Devenir, le temps d’un jeu vidéo, un oiseau, pouvoir se plonger dans le quotidien d’un rapace parcourant de nombreuses contrées et laissant le moindre embrun se glisser dans chacune de nos plumes, ressentir tous les courants d’airs chauds nous projeter vers les cieux… Franchement, Feather nous a clairement donné envie de nous prendre au jeu et de nous envoyer joyeusement en l’air. Mais alors, est-il à la hauteur ?
Développé et édité par Samurai Punk, Feather propose au joueur de se prendre pour un oiseau afin de partir pour un voyage contemplatif, reposant et destressant. Sur le papier, nous adorons.
Premier envol :
Ne nous voilons pas la face amis gamers : dès sa présentation, Feather s’affiche comme étant un jeu relaxant et reposant. Au démarrage du jeu, le joueur est invité à découvrir les quelques commandes qui vont lui être utiles pour prendre en main le volatile du jeu. Succinctes mais intuitives (accélérer, freiner, faire demi tour…), inutile de s’attarder sur ces dernières qui s’avèrent aisées à comprendre. En outre, un petit tour dans les paramètres permet notamment de modifier certains détails comme l’inversion des contrôles (classique dans les jeux de vol, qu’il s’agisse d’un avion en papier ou d’un oiseau tout plumeux), mais aussi la langue du jeu ou encore le choix d’une caméra libre.
Une fois prêt à prendre son envol, eil est temps désormais de partir à la découverte de ce monde supposé nous destresser.
Au commande d’un oiseau :
Vous y voilà. Vous contrôlez un oiseau, un rapace au vue des serres qu’il arbore à l’extrémité de ses pattes. Après quelques parcours de ci et là, qu’allons nous bien pouvoir faire dans cet univers pas très très joli ?
Vous commencez à vous ennuyer ? Nous aussi. Vous volez, vous volez et rien de plus. Les décors s’enchaînent sans grande finesse…
Avec joie, vous découvrez enfin une sorte de portail. Peut être mènera t-il vers un autre petit monde avec plus de défis « relaxants » ! Prenant autant d’élan que possible, vous vous glissez dans ce cercle un peu bizarre et ressortez juste derrière ! La musique change, mais ça ne change pas grand chose ! Les environnements se succèdent au fil de ces portails, alors que la frustration s’accumulee.
N’écoutant que le courage de votre vaillant oiseau qui ne se fatigue jamais, vous tentez de chercher un peu de nourriture mais vous ne trouvez rien. Lassé et pas franchement détendu de chercher en vain quelque chose à faire, vous tentez de vous poser quelque part, sur une branche quelconque, sur un rocher disponible ou simplement sur le sol. Échec. Et les échecs dans Feather sont simplement représentés par l’arrivée du noir et blanc dans le jeu, un léger retour dans les airs, et vous voilà prêts à planer à nouveau, encore et encore. Pour toujours. Pour l’éternité. À jamais !
Un jeu contemplatif sans contemplation :
Qui dit contemplatif, dit graphismes de qualité, fourmillant de détails, pourvus de textures travaillées dans un univers conçu avec soin. Une vision qui a sans doute échappé aux développeurs, puisque la majorité des décors se trouvent être cubiques, grossiers, avec des bugs incessants de l’oiseau qui passent sans mal à travers des roches et autres textures rigides. Quelques passages dans les arbres déclencheront une légère animation de feuillage qui s’envole… Pas de quoi vous détendre !
Globalement répétitif dans ses décors, le jeu dispose d’une variation entre le jour et le nuit et quelques variantes entre les zones boisées, montagneuses, enneigées mais tout ceci n’apporte finalement pas un intérêt suffisamment important pour retenir le joueur qui ne fait que de passer dans ce monticule de cubes.
Les musiques, quant à elles, sont majoritairement calmes et tentent de refléter à chaque passage dans un nouveau sas de nouvelles émotions. Quelques bruits de petits oiseaux viennent compléter l’ensemble mais d’ailleurs, où sont-ils tous les animaux ?
Celui qui n’a jamais été seul… :
Absents. Telle une cruelle bande son qui se déroule en boucle derrière vous, aucune âme qui vive à l’horizon. Pourtant, le jeu dispose d’un mode online. A chacune de nos sessions de jeux, malgré nos innombrables « Cui cui » comme les appellent les développeurs, aucun petit copain pour nous tenir compagnie et organiser des pseudo courses. Finalement, au lieu d’une potentielle détente, vous risquez surtout de devenir un peu tristounet dans cet univers dépeuplé…
Un potentiel énorme inexploité :
Feather aurait pu (aurait du ?) être incroyable. Dans un premier temps, il était indispensable de tenir ses promesses d’un voyage contemplatif et de s’attarder un minimum sur les graphismes mais aussi, et surtout, l’oiseau est d’une tristesse effroyable. D’ailleurs, n’espérez pas le choisir.
Parcourir différents pays, différents milieux (vraiment différents), rencontrer des congénères (vraiment, pas des hypothétiques), chasser quelques proies, se reproduire, élever sa progéniture, naître, grandir et vieillir… Bref, vivre tel un rapace digne de ce nom en vérité.
Le jeu s’avère tellement cloisonné que vous serez gentiment ramené vers l’univers étriqué de Feather malgré vos tentatives pour vous en échapper : aller toujours plus haut, au plus loin sur les côtes n’est pas possible, vous êtes séquestrés dans ce monde tel un condamné qui doit recommencer encore et encore le même parcours avec aucune mais alors aucune autre occupation que de passer dans des cerceaux… Pauvre de toi petit rapace !
Feather est disponible sur l’eshop de la Nintendo Switch pour un peu moins de 10 euros.
Le saviez vous ?
Si l’envie de vous prendre pour un oiseau persiste après cette expérience quelque peu douloureuse, nous vous rappelons qu’il existe un kit du Nintendo labo VR Oiseaux + Pédale à vent… Sinon, ne vous reste plus qu’à tenter le deltaplane cet été !
Conclusion
Grande déception pour ce soft qui n’offre qu’un bref courant d’air dans un univers sans saveur à un pauvre oiseau esseulé et sans le moindre avenir, si ce n’est de tourner en rond dans sa prison à ciel ouvert. Avec des graphismes cubiques et des textures basiques, le joueur risque bien de ne trouver aucun apaisement dans Feather qui risque de ne retenir son attention que quelques longues minutes. Quel dommage...
LES PLUS
- Idée de se plonger dans la peau d’un oiseau, bien que déjà vu
- Bonne jouabilité
LES MOINS
- Pas grand chose à faire... voir rien en fait.
- Pas de contemplation
- Graphismes d’un autre temps
- Mode online désert