Rappelez-vous, les années 80, 4 couleurs baignant sur fond noir et la porte ouverte à toutes les aventures extraordinaires possibles. Ce Remastered permet de faire un retour vers le passé (Imaginaire ? Qui sait ?) pour le moins étonnant.
En 1987 sort Eternal Castle, un obscur jeu sur nos micro-ordinateurs d’antan. D’après la légende, ce jeu n’aurait été tiré qu’à un seul exemplaire et il aurait disparu dans de non moins obscures circonstances. Heureusement, 30 ans plus tard, un programmeur un peu fou a décidé de reproduire le jeu d’après ses souvenirs d’enfance… Pixel après pixel, ligne de code après ligne de code, passionnément et patiemment…
Premier contact, premier crash. Celui de notre vaisseau spatial s’écrasant sur une planète hostile. Nous sommes Eve ou Adam (au choix), et il va falloir explorer ces étranges contrées pour survivre.
Remastered d’un jeu (Fictif, pas fictif ? Laissons planer le doute…), Eternal Castle est un hommage appuyé à, en vrac : Prince of Persia, Another World et Flashback. L’animation ultra-fluide, ultra-décomposée de notre silhouette (façon rotoscoping des temps glorieux) ne ment pas sur cette filiation : le saut, les roulades, s’accrocher à une paroi… Tout dans l’animation fait penser à ces illustres classiques.
Graphiquement, le résultat en CGA (Color Graphics Adapter) est proche de ce que l’on pouvait obtenir sur de vieilles (et glorieuses) guimbardes tels que les premiers PC d’IBM ou l’Amstrad PC-1512 : très peu de couleurs à l’écran et des éléments de décors fortement suggérés. Le résultat, combiné à l’animation, est étonnamment beau. Portée par une bande-son à la fois minimaliste et fort à propos, sans parler d’un excellent travail sur le sound design, c’est à la fois rétro, quasi- monochrome par instant et stylé. Esthétique. Nul doute là-dessus, le jeu est vraiment superbe, écran après écran.
Mais hélas, il l’est parfois au détriment de la lisibilité. Au premier coup d’œil, nous pouvons deviner beaucoup d’éléments du décor. À d’autres moments, devant le minimalisme des graphismes, quelques secondes seront nécessaires pour décrypter ce que l’on voit à l’écran. C’est préjudiciable lorsqu’il s’agit de faire vite. Pouvons-nous nous accrocher là ? Est-il possible d’utiliser ça ?
Des questions qui arrivent un poil trop souvent au fil de la joute… Et c’est certainement voulu, histoire de coller à l’esprit d’une époque révolue, mais ce n’est pas forcément agréable à jouer, surtout lorsqu’in fine, on ne comprend toujours pas ce que représente l’amas de pixels avec lequel on doit interagir.
Eternal Castle a au moins le mérite de nous perdre sur cette planète, et ce, à plusieurs endroits possibles, sélectionnables sur une carte juste après l’intro jouable du jeu. Et chose agréable, il est possible de revenir à son épave de vaisseau pour sélectionner un autre endroit à explorer. Si vous êtes bloqué à un endroit, libre à vous d’aller voir ailleurs. Néanmoins, cet « ailleurs » n’est pas forcément plus accueillant. Eternal Castle va nous l’apprendre à nos dépens.
Manette en mains, on a beaucoup de possibilités de se mouvoir (façon Flash-back) et la jouabilité parvient à être instinctive. Mais elle est souvent mal ou trop peu employée : il y a peu de véritables phases de plates-formes vraiment intéressantes hormis, un peu de verticalité bienvenue dans la ville atomisée. Il s’agit trop souvent de quelques échelles à escalader, quelques pièges à éviter et quelques sauts à bien exécuter sous peine de mort…
Les combats sont une franche déception ! La collision des sprites, lorsque nous combattons au corps-à-corps, laisse à désirer. Notre perso touche, ne touche pas, ça clignote, ça ne clignote pas, difficile de savoir dans cette mêlée de pixels, avec plusieurs ennemis en même temps… Spammer le bouton d’attaque permettra le plus souvent de s’en sortir, sans se faire des nœuds au cerveau, ou sinon, il faut abuser de l’anarchique roulade pour esquiver ou fuir à toutes jambes devant un ennemi trop puissant. Les gunfights sont tout aussi décevants, se bornant à du tir de chaque côté sans réelles possibilités autres que celle de tirer le premier, et le plus vite possible ensuite.
Les combats sont bien moins intéressants que ceux entrevus dans les classiques d’antan, Flashback qui était nettement plus précis et plus tactique aussi ou Another World ici le bouclier avait son importance dans le jeu. Là, ils sont juste bourrins et surtout omniprésents sur les 2 petites heures de jeu, faisant d’Eternal Castle, un jeu d’action résolument bas du front.
Conclusion
Avec ces magnifiques graphismes à l'ancienne et son animation sublime, Eternal Castle [Remastered] renoue avec un paradis perdu, mais se transforme en puits des larmes dès lors que l'on se penche sur son gameplay. Ce titre aurait pu être un jeu d'aventure/exploration enthousiasmant ou un jeu de plates-formes/action élaboré, à la manière des jeux dont ils s'inspirent : Prince of Persia, Another World ou Flashback. Or Eternal Castle préfère le chemin le plus simple : une suite de combats brouillons et de phases de plateformes antédiluviennes... Une déception à la hauteur de la promesse !
LES PLUS
- Pour les amateurs de rétro
- Esthétique à chaque écran
- Animations sublimes
- Univers SF attirant
LES MOINS
- Il faut parfois décrypter le décor
- Collision des sprites
- Combats décevants
- Peu de phases de plateformes intéressantes
Merci pour ce test. Les images me replongent des années en arrière, mais il semblerait que le gameplay aussi, c’est bien dommage.
C’est un jeu à l’ancienne, en effet, jusque dans les commandes. Après il n’est pas très cher, on peut se laisser tenter…