Si de nombreuses boîtes de développement du jeu vidéo passent par le financement participatif à l’aide de diverses plateformes comme Kickstarter, ce fut le cas pour le studio Talerock. C’est après avoir obtenu de justesse les fonds nécessaires pour mettre ce projet à terme que Talerock nous présente Grimshade, un RPG old-school non linéaire avec des combats tactiques.
Alors Grimshade ça parle de quoi ? D’un monde fantastique du nom de Ree’Fah qui voit sa longue période de prospérité balayée par des forces ennemis obscures. Vous y incarnerez donc un héros, Alister, bien décidé à rétablir l’ordre dans le monde de Ree’Fah. A savoir que le jeu offre par ailleurs un système de choix et de décisions qui pourront influencer les personnages, leurs relations, mais aussi leur monde.
« Un jeu qui mérite qu’on s’y intéresse mais qui nous lassera vite à cause d’une difficulté mal dosée. »
Dans un univers de type steampunk, le scénario du jeu, plutôt intrigant vous introduira immédiatement l’existence de diverses factions aux motivations plutôt sombres et brumeuses, alors que la ville-état de Ree’fah, Brann, doit faire face aux invasions de leur voisin mais aussi à l’apparition de monstres étranges à l’intérieur même de ses murs. Plutôt brutal comme accueil et immersion, me direz-vous ? Et pendant que la ville-état peine à maintenir ses défenses, Alister, fils du champion de la ville ayant péri quelques années plus tôt, décide de s’armer de courage et de suivre les traces de son père.
Jusque-là, un scénario plutôt solide mais qui toutefois apportera un peu de déception tant les rebondissements et les coups de théâtre sont prévisibles et l’écriture quelque peu maladroite, sans doute liée à la traduction anglaise approximative. Puisque oui, le jeu n’a été traduit qu’en anglais.
Concernant le gameplay, il s’agit d’un RPG tactique. C’est-à-dire que les combats se font au tour par tour comprenant une phase de placement sur la zone de combat, un peu à la manière d’un échiquier, dans laquelle vous aller devoir placer vos personnages intelligemment ainsi : les tanks devant et les tireurs, lanceurs de sorts et archers, derrière. Le tout sera alors suivi par une phase de combat.
D’ailleurs les phases de combat parlons-en ! Les séquences de combat sont difficiles… Vraiment difficiles ! Le placement va être alors crucial puisque les ennemis font très mal et la moindre erreur est punitive. Il vous faudra alors avant tout bien optimiser vos personnages pour vous permettre de venir à bout des opposants, surtout dans les donjons où la difficulté est plus élevée qu’ailleurs. A ce propos, Talerock Studio a pris soin de créer un bestiaire varié afin de forcer indirectement les joueurs à choisir différentes approches lors des combats. Plus vous allez faire combattre vos héros et plus vous allez débloquer de nouvelles attaques spécifiques à chacun et bien évidement, plus puissantes. Toutefois il est important de mettre en évidence l’absence de montée de niveau et de système de points que l’on regrettera donnant un goût d’inachevé au système de combat.
Lors d’un combat chaque personnage allié comme ennemi, attend son tour pour lancer ses attaques dont le temps d’attente est propre aux dégâts de ladite attaque. Vous nous suivez ? C’est-à-dire que plus une attaque est violente et fait des dégâts et plus vous allez devoir attendre avant de pouvoir la lancer à nouveau. À cela s’ajoute une barre de tension qui grandit au fur et à mesure que vos personnages prennent des coups. En effet plus vos personnages vont jouer les punching-balls et plus vous risquez de les voir tomber pour piquer un somme, car après trop de coups encaissés, vos héros tomberont de sommeil pendant plusieurs tours. Si cela peut paraître amusant dans un premier temps, vous comprendrez rapidement que mauvais placement et tactique non rodée entraîneront inévitablement des défaites cuisantes.
C’est là où l’on pointera un des éléments négatifs du jeu : les modes de difficulté. Grimshade est dur… Beaucoup trop dur… Le mode normal se veut tellement hardcore que même une simple petite unité de base pourra mettre à terre toute votre équipe ! Pire ! On a l’impression que chaque attaque donnée par les ennemis est boostée aux stéroïdes, pendant que vous peinez misérablement à tuer l’un d’entre eux avec votre troupe de héros ! Chaque combat deviendra alors un gigantesque casse-tête pour essayer d’en sortir victorieux. Quant au mode facile… Comme son nom l’indique, c’est une véritable balade de santé sans aucune résistance qui provoquera alors ennui et lassitude. Le jeu ne demande pas de gameplay exigeant un peu à la Dark Soul, non ici il s’agit juste de difficulté mal dosée.
En ce qui concerne l’aspect visuel du jeu, les décors dessinés à la main sont somptueux et révèlent le talent des artistes de chez Talerock Studio. Chaque décor fourmille de détails, apportant cachet et richesse aux différents environnements du jeu et les rendant uniques. La bande son quant à elle est agréable et correcte même si parfois elle ne se prête pas toujours au décor qui l’entoure.
Conclusion
Grimshade est un bon jeu, qui mérite d’être découvert et testé mais pour lequel il sera difficile de ne pas décrocher tant la difficulté de jeu est mal dosée. En toute honnêteté, pour ma part, je ne pense pas le terminer par excès de rage lors des phases de combats face à des ennemis dignes des Super Saiyan de chez DBZ. C’est un jeu complexe avec un niveau de difficulté hostile, le tout dans une ambiance et des décors oniriques avec un scénario plutôt intéressant bien que prévisible. Grimshade ravira les curieux de RPG tactics mais uniquement pendant un temps, avant que la difficulté ou son opposé, le mode facile, ne vous lassent.
LES PLUS
- Des graphismes somptueux dessinés à la main
- Un univers steampunk à l’atmosphère onirique
- Une bande-son agréable
- Une dimension scénaristique en plus des combats tactiques
LES MOINS
- Une difficulté beaucoup trop élevée
- Des modes de difficulté clairement pas adaptés
- Beaucoup trop punitif
- Un scénario bon mais trop prévisible