Petit Gnome barbu ayant initialement perdu son chapeau, nous sommes en vadrouille dans la campagne avoisinante, à la recherche des pages d’un livre magique pour se libérer d’une étrange malédiction. Sans notre chapeau, un curieux nuage plane en effet au-dessus de notre tête, comme vissé, indélogeable. Un nuage qui envoie des éclairs sur les ennemis ou qui, pluvieux, remplit des mares d’eau. Et lorsqu’il n’est pas content, ce bougre cotonneux veut nous foudroyer sur place.
Platformer 2D à l’ancienne, l’originalité de ce Nubarron est d’introduire ce fameux mini-cumulonimbus comme un allié nous permettant de passer les obstacles, ou bien une menace nous obligeant à bouger sans cesse. Ce « cloud » s’avère être un personnage à part entière et le principal intérêt du jeu. Une excellente idée qui permet aux développeurs de varier un maximum les séquences de jeu et les plaisirs. Les niveaux, immenses, regorgent donc d’une pléthore de petites énigmes bien trouvées, du moins au début, et de phases exigeant un peu plus de dextérité.
Graphiquement, Nubarron rappelle Rayman Origins avec des éléments toonesques et des décors d’une finesse étonnante. C’est beau, chatoyant, ça ne se répète jamais ou presque, dans une veine fantasy « rondouillarde » et colorée. On retrouve un monde plein de gnomes gentils et de petites fées, de gros champignons et de gros monstres grognons… C’est un beau livre de contes, ouvert sur une belle fresque animée. Nubarron impressionne, pour sûr, sur cet aspect.
L’animation est bien moins remarquable. La version Switch semble même malade à ce niveau avec des saccades, presque imperceptible, de quelques fractions de seconde. Elles sont malheureusement omniprésentes et suffisantes pour nous pourrir la vie, notamment lors des moments chauds. D’ailleurs, il n’est pas rare que le bouton de saut (deux manettes testées pour l’occasion) joue les abonnés absents. Cela devient un calvaire dans le monde où l’on se balade le plus souvent en exécutant un saut plané, puisque l’action nous oblige à appuyer à deux reprises sur le bouton incriminé. Insister jusqu’à s’en faire mal aux doigts, mourir injustement dans des séquences crispantes, le tout rend l’expérience pénible. C’est limite injouable.
De manière générale, quand les bugs ne s’en mêlent pas, les contrôles sont simples à prendre en main, même en ayant le nuage à gérer en plus de notre personnage. Mais pour un jeu de plates-formes n’hésitant pas à jouer la carte action, cela manque de peps, de réactivité. Notre gnome a mangé trop de tourtes à la citrouille et a souvent du mal à décoller. Et puis parfois, pour une raison inexpliquée, il va nous faire un bond aussi lunaire que déconcertant !
Approximatif, tout comme les collisions avec les ennemis, les pièges et les plates-formes qui oscillent entre précises et « a bisto de nas » (traduction : au pifomètre). Des fois, notre gnome tient miraculeusement sur la partie inférieure d’une plate-forme flottante comme s’il était planté dans le sol, on ne sait comment. D’autres fois, le jeu vous dira « non, aucune largesse possible »… On sera clairement plus à l’aise dans les passages de pure réflexion que dans les phases d’actions. Quoique même là, le level design perd des fois de sa cohérence et de sa concision avec des pans de niveaux inutiles ou fait du hasard, surtout dans les passages les plus avancés.
Autre point de déception : la bande son. Alors que les quelques notes entendues sont mélodieuses, la musique manque vraiment par endroit. C’est dans ces moments-là, silencieux, que le joueur tendra l’oreille et s’apercevra qu’il manque des bruitages par-ci, par-là, sur des éléments censés être bruyants (le vent par exemple) alors que les éclairs générés par notre nuage nous claquent aux oreilles.
Reste, malgré tout, quelques excellentes idées, bien exploitées, qui sauvent le jeu de la noyade complète (suite au déluge). Il y a de très bons passages comme ceux avec les crapauds, qui vous permettront d’obtenir un arc-en-ciel au pouvoir très particulier, au-dessus de votre tête. Des éléments qui permettent d’entrevoir tout le potentiel du jeu, lequel a certainement des qualités à faire valoir sur d’autres supports.
Conclusion
Alors que tout était au beau fixe (graphismes magnifiques et une somme importante de bonnes idées), de sombres nuages planent au-dessus de Nubarron. Dans sa version Switch, le jeu ne semble pas fini. L'animation est à la peine avec des micros lags plus que pénibles et des contrôles approximatifs. Sur la longueur, difficile d'apprécier à sa juste valeur cette grande aventure. Peut-être sur un autre support ?
LES PLUS
- Décors magnifiques
- Des niveaux d'une taille plus que respectable
- Un mélange intéressant d'actions et de puzzles
- Le concept du nuage allié/ennemi
LES MOINS
- Houston, les commandes ne répondent plus !
- Le framerate a un sérieux hoquet
- Des collisions approximatives
- Level design inégal
- Trop de moments silencieux