Trine, sorti en 2009, est arrivé sur Switch dans une édition enchantée en 2018 et c’est au tour de Trine 2 de débarquer dans une version intitulée Trine 2 : Complete story. Elle est composée du jeu de 2011 complétée par l’extension La menace Gobeline et le niveau jadis exclusif à la Wii U Les cavernes naines (Trine 2 était un des jeux disponibles au lancement de cette dernière en juillet 2012). La formule est la même dans ce jeu de plates-formes/action/réflexion en 2D dans lequel on retrouvera nos 3 héros que l’on pourra alterner à loisir pour franchir les différents obstacles et vaincre les ennemis que vous croiserez sur votre route. Le premier opus avait marqué par sa beauté et ses musiques enchanteresses à l’époque, on peut alors se demander si la magie est toujours présente dans cette suite des aventures d’Amadeus, de Zola et de Pontius en 2018. C’est ce que nous allons voir…
C’est l’histoire d’un magicien, d’une voleuse et d’un chevalier…
Après avoir sauver le monde d’une invasion d’outre-tombe dans le premier opus, nos 3 héros sont retournés à leur vie quotidienne : Amadeus a retrouvé le cocon familial et a repris sporadiquement ses études de magie, Zola s’est remise à ses activités de voleuse (de femme d’affaires comme elle aime les appeler), et Pontus, noble chevalier et bon-vivant, s’évertue à sauver la veuve et l’orphelin. C’est alors que la lumière du Trine, artefact magique apparaissant quand le monde est en danger, va de nouveau attirer les 3 compagnons afin de les réunir et de sauver à nouveau le monde d’une menace horticole. Ce sera alors l’occasion de diriger individuellement chaque personnage dans un tutoriel vous rappelant le gameplay de chacun. Une fois le trio réuni, l’aventure peut commencer, tout du moins le jeu, car l’histoire est aux abonnés absents dans cette suite : racontée comme dans le précédent jeu, à la manière d’un conte de fée narré par une voix grave, elle est creuse et insipide. Et ce ne sont pas les quelques dialogues entre les personnages parsemés ici et là qui vont étoffer le propos.
Trois héros pour le prix d’un
En solo, il n’a aura qu’un personnage à l’écran mais il suffira de presser presser les bouton R ou L pour changer votre héros en fonction des situations car en effet, chacun dispose de capacités propres. Amadeus pourra créer des objets, faire léviter et déplacer toutes sortes d’éléments du décor, Zola décochera des flèches pour toucher les cibles lointaines et utiliser son grappin afin d’atteindre des endroits inaccessibles et enfin Pontus, qui armé d’une épée et d’un bouclier ou d’une masse, pourra en découdre et détruire des obstacles. Vous aurez la possibilité de jouer à 2 ou à 3 simultanément, ce qui rendra les choses beaucoup plus simples puisque c’est en combinant les pouvoirs de vos trois héros que vous pourrez progresser et franchir les obstacles. A noter qu’il y a parfois plusieurs façons de résoudre les problème et la mécanique de jeu est plutôt intéressante aux premiers abords (et si vous n’avez pas joué au premier opus). Il sera possible par ailleurs d’améliorer chacun des personnages via un arbre de compétence en collectant des fioles (un point d’amélioration toutes les 50), ce qui pourra s’avérer indispensable dans certaines situations.
Un monde enchanté où l’on déchante vite
Cette suite hérite donc du même système de jeu plutôt bien pensé, malgré les nouvelles mécaniques de gestion de l’eau, du feu et de l’air et des énigmes parfois très bien mises en scène, la sensation de redondance se fait sentir rapidement au fil du jeu.Vous résoudrez très souvent les problèmes de la même manière avec votre magicien, en empilant des objets. Pour enrayer cette répétitivité, des scènes de combats viennent certes s’immiscer mais sont sans enjeux puisqu’un checkpoint restaurant la vie de vos alliés tombés au combat (en l’occurrence Pontus) est disponible dans la zone d’affrontement. Quand au combats de boss, ils sont parfois scriptés au point d’en être ridicules et ils pourront même être complètement ignorés en activant un levier. Il n’y a guère que le combat final qui soit un temps soit peu digne d’intérêt. La jouabilité souffre aussi de quelques soucis qui ne permettent pas d’apprécier pleinement l’expérience, en particulier dans ce type de jeu. La physique a certaines imprécisions et quelques ratés, les phases de plateformes sont entachées par des personnages glissants rendant les sauts peu précis, par des points « d’accroche » au bord des plateformes parfois récalcitrants vous forçant à vous y reprendre à plusieurs fois et enfin par l’absurde impossibilité de se baisser. Certaines situations exigent même que vous brandissiez votre bouclier (avec le stick droit) tout en vous déplaçant et sautant (bouton A, à DROITE de la manette) et, à moins d’avoir 2 pouces, vous devrez recourir à votre index, une position des plus inconfortables. Combiné à la répétition, ces irritants liés à des problèmes de jouabilité gâchent l’immersion dans l’univers que le studio Frozbite a créé et c’est dommage.
Une merveille pour les yeux et les oreilles
C’est d’autant plus regrettable que le jeu est vraiment magnifique. Certains décors sont somptueux et il n’est pas rare de s’arrêter pour contempler les différents plans du décor. Même si cela est surtout le cas en début, milieu et fin de niveau, le reste étant joli, mais parfois un peu surchargé et moins lisible en mode portable. Les effets de lumière et d’eau sont particulièrement réussis, c’est un régal pour les yeux en mode télé, cela reste très beau en nomade, mode qui a d’ailleurs le mérite d’estomper l’effet d’aliasing sur les éléments les plus fins (notamment le personnage de Zola). Cependant, l’enchantement à la vue d’une magnifique clairière s’atténue après la 3ème ou 4ème rencontrée… Au moins la moitié des niveaux de l’aventure principale se déroule dans une forêt, et même s’il se justifie par le pseudo scénario, ce manque de variation accentue considérablement la lassitude et on peut être d’autant plus déçu au vue des niveaux tutoriel qui nous montraient un village au crépuscule ou un ville en pleine nuit. Il y aura bien quelques passages dans des cavernes et en intérieur (envahi par les plantes) pour donner l’illusion de changement mais le mal est fait. L’arrivée sur le niveau de la plage (le 10ème) de nuit par une pluie battante est une véritable bouffée d’air frais, de soulagement et de plaisir !
La musique est peut-être le seul élément qui ne souffre d’aucun reproche. Les thèmes collent parfaitement à l’univers féérique et reflètent l’aspect épique d’une quête de fantaisie par moment. Un thème plus dynamique apparaitra lors des combats, pour briser la mélodie du niveau, histoire de mieux la redécouvrir par la suite. Encore une fois, ce sont les impondérables du jeu qui vous ruineront le plaisir et vous empêcheront de profiter pleinement de l’atmosphère, notamment lorsque vous enchainez les aléas pénibles de la maniabilité.
Les gobelins à la rescousse…du jeu
Cette version complète de Trine 2 intègre donc l’extension La Menace Gobeline, qui aurait pu être un simple prolongement mais qui s’avère salvatrice pour le jeu dans son ensemble. Non contente de doper un peu la faible durée de vie du titre original, cette dernière vous propose une mise en scène un peu plus travaillée et une variation des environnements telle qu’on l’attendait. Vous commencerez l’aventure, dans la taverne d’une ville qui se retrouve attaquée par les gobelins. Une fois sorti, vous découvrirez alors une ville animée en proie au siège d’une armée de créatures. Tombé dans un piège, il vous faudra parcourir un désert, l’intérieur d’un ver géant, des îles célestes afin de délivrer la femme d’Amadeus capturée. C’est toujours aussi beau et les changements de décors renforcent vraiment le sentiment de voyage et d’aventure. A cela s’ajoute des énigmes plus variées, des nouveaux ennemis lors combats qui sont quant à eux mieux intégrés au niveau. On sent un rythme et un level design mieux maîtrisé, même si la maniabilité fera toujours des siennes. Les joueurs les plus motivés pourront essayer de débloquer le niveau bonus en trouvant les trésors de chaque niveau de l’extension, et pour les plus perfectionnistes, ceux dans tous les niveaux pour collectionner les illustrations et les poèmes mais sachez que vous n’atteindrez pas les 10h en ligne droite. C’est court mais d’un autre côté, c’est sans doute un mal pour un bien…
Conclusion
Avec des graphismes somptueux, des musiques enchanteresses et un système de jeu intelligent, Trine 2 avait tous les ingrédients pour proposer une belle expérience de jeu. Malheureusement, le studio passe à côté à cause d' un manque de variété flagrant qui accentue le sentiment répétitif des situations. Pire, elle est mise à mal par des soucis de jouabilité, difficilement pardonnable dans un jeu de plateforme/action. Heureusement que la fin de l'aventure et surtout l’extension viennent apporter leur lot de variétés et de nouveautés, sans quoi le tableau aurait été plus noir, un comble pour un jeu si coloré.
LES PLUS
- Des décors somptueux
- Des musiques irréprochables
- Un système de jeu intéressant
- Une extension aux petits oignons
- Quelques énigmes vraiment réussies
LES MOINS
- Manque de variété dans l'ensemble
- Des mécaniques de jeu qui s’essoufflent vite
- Les soucis de jouabilité
- Les combats peu intéressants
- Le scénario, l'absence de mise en scène de l'aventure principale