Amateurs de jeux totalement décalés, originaux et saupoudrés d’une ambiance noire, (limite glauque), « Belholder » est fait pour vous. Emprunt d’une atmosphère lourde et pesante, soyez le mal et le vice incarnés dans ce drôle de personnage aussi sombre que rondouillard. Immersion dans cet univers glauque et atypique.
Développé par Warm Lamp Games et édité par Alawar Entertainment, Beholder ne peut laisser indifférent. Son titre, lui, laisse perplexe : « Beholder » en anglais signifie regarder, observer. Rien ne peut laisser présager que toutes vos observations seront empreintes de vices et avec pour objectif principal d’espionner les moindres faits et gestes d’autrui.
Immersion dans l’immeuble :
Tout commence dans un monde visiblement touché par un régime ultra totalitaire. À peine le soft lancé que vous êtes plongé dans une ambiance glauque et lugubre, où le noir est et restera la couleur principale. Chacun des personnages sera représenté par une silhouette sombre, ne laissant paraître que ses yeux, quelques détails vestimentaires, et une anatomie singulière. Chaque détail est poussé pour conférer au soft une touche toujours plus sombre tout en restant propre (le rouge sang n’est pas convié à la fête malgré la violence de certaines scènes).
Votre nouveau job vient de vous être attitré : vous voilà à la tête d’un immeuble, concierge et homme à tout faire aux yeux de vos locataires, mais en réalité, une véritable taupe du gouvernement. Les points sur les « i » sont fixés dès le départ : le précédent responsable de la gestion de cet immeuble n’a guère rempli ses fonctions et a laissé l’immeuble se remplir de personnes dépravées et non satisfaisantes aux yeux de l’état. Alors que vous découvrez la violente expulsion de votre prédécesseur, le tout accompagné par votre femme et vos enfants qui assistent avec souffrance à la scène un peu trop violente à leur goût, vous prenez possession de vos nouvelles responsabilités. Rapidement plongé dans le bain de l’espionnage, vous commencez par installer quelques caméras par ci par là, afin de connaître les moindre faits et gestes de votre famille, alors que cette dernière prend place au sous sol de l’immeuble, à côté de la laverie et de la cuisine commune. Alors que tout n’est que suspicion et trahison, les résidents partagent leurs linges sales et la cuisson de leur repas, c’est ainsi !
Immersion dans la l’espionnage, la dénonciation et autres joyeusetés lugubres
Vous n’êtes assurément pas dans cet immeuble pour vous contenter de jouer les commères à tous les étages. Votre mission est tout autre et il va falloir vous tenir à carreaux. Tout l’esprit du jeu réside dans cette ambiance sinistre : afin d’espionner vos locataires, il faudra pénétrer chez eux en leur absence (ou bien profiter de la réparation de leur télévision pour glisser une caméra de surveillance dans la pièce… sympa le gardien, il vient réparer la télé et en fait il nous met des mouchards au plafond !). Afin d’éviter d’être pris en flagrant délit, vous pouvez dans un premier temps toquer à la porte ou simplement observer par le trou de la serrure ce qu’il se trame à l’intérieur.
Alors que vous agrémenterez votre immeuble de dizaines de caméras de surveillance, vos différents locataires ne manqueront pas de vous confier de nombreuses missions en tous genres. Certains ont simplement perdu leurs lunettes, tandis que d’autres cherchent l’amour… Il vous faudra régulièrement jongler entre vos fonctions professionnelles peu louables, et votre humanité : êtes vous vraiment prêt à mettre à la porte ce petit couple qui vous a dépanné d’une casserole il y a quelques jours ? Et cette petite mamie, vous voulez vraiment fouiner dans sa garde robe pour y découvrir ses petits plaisirs ? Votre libre arbitre va être mis à rude épreuve. Etes vous plutôt ange ou plutôt démon ? D’ailleurs, n’oubliez pas votre famille, elle aussi a fortement besoin de vous alors que vous batifoler dans tous les appartements de la résidence !
Pendant que votre cerveau tente de faire le bien dans son esprit pour lutter contre ce vice envahisseur, soulignons une jouabilité quelque peu hasardeuse par moment. En effet, il nous est arrivé à plusieurs reprises d’être totalement dans l’incapacité de dialoguer avec l’épouse du héros. Placée à côté de la table du salon, par exemple, nous avions beau tourner autour d’elle, tenter de la sélectionner précisément comme nous le conseille le soft dans le tutoriel, rien n’y faisait. Nous avons dû chaque fois attendre que gente dame se déplace pour taper la causette avec elle.
Autre exemple croustillant. Lorsque vous vous retrouvez devant la porte d’un voisin suspect (ou non, car vous irez fouiner chez tout le monde !), la première proposition devant la porte est l’intrusion bête et brutale avec votre clef passe partout ! Ainsi, si vous n’y prenez pas garde, vous risquez de vous trouver nez à nez avec un locataire quelque peu fâché de vous voir débarquer, genre de rien, chez lui. L’option « toquer à la porte » en premier choix aurait certainement été plus judicieuse et de nombreuses frayeurs inutiles auraient pu être évitées !
L’argent restera un peu le nerf de la guerre et c’est souvent en songeant à toutes les pépettes que vous pourriez empocher en dénonçant votre copain de l’étage du dessus, que vous répondrez bien sagement aux requêtes du gouvernement. Malsain tout cela, nous vous avions prévenus !
Immersion dans une ambiance très particulière…
Beholder n’est pas un jeu pour enfant. Beholder n’est pas un jeu qui se destine à tout public. Beholder est un jeu qui met en avant les vices d’une humanité tenue en laisse par un état qui veut tout contrôler, y compris le moindre loisir de ses habitants. Bien entendu, le jeu peut être pris avec un soupçon d’humour, notamment lors d’une nouvelle loi qui interdit par exemple le port d’une cravate bleue mais la situation prend une tout autre tournure dans notre esprit lorsque ce sont les livres qui sont interdits, l’accès au savoir et à la connaissance.
Chez Nintendo Town, nous avions conscience que Belholder allait jouer avec notre sens moral. Ce fut le cas. À tel point que certains d’entre nous n’ont guère pris plaisir à ce jeu, n’ont guère réussi à se détacher de souvenirs inscrits dans nos livres d’histoire et gravés dans notre mémoire commune. Beholder est réussi, il parvient à nous mettre dans la peau de ce type un peu paumé qui se retrouve finalement un peu par hasard dans cet immeuble, qui ne souhaite que survivre et garantir une certaine sécurité à sa famille. C’est justement cette immersion réussie, cette mise en scène pesante, renforcée par des musiques et des effets sonores et tactiles réussis (les émeutes dans la rue vont vous faire bondir du canapé !), qui rendent Beholder si original et percutant.
Un bémol tout de même. Le jeu original emploie la langue de Shakespeare et nous avons pu noter quelques coquilles de traduction. Avec un tel jeu de manigances, les dialogues sont nombreux, et il est parfois nécessaire de relire plusieurs fois certaines conversations pour bien les comprendre, ou remettre quelques mots dans le bon ordre. Rien de bien affreux, mais certains dialogues mal traduits sont surprenants !
Immersion dans le DLC :
Petit bonus pour les joueurs de la Nintendo Switch puisqu’à l’acquisition du soft, vous obtiendrez directement le DLC « Sommeil Béat ». Cette histoire prend naissance bien avant la précédente. Plongé dans le corps d’un certain Hector, vous n’avez que quelques centaines d’heures devant vous avant de sombrer dans un sommeil béat. La raison ? Toutes les personnes de plus de 85 ans finissent ainsi, une façon détournée de parler d’euthanasie de nos anciens. Malgré l’horreur de cette idée saugrenue, Hector est loin de 85 ans et il a beau le crier corps et âme à l’état, ce dernier ne veut rien entendre…
Le principe du jeu reste inchangé : pour arriver au terme du scénario, il vous faudra aider (ou pas) votre prochain, dénoncer et magouiller autant que possible pour grappiller de l’argent.
Néanmoins, point de précipitation les amis, il vous faudra d’abord terminer le scénario principal pour fricoter avec ce DLC !
Beholder : Complete Edition (le jeu de base + le DLC du sommeil béat) est disponible sur l’eshop de la Nintendo Switch au prix de 14,99€.
Le saviez vous ?
Vous en voulez encore… petits diablotins ! Figurez vous que ce jeu si atypique a inspiré deux réalisateurs indépendants pour la réalisation d’un court métrage reprenant très distinctement les grands lignes et cette ambiance d’une lourdeur effroyable du jeu Beholder… la bande annonce a elle seule nous plonge dans un profond malaise…! D’ailleurs, nous allons de ce pas nous visionner une comédie, avec un bon chocolat chaud pour remettre un peu de joie de vivre dans notre journée un peu trop noire !
https://m.youtube.com/watch?feature=youtu.be&v=ALKCKMEIQ_A
Conclusion
Beholder ne nous a guère laissé indifférents. Totalement hors norme, il a su extirper en nous les idées les plus sombres. Son univers réussi et malsain à souhait permet la mise en place d’une ambiance stressante et peu rassurante. Dotée d’une durée de vie correcte (comptez une petite dizaine d’heures pour terminer l’aventure principale, tout en sachant que plusieurs fins sont possibles, plus 2 à 4 heures pour le DLC), Beholder mérite de rejoindre la ludothèque de toutes personnes souhaitant s’immiscer dans la peau d’un espion manipulateur qui jongle sans cesse entre le respect de son engagement auprès du gouvernement et son humanité qu’il conserve malgré tout au fond de lui. Quel pantin du gouvernement serez-vous ? Fidèle soldat qui sert l’état totalitaire sans broncher ? Ou bien illustre rebelle qui tente d’amener un peu de quiétude auprès de ceux dans le besoin, malgré tous les dangers qui pèsent sur lui ? À vous de choisir.
LES PLUS
- Une ambiance réussie, graphismes sombres, musiques et bruitages oppressants
- Plutôt addictif... malgré tout notre sens moral, nous prenons plaisir à aller fouiner chez le voisin pour y découvrir tous ses petits secrets...
- Plusieurs fins disponibles selon votre façon de jouer... et de réagir !
- DLC inclu
LES MOINS
- Répétitif
- Quelques coquilles dans la traduction
- Jouabilité parfois imprécise
- Malsain, vous avez dit malsain...?