Si la Wii U fut un four commercial incontesté avec moins de 15 millions d’unités vendues à travers le monde, il n’est pas étonnant que ses rares exclusivités aient peiné à franchir le symbolique cap du million de jeux vendus : Wonderful 101 fit pourtant assez parler de lui à l’époque, pour un jeu sortant sur une console que beaucoup prenaient pour une simple update de la Nintendo Wii.
Ainsi fut-il exclusif pendant sept ans à Nintendo, sept longues années ou même une partie des fans de la marque au big N ne put pas y jouer (la faute aux ventes de ladite console), finalement, Platinium décida d’un KickStarter pour financer le portage de leur jeu sur les consoles plus récentes, comprenez-y donc la Nintendo Switch, la Playstation 4 mais aussi, le PC, version à l’origine de ce test -bien que j’ai personnellement eu la version Wii U à l’époque de la sortie originale du jeu-.
Alors que le studio demandait un petit quarante-cinq mille euros pour le portage, presque 2 millions de billets furent récoltés ainsi, sans pour autant atteindre les paliers maximums, le suivant étant la réorchestration intégrale et, on va se l’avouer, ça n’aurait pas fait de mal un coup de peps orchestral mais tant pis, il faudra faire sans !
Le jeu commence donc, vous aurez le choix sur l’audio entre deux langues : le japonais et l’anglais. Faute de mieux il faudra donc se porter sur le japonais. Là aussi il s’agissait d’un pallier non atteint pour avoir d’autres langues… Encore que rien ne garantissait qu’il s’agisse des langages audio ! Pour ceux écrits, fort heureusement, nous sommes comptés parmi les quelques élus. Fort heureusement, le jeu n’est pas vraiment connu pour être constamment animé de dialogues audio, la première cinématique elle-même s’en passe quasi totalement. Quand bien même, la pause sur les cinématiques est possible, laissant donc le loisir aux lecteurs les plus lents d’apprécier les deux ou trois mots par scénettes animées.
D’ailleurs, la première vous pose assez bien le décor, votre personnage dans un train suspendu au milieu d’une ville à buildings (coucou Gotham) au style futuriste songe à son passé quand il perdit son père et obtint un étrange objet de celui-ci. Puis là, tout déraille, la ville se fait attaquer, le train explose en partie et prend feu, notre personnage, visiblement professeur, doit sauver sa classe. Les premiers niveaux prennent donc forme de tutoriel tandis que votre personnage « récolte » les élèves tels les patounes d’un platformer moyen de gamme. Mais là, c’est un peu différent quand même, c’est cohérent et plus nerveux. On est après tout dans un Action – Hack ‘n’ slash.
Notre héros découvrira donc ses capacités de Wonderful en voulant arrêter le train qui déraille, en même temps que vous apprendrez à maîtriser la complexité des commandes. Si sa transformation fait clairement référence aux plus gros clichés de Sentai et autres animés de type Sailor Moon ou Saint Seiya, ca n’en est pas moins agréable et parsemé d’humour potache et très centré sur les stéréotypes des genres super héros et shonen, il faudra être armé et suffisamment fan des différents genres pour comprendre les références mais aussi et surtout, les apprécier. Si tel est le cas alors, que vous soyez fan des genres employés ou pas, le jeu semble parti pour vous plaire, au moins sur ses points-là.
L’histoire quant à elle n’est pas parmi les mieux écrites du monde, forcément parodique et subtile à la manière d’un manga / animé, donc parfois un peu gros mais surtout misant sur l’efficacité et une certaine dose d’absurde dans le sérieux, il ne faudra donc pas compter sur une composition lyrique de premier ordre mais néanmoins très correcte.
Vous incarnez un, ou plutôt plusieurs héros, les Wonderful 100, bien que le jeu vous considière comme 101ème brisant ainsi le 4ème mur très rapidement et sur ce coup, de manière moins fun qu’un Deadpool.
D’un point de vue gameplay, votre personnage peut courir, sauter, frapper, vous pourrez aussi vous Wonderizer (en gros, la transmutation dans Power Rangers, si ça vous parle un peu plus), une fois le costume revêtu, votre personnage devra alors utiliser des Wonder Batteries, se récoltant sur la carte ou en détruisant divers éléments du décor, pour utiliser l’unimorphisation : c’est le cœur du gameplay. On perd en combo de combats pour gagner en polyvalence sur les situations et en gestion. En effet, en plus de cette barre d’énergie, il vous faudra recruter des « Wonder Citoyens », des gens lambda que vous croiserez au cours des missions et seront protégés par votre Wonder énergie tout en servant de matériau de base pour faire divers objets tels qu’une main géante, une épée géante, un deltaplane, et j’en passe. Ces différentes capacités s’activaient à l’époque via le Gamepad de la Wii U, mais pouvaient déjà se former via le stick analogique de droite.
Pour une épée, il suffira d’un trait en longueur, pour le poing, un cercle… Bref, si dans l’idée ca semble fun, au stick, ce n’est pas aussi aisé qu’au gamepad, même si c’est bien plus réactif que de lâcher d’une main le pad pour aller « dessiner » sur le tactile. Heureusement, le jeu est assez sympa, plus d’une fois mes ronds ont plus ressemblé à une courgette et le poing est quand même apparu, même si j’ai découvert le deltaplane par erreur en voulant faire le poing, heureusement ce n’était pas en plein combat, mais pour pouvoir ouvrir un passage en tournant une sorte de manivelle géante.
Si dans l’idée la polyvalence des actions hors combat et la capacité de choix d’armes en combat est fun, ça deviens vite redondant et l’incohérence prend vite la place, par exemple, pourquoi un entrepôt est-il pourvu de systèmes nécessitant une main géante pour être utilisés ? Ce genre de situation est un poil trop présent et semble plus être une facilité pour rendre le choix de gameplay utile sans forcément réellement bien penser en profondeur la cohérence du monde avec les différents « mini puzzles » qui parsèment l’avancée dans les niveaux. Une avancée qui se fera d’ailleurs via différents checkpoints symbolisés par des notations méchas en cours de niveau, avec une médaille selon votre niveau de réussite. Des minis boss et de plus imposants adversaires seront aussi de la partie. Ceux-ci pourront d’ailleurs étourdir vos Wonder citoyens et il vous faudra marcher dessus pour les récupérer, une donnée à laquelle il faudra faire attention pour ne pas se retrouver à taper avec vos petits poings de gros et puissants ennemis !
Quant aux puzzles, ils sont parfois dans des environnements où la caméra n’est pas très habilement orientée, celle-ci étant à peine maniable, il n’est pas rare de se voir rager un peu dessus, bien qu’elle m’ait semblé bien moins gênante que sur Nintendo Wii U, des efforts auraient pu être faits à ce niveau.
Sinon, entre les missions, vous aurez accès au Wonder Mart pour acheter des formations qui pourront vous faciliter la vie durant certains affrontements. Un bon moyen de baisser la difficulté, mais est-ce bien nécessaire si vous jouez dans la difficulté maximale (À savoir : normal), le jeu est, en effet, pourvu de trois choix à ce niveau, très facile, facile et normal. Cette dernière étant loin d’atteindre le potentiel de sadisme d’autres titres usant du même subterfuge pour vous forcer à la choisir, on ne saurait que trop vous recommander de jouer dans ce mode-ci.
Pour le reste, la patte graphique est vraiment cool, bien dans le ton humoristique désiré, on regrettera juste que certaines textures soient vraiment dégoûtantes, notamment la peau d’un général ou la plupart des cheveux qui, sur certains passages de près font vraiment très « plastique », même sans être tatillon. Pour le coup ces textures-là sont simplement immondes, fort heureusement ce n’est pas le cas de la quasi intégralité des autres surfaces graphiques en jeu et la caméra est suffisamment (trop) loin pour que ce soit visible (pour la peau ou les cheveux) en dehors des fameuses cinématiques. Un défaut donc assez mineur comme la plupart des reproches que je pourrais faire a Wonderful 101.
Conclusion
Un jeu cool et punchy à la sauce platinium et full culture geek qui ne brillera pas par ses textures ni par sa caméra, mais dont le gameplay est lui assez profond et complexe pour apporter de l'intérêt sur la longueur, une longueur qu'on ne trouvera d’ailleurs réellement que sur la recherche du perfect car sinon, le jeu semble bien trop court pour le prix d'un portage même plus exclusif à Nintendo : comptez un peu plus de vingt heures pour en venir à bout. Ce qui semble peu aurait pu être « trop » si ça avait été plus long, en cause une certaine répétitivité qu'on ne ressentira pas assez pour s'en agacer, à moins bien sûr de faire du 100% et de (probablement) plus que doubler son temps de jeu.
LES PLUS
- Chara Design Cool...
- Dynamique et fluide
- Une manette bien utilisée !
- Un humour qui fait mouche
- Une trame simple et efficace
LES MOINS
- ...Certaines textures piquent
- Caméra toujours perfectible
- Dessin d'unimorphisation pas toujours aisé
- Un poil répétitif
- Bande son trop effacée