C’est chez Nicalis qu’est sorti il y a environ un an, sur Nintendo Switch, The End is Nigh (entendez near, comme proche). Jeu enfanté par les mêmes créateurs, beaucoup y ont vu une suite de Meat boy. Revenons ensemble sur ce titre pour voir plus profondément ce qu’il en est.
Dès l’écran de présentation le ton est donné : Illustration somptueusement dark, sur fond de musique classique plus que connue pour sa thématique létale. Nous nous empressons d’appuyer sur le bouton A et l’histoire commence avec une cinématique où nous apprenons que l’apocalypse a eu lieu et que nous incarnons Ash, un survivant à qui il ne reste plus que la mâchoire accrochée à un morceau de chair surmonté d’un seul œil. C’est ça, Ash !
Même s’il n’y a plus grand-chose à faire dans ce nouveau monde chaotique à part survivre aux autres mutants, notre protagoniste se trouve rapidement un but ; se fabriquer un ami en reconstituant un corps à partir de différents morceaux humains et qui seraient recousus entre eux. Tout un programme !
A ce stade du test vous devez déjà vous dire : « Mais pourquoi Edmund McMillen et Tyler Glaiel n’ont toujours pas été internés » ? Réponse : « Pour nos plus grands fantasmes macabres et transgressifs ».
Graphiquement, comme pour accentuer son aspect post-apocalyptique, le jeu est en monochrome. Bien souvent en noir et blanc mais aussi en sépia, vous pourrez également tâter d’autres couples de couleurs dans les cartouches de jeux à trouver. Les premiers plans sont bien marqués tandis que l’arrière-plan est souvent plus clair, plus flou. C’est beau et bien lisse avec beaucoup de détails tous plus inquiétants les uns que les autres et cela s’intègre parfaitement à l’ambiance sordide du jeu. Dans les phases 8 bit, le style rétro est très bien respecté. Petit détail qui a son charme pour certains, Il est possible d’appliquer un anti-aliasing dans les options.
La bande son, carrément mortelle, a été réalisée par le groupe Ridiculon (Matthias Bossi et Jon Evans). Il s’agit des plus grands morceaux de musique classique, que le groupe a repris en y ajoutant de la guitare électrique et autres sons de synthé pour les rendre plus punchy. Ce sont donc Tchaikovsky, Dvoräk, Litsz, Grieg, Verdi, Mussorgsky, Brahms, Mozart et d’autres qui n’auront pas à se retourner dans leurs tombes puisque, c’est magistralement réorchestré par le groupe.
Si vous n’êtes pas familiers du duo Edmund/Tyler, laissez-nous vous expliquer ; The end is nigh est un jeu de plateforme exigeant, millimétré, addictif, cruel mais pas insurmontable. Si l’on veut vraiment le comparer à Meat Boy (c’est très tendance), le point commun majeur entre les deux titres est que le jeu permet d’apprendre de ses erreurs sans pouvoir lui reprocher quoi que ce soit. Au pire, si vous tombez bêtement dans un trou, vous pourrez toujours accuser votre moitié (voir le chat, à défaut) ou prétexter une goutte de soda qui vous aurait sauté dans l’œil, mais ce ne sera jamais de la faute à une erreur de level design ou de pattern mal brainstormé. Tout cela est dû, bien entendu, à une maniabilité parfaite des Joy-cons (ou manette pro) associée à une réflexion poussée des mécaniques de chaque tableau, chaque ennemi, chaque piège. C’est du grand art, spécialement pour les fans de jeu de plateforme.
Un pas après l’autre, une mort devant l’autre
Si Ash n’a pas été gâté par la nature, il dispose tout de même du nécessaire pour affronter toute une panoplie de pièges et de mécanismes diaboliques, agrémentés d’ennemis aux patterns qui ne laissent pas de place à la pitié. Ainsi il est possible de sauter, s’accrocher aux coins des parois avec ses dents, courir, se planter dans des sortes d’ergots qui jonchent certaines parois. The end is nigh se décompose en tableaux qui tiennent chacun sur un écran. Chaque fois que vous arrivez à en franchir un, votre progression sera enregistrée. Ainsi, il faudra arriver au bout des quelques six cent niveaux répartis dans douze chapitres, qui se trouvent dans le passé et le futur, pour arriver au bout du jeu.
Pour les fans du 100% mais surtout pour encore aller plus loin dans l’esprit de nos deux tueurs, il faudra collectionner 2 types d’objets disséminés ça et là. Parfois complétement visibles mais d’autres fois, bien cachés dans des zones secrètes qui vous donneront grande satisfaction une fois découverts. C’est donc quatre cent cinquante tumeurs et vingt-deux cartouches de jeux anciens aux titres évocateurs, qu’il faut débusquer. Les tumeurs vous permettront de débloquer des mini tableaux décoratifs, sorte de trophées d’achèvement. Les cartouches, elles, vous permettent non seulement d’augmenter la dose de défi à travers de vieux jeux 8 bit remplis de niveaux, qui rendent hommage aux hits des années 80-90 de la NES mais une fois les jeux terminés, vous pourrez obtenir d’autres achèvements. En dehors du nombre de tumeurs et de cartouches terminées, ce sont cent-cinq trophées à collectionner. A noter que si vous ramassez une cartouche ou une tumeur, il faudra terminer le tableau pour valider son acquisition. Si vous mourez avant de sortir du tableau, il faudra retourner chercher l’objet.
Lorsque vous terminez un chapitre, vous pourrez y retourner en allant dans la map disponible, en faisant pause à tout moment. Le nombre de tumeurs que vous avez ratées y est indiqué vous permettant ainsi de retourner explorer un monde de souffrances et ce n’est pas peu de le dire ; un des seuls défauts de The end is nigh, c’est que lorsque vous retournez dans un chapitre, il faudra vous refaire tous les tableaux dans l’ordre, depuis le début, pour arriver à celui (ou ceux) qui contiendrait la tumeur manquée. Autant vous dire que c’est parfois carrément fastidieux, surtout quand on s’était sorti fièrement d’un tableau qui aurait pu rendre limite nervous breakdown n’importe quel moine Shaolin les plus aguerris et qu’on doit se le farcir de nouveau ! Enfin, Die & Retry oblige, le rythme endiablé n’est jamais perdu puisque dès que vous mourrez, Ash est replacé au début du tableau, sans chargement ni interruption musicale et, vous voilà immédiatement repartis pour… mourir, encore et encore et encore et encore.
L’aventure, c’est l’aventure
Au travers de sa longue quête de fabrication d’un ami morbide, Ash va faire tout un tas de rencontres. Ce sont des PNJ souvent issus d’autres jeux de McMillen, qui auront beaucoup de choses à raconter, dans un humour noir, parfois glauque mais toujours aux dialogues très réussis. Nous resterons discrets sur ces PNJ afin de ne pas gâcher la surprise sachant qu’il y a même un easter egg qui soulève les plus folles théories chez les fans concernant l’apocalypse.
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Conclusion
Comme à leur habitude, Edmund McMillen et Tyler Glaiel nous ont livré un jeu de plateforme au style chirurgical, tant dans son gameplay que dans son level design. Encore plus poussé qu’avec leur bout de gras écarlate et sanguinolent avec lequel nous avons tant joué et dans un esprit toujours plus tourmenté, les deux réalisateurs créent une ambiance gore mais aussi très sombre au travers d’un travail méticuleux sur le choix des musiques, l’élaboration des dialogues et des décors. Comme pour ne jamais oublier d’où l’on vient ni où l’on va, l’hommage au père de la plateforme et à son époque sont omniprésents. Enfin, petit avertissement tout de même : à ne pas mettre entre toutes les mains mais surtout, à éviter si l’on n’est pas patient.
LES PLUS
- Beaucoup de contenu, des easter eggs et différentes fins.
- Die & Retry intelligent.
- Une bande son qui revisite les classiques avec punch.
- Un scénario qui apporte une dimension aventure au jeu de plateforme.
- Les phase retro 8bit et leurs remakes.
- C’est sale et on aime ça.
LES MOINS
- Devoir repasser par tous les niveaux d’un chapitre pur rejouer un tableau.
- Le choix du monochrome apporte un aspect de répétition.
- Parfois extrêmement difficile dans les niveaux cachés.