Tandis que nous refaisons le monde pour la énième fois au téléphone avec nos parents et grands parents, vient toujours ce moment où l’on relate les faits marquants du passé, avant de clôturer avec nostalgie « C’était mieux avant ! ». À cette image, nous avons tous en tête des jeux qui ont bercé nos sessions infantiles, avec beaucoup de panache parfois, avec quelques passages ardus souvent. Quoiqu’il en soit, la fureur du rétro-gaming nous laisse imaginer le bonheur palpable des joueurs lorsqu’ils peuvent retoucher à ces jeux qui ont su marquer des générations entières. Nintendo détient de sacrés trésors à ce niveau la… pourtant, c’est aujourd’hui un petit bijou de la concurrence ancestrale à Nintendo (le premier opus est sorti en 1997 sur Playstation et PC) que nous retrouvons aujourd’hui sur la Switch. Oublions les rancœurs d’hier conduisant à de multiples guéguerres futiles et intéressons nous à ce qu’était le jeu vidéo dans les années 2000. Forcément, il va falloir retrouver le regard de l’époque…
« Un monde étrange »
Pour toutes celles et ceux qui ne connaissent pas la licence, revenons quelques instants sur l’aventure Oddworld qui a commencé en 1994. À sa naissance, le soft est avant tout un jeu de plateformes qui a conquit bon nombre de joueurs de l’époque. Le titre même du jeu, Oddworld, laisse présager une aventure hors du commun, dans un monde différent du nôtre (traduisons littéralement Oddworld par monde étrange !), avec de nombreux messages clefs sur les travers de nos sociétés. L’écologie y est notamment particulièrement représentée et il est plaisant de flâner dans ce monde utopiste où la végétation et les créatures se mêlent avec intelligence.
Les créatures, justement, y sont multiples et sujettes aux conflits (forcément…). Soulignons par exemple les mudokons (que nous retrouvons avec plaisir dans Oddworld Munch’s Oddysee), particulièrement proches de la nature, et les glukkons qui, eux, sont en proie à l’industrie et à l’exploitation de la planète jusqu’à sa dernière ressource. Vous la sentez la patte écolo la ? Ça ne vous rappelle pas un peu nos propres travers…? Les années passent, mais les problèmes de société persistent…
Bien entendu, nous pourrions vous parler pendant des heures et des heures de ces civilisations, ces modes de vie, ces échanges et ces guerres… mais revenons en véritablement à nos moutons ou plutôt à Abe et à Munch, petites bestioles aussi bizarres qu’attachantes, que vous allez contrôler tout au long de l’aventure.
Abe et Munch passent à l’action
L’aventure se décompose en plusieurs axes au cours desquels vous serez amenés à contrôler deux personnages : Abe et Munch. Abe (qui est selon nous LE héros de toute la saga Oddworld) a une seule idée en tête : libérer un maximum de mudokons (vous vous souvenez, la civilisation proche de la nature tout ça tout ça). Ces derniers lui seront fort utiles puisqu’ils sont capables d’émettre de multiples incantations permettant notamment l’ouverture de portails. Munch, quant à lui, viendra rapidement vous prêter main forte pour dérober aux vilains Vikkers (une civilisation proche des glukkons, vous vous souvenez, les pollueurs de la planète tout ça tout ça) les œufs de gabbits… qui sont en vérité à l’origine des gabbits dont Munch est le dernier représentant ! Ça va, vous suivez toujours…?
L’aventure débute dans la peau d’Abe (oh chic !). Comme pour tout bon jeu de plateforme, vous avez la capacité de marcher, courir, sauter… et d’activer divers mécanismes et boutons. Rapidement, vous croiserez les premiers mudokons. Avec plaisir, l’univers d’Oddworld reviendra rapidement à vous : interagissez avec ces petits personnages attachants (et relâchez quelques flatulences… oui oui, humour ne rime pas toujours avec classe et glamour !). Ces interactions, au delà du simple amusement, vous permettront de rallier les mudokons à vous, tels de gentils pikmins, ils viendront se ranger derrière vous, prêts à vous suivre pour réaliser diverses tâches. Une fois votre petit gang constitué, vous pourrez alors utiliser ces braves mudokons pour ouvrir des portes plus ou moins solides, mais aussi les envoyer au combat (bien que nous vous conseillions de ne pas réaliser trop de sacrifices de ce genre…! Privilégiez plutôt le piégeage des ennemis !), etc. Toujours dans la bonne humeur, ces mudokons seront aussi charmants que « bébêtes », et il vous faudra souvent les remettre dans vos rangs puisqu’une simple pression de bouton les laisse de côté (et vous allez souvent vous emmêler les pinceaux dans ces touches qui servent à plusieurs actions…!). Cela reste néanmoins fort utile pour les faire passer d’un espace à un autre en les transportant dans vos petits bras menus, puis en les expédiant en l’air !
Si Munch cherchera à libérer des Fuzzles, des minis bestioles qui nous font penser à des petits furbys marron lourdement poilus, mais qui ne manquent pas de courage pour partir au combat !, Abe passera aussi un certain temps à collecter un maximum de graines, appelées Spooces. Ces dernières seront indispensables pour actionner de nouveaux portails, ressusciter des mudokons ou encore faire de ces derniers de valeureux guerriers, il vous faudra donc mêler de front la collecte de vos petits amis, et celle de Spooces. Le jeu vous file un petit coup de pouce tout de même, puisqu’il est possible de former un nouveau Spooce par une simple incantation devant le restant d’une graine déjà prélevée. ‘Sont chouettes ces développeurs quand même !
Au fil de votre avancée dans votre aventure, vous apprendrez quelques compétences et découvrirez celles de Munch (qui est notamment un excellent nageur!). Totalement complémentaires, les deux compères devront avancer ensemble pour atteindre leurs objectifs. Soulignons quelques passages délicieux, jouissifs et rigolos, notamment avec l’apport des distributeurs de boissons qui permettent de sauter plus haut, ou bien de courir plus vite. Une aide précieuse lorsqu’il s’agit de fuir face à une horde de chiens galeux qui sont à vos trousses… Les distributeurs seront multiples et vous réservent bien d’autres surprises. L’effet des boissons est, en revanche limité… en même temps, si vous étiez invisible pendant tout le jeu, cela serait un peu bizarre non…?
Soulignons enfin qu’il existe plusieurs fins possibles à cette aventure rocambolesque… la vôtre mettra t’elle à l’honneur de charmantes bestioles libérées et désormais capables de faire renaître une belle civilisation ? Ou bien l’un de vos héros se retrouvera t-il dans une tragique posture…? Faites les bons choix, et surtout amusez vous dans cette contrée atypique !
Comptez une petit vingtaine d’heures pour clôturer l’aventure.
Les vieux pots font…… vous connaissez la suite ?
Assurément, les adeptes de la licence seront enthousiastes à l’idée de retrouver leurs héros fétiches dans cette belle aventure. Son portage sur Switch s’avère être de bonne facture même s’il faut, bien entendu, rester indulgent face aux graphismes. Néanmoins, ces derniers restent corrects et non agressifs pour la rétine ! En outre, Abe et Munch se déplacent avec aisance. Un grand merci aussi aux développeurs d’avoir laissé aux héros la capacité de courir… il n’y a rien de plus frustrant qu’un héros mou du genou.
Les anglophobes vont rapidement nous quitter : le jeu est en anglais et cela peut présenter quelques difficultés pour celles et ceux qui n’ont jamais touché à la licence. En effet, les explications, mais aussi les vidéos et les divers dialogues, sont multiples… un défaut particulièrement regrettable qui risque de limiter le nombre de joueurs sur ce jeu pourtant particulièrement original.
Oddworld : Munch’s Oddysee est disponible sur l’eshop de la Nintendo Switch au prix de 30 euros environ (actuellement en promo à 20 euros environ jusqu’au 28 mai)
Le saviez vous ?
Vous souvenez vous de l’opus « Oddworld l’Odyssée d’Abe » ? Au cours de ce dernier, il vous fallait sauver pas moins de 99 mudokons (tout de même !). Si d’aventure vous y parveniez, les développeurs ont alors inclus dans leur soft une petite récompense : une publicité inédite, jamais diffusée à la télévision !
Êtes-vous parvenu à un tel exploit ?
Conclusion
Mamie a raison : qu’il est bon de retrouver les saveurs d’hier tout en se prélassant dans son canapé et son plaid d’aujourd’hui ! Abe et toute sa bande n’ont pas pris une ride, et s’ils restent quelque peu agaçants en usant de la langue de Shakespeare, l’univers reste emprunt d’un charme certain, dans un jeu qui mélange avec ingéniosité la plateforme, l’action et la gestion de son petit cheptel de compatriotes. S’il faut savoir avancer vers l’avenir, n’ayez crainte, un petit plongeon dans le passé peut aussi s’avérer agréable et bon pour le moral !
LES PLUS
- portage réussi
- humour décalé mais qui fonctionne toujours malgré quelques lourdeurs
- de la plateforme, de l’action et un peu de stratégie pour mener à bien tous vos petits copains libérés !
- graphismes corrects (bien qu’assez redondants)
- accessible à tous...
LES MOINS
- ... à condition de maîtriser l’anglais !
- gestion des touches perfectible
- quelques sauts hasardeux, un grand classique dans la plateforme !