Paru pour la première fois en 2010 sur la précédente génération de consoles de salon, Deadly Premonition est un jeu au statut assez particulier sur Internet. Tantôt acclamé et vu comme un véritable chef d’œuvre grâce à son casting inoubliable de personnages et à son scénario étrange, tantôt haï pour son gameplay rigide. Le jeu était sorti à l’époque avec des mécaniques datées et un doublage ridicule, ce qui était volontaire selon les dires afin de renforcer l’aspect « série B ». C’est ainsi 9 ans plus tard donc qu’un portage signé Numskull Games apparaît par surprise sur l’eShop (puis bientôt en boîte) au cours d’un Nintendo Direct accompagné de l’annonce d’une suite qui verra le jour en 2020 en exclusivité sur Nintendo Switch.
Café, zombies et pêche
Deadly Premonition vous met aux commandes d’un agent du FBI, Francis York Morgan, envoyé en mission dans la ville de Greenvale pour enquêter sur le meurtre d’Anna Graham. Victime parmi de nombreuses autres, vous vous lancez ainsi à la recherche d’un tueur en série. Si le scénario semble au premier abord plutôt banal, il va se mettre rapidement à tourner au surnaturel. L’ambiance globale est souvent comparée à la série culte Twin Peaks, et ce n’est pas pour rien. Le jeu transpire de références et de similarités. Des phénomènes paranormaux vont se manifester dès les premières minutes de jeu avec un tutoriel vous apprenant à utiliser votre arme pour abattre une femme zombifiée. Un jeu du chat et de la souris viendra s’opérer entre Francis York Morgan et celui que l’on appelle le tueur au manteau que vous croiserez ponctuellement sur votre route.
L’une des forces de Deadly Premonition va résider dans le panel d’émotions différentes à travers lesquelles le jeu va vous amener, alternant frustration due à des commandes très rigides correspondant à ce qui faisait à cette époque dans les survival horror à la troisième personne (Resident Evil 4 par exemple), et phases de peur qui se mêlent à de la comédie complètement barrée. Les lignes de dialogues entre les personnages sont totalement absurdes, même leur présentation sont tellement poussées et kitsch que vous ne pourrez vous empêcher de pouffer de rire face au côté parodique de films de série B. Chaque personnage embrasse le cliché qu’il est censé représenter à commencer par York, l’agent typique du FBI qui ne peut se retrouver une seconde sans sa clope au bec et qui est atteint de troubles mentaux le menant à avoir des visions quand il fixe sa tasse de café, ou encore à parler à une entité imaginaire appelée « Zach », qui sera d’ailleurs le moyen de briser le quatrième mur pour que le protagoniste s’adresse directement au joueur. Les différents échanges entre York et Zach viendront donner des éléments sur l’enquête au global ou amèneront l’enquêteur à parler de films de série B, de ses DVD préférés ou de quelques clins d’œil à la pop culture quand vous conduisez dans la ville de Greenvale. Cette relation entretenue entre le personnage principal et son alter ego imaginaire arrive, au fil des heures de jeu, à vous faire sentir à la place du subconscient de York et ainsi vous faire comprendre que vous êtes Zach, ce qui vous implique dans l’histoire d’une façon unique.
Au niveau du gameplay, vous alternerez entre plusieurs phases de jeu. Pour commencer, il y a bien entendu du combat. Les commandes sont assez contre intuitives car les mécaniques datent beaucoup. Vous ne pourrez donc pas vous déplacer et viser en même temps, ce qui a pour effet de rendre ces phases très rigides et d’en faire, et de loin, l’une des moins intéressantes du jeu dans l’ensemble. Fort heureusement le combat n’occupe pas une grande place puisque l’autre phase de gameplay qui vous prendra la plus grande portion de votre temps se concentrera sur l’exploration de la ville.
Ces phases de déplacement libre dans l’open world du jeu vous permettent de conduire et de parler aux habitants afin d’avancer dans votre enquête (ou de flâner). Un système d’horloge interne définit les moments où certains lieux seront accessibles ou les heures d’apparition de la plupart des habitants. La gestion de votre timing peut donc être assez importante pour accéder à des missions secondaires, à des dialogues et à des secrets. Malheureusement, la conduite est assez mal faite et donne plus l’impression de contrôler un caddie avec une roue bloquée qu’une voiture de police. De plus, les allers-retours à répétition sont assez longs, même si cela nous permet d’avoir quelques dialogues supplémentaires entre York et Zach. Et ça, ça n’a pas de prix. La ville de Greenvale a l’air vivante, ce que vous ressentirez lorsque la météo, par exemple, ouvrira de nouvelles lignes de dialogue de la part des PNJ .
Lors de ces phases d’exploration vous devrez également vous occuper de vous-même. York aura en effet des besoins représentés par une jauge de fatigue et de faim. Ce sera donc à vous d’aller manger ou dormir pour rester au top de votre forme. Ce sens du détail est même poussé à l’extrême avec l’hygiène du personnage. Vous recevrez des pénalités sur votre salaire si vous ne changez pas de vêtements régulièrement ou si vousne vous rasez pas, pouvant même voir des mouches voler autour de vous et votre barbe pousser au fil du temps. Des activités annexes permettent de s’occuper en attendant les horaires définies auxquelles vous devrez rejoindre certains objectifs. Vous pourrez ainsi vous distraire en allant pêcher, jouer aux fléchettes, faire des courses de voiture ou alors discuter avec les habitants de la ville pour réaliser des quêtes secondaires pour obtenir des récompenses comme des armes ou cartes de personnages, collectible principal du jeu.
Au global l’histoire vous prendra une bonne vingtaine d’heures pour être complétée et ce sans prendre en considération la pléthore de quêtes secondaires et les cartes de personnages à récupérer.
Deadly Premonition : Origins Cut Director’s Cut ?
Le travail de portage effectué sur le jeu est assez anecdotique. Si une version Director’s Cut est parue entre temps ajoutant plusieurs cinématiques et améliorant le jeu sur de nombreux points, notamment la présence permanente de la minimap à l’écran quand on se déplace en ville, ou encore les graphismes, le portage opéré se base sur la toute première version du jeu n’incluant ainsi pas ces ajouts ni aucune, ne serait-ce légère, amélioration graphique. Cela explique donc le sous-titre “Origins” donné à cette version Nintendo Switch, même si l’on aurait préféré que cette version soit en quelque sorte la mise à jour ultime du jeu pour le rendre sous son meilleur jour. L’absence d’un système de succès/trophées viendra aussi réduire votre vision sur les missions secondaires qui peuvent désormais être trouvées sur internet ou par vos propres moyens.
Comme à l’accoutumée donc sur ce jeu maudit, les défauts sont bel et bien présents. Lors des déplacements libres en ville, le framerate devient aussi stable que les commandes du véhicule, s’approchant ainsi régulièrement des 20FPS. Quelques coupures audio sont également de la partie mais fort heureusement, Swery, le producteur du jeu, a annoncé qu’un patch était en préparation et devrait venir résoudre ces problèmes.
Malgré tout et dans le contexte actuel, Deadly Premonition passe bien mieux qu’à l’époque. En effet, nous sommes maintenant conscients qu’il s’agit d’un portage d’un jeu datant de 9 ans, là où à l’époque, les limitations techniques et la rigidité du gameplay étaient très mal accueillies.
Conclusion
Avec une suite prévue pour 2020, le retour inattendu de la licence sur Nintendo Switch est une très bonne surprise, on aurait tout de même préféré une version ultime regroupant tout le contenu ajouté par la Director’s Cut. Mais la simple arrivée de Francis York Morgan sur une console Nintendo pour la première fois est déjà une excellente nouvelle. Le jeu d’enquête mêlée à du survival horror fonctionne très bien et l’histoire tout comme les personnages sont, de loin, la partie la plus passionnante du jeu.0 On en pardonnerait presque les lacunes techniques et les graphismes très datés tant l’univers est fascinant. Deadly Premonition est définitivement une expérience à vivre et nous n’avons qu’une hâte, c’est de la prolonger dans le second opus.
LES PLUS
- Francis York Morgan, l’un des personnages les plus fascinants du jeu vidéo
- Le système d’horloge interne qui arrive à rendre la ville de Greenvale vivante
- Une histoire forte qui arrive à nous accrocher au delà des mécaniques datées du jeu
- Un casting de personnages tous très attachants et marqués par leur personnalité
- L’excellente OST
- Une bonne variété d’activités annexes et de missions
LES MOINS
- Une qualité graphique assez datée
- Les commandes en voiture très rigides
- Les commandes contre intuitives dans les phases de combat
- Des problèmes de framerate très visibles dans les environnements ouverts
J’ai bien aimé le voir en stream , après certaines passage et style bof bof pour moi ^^ » C’est vrai que pour le combat , y a largement mieux XDD
Pareil que Orchi 🙂
Ne mérite pas l’investissement quand on a la version 360