Les portages de JRPG sont nombreux sur Switch. A défaut d’attirer masse de gros titres inédits, les Tiers y tente leur chance à coup de portage et chacun veut sa part du gateau. L’un d’entre eux est le développeur/ éditeur japonais Kadowaka Games. Celui-ci proposait une nouvelle licence du Tactical-RPG au nom de God Wars sur PS4 et PSVita en 2017. C’est un an après cette sortie que l’éditeur décide de sortir une version complète du titre intitulé God Wars: The Complete Legend en Septembre 2018 sur Switch. Après un long moment à parcourir le titre, nous avons enfin décidé de vous livrer notre bilan de bataille.
Okami + Tactical =…
Commençons par être clair : ceci est un Tactical RPG. Ceux qui liront le titre trop rapidemment croiront qu’un certain constructeur serait venu du côté de la Switch avec son fameux guerrier Spartan et ses mythologiques grecques. Il n’en est rien. Kadowaka Games propose bien une mythologie à vivre sur Switch mais il s’agit d’un récit proche de ce qu’une certaine déesse à l’allure de Loup blanc vous a fait vivre plus tôt sur la console hybride de Nintendo. God Wars démarre avec une cinématique au sommet d’un volcan sur lequel la souveraine Tsukiyomi offre sa fille Sakuya en sacrifice afin d’apaiser les Dieux d’un Japon antique. Quelques années plus tard, alors que Kaguya semble vouée à vivre une fin similaire à celui de sa soeur aînée, le jeune Kintaro fera tourner la roue de la destinée en la libérant de sa prison. Les interrogations sont alors nombreuses pour la jeune Princesse qui se demande en quoi il est nécessaire de sacrifier des gens pour apaiser les Dieux et surtout où est passée sa mère. A la recherche de cette dernière et de réponses, Kaguya sera rejoint par de nombreux autres protagonistes aux noms qui sonnent familiers à tous ceux qui aiment les mythes Japonais. Kadowaka Games nous livre là un récit inspiré par les mythes et les récits du Kojiki, un recueil des anciens mythes japonais. Alors même que la progression de l’histoire du titre reste classique dans le genre du Tactical avec des régions qui ne s’apprécient pas ou qui sont ouvertement en guerre. Les conflits sont liés à la fureur des Divinités du Japon qu’une princesse cherchera à apaiser.
C’est cette inspiration basée sur les écrits du Kojiki qui fait tout le charme et l’originalité du titre et c’est ce qui motivera certainement les joueurs à parcourir le titre et à s’attacher aux personnages pendant une bonne cinquantaine d’heure voire plus pour les plus charmés. Cette “Complete Legend” sur Switch vous donne accès à des scénarios inédits, des fins toutes aussi inédites ainsi qu’à la possibilité de jouer de nouveaux personnages, un contenu ajouté dans les autres versions du jeu mais directement disponible sur la version Switch ce qui est bon à prendre pour les nouveaux joueurs ou éventuellement pour ceux qui retentent l’expérience sur Switch. Notez toutefois que le jeu n’est sous-titré qu’en anglais. Un point qui vient certainement d’éliminer un certain nombre des potentiels intéressés par le jeu.
Les belles cinématiques en animation et les jolies illustrations du jeu sont une autre raison qui peuvent motiver à vivre cette aventure. Les personnages sont bien illustrés et colorés notamment dans des cinématiques “semi-animés”, des scènes découpées à la manière des cases d’un Manga coloré avec de petites animations afin de rendre cela plus vivant. Une illusion suffisante pour nous insciter à ne pas quitter l’écran des yeux afin de bien suivre l’action en cours. Ces dernières sont évidemment sous titrées mais ce ne sera pas le cas des cinématiques animées. Sans doute un oubli lors de la localisation mais cela pourra poser de sérieux problèmes de compréhension, malgré le choix du doublage anglais ou japonais.
God Wars se présente jusqu’ci graphiquement réussi mais, à part les cinématiques et les illustrations, Kadowaka Games ne semble pas avoir su vendre son jeu visuellement et le rendu en jeu est assez laid. Le titre nous est proposé en Cel-shading 3D aux traits un peu grossiers et avec un côté Chibi qui ne charme pas vraiment. Les couleurs présentes sur les personnages et ennemis du jeu sont rendues ternes par les environnements vides des champs de bataille. Les textures sont également très primaires et on a finalement une réalisation globale qui nous ferait presque penser à un jeu sorti à l’époque du Gamecube. Le bestiaire et les ennemis sont par ailleurs peu fournis et on a juste souvent des variantes avec d’autres couleurs, seuls les quelques gros Boss du jeu et antagonistes clés nous permettent d’avoir du nouveau. Il y avait certainement matière à proposer un rendu plus joliment travaillé et plus en adéquation avec les illustrations et les cinématiques du jeu. Heureusement, le jeu se montre similaire sur TV et en mode portable, aucune baisse technique n’est à signaler. En continuant dans cette descente, on se doit de parler de la bande sonore pas plus fournie que cela avec des thèmes qui ne nous marqueront pas beaucoup et qui deviendront même redondants. Pour les plus courageux des oreilles, de rares thèmes changeront cette redondante routine auditive mais on ose dire que l’OST motivera certains à couper le son et mettre leur propre musique.
Après avoir ouvert le magnifique emballage du jeu pour y découvrir quelque chose d’assez repoussant, il s’agit maintenant d’ouvrir complètement la boite et de constater le contenu de la chose. Le titre de Kadawaka Games se présente un peu comme un Final Fantasy Tactics. La carte du monde représente le Japon avec divers lieux et villes qui apparaissent en avançant dans le jeu. Il s’agit de sélectionner ces points pour vous y rendre. Sur cet écran, on peut gérer ses unités, faire divers achats ou accéder à des quêtes annexes. Ces dernières sont d’ailleurs nombreuses mais l’objectif étant toujours le même, on comprendrait que vous soyez découragé dans leur accomplissement et que vous souhaitiez passer à l’essentiel. Pour ceux qui répondront à ces défis annexes, cela peut certes constituer un bon entrainement de vos unités ainsi qu’un bon moyen de vous faire de l’argent mais notez aussi que la récompense sera parfois le gain d’équipement rare pour vos personnages. En ce qui concerne la gestion de vos unités, vous pouvez gérer leur équipement, leur classe, l’attribution de leurs compétences passives ainsi que leur arbre de compétences. L’interface est assez classique dans le genre, mais la navigation est plutôt facile et le tri de votre inventaire est assez clair, chose agréable qui n’est pas toujours le cas dans certaines productions même à l’heure actuelle avec souvent une interface et un inventaire brouillon et torché. Vous avez également une catégorie pour retrouver un lexique sur les évènements en cours, les termes et les personnages du jeu. Cela peut vous aider à mieux comprendre tout cela, si le folklore japonais ne vous est pas trop familier et que l’anglais ne vous pose pas de problème.
Il est temps d’aller désormais au cœur des champs de bataille. Encore une fois, il faut avoir des Tactical comme Final Fantasy Tactics en tête pour se représenter le déroulement des combats. On évolue sur des environnements en 3D avec un certain relief. Les possibilités de mouvement et d’action de vos personnages sont directement impactés par cet environnement et la classe de ceux-ci peut également avoir une influence. Ainsi certains personnages auront plus de facilité que d’autres à se mouvoir sur des environnements avec beaucoup de relief. Il est possible d’utiliser certains équipements et capacité de buff pour contourner ces contraintes et ajouter des stats de déplacements et de saut à vos personnages. L’environnement constitue donc déjà un premier élément tactique à prendre en compte lorsque vous arrivez sur le champ de bataille. A vous ensuite de tirer parti des meilleurs compétences et équipements afin de déployer les unités de votre équipe et d’être paré face à ce type de terrain. Une fois votre choix fait, il faudra agir sur le champ de bataille. Le tour d’action de chacune des unités alliées ou ennemies se définit selon leur agilité. Vous avez une chronologie en visuel à droite de l’écran représentée par une icône des personnages en question. Une fois que le tour d’une de vos unités arrive, vous pouvez, comme dans tout autre Tactical, les déplacer, les faire agir, visionner leur statut et mettre fin à leur tour d’action.
Le champ de bataille est quadrillé et les déplacements nécessitent de sélectionner une certaine case de votre choix représentée en bleu, correspondant à la zone de déplacement potentielle de votre personnage. Pour lancer une attaque classique, il suffit de déplacer votre unité sur une case adjacente à votre opposant et à sélectionner l’action d’attaque. Dans le cas où votre unité est équipé d’un arc ou d’une arbalète, il est possible de lancer une attaque à distance dépendamment de la portée de votre arme. Vous aurez aussi la possibilité de lancer des sorts ou d’utiliser des techniques consommant les PM de vos unités. Ces Sorts et ses Techniques ont une certaine portée qui peut vous permettre de lancer des offensives à distance selon les besoins de vos stratégies. Certaines capacités vous permettent également de lancer des offensives de zone afin de toucher plusieurs adversaires en même temps. Plus vous avancez dans le jeu et plus vos personnages progresseront, accéderont à des classes plus avancées avec des capacités plus efficaces. Tout dépendra ensuite de votre gestion des PM de vos unités car vous commencez les combats à 0 PM et vos unités en gagneront à chaque tour. Un aspect tactique à bien saisir car tout pourrait se jouer à un sort de soin que vous n’avez pas pu lancer à quelques PM près. Vous pouvez également utiliser des objets de soin, de soutien ou même des objets offensifs qui peuvent très bien eux aussi retourner l’issue d’un combat. Enfin, il reste l’option de défense afin de réduire les dégâts que vous encaisserez. D’ailleurs à ce propos, à la fin de chaque tour d’unité, vous avez la possibilité d’orienter vos unités. Ce positionnement peut avoir une influence sur les dégâts encaissés ainsi que sur la précision et le taux d’esquive. Une attaque que votre personnage voit arriver de face inflige un peu moins de dégâts et pourra être un peu plus facile à éviter qu’une attaque qu’il se prend de côté et surtout de dos. Une ultime donnée tactique à prendre en compte afin de pouvoir maîtriser au mieux les nombreuses batailles qui vous attendent et qui sont parfois corsée, en particulier certains affrontements de boss.
Chaque action rapportent une certaine quantité de points d’expérience, de points de Job et remplit une jauge d’attaque spéciale. Si les points d’expérience permettent à vos personnages de monter de niveau et de faire progresser leurs statistiques jusqu’au fameux niveau 99, les points de job les feront progresser dans leur maîtrise de classe allant jusqu’au niveau 10. Vous remportez également des points de compétences que vous pouvez distribuer sur chacune de vos compétences visibles sur l’arbre de compétence. Cela vous permet d’augmenter le niveau de vos sorts et de vos techniques afin de les faire gagner en puissance. En progressant dans votre classe, vous débloquerez de nouvelle classe que vous pourrez sélectionner. En accédant à des classes avancées, vos personnages auront un certain gain de stats mais vous pourrez surtout débloquer de nouvelles compétences à utiliser en combat. Certaines classes spéciales ne se débloquent qu’en atteignant un certain niveau dans des classes précises, il vous faudra expérimenter tout ça pour découvrir les meilleures. Cependant, vous devrez bien réfléchir avant des changements de classe car les compétences que vous avez acquises dans les précédentes classes ne seront plus disponibles dans votre nouvelle classe, exception faite des compétences passives. A chaque changement, votre unité commence donc avec 0 point de compétence dans sa nouvelle classe et 0 capacité mais heureusement, chaque personnage possède une classe principale, définissant surtout l’équipement et les statistiques de votre unité, une classe secondaire qui vous permet surtout d’avoir d’autres compétence en soutien et une classe unique propre à votre personnage qui ne peut pas être modifiée. Ainsi, vous ne repartirez pas de zéro et vous devrez gérer vos changements de classe de sorte à toujours avoir des compétences suffisamment utiles durant batailles que vous livrerez.
Enfin, vous débloquerez les attaques spéciales via l’arbre de compétence de certaines classes qui consomment une certaine quantité de jauge spéciale, représentée par une fleur à 5 pétales dont chaque pétale correspond à un niveau. Chaque technique spéciale nécessite un certain niveau de la jauge, que ce soit des techniques de soutien, consommant uniquement 1 niveau de jauge, ou de puissantes attaques, nécessitant l’intégralité. Leur utilisation peut retourner l’issue des combats, aussi bien pour vous que contre vous, il faudra alors vraiment bien observer la situation du champ de bataille. Il suffit que vous pensiez mettre un terme au combat en utilisant une puissante magie de niveau 5 mais que vos ennemis aient utilisé des compétences de contre magique pour que tout vous revienne dans la tronche. Et vous n’avez certainement pas envie de reprendre un combat du début, car comme tout Tactical, certains combats sont courts mais d’autres peuvent prendre plusieurs dizaines de minute avant d’en voir le bout ! Dans tous les cas, ce serait une perte de temps n’est-ce pas ?
Au-delà de son look effroyable, God Wars semble se présenter, malgré des problèmes dans la forme, comme un bon Tactical, un bel échauffement dans son genre avant l’arrivée d’un certain ténor du genre par Nintendo. Pourtant, le jeu souffre d’un certain problème de lisibilité. Les champs de bataille, leur relief et leurs couleurs ternes rendent souvent difficile la distinction entre vos unités et celles du camp adverse. On peut zoomer et tourner la caméra autour du champ de bataille mais cela ne permet pas toujours de trouver un meilleur point de vue sur l’action en cours. Dans le même, style Final Fantasy Tactics propose des cartes assez simples avec une vue globale efficace sur le champ de bataille ainsi qu’un code de couleur bleu/rouge pour différencier simplement vos unités de vos adversaires. God Wars semble essayer de proposer des choses un peu plus inédites avec des cartes à l’allure parfois insolite ou étrange qui perturbent justement la lecture de l’action. Sans aucun code de couleur pour situer les différentes unités sur le champ de bataille, il peut arriver de lancer des sorts en se demandant si l’on a bien visé un groupe ennemi ou si l’on n’en a juste touché qu’un seul car les autres unités étaient alliées. Cela perturbe forcément les tactiques que vous aviez planifiées. Imaginez-vous commander un champ de bataille sur lequel vous ne distinguez plus rien ? Situation délicate n’est-ce pas?
Un dernier mot concernant la difficulté du jeu qui est au finale toute relative. En ligne droite, vous trouverez certainement un certain challenge surtout contre les quelques boss du jeu, obstacles que vous contournez sans mal en choisissant de faire une pause afin d’entraîner rapidement vos personnages. Il n’est donc pas compliquer d’arriver à la fin du jeu en persévérant un peu. Pour ceux qui choisissent de jouer toutes les quêtes annexes et de vivre toutes les batailles du jeu, celui-ci peut potentiellement devenir facile. Il suffira simplement d’emener les mêmes unités à travers ces batailles afin qu’ils engrangent toujours plus d’expérience et d’arriver à des niveaux et des classes hautement plus hauts que ceux recommandés par la quête principale. Vous n’aurez même pas forcément besoin d’entrainer plusieurs unités. En ce qui nous concerne, nous avions rapidement monté la princesse Kaguya au niveau maximum, et l’on ne vous cache pas que les unités ennemies focalisaient leur attention dans l’espoir de la mettre hors combat en vain, la demoiselle ne faisant qu’esquiver leurs attaques ainsi que leurs sorts en leur infligeant de gros dégats. Il y a donc une certaine faille d’équilibre qui peut rendre le jeu relativement facile et peut être inadapté aux gros tacticiens à la recherche de challenge. Reste que God Wars peut vous proposer une expérience sympathique à vivre si vous lui accorder sa chance.
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Conclusion
ConclusionA la recherche d’un échauffement dans le Tactical sur Switch ? God Wars peut se présenter comme un bel exercice dans le genre. Vous pourriez d’ailleurs être totalement envouté et charmé par le folklore japonais et les mythes anciens que God Wars vous dépeint à travers ses batailles. Toutefois, si la magie ne prend pas et que l’aspect du jeu ne vous motive pas à poursuivre, il est possible que vous abandonniez très vite votre quête au côté de Kaguya. En soi, les ingrédients principaux du Tactical sont réunis pour une bonne expérience du genre. On ose quand même dire que vous ne manquerez certainement pas grand chose vu la relative difficulté du titre et les gros défauts qu’il présente. Le soleil se couche sur cette aventure tout juste sympathique. On est juste impatient de revoir l’astre repointer le bout de son nez sous un nouveau jour en brûlant un certain emblème. Jusqu'à ce jour, notez que d’autres Tactical sont disponibles sur Switch et peuvent constituer un meilleur échauffement pour vos neurones.
LES PLUS
- - De belles cinématiques et de belles scènes
- - Le folklore Japonais et son récit inspiré du Kojiki
- - Les ingrédients du Tactical bien présents
- - De nombreuses classes et compétences à débloquer
- - Choix du doublage disponible
- - Un contenu bonus conséquent !
- - Expérience similaire en TV et portable!
LES MOINS
- - Traduit uniquement en anglais
- - On a oublié les sous titres des cinématiques
- - Peut être trop facile
- - Bande sonore énervante
- - Quêtes annexes redondantes
- - Les champs de bataille qui manquent de lisibilité
- - Le rendu in-game affreux
- - Une progression classique et linéaire