10 ans plus tard qui l’aurait cru ? L’un des jeux les plus controversés sur Internet se trouve un second opus ! Pour rappel Deadly Premonition sorti en 2010 était vu comme un véritable chef d’œuvre par sa communauté mais aussi comme l’un des pires jeux car très en retard sur son temps au moment de sa sortie, la faute à des mécaniques trop rigides et des graphismes dépassés. Sorti donc de nouveau sur Nintendo Switch en Octobre 2019, le jeu s’est accompagné de l’annonce de sa suite en exclusivité pour la console hybride de Nintendo. Deadly Premonition 2: A Blessing in Disguise est donc un jeu d’enquête/horreur vous embarquant dans les terres marécageuses de la Louisiane.
Bienvenue à la Nouvelle Orléans !
Pour les personnes n’ayant pas fait le premier opus, rassurez vous il n’est pas absolument nécessaire (même si fortement recommandé) de l’entamer avant de se lancer dans cette suite/préquelle. Car oui cette suite prendra la forme d’un interrogatoire vous faisant rebondir entre le passé et le présent, nous sommes en 2019, donc 11 ans après les évènements de Greenvale, l’agent spécial Aaliyah Davis, accompagnée de l’agent Simon Jones, deux jeunes agents du FBI qui ont pour mission d’enquêter sur les affaires qu’a résolu Francis York Morgan, le personnage principal de la série qui est aujourd’hui retraité du FBI.
Le jeu vous fera donc alterner entre des phases d’interrogatoire aux commande d’Aaliyah en 2019 et de vraies phases de gameplay aux commandes de Francis York Morgan dans ses souvenirs d’une affaire datant de 2005 dans Le Carré en plein cœur de la Nouvelle Orléans. Les évènements du premier jeu se passant donc entre ces 2 phases temporelles mais ayant leur lot d’explications car les affaires semblent liées.
Tout comme le premier opus le jeu dégage énormément de charme de par son casting haut en couleurs de personnages tous plus barrés les uns que les autres, les habitués reconnaîtront immédiatement la façon d’être de Francis York Morgan, un agent doté d’une double personnalité qu’il appelle “Zach” et à qui il ne s’empêche pas de parler en permanence même en plein milieu d’une conversation avec d’autres personnages, la présence de Zach permet de briser en permanence le 4ème mur car c’est à vous, le joueur, qu’il semble s’adresser quand il lui parle.
La recette qui avait fait le charme du premier jeu est réemployée sans pour autant donner un sentiment de “trop” ou de déjà-vu, comme à son habitude York sortira des références cinématographiques très poussées qui pourraient vous convaincre de les ajouter à votre liste de films à voir (The Island, Blade Runner ou Orange Mécanique par exemple). Les dialogues restent à mourir de rire ou complètement absurdes avec des conclusions tirées dans tous les sens et dénuées complètement de logique, le tout est orchestré par l’agent York qui se retrouve toujours par des successions de coïncidences à trouver quels endroits investiguer. Le fait d’être en 2005 donne aussi quelques lignes de dialogues assez drôles avec notre vision actuelle du monde, par exemple le personnage vous permettant d’effectuer des voyages rapides en voiture va expliquer son idée géniale prenant le même concept que ce que l’on connaît aujourd’hui comme Uber avec des phrases comme “je suis sûr que les téléphones prendront beaucoup plus d’importance à l’avenir”.
Louisiane oblige, la culture du vaudou y est omniprésente et dès les premiers instants aux commande de York vous vous retrouverez face à un prophète vaudou apparaissant en tant qu’illusion qui donnera des énigmes dignes du père Fourras pour nous aiguiller dans l’enquête.
L’intrigue se déroule sur 4 chapitres tous prenant chacun environ une dizaine d’heures pour être complétés, l’histoire à elle seule justifie toute la force du jeu et sait vous tenir en haleine pour progresser et toujours en savoir plus, vous avancerez ainsi dans une grande enquête sur le meurtre de la cadette de la famille Clarkson, famille la plus puissante et influente de Le Carré, qui cache de sombres secrets. Nous n’irons pas plus loin pour cette partie histoire afin de vous laisser le plaisir de la découverte tout comme rien ne sera dit concernant le premier opus pour que les plus curieux puissent se lancer dedans.
Tony York Pro Skateboarding
Au niveau du gameplay le jeu vous propose plusieurs phases différentes entre lesquelles vous alternerez en permanence, des phases d’enquête/interrogatoire dans lesquelles vous pourrez pointer différents indices dans une pièce afin d’en savoir plus, des phases de tir en mode survival horror qui interviennent toujours en fin de chapitre, ces dernières vous transportent dans une dimension parallèle peuplée de monstres et dans laquelle vous terminerez toujours avec un combat de boss. Mais entre ces phases un peu plus ponctuelles de gameplay se trouve le gros du jeu, l’exploration libre de la ville de Le Carré.
La mission principale vous demandera d’aller à certains endroits de la ville comme par exemple le restaurant/bowling Alexis Diner dans lequel vous pourrez accessoirement jouer au bowling, le commissariat de la ville ou encore le skateshop dans lequel vous pourrez améliorer et personnaliser votre moyen de locomotion pour le moins original, un skateboard. L’histoire derrière le fait que ce skateboard vous serve de moyen de locomotion est totalement absurde et s’inscrit parfaitement dans la lignée de l’humour du jeu.
Héritée du premier opus la mécanique d’hygiène/sommeil/faim est de retour, il vous faudra faire attention à bien vous nourrir et dormir pour rester en forme et garder une bonne endurance, mais également penser à prendre des douches ou vous asperger de parfum pour éviter de sentir mauvais sans quoi les PNJ refuseront de vous parler a cause de votre forte odeur et entraînera une pénalité d’argent dans votre porte monnaie.
Les phases de déplacement libre vous donnent accès également à des missions secondaires que vous pourrez récupérer auprès de la population locale ou sur le tableau des missions du commissariat, ces dernières peuvent aller de la chasse aux alligators/chiens errants, à la récolte de ressources en passant bien entendu par des quêtes avec un mini scénario vous permettant de connaître un peu plus les personnages de la ville. Le temps s’écoule et le calendrier définit les moments auxquels vous aurez accès à certaines choses comme les horaires d’ouverture d’un magasin ou encore des journées spécifiques de la semaine pour lesquelles des articles deviennent disponibles (cocktail du jour dans le bar ou plat du jour chez Alexis Café).
Plusieurs activités libres vous permettent de flâner un peu plus dans les rues de Le Carré comme un énorme album de tampons à remplir, des insignes à récupérer, des activités annexes comme de la balade en bateau moteur, des courses contre la montre en skateboard ou jouer à faire des ricochets sur des points d’eau.
Il est également possible de récupérer des ressources pour aller crafter des amulettes vaudou, ces dernières vous octroyant des bonus de santé/endurance ou vous permettant d’améliorer votre arme pour y mettre des munitions paralysantes/empoisonnées, améliorer la précision, les dégâts, la vitesse de rechargement…
Comme dit plus haut l’histoire à elle seule vous occupera un peu plus d’une quarantaine d’heures en ligne droite mais la pléthore d’activités secondaires et divers objets à collectionner vous garantissent bien le triple d’heures au global pour faire le tour de ce que le jeu à a vous proposer, on regrettera peut-être un manque de rejouabilité mais qui sera plus lié au genre du jeu pour lequel on suivra principalement une histoire.
Des mauvaises habitudes qui ne se perdent pas
Si l’on pourrait crier au génie et vraiment apprécier le scénario complet et plein de rebondissements à sa juste valeur derrière lequel se cache le génie Swery, le jeu garde tout de même quelques défauts qui viennent entacher l’expérience. Attention cela ne gâche en rien le plaisir du jeu et justement les améliorations par rapport au premier opus sont très nombreuses !
Commençons par le sujet qui fâche, le framerate. Si le jeu adopte un style graphique légèrement en cell-shading qui rend vraiment très bien, il est impossible de passer à côté des problèmes de fluidité que l’on rencontre assez souvent au cours du jeu. Les environnements en intérieur selon la densité du décor font osciller le framerate dans les 25FPS ce qui reste tout à fait correct, cependant tout ce qui se passe en extérieur verra le framerate chuter assez violemment dans les 15FPS par moments ce qui rend tout de suite le tout beaucoup moins agréable, fort heureusement les phases en extérieur ne demandent que d’aller d’un point A à un point B en skateboard la plupart du temps (ou encore en voyage rapide) mais cela rend l’exploration pour récupérer des tampons un peu moins agréable, en espérant qu’un patch vienne aider un peu plus sur ce point.
Autre point qui fâche, les bugs qui peuvent être présents sous différentes formes, en espérant que des patchs viennent en corriger certains pour lesquels il a fallu trouver des moyens détournés pour progresser, nous n’allons pas en détailler ici mais il y a des petits détails très simples qui sont un peu frustrants, les dialogues entre York et son assistante lorsque vous êtes à l’extérieur s’interrompent si vous consultez la carte ou les objectifs ou encore si vous montez en skateboard.
Malgré tout le jeu reste très largement jouable et en vaut clairement le détour, le système de combat et visée est un énorme bond en avant car il est possible de viser tout en se déplaçant, d’esquiver et de lancer des attaques au corps à corps, exit les mécaniques rigides du premier opus calquées sur Resident Evil 4 nous sommes bien en 2020 et le jeu se parcourt comme on l’attendrait sur un jeu récent.
Conclusion
Deadly Premonition 2: A Blessing in Disguise arrive a remettre le couvert et nous servir une histoire intrigante avec une écriture réalisée d’une main de maître, mêlant drame, paranormal et philosophie avec un humour totalement absurde. Le tout est servi par des missions aux objectifs assez variés pour vous tenir en haleine et vous pousser à progresser pour dérouler le mystère qui se trame autour de la famille Clarkson et découvrir le casting loufoque des habitants de Le Carré tous aux personnalités très fortes et très attachantes. Le jeu souffre tout de même de légères lacunes techniques sur lesquelles nous serions presque prêts à fermer totalement les yeux au profit de son récit qui nous fait passer par toutes sortes d’émotions.
LES PLUS
- Le retour de Francis York Morgan, l’un des protagonistes les plus fascinants du jeu vidéo
- Un casting inoubliable de personnages très variés
- Une OST excellente reprenant même quelques thèmes du premier opus
- Le brisage permanent du 4ème mur
- Un open world à explorer comme bon vous semble proposant son lot d’activité annexes
- Une durée de vie très solide
- L’ambiance vaudou de la Nouvelle Orléans
LES MOINS
- Un framerate très fluctuant en extérieur
- Quelques bugs frustrants
- Des petites longueurs dans le scénario (quêtes FedEx)