Si décrocher la lune pour l’élue de votre cœur reste un bel euphémisme, il vous sera peut-être néanmoins possible d’être le premier à y poser le pied ; c’est du moins ce que vous propose Mars Horizon, le nouveau jeu de simulation, stratégie et gestion sur Nintendo Switch et PC du studio anglais « Auroch Digital », plus habitué au côté stratégie du jeu vidéo – on pourrait citer à leur actif sur PC : Last Days of Old Earth, Ogre et Achtung! Cthulhu Tactics. L’idée d’obtenir un nouveau titre s’orientant construction de base sur l’hybride de Nintendo n’est pas un mal, la catégorie vivant un certain manque de quantité comme de variété. Autant dire qu’en tant que fan du genre, même si je n’avais pas entendu parler du jeu avant, pouvoir le tester en avant-première pour Nintendo-Town a été très excitant.
Précisons d’ores et déjà que nous n’avons eu accès qu’à la version PC en bêta, ce qui implique qu’il ne s’agit pas de la version définitive du jeu : exemple tout bête, bien qu’annoncé dans plusieurs langues dont le français, il n’y avait ici d’accessible que la langue anglaise. À ce propos, même au moment de la rédaction de la preview, il y avait encore une mise à jour en route, comme presque tous les jours ; difficile donc d’avoir un avis sur la version la plus à jour mais, au fond, est-ce bien nécessaire pour jauger l’optimisation et l’étendue de ce que proposera le jeu dans sa version définitive ?
La narration est ici très simple : vous incarnez le grand boss d’une agence spatiale, vous aurez le choix entre cinq d’entre elles, bien qu’ici, pour cette bêta, il n’y en ait que trois : la NASA, le ROSCOSMOS et l’ISA, respectivement, ce sont les entités américaine, russe et européenne ce qui crée un petit souci anachronique pour les plus pointilleux : par exemple, l’ISA n’est créée qu’en 2015 alors que le jeu nous fait débuter sa campagne en janvier 1957. Notez d’ailleurs que si le nom d’ISA est employé, le ROSCOSMOS, lui, n’est jamais utilisé, mais l’entité est nommée « RUSSIA » ce qui ne change en rien le souci anachronique (puisqu’à cette époque il ne s’agissait pas de Russie mais d’Union soviétique) … Bien que l’on soit ici sur du point de détail, il reste dommage de ne pas permettre une certaine cohérence dans l’évolution chronologique : par exemple, permettre des événements d’évolution si l’on commence avec RUSSIA en vivant le passage de l’Union soviétique à la Russie, justement.
Bien que ça soit dommage, le jeu n’est pour autant pas dénué d’intérêt du point de vue de son gameplay. Nous commençons le jeu après avoir choisi notre agence spatiale, et il nous faudra donc nous dépatouiller entre plusieurs notions : l’arbre des recherches, divisé en trois grandes catégories – Recherches, Bâtiments et Programmes spatiaux – elles-mêmes se divisant en plusieurs branches, impliquant d’ores et déjà une gestion des priorités habile.
Mais passons aux différentes phases de gameplay pour aller sur la moins palpitante (et finir par la plus intéressante) :
– Construction de base
Votre base n’est qu’un terrain vague au début de partie, qu’il vous faudra nettoyer, parfois à des coûts aussi exorbitants qu’incohérents, pour placer des bâtiments que vous aurez recherchés. Certains vous permettront d’obtenir de nouvelles pièces ou l’accès à des astronautes, tandis que les autres pourront permettre d’accélérer les recherches, de sécuriser vos lancements, et cætera. Si l’inventaire semble très complet, on regrette le côté gestion qui pour l’instant, visuellement, est excessivement basique : le terrain est divisé en carrés, chaque bâtiment fait un certain nombre de ces cases et il vous faudra les placer, en les tournant. Aucun intérêt à rester longtemps sur cet écran : aucun de vos scientifiques, aucun de vos astronautes ne s’y promène. Et outre l’aspect pauvrissime de cette interface, on regrette aussi l’absence de gestion du personnel, en dehors du recrutement d’astronautes sur un autre écran en prenant garde à ce qu’ils apporteront à vos missions, mais aussi à leur salaire – que je n’ai pas trouvé comment modifier, est-ce seulement faisable ?
Lors du placement de vos bâtiments, une seule chose sera à regarder : les bonus que cela vous apporte de placer le bâtiment à tel ou tel endroit… Sachant que plus de bonus il y aura, plus cela coûtera cher. Il est d’ailleurs aussi possible d’avoir des malus, donc, un peu d’attention. Mais comme dit, guère plus d’intérêt dans cette phase et c’est assez regrettable, au point que l’on se demande pourquoi l’intégrer ? Elle n’est pas palpitante, ne dure que quelques secondes à chaque fois et tient plus de la contrainte que du plaisir tant elle est simpliste. Espérons que la version finale soit plus poussée sur ce point !
– Construction de véhicules
La construction des véhicules est un aspect qui ne manquera pas de faire penser à Kerbal Space Program, ou au JDG et son agence de Toulouse Matabiau. Néanmoins les deux titres diffèrent drastiquement et cette partie du jeu évoluera au fil de vos avancées sur les arbres de recherches, déverrouillant certaines technologies qui seront plus ou moins adaptées aux différentes missions que vous choisirez de relever, que ce soit pour l’argent ou la renommée, peut-être même pour les deux à la fois : tout réacteur n’ira pas avec tout type de mission, mais aussi chaque appareillage dépendra de votre budget, du temps de construction ; si vous espérez être premiers dans la course au premier pas sur la Lune ou bien sur Mars (par exemple), mais aussi pour finir la construction dans la bonne période pour programmer un lancement sécurisé, et ne pas perdre plusieurs mois à attendre une nouvelle saison correcte.
Il vous faudra aussi prendre en compte l’expérience de vos équipes dans les différents composants de la fusée. En clair, un moteur que vous avez utilisé à plusieurs reprises aura un meilleur rendement qu’un autre et cela se matérialise via des niveaux d’expérience. Enfin, il y aura les notions de constructeurs et de bonus, tous ne sont pas au même tarif, tous n’ont pas le même délai de construction ni la même fiabilité de finitions. Enfin, donc, les bonus qui dépendront de vos recherches principalement et du budget que vous désirez y allouer. En clair, il y a beaucoup de données à prendre en compte et toutes se complètent assez bien dans des menus vraiment pas brouillons et laissant envisager un jeu en nomade pas dégueulasse du tout, bien que ceci reste à confirmer avec une version définitive sur Nintendo Switch.
Cette phase, vraiment très sympathique et complète, se marie à merveille avec ma phase préférée, mais aussi la plus surprenante d’un jeu sans ennemis :
– Les Combats
Alors, j’avoue, c’est un peu putaclic pour le coup !
Si vous n’avez jamais de réel combat, l’une des phases de gameplay en est néanmoins très proche : lorsque vous enverrez un satellite, une fusée ou quoi que ce soit d’autre, il faudra que vous luttiez pour garder le contact et lui faire faire certaines actions, et cela se déroule via un petit « combat » en plusieurs tours, défini à l’avance et dépendant de la mission, mais aussi des composants. Ce combat pourra d’ailleurs être en plusieurs phases réparties dans le temps, comme aller en orbite d’une planète assez lointaine.
Vous aurez donc plusieurs notions : l’électricité, l’équipage, les communications, les observations et la navigation. Chaque mission vous demandera de récolter un certain nombre de points dans certaines des catégories et cela se fera en choisissant des actions coûtant elles aussi un certain nombre de points dans ces mêmes catégories, le reste se joue via un lancer de dés (sous forme d’une barre de pourcentage) permettant la réussite et l’échec critique…
Chacun de vos tours étant composé d’un certain nombre d’actions possibles et chaque action non faite vous permettant de récupérer de l’énergie, sachant qu’il s’y ajoutera aussi la possibilité d’avoir des malus à chaque tour (perte de « X points de telle catégorie »). Cette notion, bien que loin d’être la plus complexe du genre, est très agréable dans un jeu de gestion-simulation où l’on ne se serait vraiment pas attendu à un gameplay du genre !
CONCLUSION :
Si Mars Horizon rate le coche sur l’aspect construction de base, il est loin d’être sans qualités et se classe même dans les très bonnes surprises : bien au contraire, le plaisir de jeu nous plonge vite dedans et nous fait oublier le temps, tant et si bien qu’on se retrouve vite en 1990 (in game) sur une première partie et le premier soir de jeu… Clairement, c’est une bonne surprise addictive et avec un potentiel de jouabilité, certes pas infini, mais suffisant pour pousser le nombre d’heures à quelque chose dont on l’espère assez correct. Néanmoins, ne nous voilons pas la face, bien que dépourvu de bug dans sa version actuelle sur PC et à un taux d’images par secondes à 60 constant, on n’en sait encore rien pour la Nintendo Switch et on aimerait aussi que l’aspect gestion de base soit un peu plus prononcé/intéressant. Malgré cela, j’ai personnellement une forte attente sur ce jeu maintenant que j’ai pu y goûter. Il n’est pas à douter que le test de la version définitive sur Switch arrivera sur Nintendo-Town.