Est-ce que les fous savent qu’ils sont fous ? Est-ce que la peur est contagieuse ? Est-ce qu’il est vrai que les Grands Anciens peuvent venir nous visiter dans nos songes ? Est-ce qu’un test de jeu vidéo peut nous amener aux limites de la folie ? Est-ce que si on ferme les yeux, tout s’arrêtera enfin ? Est-ce qu’après avoir plongé son regard dans le néant de Cthulhu on pourra avoir une vie normale à nouveau ?
Voilà toutes les questions que soulève le jeu Lovecraft’s Untold Stories en nous proposant une plongée dans l’univers de Lovecraft. Il s’agit d’un jeu d’action aventure mâtiné de RPG dans lequel on incarne un aventurier qui répond à un télégramme et qui se lance à l’aventure dans un château du Massachusetts. Ce jeu reprend les mythes de l’écrivain américain Lovecraft qui raconte l’existence de dieux très anciens, venant de mondes et de dimensions anciennes difficilement compréhensibles par les humains. La notion de l’indicible, de ce qui ne peut pas être exprimé ou compris est très présente dans l’œuvre de Lovecraft et dans le jeu. Il s’agit d’un rogue-like, ce qui implique qu’à chaque nouvelle partie, de nouveaux donjons sont générés aléatoirement. En réalité, on explore un manoir et différents lieux par la suite, un hôpital et un cimetière notamment, mais le début se déroule toujours dans le parc du manoir.
C’est là que l’on apprend le maniement de notre personnage. Le stick gauche servant à se déplacer et le stick droit à tirer dans la direction de son choix. On découvre aussi différents gestes à effectuer comme la roulade qui nous permettra d’éviter les pièges. Ensuite, on entre dans le manoir et on dirige son personnage à la recherche d’éléments importants pour notre enquête. Le jeu, en pixel art, se déroule en vue de dessus, on y voit donc notre personnage de profil se déplacer et passer de lieu en lieu. On suit aussi sa progression sur la map qui se dessine au fur et à mesure et que l’on distingue en transparence sur l’écran de jeu. On peut aussi ouvrir cette carte et voir où nous en sommes dans notre cheminement.
Quand on lance une partie, la musique nous enveloppe dès les premières secondes et ne nous lâche plus. Cela crée une ambiance oppressante, tendue, angoissante à laquelle s’ajoutent tous les bruitages, que ce soit la pluie ou les cris des suppôts de Cthulhu que l’on doit combattre. Autant d’éléments qui immergent le joueur dans sa partie, qui le plongent en apnée dans les méandres du jeu, aux confins de la folie. Et c’est cette folie qui nous guette, qui rend les parties d’autant plus angoissantes. La jauge de santé mentale s’érode au fur et à mesure de nos rencontres ainsi que de nos trouvailles. L’écran se met à onduler, les couleurs se mélangent, on se surprend à suffoquer pour notre personnage. Lovecraft’s Untold Stories est un jeu qui nous happe, et il réussit ce tour de force malgré les graphismes 8 bits.
Le jeu se présente avec trois niveaux de difficulté, selon que l’on est plutôt tenté par l’histoire ou par les combats. Seul le personnage du détective, John Murphy, est disponible au départ mais quatre autres protagonistes sont déblocables et deviendront jouables par la suite. Au fil de notre progression dans le jeu, on trouve des informations sur les Grands Anciens : Cthulhu, Dagon, Azathoth, Shub-Niggurath et Nyarlathotep. L’idée intéressante du jeu est de proposer un hub dans lequel les trouvailles de nos héros sont conservées d’une partie à l’autre, que ce soit les objets de l’inventaire ou les notes relatives aux Grands Anciens trouvées lors de nos pérégrinations. Ainsi, même si les lieux changent quand on se lance dans une nouvelle partie, rogue-like oblige, il y a quand même un fil conducteur que représente la compréhension des Dieux Anciens afin de pouvoir les combattre quand on aura assez d’informations sur chacun. Les niveaux sont plutôt longs à parcourir, mais il y a des points de sauvegarde à certains endroits, et la carte permet de faire des trajets rapides d’un point à l’autre pour éviter des allers-retours fastidieux. La seule véritable critique concernant Lovecraft’s Untold Stories porte sur l’absence de traduction en français. Il faut avoir un niveau d’anglais correct pour comprendre les tenants et les aboutissants du jeu, et c’est d’autant plus dommage qu’une connaissance préalable de l’univers de Lovecraft n’est pas nécessaire pour s’immerger dans le jeu.
Pour aller au-delà du jeu, il faut savoir que Michel Houellebecq a écrit un essai vraiment très intéressant sur Lovecraft intitulé “H.P. Lovecraft, contre le monde, contre la vie”. Il existe aussi une édition des œuvres de Lovecraft en trois volumes qui couvre l’ensemble de son travail et qui vaut le détour.
Conclusion
Lovecraft’s Untold Stories est un jeu étonnant à plus d’un titre : d’abord et surtout grâce à son ambiance musicale qui colle parfaitement à cet indicible qu’essaie de nous faire ressentir Lovecraft dans ses livres, par le choix du pixel art pour les graphismes et celui du rogue-like pour le gameplay, et enfin parce que les jeux qui essaient de nous faire ressentir la folie ne sont pas si nombreux à y parvenir, et c’est le cas de ce jeu.
LES PLUS
- L’ambiance sonore et musicale
- Les graphismes “old school”
- Le côté rogue-like
- L’indicible selon Lovecraft
LES MOINS
- Uniquement en anglais
- Une maniabilité pas toujours au top
- Le maniement des armes pas toujours simple
il peut me tenter, il a l’air chouette, en effet
Il m’aurait plu sans les graphismes “old school” xD
Ph’nglui mglw’nafh Cthulhu R’lyeh wgah’nagl fhtagn