Red Entertainment est un studio de développement japonais que beaucoup auront connu et retenu grâce à l’import et à la série Sakura Wars de Sega. Une série mixant le genre du Tactical-RPG et du Visual-Novel, qui est récemment revenue sur le devant de la scène via un nouveau jeu console. Le studio n’a pas nécessairement été rappelé pour ce travail et nous ne parlons d’ailleurs pas de cela mais d’un Visual Novel sorti en 2017 sur PSVita et retravaillé pour une nouvelle sortie sur d’autres plateformes dont la Switch. Our World is Ended a ainsi été longuement été mis en avant par le studio avant de sortir finalement sur Switch, opus que nous avons pu longuement admirer et lire.
Présentons Jugement 7
Avant de commencer, notez qu’il s’agit d’une longue aventure textuelle uniquement traduite en anglais avec un doublage uniquement japonais. L’intrigue nous emmène aux côtés de Gozen Reiji qui n’est qu’un étudiant japonais lambda s’étant dégoté un petit travail à temps partiel afin d’arrondir les fins de mois. Il travaille pour un studio de jeu vidéo siégeant dans le quartier d’Asakusa de Tokyo, le studio Jugement 7. Dernier arrivé dans cette équipe de 6 personnes, 7 en le comptant, il s’occupe de tester un des derniers dispositifs mis au point par le directeur du studio et génie en programmation, Sekai Owari. La phase de test se déroule en plein milieu d’une place fréquentée du quartier avec à ses côtés une autre étudiante et employée à temps partiel, Hayase Yuuno.
Yuuno est une jeune fille assez naïve, souvent drôlement idiote, pleine de sourire et toujours prête à tout pour transmettre celui-ci à son entourage. C’est en liaison avec Owari que nos deux étudiants font fonctionner le casque de Réalité Virtuel du studio et mettent en route le fameux “World Program” développé par Owari. Alors que tout semble bien se passer et que le programme semble permettre de petites fantaisies comme celle d’admirer Yuuno en maillot de bain, un bug se met à afficher d’horribles scènes aux yeux de notre héros. On verra alors le quartier d’Asakusa dévasté et notre amie Yuuno retenue par quelque chose et ne semblant pas vraiment en forme.
A peine le temps de véritablement comprendre ce qui arrive que nous revenons dans un Asakusa vivant face à Yuuno qui semble se porter comme un charme. On met tout ça sur le compte d’un simple bug du programme et on rentre au studio rencontrer les autres employés du studio Jugement 7. En plus de Yuuno et Owari, nous avons Iruka, grand ami d’Owari et scénariste du studio. C’est aussi un individu qualifié de “Chuunibyo”, un trait de personnalité désignant ceux dont l’attitude et les expressions sont totalement happées par un délire virtuel.
Autrement dit, Iruka est un personnage qui ne cesse jamais les mimiques de personnage virtuel et s’exprimera avec des citations cultes de personnages ou encore des incantations de magie d’un jeu pour décrire quelque chose de très simple pour une personne normale. Similaire à Iruka tout en étant d’une certaine manière plus “normale” que le scénariste du studio, Yuki Natsumi. C’est l’illustratrice des productions de Jugement 7, elle a également un côté “Chuunibyo” mais il s’agit surtout pour elle d’un jeu d’acteur en tant que personnage Gothic Lolita. Elle se qualifie d’ange déchu et se met à l’écart des mortels.
Pourtant asociale, elle n’hésite pas à répliquer violemment les critiques qu’elle reçoit et ne manque pas de répartie. Elle cache aussi un côté “Tsundere”, faisant que sur le plan sentimental notre illustratrice cachera difficilement son embarras, son inexpérience et aura beaucoup de mal à se l’avouer. Après Natsumi, il est temps de parler de Tatiana, une programmatrice de génie comme Owari dont les premières heures et chapitres du jeu ne nous la présentent que comme un fond d’écran avec une énorme poitrine et une employée du studio travaillant à distance.
La surprise est de s’apercevoir que Tatiana n’est en fait qu’une enfant d’école primaire et qui pourtant participe activement à la programmation de logiciels aux côté d’Owari, corrigeant même de nombreux bugs. Si Tatiana comprend tout avec les chiffres et vit avec un père lui-même directeur d’un institut de recherche et ne semblant pas avoir plus de temps à consacrer à sa fille. On s’apercevra que le monde réel devient une chose très dure à comprendre et appréhender pour la petite métisse japonaise. Vient le tour de Hayase Asano, et si vous avez suivi notre présentation, vous aurez remarqué son nom de famille.
Un long récit entre réalité et virtuel
Il s’agit de la sœur aînée de Yuno et s’occupant de la partie sonore des jeux de Jugement 7. Le paradoxe étant qu’elle chante comme une casserole, adore le karaoké et s’auto-persuade d’avoir un talent musical. Elle paraît déjà être comme une malheureuse cruche et la réalité est telle que les autres membres rient souvent de ses maladresses et sa poitrine inexistante. Elle finit souvent par noyer sa frustration dans la bière, devenant encore plus ridicule et d’autant plus le sujet de railleries des autres. A la tête de ce groupe, Sekai Owari est un directeur aussi atypique que l’équipe de Jugement 7.
On vous l’a décrit comme un génie informatique et c’est le cas, ses compétences n’ont rien à envier à la prodige Tatiana. Toutefois, c’est également un gros pervers qui ne le cache nullement et qui passe la plupart de son temps à ajouter des éléments obscènes sur ses logiciels. Le bonhomme porte même en permanence un T-shirt avec la mention “Hentai” (Pervers) en gros ne laissant aucun doute sur les intentions obscènes de celui-ci. Au milieu de ces personnages hauts en couleurs, notre jeune héros Gozen Reiji est certainement le seul à paraitre normal.
C’est à travers celui-ci que l’on suit les aventures du staff de Jugement 7. Le studio entreprend le développement d’un tout nouveau jeu et Owari décide même de faire de celui-ci le porte étendard de sa VR et du “World Program”. Durant ses tests, il fait porter à chacun un casque VR et démarre le programme. Seule Tatiana à distance n’y a pas accès et ne s’occupe que de superviser les données. Les tests leur permettent de modéliser un donjon et des mécanismes de jeu en VR mais un nouveau bug les met face à un environnement simplement noir.
Ils enlèvent leur casque et assument simplement qu’il faudra corriger tout ça puis faire de nouveaux tests. Pourtant, en tentant de rentrer chez lui et en se rendant à la gare, notre héros se retrouve téléporté à l’autre bout d’Asakusa. Après diverses investigations, les membres de Jugement 7 découvrent qu’ils sont sur une version VR d’Asakusa sans aucune population. La question est de savoir comment rentrer chez eux. D’autant plus que les évènements s’enchainent avec l’apparition d’étranges personnages à poitrines immenses et de gigantesques monstres.
L’équipe se rend rapidement compte qu’ils sont face à un personnage et un monstre provenant de leur ancienne création dans le jeu vidéo. En suivant la quête du PNJ à grosse poitrine et en suivant les données de background du monstre, ils entreprennent de le vaincre et reviennent dans la réalité. Reiji rentre chez lui et reçoit un message SMS lui indiquant que “Le monde s’est déjà mis en mouvement” et aperçoit une étrange fille aux cheveux argentés qui semble être à l’origine de ce message. Sans y prêter plus attention, il poursuit son quotidien. Un quotidien qui ne cessera d’être bouleversé désormais.
Jugement 7 se retrouvera au cœur d’une mystérieuse intrigue impliquant VR, monde parallèle, humour et tragédie. On se doute que le but est certainement d’empêcher la mystérieuse vision initiale, d’un Asakusa en ruine et de nos amis en mauvaise posture. On s’est longuement attardés sur le récit et les personnages du début de cette aventure, après tout un Visual Novel se doit d’avoir une trame qui vous donne envie de s’y plonger. Dans l’optique qu’il ait piqué votre curiosité et que vous le preniez, on vous laisse continuer la suite afin de vous épargner les éventuels spoilers et vous laisser découvrir tout cela par vous-même.
SOS changeons la fin du jeu!
Cela ne nous empêche pas d’émettre un avis sans spoil sur le scénario de Our World is Ended. Les grands amoureux de Visual Novels, de romans, de mangas et autres œuvres textuelles verront de nombreuses inspirations à droite à gauche faisant que Our World is Ended en devient une aventure au récit juste sympathique avec de nombreuses allusions perverses par Owari pouvant plomber l’ambiance du récit. Cela ne signifie pas que le jeu ne sera pas apprécié mais qu’il peut y avoir comme des airs de déjà-vu et des situations devenant plus facilement “prévisibles” pour ces lecteurs avérés.
En revanche, ceux qui ne font pas tellement de Visual Novels et qui veulent s’y essayer avec Our World is Ended pourront apprécier pleinement le récit proposé par Red Entertainment. Du moins, pleinement si leur niveau d’anglais le leur permet. Les personnages sont hauts en couleurs et tous très attachants. En progressant, on découvre quelques backgrounds poignants et on intervient même sur l’évolution de tout ce petit monde, même pour le pervers Owari. Une histoire qui vous tiendra facilement en haleine une quarantaine d’heure pour un run, plus pour ceux qui traverseront à nouveaux les 17 chapitres du jeu afin de débloquer les 7 fins du jeu.
De plus, contrairement au premier jet PSVita, sur Switch le récit possède quelques nouveaux personnages et contenus scénaristiques. Contrairement à d’autres œuvres, l’histoire s’apprécie également grâce au point de vue de Gozen Reiji. Un protagoniste qui n’est pas spécialement charismatique, ce n’est qu’un simple étudiant et son design est également assez banal. Sa personnalité est à la fois suffisamment prononcée pour en faire un personnage important de cette œuvre avec une certaine pertinence dans les différentes situations du récit mais aussi étrangement banale pour que le lecteur puisse éventuellement s’identifier et avoir l’impression d’évoluer avec l’équipe de Jugement 7 à travers celui-ci.
Au delà de son histoire, Our World is Ended est un Visual Novel tout ce qu’il a de plus classique dans ses mécaniques. Appuyez juste sur une touche pour faire défiler le texte après l’avoir lu. Ou l’avoir écouté si vous comprenez le japonais car c’est le seul doublage de disponible, ce qui n’est pas plus mal vu la qualité habituelle du travail des doubleurs japonais. Vous avez la possibilité de relire le texte que vous avez fait défiler, des fois que vous n’avez que malencontreusement et machinalement appuyé sur la touche sans avoir lu. Plusieurs slots de sauvegarde sont disponibles pour ceux qui aiment sauvegarder avant d’effectuer des choix.
Et les choix, il y en a 2 types dans Our World is Ended. Ceux que vous effectuez au calme en vous demandant seulement à quel niveau ils vont influencer la suite du récit. Puis ceux régis par la mécanique intitulé SOS (Selection of Soul). Ils ne sont pas si nombreux mais ce sont des choix plus stressants à effectuer dans un laps de temps très court. Pour vous expliquer, parfois le “Selection of Soul” se présente à vous fait souvent suite à un choix que vous devrez faire avec Reiji. Seulement, toutes les possibilités défileront de gauche à droite de manière dynamique, sous une police différente et vous ne pourrez en choisir qu’une.
Le “SOS” ne fait qu’un seul run, si vous ne sélectionnez rien le jeu assumera que vous n’avez pas su choisir et le récit se poursuivra. Faites vite car le défilement ne vous laissera pas de répit. Une mécanique qui veut vous donner un semblant de stress et d’interactivité sans être le point qui entend révolutionner le genre. La bonne idée est de constater une couleur moins prononcée sur les sélections que nous avons déjà effectuées sur une précédente sauvegarde. Ce qui vous permet ainsi de pouvoir tenter une autre sélection jamais faite et potentiellement voir les autres fins du jeu. C’est simple à penser et faire mais il n’est pas garanti que d’autres œuvres du genre l’auraient mis en place.
Visual Novel rime aussi avec illustration. Dans Our World is Ended, le récit nous est dépeint avec les illustrations colorés et les traits magnifiques d’Eiri Shirai. De beaux détails sous ses traits et un gros travail sur les décors. Ceux qui ont été à Asakusa reconnaîtront le Kaminarimon ou encore les shops d’Asakusa. Une patte qui justement provoquera la curiosité de beaucoup sur cette œuvre, à la limite même de craquer pour celle-ci. Ce qui est désolant encore une fois pour ceux qui auraient sauté le pas et certainement apprécié l’aventure, si celle-ci était en français. Reste à évoquer la bande sonore du jeu accompagnant bien celui-ci. Quelques thèmes sont même entraînants et sympathiques à écouter. De quoi bien enrober visuellement et auditivement le récit de Our World is Ended.
Conclusion
Si l’anglais ne vous arrête pas et que vous souhaitez vous faire un Visual Novel de qualité, Our World is Ended est loin d’être un mauvais choix. Il ne va pas révolutionner le genre mais reste une expérience totalement solide dans le Visual Novel. La curiosité piquera quiconque jettera un oeil aux illustrations du titre. Et cette curiosité vous entraînera peut être dans ce long récit à la fois délirant et poignant aux côtés des différentes personnalités attachantes de Jugement 7. Enfilez dès maintenant votre casque, lancez le “World Program” et prononcez les fameux mots “Change the World” afin de rejoindre cette aventure textuelle!
LES PLUS
- Les magnifiques illustrations d’Eiri Shirai
- Les personnages attachants de Jugement 7
- Un scénario bien écrit avec des rebondissements
- Une histoire longue à lire et des fins multiples
- Une expérience solide de Visual Novel
- Les quelques bonus par rapport à la précédente version
- Bonne ambiance sonore et bon doublage japonais
- Un Visual Novel sympathique en TV et Portable!
LES MOINS
- Sensation de déjà-vu pour les “gros lecteurs”
- Owari peut être lourd par son obscénité
- Il peut briser le ton de certains instants
- Chose dont le récit aurait pu se passer
- Le système SOS un poil trop “rapide”
- Dommage uniquement en anglais!