans prise de tête
- - Les « bonus »
- - A faire par devoir de mémoire
LES MOINS
- - Une expérience trop simple
- - Quel mode « Vétéran » ?
- - Un peu court peut être ?
- - Certains réclameront un doublage
- - On consulte comment certaines archives sans le tactile ?