Quand un jeu aborde une période historique, il y a toujours un risque de dérapage avec un traitement manichéen des faits, avec des gentils trop gentils et des méchants trop méchants, brefs des caricatures. On penche aussi toujours plus pour le faible et l’opprimé. Pourtant cette vision des choses peut être nuancée si le jeu arrive à prendre de la distance et de la hauteur avec le sujet qu’il traite. C’est le cas de Warsaw malgré son contexte terrible.
3, 5, 0, 1, 2, 5, Go
Un petit rappel historique est nécessaire avant d’aborder le jeu et pour bien comprendre les enjeux de l’insurrection de Varsovie qui a eu lieu du 1er août 1944 au 2 octobre 1944. Le principal mouvement de résistance Armia Krajowa s’est soulevé contre l’occupant allemand pour se libérer et établir un gouvernement polonais libre mais aussi pour asseoir la souveraineté de la Pologne face à l’avancée des troupes russes. Les enjeux politiques étaient réels, mais l’insurrection s’est terminée par la signature d’un accord entre les parties pour l’évacuation des civils et la reddition des résistants.
Le jeu Warsaw aborde donc cette insurrection au premier jour, le 1er août 1944 en indiquant le nombre de polonais vivant encore à Varsovie ce jour-là. Ensuite, au cours du jeu, chaque journée qui passe voit ce nombre réduire au fur et à mesure. Cette simple indication chiffrée est finalement assez glaçante quand on pense à ce qu’elle représente réellement.
Ces questions préliminaires évacuées, concentrons-nous sur le cœur du jeu. Warsaw est un tactical RPG à la manière d’un Darkest Dungeons avec des groupes de personnages qui s’affrontent sur une zone de combat découpées en lignes et cases. Il y a une ligne supérieure et une ligne inférieure et quatre cases sur chacune. Chaque combattant est défini par des compétences et des armes qui lui sont propres. Ainsi certains sont meilleurs en attaque rapprochée, d’autres ont des armes pour des tirs lointains. Certains peuvent se soigner et soigner leurs compagnons, d’autres provoquent les ennemis.
Le jeu se déroule en trois phases distinctes. La première phase se joue dans notre quartier général où nous recrutons, soignons nos blessés et préparons des armes et des munitions pour les attaques à venir. La seconde phase dans laquelle on déplace ses personnages sur une carte de Varsovie en vue aérienne. On a des points d’action en quantité limitée pour se déplacer et trouver des caisses de munitions ou des ennemis à affronter. La carte représente les différents quartiers de Varsovie et on voit avant chaque mission l’état des forces en présence, le moral des insurgés, la situation de chaque quartier et ce qu’il y a à faire : récupérer du matériel, harceler les occupants, libérer tel ou tel endroit.
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Enfin, la troisième phase, la phase de combat dans laquelle on voit nos personnages et leurs adversaires en vue de profil sur l’écran. Cette dernière phase est la phase principale de l’action du jeu. Notre équipe que l’on aura composée au préalable devra détruire les adversaires en évitant de mourir. C’est simple dit comme ça, mais dans le jeu, c’est bien plus compliqué qu’il n’y paraît. Chaque tour de jeu permet d’effectuer un certain nombre d’actions, en fonction des points de chacun. De plus, chacun est limité par son endurance qui diminue à chaque action effectuée et qui immobilise le personnage quand cette endurance est épuisée. Tout est ici question de tactique et de stratégie. Même dans le niveau de difficulté le plus facile, on ne pourra pas toujours empêcher la mort de certains de nos personnages. On gardera leur souvenir avec une plaque dans la morgue de notre QG.
Warsaw procure un sentiment assez ambivalent. On a envie de continuer jour après jour pour essayer de gagner même si on sait pertinemment que la victoire est impossible historiquement parlant. Donc on ne peut que faire reculer l’échéance et essayer de maintenir l’espoir dans les rangs des insurgés. Cette façon de jouer est assez particulière mais intéressante quand même.
Sur le plan de la forme, la musique au piano est très belle mais aussi très lugubre et somme toute assez répétitive. Elle n’aide pas à tenter de faire perdurer l’espoir. Les graphismes sont sobres, plutôt typés bande dessinée mais assez réalistes quand même. En termes de gameplay, le jeu fait le boulot de façon très correcte. L’ergonomie est un peu compliquée parfois, et tout n’est pas forcément très lisible sur le petit écran de la Switch, mais dans l’ensemble, l’ergonomie est bonne. Un codex est accessible dans notre QG pour apprendre à reconnaître les ennemis croisés, les types d’armes utilisés et les compagnons qui combattent à nos côtés ou qui sont tombés au front.
Conclusion
Le côté historique de Warsaw qui ajoute du réalisme au titre et amène aussi un certain sentiment de malaise, car on sait que quoi qu’on fasse, on ne pourra pas réécrire l’histoire et faire gagner les insurgés face aux nazis. Si on met ce fait de côté, Warsaw est un excellent tactical RPG avec un vrai challenge pour les fans du genre.
LES PLUS
- Un pan d’histoire intéressant
- Un vrai challenge pour les amateurs de tactical
- Des graphismes sobres
LES MOINS
- Une difficulté frisant la punition
- Une musique assez répétitive