Il faut croire qu’il y a un mot qui représente Barcelone : la “Remontada”. Pas besoin d’être fan de foot pour avoir entendu parler de la débâcle du PSG contre le FC Barcelone en mars 2017. Le studio barcelonais Lince Works, éditeur d’Aragami, a lui aussi fait avec le développement du jeu sa remontada des enfers.
D’abord développé sous le nom de Twin Souls: The Path of Shadows, le projet d’action/infiltration à la troisième personne fait un flop lors de sa demande de financement participatif sur Kickstarter en 2014 en atteignant moins de la moitié de l’objectif fixé. Malgré cet échec, le studio s’accrocha et se servit de la base qu’il possédait pour sortir son projet 2 ans plus tard sur Pc puis PS4, renommé Aragami. Il aura fallu attendre février 2019 pour voir un portage du jeu arrivé sur Switch dans une “Shadow Edition” qui inclut l’aventure originelle ainsi que son DLC : Nightfall, sorti en juin 2018.
Araga… quoi?
Vous incarnez ici un aragami sous l’ère Edo japonaise, un esprit vengeur de l’ombre invoquée par Yamiko, une jeune fille prisonnière du clan Kaiho, serviteur de la lumière, qui a tué son peuple et volé ses terres, afin d’exercer sa vengeance et bien sûr de la libérer. Pour la délivrer du temple de la cité, vous devez retrouver 6 talismans éparpillés dans les 12 chapitres du jeu. Tout au long de l’aventure, vous êtes en relation avec une projection de Yamiko qui vous sert de guide et avec qui vous partagez des visions de votre passé dont vous n’avez aucun souvenir. L’histoire est loin d’être originale et même plutôt prévisible, mais on se laisse facilement entraîner avec plaisir pour mener à bien la vendetta de Yamiko, bien aidée par un gameplay au petits oignons.
Cousin d’Ayame et Rikimaru
L’écran d’accueil vous plonge immédiatement dans l’esprit du jeu, vous y voyez l’aragami vraiment classe accroupi au clair de lune accompagné d’une musique japonaise savoureuse et relaxante créée par le studio Two Feathers. Un menu sobre dans lequel vous avez le choix de commencer l’aventure principale, de débuter le DLC, de modifier l’apparence de votre personnage puis bien évidemment les options. Le premier chapitre, qui représente en fait un niveau, est un petit didacticiel lors duquel le spectre de Yamiko vous apprends à maîtriser vos premières compétences et vous accompagne dans vos premiers assassinats. On sent clairement l’inspiration qu’à pu être Tenchu pour les développeurs mais avec le côté action en moins. Si vous vous faites repérer, par visu ou à cause des cadavres que vous laissez derrière vous, les ennemis viendront en nombre à votre rencontre et il leur suffira d’un coup pour vous tuer. Enchaîner les assassinats en foule sans se faire toucher est quasi impossible du fait de l’animation lors de chaque meurtre. Ici, pas de combos, on appuie une fois sur Y (ou on reste appuyé selon la compétence acquise) à proximité de l’ennemi puis le mouvement d’assassinat se lance, ce qui fait d’Aragami un jeu d’infiltration pur et dur. Les animations sont réussies et violentes mais trop peu nombreuses.
Achluophobe, passe ton chemin
Étant un serviteur de l’ombre, l’obscurité est au cœur du jeu. Déjà graphiquement, votre héros est représenté en couleur mais devient monochrome dès que vous êtes dans la pénombre. Le gameplay, quand à lui, en est entièrement impacté. Utiliser vos compétences d’aragami va consommer de l’essence qui se vide à la lumière et se recharge dans l’obscurité. Tout cela est visible sur une jauge qui est incorporée de très belle manière sur votre cape. La première compétence que vous avez est le “bond d’ombre” qui vous offre la possibilité de vous téléporter sur n’importe quel zone de pénombre à une distance limitée autour de vous. Vous pourrez débloquer par la suite la compétence “Création d’ombre” qui est complémentaire à la première et qui permet de créer une zone d’ombre dans la lumière afin de vous y téléporter. Le tout se fait avec fluidité et facilité : on vise l’endroit ciblé avec le réticule puis on appuie soit sur ZR pour la création d’ombre, soit sur R pour se téléporter. En plus des compétences, il y a des techniques défensives et offensives qui s’utilisent avec deux runes qui apparaissent aussi sur la cape mais qui se rechargent quand à elles dans des petits temples qui se trouvent à l’entrée de nouvelles zones. Pour améliorer les compétences et les techniques ou en acquérir de nouvelles, il vous faut trouver des parchemins qui servent de points de compétences qui sont plus ou moins cachés dans les chapitres. Ils vous apporteront aussi chacun un petit plus au niveau de l’histoire. A la fin de chaque chapitre, vous avez un classement en lettre avec système de scoring en bonus/malus par rapport à de nombreux points (détection de l’aragami ou de cadavres par l’ennemi, nombres d’ennemis éliminés, pas de mort…), un récapitulatif des parchemins trouvés ainsi que les sceaux débloqués. Les sceaux sont débloqués si vous complétez les niveaux de différentes façons: ne pas se faire détecter de tout le niveau, ne tuer aucun ennemi et éliminer tous les ennemis. Il faudra donc, pour tout débloquer, rejouer les niveaux avec une approche totalement différente et revoir son trajet tout au long du chapitre.
La mort vient du ciel
Les niveaux semi-ouverts profitent de l’architecture traditionnelle japonaise pour rendre service au gameplay et rendre le jeu très amusant et grisant à jouer. En effet, que ce soit les maisons, les temples ou les Toriis, tout est mis en place pour jouer avec la verticalité. Et il faudra bien en profiter afin de ne pas vous faire repérer et asséner une attaque aérienne létale à votre pauvre cible qui profite tranquillement du joli feuillage des cerisiers du japon. Pour ne pas perdre de vue votre objectif, un corbeau nommé Kurosu sera mis à votre disposition pour vous montrer l’emplacement des points stratégiques du niveau, un peu à la façon d’un Assassin’s Creed. Il saura se rendre encore plus utile en évoluant.
Que se soit en mode portable ou TV le jeu offre de très beaux graphismes en cel shading avec une palette de couleurs, allant de la plus sombre à la plus chatoyante. Les décors sont assez variés surtout avec le DLC, ce qui n’est pas le cas des ennemis malheureusement. Un aliasing est présent, mais moins prononcé en mode portable ainsi que de légères baisses de framerate qui s’accentuent vers la fin du jeu et qui ne gâchent pas l’expérience. Ajoutez aux décors une OST sublime qui vous berce dans ce Japon féodal et vous obtenez un jeu surprenant d’infiltration jouant sur votre patience mais étrangement relaxant.
Une gourmandise rassasiée
En ligne droite, sans rejouer les niveaux afin d’obtenir le rang S ainsi que tous les collectables, comptez entre 6 et 8 heures pour boucler les douzes chapitres de l’histoire principale une première fois en difficulté normale, puis 2 à 3 heures pour les 4 chapitres du DLC qui se passe quelques années avant la trame principale et qui propose de prendre le contrôle, au choix, de deux nouveaux personnages dont on entend parler dans l’histoire principale. Ils ont tous deux des techniques légèrement différentes. A défaut de proposer un vrai complément à l’histoire, Nightfall a le mérite de prolonger l’aventure avec de nouveaux environnements dont chaque niveau est rempli d’ennemis. Vous pouvez au minimum doubler (voir tripler) la durée de vie si vous voulez avoir le rang max ainsi que débloquer tous les costumes et les sceaux, pour lesquels vous devez rejouer dans les trois niveaux de difficultés du jeu pour en avoir l’intégralité. Il est à noter que les deux histoires peuvent se jouer en coopération locale ou en ligne.
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Conclusion
Aragami: Shadow Edition est plus qu’une alternative aux gros AAA surtout pour 29.99 euros. Il se démarque premièrement par son choix d’être exclusivement dans l’infiltration là où les autres titres du genre sont plus permissifs et proposent une version plus “bourrine” de traverser le niveau, puis par son univers absolument envoûtant, tant au niveau des graphismes que de l’OST. Il possède de plus une durée de vie solide, qui n’est pour une fois pas basée sur du contenu ou des allers retours superflus, mais sur un gameplay presque parfait et grisant qui fait que même les allergiques aux collectibles se feront surprendre à refaire les niveaux du jeu. Un phœnix qui a bien fait de renaître de ses cendres.
LES PLUS
- + le gameplay accessible et grisant
- + la classe de l’aragami
- + les graphismes ...
- + l’OST
- + les différentes façon d’aborder les chapitres
- + des compétences qui servent réellement le gameplay
- + Une IA de jeu d’infiltration bien équilibrée
LES MOINS
- ⁃ manque de variété chez les ennemis
- ⁃ manque de diversité d’assassinats
- ⁃ … malgré un aliasing assez prononcé
- ⁃ l’histoire sans originalité