Dans les relations amoureuses, on dit souvent qu’il ne faut pas s’arrêter sur le physique de la personne, qu’il faut aller plus loin, voir ce que sa personnalité a à offrir. Une phrase un peu idéaliste qui, si elle était réellement appliquée, arrangerait pas mal de personnes extraordinaires ne rentrant pas dans les critères de beauté de notre société. Football Manager serait une personne plutôt âgée et repoussante aux premiers abords, mais avec une connaissance des plus riches ainsi qu’une authenticité à toute épreuve.
Fort de plusieurs décennies d’expérience, les développeurs de Sports Interactive n’ont plus rien à prouver sur la qualité de leur jeu de gestion footballistique. Tout commença au début des années 90 avec la série Championship Manager (“L’entraineur” pour la France) qui fut rebaptisée Football Manager en 2004 suite au changement d’éditeur : au revoir Eidos et bonjour SEGA. Un succès mondial qui n’est pas dû à ses graphismes car il s’agit d’une succession d’une multitude de fenêtres avec des statistiques, même si au fil des années un moteur physique a été mis en place pour visionner les matchs de votre équipe, celui-ci n’est là que pour augmenter l’immersion et non pour être photoréaliste.
La base de ce succès se trouve dans le contenu qui est ultra généreux, mais surtout hyper réaliste pour la grande majorité des joueurs présents dans le jeu. Sport Interactive compte dans ses rangs des centaines de “scouts” à travers le monde qui regardent des matchs, jugent les joueurs et mettent en place une notation pour chacun d’eux. De nombreux clubs professionnels utilisent le jeu comme premier recruteur afin de détecter les futurs talents ou juger les joueurs méconnus avant de les faire signer. L’exemple le plus probant à l’heure actuelle est celui de Roberto Firmino, un des meilleurs attaquants au monde actuellement qui fait le bonheur de Liverpool. Il fut recruté grâce à Football Manager en 2010 à l’âge de 18 ans par le club allemand d’Hoffenheim, alors qu’il évoluait en deuxième division brésilienne et était un illustre inconnu.
Fort d’un titre par an, les développeurs ne se contentent pas de seulement faire une mise à jour de la base de données, mais ajoutent chaque année des petites nouveautés qui apportent ou non quelque chose de plus immersif ou utile. Depuis 2015, la famille s’est agrandie et Football Manager s’est vu accompagné de deux petits frères. Le premier est Football Manager Touch (que vous retrouvez sur Switch depuis l’opus 2018 ainsi que sur PC) qui est une version allégée de son aîné, qui fait quelques concessions tout en offrant une expérience assez proche du titre de base. La seconde version est Football Manager Mobile qui est lui disponible sur les téléphones portables et qui est quant à lui une version très épurée de l’expérience originale.
Trois modes de jeu s’offrent à vous au lancement : le mode carrière qui vous permet de choisir un club, une nation ou les deux et de les mener au sommet grâce à vos talents d’entraîneur, le mode création de club dans lequel vous choisissez un club existant pour repartir de zéro pour lequel vous pourrez modifier le nom, le stade, la ville ainsi que rebâtir un effectif complet se basant sur la base de données existante mais dans un budget limité, et le mode challenge qui propose des défis à accomplir avec des clubs et des situations définies. Afin d’exercer votre métier, vous pourrez choisir un maximum de trois pays par partie, contrairement à la version normale dans laquelle vous avez la possibilité de choisir autant de pays que vous le voulez mais surtout que votre machine le permet.
Effectivement, plus vous ajoutez de pays plus la base de données de votre partie sera fournie, ce qui a un impact direct sur le traitement des données et ralentit grandement votre partie. Le choix de limiter à trois le nombre de pays sélectionnables sur la version Touch est judicieuse par rapport aux capacités de la Switch et surtout au rythme de jeu plus soutenu que les développeurs souhaitent pour cette version. Cette limitation n’est pas la seule concession faite pour pouvoir enchaîner les matchs et rendre le titre moins contraignant en matière de gestion pour cette version. Le système d’entraînement présent dans cette version est largement simplifié et ne profite pas des nouveautés apportées sur son grand frère mais reste honnête pour une gestion basique. Les conférences de presses ne sont pas disponibles ce qui n’est pas un mal tant elles sont répétitives et plutôt inutiles. Malheureusement, toute la partie communication avec vos joueurs n’est toujours pas disponible alors que celle-ci a été encore grandement améliorée dans la version originale et surtout se trouve très utile pour les discours d’avant match, à la mi-temps ou pendant le match qui ont toujours un impact qu’il soit positif ou négatif sur vos joueurs et sur le résultat.
La version Touch ne se trouve pas seulement être une version lestée de plusieurs possibilités comparée à l’expérience originale et laissée sans évolution et nouveautés. La première que vous remarquerez est la section vision du club. En effet, à votre arrivée dans votre club, votre président vous accueille et vous présente la vision du club comportant la culture du club qui représente les attentes sur la façon de jouer de votre équipe, ainsi qu’un plan d’objectifs à atteindre sur 5 ans. Vous serez jugé et noté chaque mois par vos dirigeants par rapport à ces objectifs mais aussi votre recrutement, votre gestion des finances et de l’effectif, vos résultats. Un ajout plaisant qui permet d’avoir un suivi mensuel de votre situation au club et qui peut instaurer une certaine pression sur vos épaules. Un autre ajout très utile est le centre d’apprentissage, qui vous permet de suivre l’évolution de vos jeunes ainsi que des joueurs prêtés. Des promesses devront être faites aux joueurs que vous voulez recruter, concernant leur rôle dans l’effectif qui peut être évolutif sur plusieurs années et la mise en place d’un code de conduite est de la partie. Il s’agit de mettre en place des amandes automatiques données à vos joueurs selon leur comportement tout au long de la saison.
Pour le reste rien n’a changé, vous devez gérer les divers aspect connus du club pour atteindre vos objectifs : gestion d’effectif, du staff, de l’entraînement, du recrutement et de la tactique bien évidemment. Un aspect tactique qui lui offre des possibilités complètes et très proches de la version originale. Un adjoint est présent pour aider les néophytes à la licence en vous expliquant sous forme de tutoriels les différentes sections du jeu. Autre point qui ne change pas, la partie sonore du jeu. Les seuls sons que vous entendrez dans Football Manager sont les bruits durant les matchs, pas de musique d’ambiance ou de bruitage lorsque vous naviguez d’un menu à l’autre. Un élément qui ne surprendra pas les anciens car il n’y a jamais eu plus dans la partie sonore de toute l’histoire de la série.
Coté jouabilité, plusieurs possibilités s’offrent à vous sur Switch. Il vous sera possible de jouer en tactile ou avec les Joy-Con en mode portable et bien évidement uniquement Joy-Con ou manette en mode salon. La jouabilité à la manette est assez bien pensée pour le genre mais demandera un petit temps d’adaptation avant de naviguer entre tous les menus aisément. Un petit reproche qui peut être fait est la vitesse du curseur qui est vraiment trop lente et impossible à régler dans les paramètres.
Il est à noter que Football Manager ne possède pas toutes les licences et que certains clubs et certains championnats peuvent être amputés de leurs logos et de leurs noms (première division d’Espagne pour LaLiga Santander, ou encore la Juventus qui se nomme Zèbre…) ainsi que les photos de nombreux joueurs et staff qui peuvent être absentes. Un problème qui se règle facilement sur PC grâce à la communauté et la possibilité de modder le jeu, ce qui est bien sûr impossible sur Switch. Rien qui baisse le plaisir de jeu, mais cela peut altérer légèrement l’immersion. De plus, aucun multijoueurs sur Switch ce qui est vraiment dommage.
Conclusion
Que ce soit sur PC ou sur Switch, la version Touch de Football Manager est sans aucun doute la version la plus abordable pour un premier contact avec la licence, sans être amputé d’un trop grand nombre de possibilités comme la version mobile. Avoir accès sur Switch à un des meilleurs, des plus réalistes et des plus complets jeux de gestion depuis des décennies est un véritable plaisir d’autant que la jouabilité proposée par Sports Interactive est assez bien pensée pour un jeu de ce genre. Les choix effectués par les développeurs pour accélérer le rythme de jeu sont judicieux et l'enchaînement des matchs rend l’expérience encore plus chronophage. Fan du ballon rond et de gestion, une question se pose à vous : êtes-vous prêt à mettre votre vie sociale de côté?
LES PLUS
- Une référence dans votre poche
- Une base de données démentielle et réaliste
- Colle parfaitement avec le concept de la Switch
- Une durée de vie infinie
- Une jouabilité à la manette plutôt réussie...
- Chronophage
- Des nouveautés intéressantes
LES MOINS
- Pas de multijoueurs
- Pas de causeries qui ont leur importance sur la version originale
- … malgré le déplacement du curseur trop lent
- Les licences manquantes
- Chronophage
j’adore ce jeu
J’ai jamais compris à quoi servait cette licence, du coup, je passe mon tour LOL