Avez-vous déjà été confronté au Mal dans un jeu vidéo ? Attention, on ne parle pas ici d’armées de morts vivants, de zombies, d’autres vampires ou de loups-garous. On parle ici du Mal, le Mal avec un grand M, celui que les hommes sont capables de faire à d’autres hommes au nom d’une idée, d’une idéologie, d’un dieu… Les développeurs du studio Redact Games nous font approcher ce Mal à travers un jeu d’aventures intitulé Sagebrush.
Autant prévenir tout de suite, ce titre n’est pas pour tout public. Comme tout jeu d’aventure et d’enquêtes, il y a beaucoup de textes à lire sous différentes formes (lettres, journaux intimes, notes) et le sujet abordé pourrait heurter la sensibilité des plus jeunes. Pourtant, les graphismes du jeu sont très jolis, plutôt doux et pastels, l’ambiance est très calme, on ne croise personne lors de nos pérégrinations, il n’y a pas d’effets de jumpscare ou de grosses ficelles liées aux films ou jeux d’horreur. Cependant, le malaise est palpable, il est là, présent dans chaque lieu que l’on visite, dans chaque phrase que l’on lit, à chaque étape que l’on franchit.
Toute l’action se déroule dans un espace réduit, un ranch abandonné sur un terrain clos avec six bâtiments et quelques caravanes qui ont été occupées par le père James et ses fidèles. L’action se déroule aussi en un temps très réduit, une fin d’après-midi et une longue nuit. On voit le soleil se coucher, on voit ensuite les étoiles dans le ciel et le jeu se termine au premiers rayons du soleil. Lorsque le jeu débute, on ne sait pas très bien ce qu’on fait là, ni qui on est. On sait seulement que l’on est une femme car le jeu parle de nous au féminin. On apprend aussi très vite que ce ranch appelé Black Sage Ranch a été le théâtre d’une suicide collectif perpétré par une secte du nom de Perfect Heaven. Avec ces éléments, il faudra visiter tous les lieux ouverts, trouver les clés pour accéder aux lieux bloqués, écouter des cassettes audios disséminées ça et là, trouver des indices pour comprendre ce qui s’est passé.
Les phases de recherche d’indices se déroulent sans accrocs, c’est fluide et on passe d’un indice à un autre sans avoir à tourner pendant des heures ni à revenir perpétuellement sur nos pas. Le jeu est assez avare en musique. Le plus souvent, on entend juste le bruit de nos pas, celui des portes qu’on ouvre et le son des générateurs qui, une fois allumés, nous permettent d’allumer les interrupteurs des lieux que l’on visite et d’y voir un peu plus clair. Quand il y a de la musique, ce sont des nappes de notes graves comme sortant d’un orgue qui se font entendre. Même s’il est très court, moins de trois heures pour en voir le bout, Sagebrush ne laisse pas le joueur indemne. Ce jeu est dérangeant dans son propos, mais dans le bon sens du terme. Il nous pousse à nous poser des questions, à réfléchir à la situation des gens décrits dans le jeu. On ne les connaît pas, et pourtant, avec tous les éléments que l’on récolte, on se fait une idée sur chacun d’eux.
Conclusion
Sagebrush est un jeu pour un public averti qui ne laissera pas indifférent. C’est une expérience forte et intense bien que courte sur des sujets qui ne sont pas faciles à aborder et à traiter correctement : la religion, les sectes, la mort, autant de sujets ultra-sensibles et véritablement délicats à traiter, ce que les développeurs ont réussi de façon magistrale.
LES PLUS
- Une histoire prenante
- Des graphismes simples
- L’environnement sonore volontairement en retrait
- L’ambiance malsaine mais pas gore
LES MOINS
- La durée de vie très courte
- Pas de rejouabilité