Addictif, mais pas trop. S’il ne fallait retenir qu’une chose du jeu d’Arclightcreations, ce serait ce simple fait. Help Will Come Tomorrow fait partie de ces jeux qui vous accrochent pour une session de 3 heures pendant laquelle vous ne voyez pas le temps passer. En fait, pendant cette session, si le temps existe, c’est celui de votre partie, car plus rien autour ne compte. Cependant, étant assez répétitif et exigeant, il ne vous encourage pas à vous y remettre plus de deux ou trois parties.
Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs et rentrons un peu plus dans les détails.
Survivre dans un monde de brut ?
Venu de Pologne, Help will Come Tomorrow est sans doute passé sous votre radar des sorties. Dans la même veine que des jeux tel Dead In Vinland ou This War Of Mine, il s’agit d’un jeu de gestion / survie / exploration avec un côté narratif très poussé. Imaginez un Civilization très intimiste dans lequel le but est de survivre.
Entièrement en anglais et ne proposant que le russe ou le polonais comme autres langues, il vous faudra maîtriser au minimum une de ses trois langues pour en profiter. S’il est possible de zapper complètement l’aspect narratif du titre pour se consacrer à la survie, une grosse partie de ce qui fait le charme du jeu vous échappera alors.
Help Will Come Tomorrow propose une narration plus qu’intéressante. Le choix de la période historique de la révolution d’octobre en Russie apporte une grande profondeur à nos personnages, qui, appartenant à des classes sociales différentes (noblesse, prolétariat communiste ou encore militaire), devront travailler ensemble (ou pas) pour espérer un jour voir les secours arrivés.
L’histoire commence lorsqu’un train est attaqué par des renégats qui se mettent à abattre tous les passagers. Votre petit groupe hétéroclite arrive à s’enfuir et se cache dans une forêt sibérienne en plein hiver (en tout cas, il neige, pour plus d’information sur le climat sibérien, consultez ). Il vous faut alors gérer tout ce beau monde et les faire survivre le plus longtemps possible, jusqu’à l’arrivée d’un train de secours.
Si Help Will Come Tomorrow vous propose trois modes de difficulté : histoire (facile) explorateur (moyen) et survivor (difficile). On meurt très souvent de manière inopinée : que ce soit dans le mode histoire ou le mode explorateur, les bases de la survie se comprennent rapidement : eau, nourriture, exploration et le campement se gère assez facilement. Le problème, c’est le côté très aléatoire des rencontres avec les renégats qui sont très punitives. Sans vraiment prendre de risque et sans l’avoir cherché, nos personnages se retrouvent en très mauvaises postures d’un coup sans vraiment comprendre pourquoi. Les développeurs de Arclightcreations sont quand même bienveillants : à chaque mort, vous revenez au dernier jour commencé. Ça évite le dé-fenestrage de joy-con.
Mais ça se joue comment ?
Parlons mécaniques de jeu : vous allez devoir gérer votre camp à travers divers paramètres : les ressources, les postes de travail et les relations entre vos survivants. Chaque partie se veut être différente car vos survivants ne sont jamais les mêmes, leur présence est aléatoire parmi un roster de départ. Si sur le papier l’idée a du bon et s’il est vrai que certaines lignes de dialogue changent, notamment la présentation des personnages, la trame scénaristique générale ne change pas et on retrouve donc les mêmes événements d’une partie à la suivante.
Une fois votre équipe de base obtenue, la partie se déroule en deux phases :
Tout d’abord, il faut gérer son campement : réparer, construire, améliorer, explorer pour obtenir de meilleures ressources, cuisiner, chasser, se soigner et crafter des items qui aideront à mieux s’en sortir.
Cette partie est très agréable dans un premier temps. Nos personnages disposent chacun (sauf en cas de pénalité : froid, maladie…) de trois points d’action par jour qu’il nous faut adroitement utiliser. On se creuse vraiment la tête pour que nos pauvres bougres s’en sortent le mieux possibles. De plus, leur réussite dépendra de l’entente qu’ils ont entre eux. Il faudra donc aussi développer leurs rapports pour ne pas gaspiller les ressources lors d’échec de construction. Malheureusement, si ces idées sont intéressantes, le tout se montre très répétitif et une fois compris les bases, la gestion du camp est assez redondante et seuls les renégats viennent ajouter du piment à vos parties. Le campement est assez petit et il n’y a que 5 postes de travail (cuisine, atelier, palissade, coin dodo et coin bobo), les situations ne varient que très peu. Des missions viennent diversifier le quotidien à certains moments du jeu et font avancer l’histoire et la difficulté : la plupart du temps, il vous faudra explorer le coin de Sibérie dans lequel vous avez atterri.
La seconde phase se déroule de nuit. Il faut alors gérer le moral et les relations entre vos personnages via un choix de thématiques de dialogues et via des choix textuels. Les dialogues sont, pour l’occasion, bien écrit. Chaque personnage, s’il joue son rôle, n’en est pas pour autant un stéréotype. Malheureusement, après quelques parties, on se rend compte que les dialogues ne dépendent pas vraiment des personnages. Ils sont plaqués sur ceux en présence. Cette phase n’a pas vraiment de grande conséquence sur la suite.
Ces deux parties s’alternent à chaque journée et la partie est sauvegardée en début de matinée. A chaque fin de ce cycle, le jeu distribue les bons et mauvais points d’ententes sous la forme de 3 catégories : l’amitié, le respect et la confiance. Plus ces valeurs sont grandes entre vos personnages et mieux ils travaillent entre eux et font s’élever le moral de votre camp. Vous avez aussi à gérer les traits de caractères de chacun de vos personnages. Ceux-ci permettent, dans certaines situations, de mieux réussir une action ou de ne pas dépenser de point d’action pour la réaliser.
Graphiquement, le titre propose des images fixes dessinées à la main sur lesquelles la caméra navigue pendant les cinématiques. Chaque plan est très propre et bien détaillé, le style est très sobre et renvoi à la perfection la froideur de la Sibérie.
Les indicateurs de modifications d’ententes se font via des icônes qui apparaissent trop rapidement sur les personnages, de plus ces icônes,déjà petites en mode docké, deviennent illisibles en mode portable. C’est dommage, des indications textuelles auraient été plus claires et plus lisibles.
En ce qui concerne l’ergonomie du titre, la prise en main est rapide, mais c’est juste une conversion clavier/souris vers un pad. Rien de bien extraordinaire, il est toutefois dommage que l’écran tactile de la switch ne soit pas mis à contribution. Déplacer le curseur et naviguer dans les menus prend beaucoup de temps alors qu’en un clic ça pourrait être fait.
Conclusion
Malgré un postulat de départ qui happe le joueur dans son monde froid et cruel, Help Will Come Tomorrow se montre rapidement trop limité. La routine du gameplay et de la narration l’empêche d’atteindre le niveau de jeux tel que Dead In Vinland avec ses mécaniques plus complètes ou This War Of Mine et sa narration beaucoup plus accrocheuse. Il n’en reste pas moins un jeu sympathique qui pourra vous accrocher à votre console pour quelques heures. Si les jeux de survie/gestion vous intéressent et que l’anglais n’est pas un frein à vos expériences vidéoludiques, Help Will Come Tomorrow se chargera de vous faire ressentir la dureté de la Sibérie.
LES PLUS
- Graphisme
- Période historique bien retranscrite via ses personnages
- Gestion/survie assez prenante ou début…
- Gameplay maîtrisé...
LES MOINS
- Cruauté aléatoire
- … mais qui ne se renouvelle pas
- ... mais qui n’apporte rien au genre