Un Diablo-like au pays des livres de notre enfance, des contes et des légendes, avec lequel on pourra incarner Blanche-Neige, Robin des Bois et Dr Jekill and Mister Hide, n’est-ce pas là un programme alléchant ? Un gros pot de miel gouleyant pour l’ours grognon que nous sommes tous ? Torn Tales Rebound a la très bonne idée de mélanger les genres littéraires, et les univers, pour se démarquer. Les 3 personnages, que tout sépare, se complètent parfaitement bien : Blanche-Neige taquine la magie (blanche) en mode sorcière vénère, Robin des Bois flèche les ennemis par paquet de dix et notre bon Dr Jekill, sorti tout droit d’un classique de l’épouvante, se métamorphose en Mister Hulk pour mieux taper les ennemis.
Bonne entrée en matière pour un jeu qui additionne tous les bons clichés du genre hack ’n’ slash. Au fil des combats, on cumule or et expérience, pouvoirs (avec le fameux arbre de compétences) et bijoux magiques (qui remplaceront les classiques épées et baguettes magiques). Forcément, nos bijoux et nos pouvoirs seront de plus en plus puissants, et aguicheurs, en faisant monter nos stats de puissance, de rapidité, de résistance au feu et autres joyeusetés… Tout seul, on joue les 3 persos en même temps. Nous devons donc gérer les inventaires de nos héros qui sont, bien entendu, limités en place : trois emplacements chacun pour les pouvoirs spéciaux, deux autres pour les anneaux (oui, nos persos n’ont que deux doigts), un pour un pendentif ou talisman… Cette limitation nous oblige à faire des choix, et à compenser nos faiblesses, à renforcer nos atouts et à répartir les fameux bijoux suivant les rôles que l’on donnera à chacun des personnages. Du classique pour qui connaît les Diablo et consorts.
Un système de jeu, même opérationnel (en dépit de menus peu clairs au premier coup d’œil), ne fait pourtant pas un jeu. Car, grande déception, Torn Tales semble n’être au bout du compte qu’un système de jeu, un pitch, un projet en friche, qu’il soit d’ailleurs « Rebound » ou pas. L’histoire, a priori sympathique, se décline mollement à travers des mini saynètes illustrées et jouant sur un mélange très premier degré des histoires de nos personnages. Cela avance platement, tout est un bon prétexte pour taper du streumon au final et l’imagination, qu’on attend d’un tel mix d’univers, n’est pas au rendez-vous.
À la joute, on a l’impression de basculer dans le passé, au début des années 2000, entre un Diablo 2 et un Sacred, mais sans obtenir la variété des mondes et des quêtes (si, si même dans un hack ’n’ slash), ni la beauté des univers des jeux cités. 5 mondes, 5 décors qui se répètent invariablement. Sans parler de la musique passe-partout (un thème martial en boucle), le jeu est tour à tour terne, générique et vide visuellement. Les ennemis font dans le basique, en dehors de quelques Emt (des hommes arbres) et des précepteurs des impôts (géants ?) qu’on défouraille et qui font d’ailleurs plus rire que peur. L’animation est catastrophique, à la fois robotique et pleine d’absence.
Difficile d’imaginer que Torn Tales est un jeu de notre temps. Le level design se résume en un long et unique couloir. Lorsqu’il y a, par miracle, deux embranchements, c’est toujours la même chose : vous avez le choix systématique entre un point de sauvegarde et un trésor au bout. Si par malheur vous tombez en premier sur un point de sauvegarde, il vous faudra faire machine arrière et prendre l’autre embranchement pour récupérer le trésor. Puis revenir vers le point de sauvegarde dans des zones vides d’ennemis, qu’on aura nettoyé préalablement (il n’y a pas de respawn, les zones nettoyées le seront ad vitam). C’est rébarbatif. Au niveau des combats, idem. Le système de combat fonctionne, mais il se résume trop souvent à du shoot à bonne distance, sans une once de subtilité. Notre Dr Jekill/Mister Hide sera dès lors notre tank d’office, alors que Robin des Bois et Blanche-Neige joueront les snipers. Peu ou pas de tactique sur la longueur. Les ennemis, bêtes comme c’est pas possible, arrivent sur nous en masse et ne nous poursuivent pas, ou à peine, si on sort de la zone de combat.
Sauvons toutefois de l’ensemble, le mode co-op, qui est le gros atout de l’édition « Rebound » (en plus de quêtes secondaires et d’arènes inédites) ; le jeu original sorti sur PC en était dénué. Et forcément, les parties à deux sont un brin plus amusantes que tout ce… Ah, ben non finalement, fausse joie, le mode co-op est absent de la version Switch, alors qu’il est présent sur Steam. Pour un hack ’n’ slash, ça manque un peu… Peut-être un jour, qui sait ?…
Conclusion
En dehors de son pitch, Torn Tales est un "hack ’n’ slash/couloir" peu inspiré, faisant table rase de toute modernité. Si le jeu peut s'avérer distrayant pour les joueurs qui ne seront pas trop exigeants, avec une montée en puissance bien sympa pour nos persos, difficile de ne pas trouver le jeu rébarbatif sur la longueur. D'autant plus que le mode co-op, principal intérêt de l'édition Rebound, est, ici, absent de la version Switch. Un tel mélange d'univers méritait mieux !
LES PLUS
- Le mélange d'univers
- Trois persos complémentaires
- Système de jeu fonctionnel
- Montée en puissance sympa
- Distrayant, pour les joueurs pas trop difficiles
LES MOINS
- Mode co-op, où es-tu ?
- Générique graphiquement
- Peu de variété pour les décors
- Animation ratée
- Couloir unique, le plus souvent
- Peu tactique
- Rébarbatif