Avocat à la (basse) cour, JayJay Falcon et son fidèle acolyte plumé, j’ai nommé Sparrowson, sont les fiers héros de ce jeu de procès atypique. Dans le Paris de 1848, Aviary Attorney reprend telles quelles les caricatures de Jean-Jacques Grandville, illustrateur français du XIXème siècle et nous offre une véritable farandole animalière, habillée de la tête aux pieds. Du lion orgueilleux, témoin que rien n’atteint, au renard à l’air fourbe, que tout accuse, en passant par le fier coq, implacable procureur, le jeu joue sur l’anthropomorphisme, liant les physiques et les traits de caractère humains à ceux des animaux.
Le jeu impose son style graphique, à la fois désuet et raffiné, en rappelant les vieilles illustrations sur papier jauni. Le tout est servi avec humour (les dialogues en sont truffés) et accompagné par la musique douce et classique du célèbre compositeur Camille Saint-Saëns.
Côté jeu, nos deux oiseaux ont donc pour charge la défense de pauvres accusés éplorés et tentent bon gré mal gré de rétablir un semblant de vérité pour obtenir un acquittement. On enquête d’abord dans cette bonne ville de Paname avec une contrainte de temps intéressante, puisque chaque lieu visité peut nous rapprocher un peu plus vite du jour du procès. Le procès a finalement lieu et on questionne sans relâche les témoins au tribunal, en contredisant un maximum les accusations du procureur. Le jeu se base essentiellement sur des choix de dialogues et d’items, avec une pincée de point-and-click car la pièce à conviction, déterminante c’est une certitude, se cache souvent dans le décor.
Aviary Attorney rappelle la série Phoenix Wright : Ace Attorney, on peut même le décrire comme un véritable pastiche. Durant les procès, on retrouve un montage et des inserts visuels comparables, illustrant l’excitation que peut provoquer une révélation inattendue, ou l’annonce du verdict par le juge.
Les 4 actes proposés, et donc les 4 enquêtes/procès, se finissent rapidement, vu qu’il n’y a pas de game over. Mais nos mauvais choix auront des conséquences fâcheuses sur les dénouements de chacune des affaires, ce qui nous incitera à refaire tel ou tel acte. On pourra sonder ainsi toutes les possibilités qu’offrent le jeu et voir les différentes fins de chaque acte.
Intelligemment, Aviary Attorney fait en permanence une balance entre LA vérité et celle, à laquelle on va croire fermement (à tort) ou broder, au tribunal pour que notre client se sorte d’affaire. C’est amusant, sans être forcément moral ou juste. N’oubliez pas cette maxime: «Nous ne sommes ni policier, ni juge». Il faut toujours avoir en tête que nous sommes avant tout avocat et que le moindre élément qui pourra disculper notre client sera une aubaine.
Oiseau au bec fier et son sidekick sans gêne, le binôme comique que l’on incarne fonctionne bien. Les «jokes» et autres jeux de mots aviaires pleuvent pour notre plus grand plaisir… Encore faut-il maîtriser l’anglais pour les apprécier à leur juste valeur? Le jeu se joue dans la langue de Shakespeare, en dehors de quelques mots français, par-ci par-là, utilisés comme des ponctuations et nous rappelant que l’action se déroule à Paris… un comble, quelque part! Encore un jeu non traduit dans la longue liste des jeux indépendants, c’est vraiment dommage. Heureusement, même sans comprendre ces bons mots parfaitement, le jeu reste abordable pour qui aurait suivi en cours d’anglais, durant ses jeunes années.
Mais même si même si on comprend le sens général, ça peut parfois être légèrement frustrant de ne pas tout maîtriser. Car ce sont bien les mots, et leurs poids, qui sont déterminants pour faire disculper notre client.
A noter que cette Definitive Edition sur Switch propose l’intégralité des Actes. Normal, me direz-vous? Et bien non, ce n’était pas le cas dans la toute première version d’origine sortie sur PC, qui vous mettait parfois le bec dans l’eau, en vous invitant à patienter pour avoir telle ou telle résolution, le temps que les programmeurs finissent le travail! La version Switch est donc «parfaite» et surtout «parfaitement finie».
Conclusion
Jeu de procès atypique et classieux, Aviary Attorney est surtout très amusant grâce à des enquêtes et des scènes de tribunal rudement bien troussées. Grâce aussi à un bestiaire tout droit sorti des fables de La Fontaine. Dommage, néanmoins, que le jeu n'ait pas été traduit en français, d'autant que l'action se déroule à Paris et que la pléthore de jeux de mots animaliers a de quoi nous faire sourire.
LES PLUS
- Un pastiche de Phoenix Wright!
- Style graphique atypique
- Le bestiaire des personnages
- Des Actes bien troussés
- Les jeux de mots, l'humour permanent
LES MOINS
- Jeu non traduit
- Se finit vite