Comment aborder le thème du deuil dans un jeu vidéo ? Comment parler du décès des parents d’une jeune fille étudiante ? Quel est le poids de la tradition et de la famille dans nos vies ? Est-il possible de tracer seul son propre chemin ? Comment renouer avec sa famille ? A quoi sert la famille au final ? Voilà le genre de questionnement que pose le jeu Road to Guangdong sous couvert de road trip métaphysique.
Tout commence par la rencontre assez particulière de notre héroïne Sunny avec Sandy. Sandy est une voiture bleue qui a déjà bon nombre de kilomètres au compteur et qui va repartir sur les routes pour un dernier voyage. Sunny sera accompagnée de sa tante pour le voyage qui lui prodiguera de bons conseils et l’aidera à faire des choix. Road to Guangdong oscille entre jeu narratif et jeu de gestion. Notre personnage va faire une longue route pour rendre visite aux membres de sa famille dispersés à travers la Chine pour une raison bien particulière que nous ne dévoilerons pas ici.
Le jeu se scinde perpétuellement en deux temps. D’abord, un temps narratif dans lequel la protagoniste principale discute avec d’autres personnages sous forme de dialogues à choix multiples. Dans un second temps, l’héroïne conduit la fameuse voiture surnommée Sandy et doit gérer la fiabilité de son véhicule en prenant garde aux niveaux d’huile et d’essence et au bon entretien du moteur et de ses différents éléments. La phase de conduite est entrecoupée de phase de gestion, car l’argent disponible est limité tant pour acheter de l’essence que pour trouver des pièces de rechange pour le moteur comme un filtre à huile, une courroie, une roue de secours.
Le game over est toujours omniprésent. On perd si on se retrouve à court d’argent. On perd si on se retrouve à court d’essence ou si notre voiture tombe en panne et qu’on n’a pas les pièces de rechange nécessaires. En réalité, le jeu nous ramène à notre point de départ, notre restaurant, et nous pourrons reprendre la route sans avoir à refaire les étapes déjà réalisées et les visites déjà effectuées.
Graphiquement, Road to Guangdong se présente sous la forme d’un jeu en low poly, les couleurs sont pastel donc très douces. Les personnages sont pour la plupart très sympathiques et avenants. Les dialogues sont bien écrits et on s’attache très vite à Sunny. La bande-son est très vite répétitive, et il faut aimer la musique d’ambiance chinoise.
Le mélange des deux genres de jeux narratif et gestion est assez étonnant. Le problème est qu’il est assez déséquilibré et que si on veut voyager loin, il faut voyager lentement, et les trajets deviennent alors d’une longueur et d’une lenteur extrêmes. Toute la partie narrative, avec des questions réponses à choix multiples, est bien amené et permet de comprendre les relations entre les membres de cette grande famille. Autant la gestion de la voiture est parfois fastidieuse et vraiment très répétitive.
Conclusion
Sous un couvert mignon et doux, Road to Guangdong aborde des thèmes sérieux et délicats de façon très mesurée et intelligente. Le jeu est un prétexte à une réflexion sur la vie, la mort, la famille, la place de chacun sur la Terre et c’est suffisamment rare pour être souligné. Bien sûr, les joueurs purs et durs pourront être frustrés par la jouabilité, et la lenteur des phases de conduite, mais il faut passer au-delà de ces contraintes physiques pour tirer le meilleur de ce que ce jeu a à proposer au joueur.
LES PLUS
- Une très belle histoire
- Des graphismes beaux et tout en douceur
- Les sujets traités, forts en émotions et peu traité dans les jeux vidéo
- Un mode de gestion particulier
LES MOINS
- Un concept hybride un peu bancal
- Des trajets très longs
- Une bande-son répétitive