Les jeux de gestion et de simulation ont souvent bonne presse auprès des joueurs. Mettant en avant leurs talents de fin gestionnaire et de minutieux stratège tout en conservant un œil sur leur précieuse trésorerie dans la construction d’une ville, d’une ferme, d’un hôpital, d’un aéroport ou même d’un zoo et d’un aquarium, ce sont autant de convoitises pour les adeptes de simulations originales et pointilleuses. Notre regard se tourne aujourd’hui sur un jeu de gestion peint avec finesse et élégance, laissant place à une époque où il faisait bon vivre dans les champs, à une époque où le lavoir était un besoin vital pour une population souvent un peu trop crédule (et frileuse des fantômes !).
Développé et édité par Triskell, Lethis – Path of Progress propose aux joueurs un bond dans le passé autour d’un City Builder exigeant.
À pieds joints dans le passé
À peine aurez vous débarqué dans l’univers de Lethis – Path of Progress que vous serez subjugué par la beauté du titre. Les menus sont propres et soignés, et la finesse des traits des bâtiments, mais aussi et surtout de l’ensemble des personnages qui parcourent votre territoire, est particulièrement réussie, à tel point que vous passerez probablement quelques instants à les contempler fourmiller à droite et à gauche, affairés à gesticuler dans tous les sens, le tout bercé par une musique ajustée pour coller à l’époque.
Le titre pousse son réalisme jusqu’à proposer aux joueurs un calendrier d’antan (le calendrier révolutionnaire est parmi nous !) qui pourrait bien vous surprendre au début, mais qu’il n’est guère difficile à comprendre grâce aux petits dessins qui le complètent. Vous voilà bel et bien projeté des dizaines d’années en arrière, avec les avantages et les inconvénients de cette époque.
Toi tu es sociable mais moi je suis un territorial !
Trois modes de jeux sont disponibles, avec tout d’abord le didacticiel que nous souhaitons compter comme un mode à part entière afin de préciser à quel point ce dernier est poussé et bien pensé. Vous devriez y passer un bon bout de temps, mais il s’avère être indispensable afin de parfaitement comprendre le fonctionnement du titre, qui n’est pas sans quelques facéties originales. Vient ensuite le mode campagne, avec sa grosse vingtaine de scénarios, avec les missions principales et traditionnelles, avec des objectifs à remplir mais aussi quelques grains de sable dans l’engrenage (voir carrément des casse-bonbons qui vont vous user jusqu’à la moelle !), parce que sinon, c’est tout de même un peu trop simple ! Trois niveaux de difficultés sont disponibles (facile, normal et difficile). Néanmoins, beaucoup de bugs sont à signaler dans ce mode de jeu. Ainsi, impossible pour nous d’aller bien loin dans le jeu, à notre plus grand regret : le soft nous ramenait irrémédiablement au menu principal de la Switch, prétextant qu’une « erreur [était] survenue »… Enfin, le dernier mode est le bac à sable, qui comme son nom l’indique, vous propose de bâtir avec courage et patience votre cité, sans objectif initial pour chapeauter tout ça. Plusieurs cartes sont disponibles afin de vous confronter à quelques rigueurs distinctes… À nouveau, les trois niveaux de difficulté sont disponibles. Clairement notre terrain de jeu pour le test !
Quelque soit votre choix de jeu, il vous faudra dans tous les cas être particulièrement rigoureux sur bon nombre de critères et votre tâche sera loin d’être aisée !
Comme tout bon jeu de gestion, votre mission principale (en plus de tout ce que le soft vous impose pour vous compliquer la tâche dans le mode campagne) est de trouver le parfait équilibre entre le bonheur des citoyens, le chômage qui doit rester le plus dérisoire possible, et la prospérité de la ville. Pour ce faire, il vous faut bien entendu bâtir de nombreuses habitations (qui évoluent au fil du bonheur de ses habitants) et de multiples bâtiments à destination alimentaire, énergétique, industrielle… Chacun de ces bâtiments doit être connecté à une route, sous peine de le voir tout simplement hors d’usage. Ainsi, le soft repose sur un concept de zones, via ces routes, qu’il vous convient de surveiller avec rigueur : l’apport en eau par exemple se fera grâce à un travailleur au puits qui livrera les habitants selon un tracé bien précis, de même que pour le percepteur qui viendra réclamer ses impôts, ou encore l’exorcisme qui viendra chasser les mauvais esprits du coin… Chacun de vos tracés doit donc être un minimum réfléchi, tout comme toutes les constructions avec des travailleurs s’y rapportant. Il est donc indispensable de réaliser un réseau judicieux, ergonomique et esthétique. Oui, oui esthétique. La beauté fera partie intégrante de votre aménagement urbain. S’il vous plaît.
Travaux urbain en cours
L’organisation de la ville est indispensable. Au delà des classiques quartiers résidentiels, il vous faudra prendre en compte un certain nombre de paramètres afin de parvenir à mener à bien chacun de vos objectifs. Prenons pour exemple l’alcool (une denrée particulièrement appréciée par vos habitants !). Tout commence en pleine terre avec l’installation d’une ferme pour la récolte de l’orge. Un certain nombre de travailleurs doit donc s’y présenter afin de satisfaire les besoins agricoles. Une fois la récolte dans votre petite chariote, l’abbaye (et ses disciplines) se charge de transformer la céréale en bière. Cette dernière peut désormais être stockée dans un entrepôt, en attendant de remplir les étalages de l’épicerie du coin (paramétrable elle aussi). En voilà du chemin parcouru pour remplir la choppe de vos concitoyens ! Et bien, sachez qu’il en sera de même pour grand nombre de vos ressources. Vous serez alors à même de fabriquer du pain (le blé, la farine, tout ça !), de la viande, mais aussi des bijoux et divers ustensiles. Bien entendu, pour ces derniers, il vous faudra trouver du minerai, en suivant le même protocole rigoureux.
Une autre ouverture s’ouvre à vous : l’import/export. Grâce à votre centre de commerce, à vous la joie des échanges entre diverses contrées ! Ainsi, même si votre carte actuelle ne vous permet pas d’accéder à certaines ressources (comme certains minerais ou encore quelques agricultures nécessitant un sol spécifique), rien ne vous empêche de les acheter chez vos voisins ! Sachez enfin que vous ne serez pas esseulé avec votre petite communauté plus ou moins bien organisée : le mode campagne vous met face à divers défis, parfois totalement imprévus (il est parfois bon de recommencer alors la mission pour mieux appréhender les requêtes à venir), afin de pimenter votre expérience de jeu. Si ces derniers sont secondaires, ils permettent en revanche de conforter vos citoyens ou encore vos relations avec les dirigeants voisins. Non indispensables, mais franchement préférables en d’autres termes !
Entre petits bonheurs et horreur
Vous l’aurez compris, Lethis – Path Of Progress regorge de petites facéties à prendre en main afin de mener à bien toutes les missions du jeu ou de tenir d’une main harmonieuse le bac à sable. Néanmoins, de nombreux « couacs » viennent lourdement envenimer votre plaisir de jeu… Un concept du jeu semble être présent uniquement pour vous agacer, pour vous faire sortir de vos gonds, pour vous faire bondir de votre moelleux canapé : l’effondrement des bâtiments. Rapidement, ce principe vous rendra complètement fou. En effet, le soft vous oblige à construire régulièrement des maisons pour la maintenance de TOUS vos bâtiments (exceptés quelques uns). Si vous ne le faites pas, l’effondrement vous guette à une vitesse ahurissante. À peine debout que votre théâtre pourrait bien s’écrouler. Un théâtre qui s’écroule en quelques jours… Sacrebleu ! Les artisans de l’époque disposaient d’une sacré marge de progression devant eux ! Si cela peut prêter à sourire sur le papier, dans les faits, ces éboulements sont une vraie plaie, à tel point que vous aurez envie de construire des zones de maintenance PARTOUT. Et même avec cela, vous ne serez pas totalement à l’abri.
Dans le cas d’un éboulement, il ne vous suffit pas de cliquer sur la case pour la supprimer. Non, non, trop facile ! Il faudra doucement effacer chaque éboulis (en prenant garde de ne pas démolir la maison d’à côté, un accident est si vite arrivé !), avec rapidité ! En effet, vos citoyens ne sont pas très friands de ce genre de paysages et les éboulements seront un prétexte parmi tant d’autres pour les faire fuir. Il faut croire qu’il suffit d’un petit grain de poussière dans vos engrenages urbains bien rodés (visiblement pas tant que ça !) pour assister à une exode de centaine de résidents ! Allez, allez, rajoutez donc un café et quelques parcs pour redonner le sourire à tout le monde…
Autre point assez déroutant : vous êtes à la tête d’une ville qui semble s’épanouir. les villageois sont suffisamment nombreux, le chômage est faible, c’est plutôt mignon par chez vous et pourtant… Et pourtant, vous voyez bien que ça ne fonctionne pas si bien que ça. Cela peut durer assez longtemps (voir même entraîner votre faillite) puisque le jeu ne viendra pas vous filer le coup de pouce pour vous sortir de là (si ce n’est une aide financière). Certes, vous pourrez sélectionner chaque habitation pour connaître les attentes de ses occupants (ces petites notes un peu partout dans le jeu ne sont, par ailleurs, pas dénuées d’humour), ou encore filtrer la carte pour n’en afficher que les détails choisis, mais cela ne sera pas toujours suffisant. Arrivé à ce stade, nous avons souvent préféré tout recommencer à 0.
Et puis parfois (souvent dans le mode campagne !), c’est carrément le soft qui nous oblige à tout recommencer depuis le début ! En effet, nous avons été sujets à de nombreux bugs, nous renvoyant sans ménagement sur la page d’accueil de la console. Malheureusement, ce souci est arrivé à maintes reprises… Nous espérons donc une rapide mise à jour des développeurs afin de ne pas laisser les joueurs dans l’impossibilité de construire librement leurs villes.
Lethis – Path of Progress est disponible sur l’eShop de la Nintendo Switch pour moins de 20 euros.
Le saviez vous ?
La suite de Lethis – Path of Progress serait dans les tiroirs… Pour le moment nous ne savons encore que très peu de choses sur le projet. Les graphismes seront toujours particulièrement bluffants et les développeurs souhaiteraient davantage scénariser le jeu, en donnant plus de valeur à de petits détails tel que l’ajout de multiples affichages en ville, avec la mise en place de la propagande notamment. Certains visuels sont déjà disponibles sur le net et nous ne manquerons pas de vous tenir informés sur Nintendo Town de l’avancée de ce beau projet ! Néanmoins, cette suite est pour le moment en suspend, faute de financement…
Conclusion
Lethis - Path of Progress est un jeu riche et exigeant qui trouvera sans mal son public. Son univers graphique et musical de qualité séduiront l’œil et charmeront les oreilles des joueurs dès l’ouverture du soft... En revanche, un certain nombre de défauts plus ou moins importants risquent de rendre complètement chèvres pas mal de joueurs. Les plus chevronnés s’accrocheront et comprendront alors parfaitement tous les rouages du jeu permettant d’arriver au bout des multiples missions, à condition qu’ils ne soient pas bloqués en chemin par un bug de retour au menu général de la console...
LES PLUS
- Belle réalisation graphique et musicale
- Richesse du contenu correct
- Bonne durée de vie
- Un véritable challenge en mode difficile
- Une pointe d’humour
LES MOINS
- Les effondrement ne seraient-ils pas là uniquement pour enquiquiner le monde ?
- Le mode destruction case par case qui peut rapidement faire s’écrouler le bâtiment voisin pour les joueurs les moins minutieux
- Le manque de visibilité des problématiques de la ville laissant parfois le joueur un peu perdu
- Bugs (sous réserve de patch)
Absence de bug –> 2 XDDDD j’espère que le café et les parcs t(ont aidé à traverser cette épreuve ^^ » Echec du logiciel ça affichait ?
« Vous avez quitté le logiciel car une erreur est survenue. »
Malgré ses défauts, le titre dispose de jolies qualités. Il suffit assurément d’une correction pour permettre aux joueurs de profiter pleinement du titre. Il n’y a pas de raison pour que cette mise à jour n’arrive pas. 🙂