Ah ! Le Retro gaming ! Cette sensation d’ancien qui fait chaud au cœur quand on repense à ses vieux souvenirs de joueur. Ses grosses cartouches, grosses consoles et gros pixels ! Selon l’époque qu’on regarde, la notion de Reto Gaming sera assez différente. Pour les plus vénérables d’entre-nous, il s’agira par exemple de gros pixels simples, pourvus d’une petite palette de couleur. Pour les plus jeunes, le rétro sonnera plutôt vieille 3D, pas encore en HD. C’est pourtant sur la plus célèbre des périodes du Jeu-vidéo à l’ancienne que se porte notre intérêt du jour : époque qui, pour beaucoup, fait référence dans le domaine du PixelArt.
Et si, sur cette période, il est un nom à citer dans l’action plate-former, pour quantité de joueurs, ce sera presque inévitablement le nom de « MegaMan » qui reviendra ! Les rappelant à une douce nostalgie de l’enfance à contrôler dans ce shooter, un petit Robot fortement inspiré du petit Astro. Devenu plus que culte à travers le monde, bien qu’aujourd’hui délaissé (la faute à de récents opus mitigés), il n’en demeure pas moins dans les cœurs, un jeu phare qui n’a pas tant vieilli pour les plus hardcore, y jouant encore environ 30 ans après sa sortie initiale… Et c’est ici qu’intervient RetroRevolution ! Petit studio Thaïlandais créé en 2013 et faisant ses premières armes sur une version Android (de ce qui sera en 2016, leur premier jeu PC), ils sortent donc Metaloid: Reactor Guardian en 2013 sur Android puis en 2016, Metagal sur Steam. Il faudra attendre 2019 pour voir paraître le portage de Metagal sur une grande quantité de supports console : et oui ! Dont la Switch !
Vous l’aurez compris, ici, il s’agit d’un petit studio, d’un jeu pas si vieux, mais au look Retro façon 8 et 16bits. Au prix plus qu’abordable (quoi que d’un euro cinquante plus cher que sur Steam), ceci expliqué probablement par les packs de langues supplémentaires. Et oui, à l’instar de la version PC, la console de Big N. a droit à une version Française ! Et ça, c’est cool ! Il est d’ailleurs intéressant de noter que le portage n’est pas assuré par RetroRévolution, mais par Ratalaika Games (avec un catalogue de portages à leur actif assez conséquent). Le studio Thaï’ étant quant à lui sur le troisième opus de son unique licence. Mais peu importe, nous sommes là tout de même face à plusieurs bons points pour un petit studio : sa VF et son prix. Reste à voir si son rapport qualité reste positif.
A propos du jeu, on commence avec une cinématique tout en jolis pixels (si tant est que l’on aime ça, les goûts et les couleurs…) alternant les personnages et décors, façon bande-dessinée. Beaucoup plus joli et travaillé que les futures scènes et phases de jeu. On sent la patte d’un artiste derrière tout ça. En revanche, plusieurs points noirs viennent se fondre dans cette impression positive : la VF nous annonce quelques soucis, avec le mot ‘sœur’ manquant son e dans l’o à chaque fois ! Mais aussi, avec certains passages de dialogue un peu trop rapide, les lecteurs lents auront du mal et devront se repasser la cinématique en recommençant une nouvelle partie ! Car oui, ici, pas de pause possible pour pouvoir lire à son rythme. N’imaginez même pas répondre à une question IRL pour ne rien en louper. Enfin, comme-ci ça ne suffisait pas comme liste de défauts, avant-même d’avoir réellement commencé à jouer : on sent déjà que le scénario est une simple copie/collé de MegaMan pourvu d’un simple changement de sexe des protagonistes principaux.
Déjà, le coup du « révolution » dans l’intitulé même du studio de développement en prend un coup… Ce ne sera pas côté scénario… Enfin ! Le jeu commence ! Pas que la cinématique soit longue, mais maintenant, vous pouvez mettre sur pause le jeu si besoin est ! Et ce, jusqu’à la fin de celui-ci, puisqu’il n’y aura plus aucune phase narrative jusque-là. Ne serait-ce pas un poil dans la main que je vois là, messieurs les Développeurs ?
Mais, passons. Manette en main, de nouveau une sensation positive : c’est immédiatement intuitif, le petit tutoriel sous forme d’un niveau très simple n’est pas du tout intrusif, ni trop long, comme peuvent l’être certains tutoriels. Ajoutant à cette sensation agréable d’un jeu ou les commandes seront aisées à se souvenir, même après une longue période de pause. Cependant, vous remarquerez vite les limites de gameplay, peut-être trop proche de Megaman premier du nom et pas assez révolutionnaire (une fois n’est pas coutume…). Bien sûr vous aurez un bouton d’attaque spéciale, un pour changer d’attaque spéciale, un autre pour tirer et un pour sauter, vous avez le stick gauche pour contrôler la direction de marche et un double stick pour courir, et… c’est tout. Pas d’accroupis, pas de tir vers le haut. C’est assez déstabilisant de revenir à une mécanique aussi austère lorsqu’on en aurait besoin, par exemple : face à une machine accrochée à un plafond trop haut.
Mais cela contribue au level-design et aux mécaniques de jeu qui, du coup, vous demandera de réfléchir un peu plus comme à l’époque. Ne pas aller bêtement au-dessous et tirer vers le haut, mais monter sur un promontoire en courant plus ou moins vite. Ou même en cliquant plus ou moins longtemps sur le bouton de saut pour aller plus ou moins haut. Ou bien encore, tout simplement, faire attention à son pattern de tir, puis passer au bon moment ! Car oui, MetaGal n’est pas un « Paf le chien » où il faut constamment courir, la langue pendante et l’air bête (quand bien même ce jeu soit top !) Non, ici, il faudra réfléchir, et ne pas toujours défoncer tous les ennemis : à quoi bon sans notion d’XP ?
Bien sûr, certains ennemis vous donneront des objets en mourant. Il sera alors possible, en réfléchissant bien, d’user de certains angles morts ou de flip-screen (changement d’écran permettant un changement de zone dans un même niveau) pour farmer les objets et les « Continue » ! D’ailleurs, la mort, parlons-en ! Plusieurs choses sont à prendre en compte : déjà, les rouages. Ce sont des items placés çà et là dans les différents niveaux, mais qui apparaîtront aussi parfois, parmi d’autres items, lorsque vous vaincrez des adversaires. Ceux-ci vous servent à continuer de jouer sans reprendre au début du niveau, mais un peu avant votre mort quand même. Une sorte de sauvegarde automatique limitée dont il faudra user avec parcimonie, d’autant qu’un certain pouvoir utilise aussi ses fameux rouages ! Fort heureusement, ils sont cumulables entre les différents niveaux. Que vous pourrez d’ailleurs commencer pour les cinq premiers, dans l’ordre de votre choix. Comme son homologue de 1987 !
Le second point est donc le « Continue » qui intervient dans plusieurs cas de figure. Si vous avez l’occasion de cliquer sur « Continue », vous revenez soit au début du niveau, soit à une Savestate sur des points de sauvegarde disséminés (jusque deux dans chaque niveau). Dans ce cas, avec « Continue », vous reviendrez à ce point, sans besoin de rouages. Enfin, le « Continue » face à un boss semble être illimité et ne vous permet pas d’user des fameux rouages. Cette infinité rendra peut-être le jeu trop aisé pour certains, mais évitera sans nul doute possible, les crises de rage face à une attaque au pattern, si simple à éviter, mais que vous aurez quand même pris !
Ainsi vous l’aurez compris, MetaGal n’est pas difficile ! Loin de moi l’idée de dire qu’il est pour les enfants, qu’il est abusivement facile à l’image du dernier Yoshi, mais il n’a pas la difficulté de certains vieux jeux, notamment de sa mythique inspiration. Ici, la difficulté est maîtrisée et augmentée par tranche de niveau. Du moins, c’est là l’impression que j’ai eue. Avec des passages me demandant plus de dextérités sur les niveaux du milieu et un usage plus réfléchi des techniques sur les derniers. Cela tout en conservant l’accessibilité et les possibilités de finir dans l’ordre de votre choix les premiers niveaux.
Pour le reste, la musique ne m’a jamais dérangé, et parfois plutôt porté, mais on est loin du chef d’œuvre qu’est Chroma Squad (dans le genre Retro moderne). Souvent trop classique, jamais réellement transcendante. Les bruitages quant à eux sont simples mais efficaces et jamais dérangeants, même après cinq heures de jeu successives. Quant à la qualité visuelle, je n’ai pas constaté de différences entre le mode TV/Dock et le mode portable, ce sur une Nintendo Switch Classique. Aucune baisse de framerate n’est à déplorer non plus. Pour l’environnement, de nombreux ennemis sont plus qu’inspirés de l’univers du premier MegaMan, allant des boss de fin aux nombreux mobs souvent identiques physiquement. Les clins d’œil en sont presque grossiers de trop d’évidence. Heureusement, le jeu sait se renouveler en changeant les pouvoirs des différents boss que vous vaincrez. Cependant, si l’on remarque ce changement, on remarquera aussi l’absence de certaines phases culte du jeu d’inspiration, comme des plateformes disparaissant ou le non-changement de skin quand vous changez de pouvoir.
Conclusion
Alors, cette mouture Nintendo Switch sort trois ans après celle sur PC, sans plus aucun des bugs qui y étaient présents et avec des packs de langue en plus. Le prix est légèrement plus élevé lui aussi : mais la question est : est-ce que ses 5€ seront bien investis ? Si l'on pourrait avoir tendance à dire oui, car le titre est bon et procure un certain plaisir, il n'en demeure pas moins frustrant de le finir bien trop rapidement et d'y déceler des faiblesses (repompages) scénaristiques. Malgré tout, ce titre est très bon dans ce qu'il propose. À savoir : un MegaMan-Like qui se contente avec fainéantise du strict minimum, mais qui le fait bien avec une bonne maniabilité et agréable autant à l’œil qu'à l'oreille (un peu plus à l’œil !). Alors que vous soyez novice et attiré par les jeux de ce genre, ou un vieil habitué du petit robot bleu et de ses homologues, cet hommage minimaliste est pour vous ! Cependant, n'en attendez pas plus, au risque d'être déçu.
LES PLUS
- Une difficulté qui s'adressera au plus grand nombre, sans tomber dans l’excès
- Son respect des titres 8/16bits du même genre
- Une maniabilité très aisée
- Un faible prix
- Une VF de bonne qualité
LES MOINS
- Fainéant en termes de gameplay (trop respectueux de MegaMan ?)
- Son manque de narration
- Une histoire... un peu trop identique (à vous savez qui)
- Durée de vie trop courte
- De nouveaux pouvoirs, mais jamais de nouveaux skins...