Voici un jeu qui a fait parler de lui avec ses annonces et sa sortie sur l’eShop qui n’étaient pas prévues si tôt sur notre petite console. Développé par Lab Zero Games et édité par 505 Games, le jeu est initialement sorti en octobre 2019 sur Steam et est arrivé en avril 2020 sur Nintendo Switch. Le nom du jeu est très bien trouvé pour un studio dont le nom contient Zéro. Mais bref, attardons-nous plutôt sur ce que nous propose Indivisible !
La fougue de la jeunesse
Le jeu vous lance directement sur une brève cinématique où vous retrouverez 4 personnages affrontant un terrible ennemi. Sans plus attendre, vous êtes lancé dans un combat où votre objectif est de le vaincre. Cela dit, cet ennemi sera bien trop fort et le jeu vous obligera à le sceller plutôt qu’à l’éliminer. Vous serez guidé dans ce court laps de temps et la suite de la cinématique se lancera, dévoilant dans la pénombre un sombre personnage déterminé à libérer le sceau…
Et vous voilà projeté 16 ans plus tard dans un petit village du nom d’Ashwat. Vous incarnez une jeune fille nommée Ajna qui sera le protagoniste principal du jeu. Jeune, intrépide, espiègle et un peu naïve, Ajna n’aime pas respecter les règles et arrive en retard (comme tous les jours apparemment) à son entraînement. Vous y apprendrez la règle de base du jeu : la défense est la clé. Mais Ajna n’est pas très coopérative et son père à nouveau éreinté par son comportement lui fait la morale. Cependant, la jeune fille ne supporte pas qu’on lui fasse la morale et une dispute éclate. Son père s’en va, lui indiquant que l’entraînement reprendra quand elle se sera calmée. Mais au même moment, une épaisse fumée s’élève du village ne présageant rien de bon. Vous foncez trouver la source de l’incident et commencez votre étrange aventure…
Dès les premières minutes de jeu, vous apprendrez qu’Ajna a une particularité qui en fait un être spécial. En effet, elle peut absorber les gens à l’intérieur de son esprit, dans son “For Intérieur”. Vos alliés seront donc dans votre esprit, vous pourrez allez leur rendre visite en méditant sur vous-même ou les appeler au combat lorsque nécessaire. Cela rend le personnage principal assez cocasse dans le sens où Ajna est aussi une forte tête qui a une vision des choses assez étroite malgré son pouvoir et sa grande naïveté. Le caractère bien forgé de la petite sera son atout mais aura des conséquences plus tard dans le déroulement de l’aventure. Le scénario est dicté par cette conduite, ce qui va permettre à Ajna de lier des amitiés inattendues mais aussi à se créer des ennemis. Fort heureusement, les nombreux personnages que vous rencontrez et qui suivront Ajna sauront apporter sagesse et recul en temps voulu pour vous éviter de finir dans de beaux draps. Difficile d’aller plus loin dans les explications sans vous spoiler l’aventure alors rentrons dans la partie gameplay.
Un gameplay équilibré et bien pensé
Indivisible est principalement un jeu de plateforme. Vous devrez apprendre à maîtriser vos sauts et jouer avec le décor pour vous déplacer avec aisance. Votre toute première capacité liée aux plateformes sera le coup de hache (avec le bouton Y). Il vous permettra de vous agripper aux murs et d’attendre ainsi les rebords de plateforme plus élevées. Bien entendu, de nombreux accès vous seront bloqués au début du jeu en l’attente d’un pouvoir ou d’une capacité vous permettant de sauter plus haut, traverser les murs ou encore vous faufiler dans d’étroits passages. Cependant, lors de vos escapades, vous trouverez des ennemis. En entrant en contact avec eux, vous déclencherez un combat. Vous aurez également la possibilité d’attendre qu’ils vous attaquent en bloquant leur coup (avec la touche L) avant de riposter et ainsi commencer le combat avec quelques avantages. Ceux-ci se déroulent en action-RPG (inspiré de Valkyrie Profile), c’est-à-dire que vous aurez le contrôle de plusieurs combattants, 4 au maximum, chacun d’entre eux étant affecté à une touche parmi X, Y, A et B. Chaque combattant dispose d’un certain nombre de charges qui se consomment à chaque pression du bouton associé. Une fois toutes les charges consommées, vous devrez attendre un certain temps avant que celle-ci ne soient disponibles à nouveau. Il sera plus judicieux d’attendre que toutes vos charges soient récupérées sur tous vos personnages pour infliger le maximum de dégâts. En face de vous, vos ennemis auront également des charges mais qui vous seront masquées. En contrepartie, au moment où un ennemi vous attaquera, un indicateur coloré viendra se bloquer sur un ou plusieurs personnages. A ce moment, vous devrez appuyer sur le bouton associé à ce personnage pour bloquer l’attaque ou sur le bouton L pour faire bloquer toute l’équipe. Un bon timing vous évitera de prendre des dégâts. Comme vous l’avait expliqué votre père au début de l’aventure, la défense est la clé et cela deviendra de plus en plus vrai en progressant dans le jeu où certaines capacités tueront instantanément un personnage si vous ne bloquez pas le coup au bon moment. Vous saurez reconnaître les types d’attaques grâce au code couleur de l’indicateur ennemi : rouge pour basique, bleue pour fatale et jaune pour une saisie qui immobilisera le personnage ciblé. Mais retenez qu’il faudra toujours tout bloquer avec le bon timing et que chaque ennemi possède un ou plusieurs schémas d’attaque.
Certains ennemis pourront eux-aussi bloquer vos attaques et vous devrez passer au travers leurs défenses en utilisant des combos. Tous les personnages de votre équipe possèdent des schémas d’attaque basés sur la direction que vous allez leur donner. Par exemple, Ajna aura une attaque classique si vous appuyez sur A (par exemple) mais aura des coups différents si vous appuyez sur la flèche du haut ou la flèche du bas en même temps que vous appuyez sur A. Afin de briser les défenses, vous devrez toujours alterner à la suite entre un coup haut et un coup bas. Tous les personnages ne disposent pas de coups hauts et de coups bas infligeant des dégâts mais bénéficient d’autres bonus en échange comme le fait de pouvoir soigner l’équipe, attaquer en zone ou encore infliger des malus aux ennemis. Pour finir, chaque coup que vous portez avec succès ainsi que chaque défense parfaite viendra remplir une barre d’énergie pour l’équipe. Une fois celle-ci remplie, vous pourrez appuyer sur R et choisir un personnage de l’équipe (en appuyant sur le bouton correspondant) qui utilisera un sort puissant, chaque personnage ayant un effet propre à lui. De plus, lorsque la barre est entièrement pleine, si un ou plusieurs personnage sont K.O. et qu’il en reste encore au moins un en vie sur le terrain, vous pourrez appuyer simultanément sur L et R pour tous les ramener à la vie. Attention toutefois à ne pas rester en défense d’équipe trop longtemps avec L car celle-ci consomme également cette barre. La gestion de cette barre d’énergie est donc importante si vous voulez mener à bien vos batailles. Le jeu apporte un aspect sympathique à ses combats de boss où les phases d’action-RPG seront alternées avec des phases de plateforme car le boss fuira le combat en plein milieu. Vous devrez alors éviter les attaques ennemies et tenter d’atteindre ce dernier pour continuer le combat et lui infliger à nouveau des dégâts.
Voyage aux quatre coins du monde
Indivisible est une succession de phases de plateforme avec quelques combats, entrecoupées par des bribes de scénario, des saynètes et des rencontres de personnages. Le jeu se décompose en deux parties majeures où vous devrez voyager dans 5 grands lieux, ce à deux reprises. En revanche, lors de votre première exploration, vous devrez alterner entre tous les lieux car chaque lieu vous donnera accès à des pouvoirs et compétences qui seront utiles pour les autres lieux et sans lesquels vous ne pourrez pas avancer. Le jeu n’est donc pas bêtement linéaire et vous devrez découvrir par vous même les pouvoirs pour comprendre ce qui vous bloquait précédemment. A la fois intéressant et frustrant, cela vous pousse à la réflexion et à bien visiter les lieux pour ne pas faire de voyages inutiles. La seconde partie sera quant à elle bien plus classique avec des objectifs clairs et nettement moins d’allers-retours. Celle-ci vous permettra également d’aller à la recherche de personnages optionnels mais également de développer un peu l’histoire des alliés qui vous accompagnent. En parallèle, vous trouverez dans votre exploration des fragments rouges disséminés un peu aux quatres coins des zones appelés Ringsels. Ceux-ci vous permettront de vous développer afin d’améliorer votre attaque et votre défense, vous offrant alors plus d’options en combat. Avec ces deux derniers aspects, vous aurez de quoi faire si vous n’avez pas envie de suivre la quête principale. Il faudra compter entre 20 et 30 heures pour terminer l’histoire (tout dépendra de votre patience et votre envie pour compléter les quêtes annexes), ce qui est plus que raisonnable pour le prix du jeu. Il vous faudra d’ailleurs finir l’histoire si vous voulez comprendre le rapport entre le titre et le jeu (ou être très attentif au scénario).
Graphiquement, le jeu est propre et soigné. Les décors sont tous variés et affichent clairement les endroits à atteindre et/ou à éviter lors des phases de plateforme. De même en combat, les indicateurs sont clairs et on ne peut rien lui reprocher sur cet aspect. Pour ce qui est bande son, rien à redire non plus. Les thèmes sont beaux et propres à chaque région et environnement, avec un bon choix des sonorités et une cohérence adéquate. Certaines musiques sont quelques fois répétitives mais ne sont pas énervantes ou lassantes. Quelques unes sortent tout de même du lot et sont vraiment sympathiques à écouter.
Un gameplay exigeant mais pas son scénario
Le jeu est exigeant sur les plateformes et vous demandera parfois du skill pour obtenir certains Ringsels cachés sur la carte ou pour prendre quelques raccourcis. Pour ceux-là, il y a parfois du challenge et il est normal que la difficulté soit élevée. Mais le jeu souffre de petits défauts qui gâchent quelques passages qui ne devraient pas être compliqués. Le plus frustrant est la hitbox de certaines plateformes où, si vous ne visez pas le pixel exact d’un rebord, vous ne pourrez pas vous y accrocher avec la hache. Rajoutez à ça que si vous tombez dans le vide à cause de ça, vous devrez refaire le passage en entier et pas uniquement la plateforme loupée. Cela peut paraître anodin mais le problème s’est produit à plusieurs reprises et c’est assez frustrant de se retrouver bloqué une bonne dizaine de minutes sur un endroit simple d’accès à cause d’un pixel qu’il faut frapper au bon endroit, au bon moment et à la bonne hauteur. Cependant, cela s’estompera petit à petit au fur et à mesure que vous débloquerez de nouvelles capacités. Les toutes dernières plateformes proposées par le dernier niveau sont réellement agréables à parcourir avec la dose de difficulté adéquate.
Un second point difficilement oubliable est le développement du scénario. Loin d’être inintéressant, celui-ci propose une vision de l’univers du jeu assez riche grâce aux points de vue de tous les personnages. De plus, vous observerez une vraie évolution entre la première partie et la seconde. Cependant, malgré les nombreuses interventions humoristiques et l’évolution logique d’Ajna, il manque un petit quelque chose pour marquer les esprits et en faire un jeu incontournable. Certains passages scénaristiques sont soignés tandis que d’autres semblent un peu bâclés. Le jeu n’est pas égal dans son background entre les 5 différentes zones, ni entre les personnages et les ennemis sont parfois oppressants, parfois totalement absents des niveaux. La naïveté d’Ajna n’aidera pas à consolider certains passages de l’histoire qui seront vite mis de côté, comme s’il n’y avait rien eu, comme le fait d’accepter dans vos alliés un personnage qui venait de vous trahir et ne rien lui reprocher. Ou encore un personnage que vous récupérez quasiment au début du jeu et qui n’interviendra dans aucune saynète de tout le jeu, à part les toutes dernières minutes. Cela ne gâche pas le jeu en soi mais aurait permis de rendre son univers plus consistant, cohérent et moins chaotique. D’ailleurs, vous récupérez beaucoup de personnages mais seuls 3 sont jouables (4 avec l’héroïne que vous ne pouvez pas retirer de l’équipe). Chacun ayant son style de jeu, c’est à la fois intéressant mais aussi handicapant, en sachant que certaines compositions seront bien plus fortes que d’autres, une partie de ces personnages tombera vite dans l’oubli.
Conclusion
Indivisible est un très bon jeu qui offre des mécaniques intéressantes et exigeantes, peut-être un peu trop quelques fois. Son scénario classique d’éliminer le grand méchant apportera son lot de rebondissements inattendus, parfois prévisibles mais la naïveté du personnage rendra certains passages peu cohérents. Le jeu se rattrape sur son gameplay intuitif basé sur une bonne utilisation de la défense et d’un timing parfait pour faire face à toute situation. Les combats de boss sont assez revigorants et demandent d’aborder la situation différemment. Avec des graphismes propres et clairs ainsi qu’une musique parfaitement adaptée et une bonne durée de vie, Indivisible n’a à rougir de rien pour un jeu de plateforme. Même si ce n’est pas l’objectif principal du jeu, le scénario aurait mérité d’être revu pour certains passages afin de rendre le jeu plus proche de la perfection.
LES PLUS
- L’alternance plateforme / action-RPG
- Les combats de boss assez dynamiques
- De nombreux personnages jouables
- L’expérience de combat est gagnée pour TOUS les personnages
- Le niveau d'exigence des objets cachés
- Le scénario devient intéressant dans la seconde partie du jeu
- La clarté des zones de gameplay pour les plateformes
LES MOINS
- Beaucoup trop de personnages jouables et oubliables
- Le développement du scénario est inégal entre les régions et les personnages
- La hitbox de certaines plateformes très frustrante
Très chouette metroidvania, à la durée de vie idéale, avec des séquences plateforme inspirées et une D.A. assez chouette. L’écriture des personnages est assez originale et mature. Un bon jeu !