À l’approche d’Halloween, les survival horror sont de bons augures dans le monde vidéoludique. La Nintendo Switch n’échappe pas à la règle et accueille Clea, développé par InvertMouse et édité par Sekai Games (Neko Para, A Magical School Girl, Undead Darling…). Nous nous sommes plongés dans une histoire de famille, sombre, macabre, aux allures de théâtre de papier.
Approchez… voilà, plus près… que nous vous racontions ce que nous avons vu.
Une Histoire de manoir
Tout commence alors que Clea fête son anniversaire en présence de son petit frère Ed et de Florine, leur gouvernante. Clea est triste, car maman et papa ne sont pas encore présents quand tout à coup un bruit étrange, une sorte de cri strident, se fait entendre. La servante part voir si tout va bien du côté des parents et nous nous retrouvons, seuls, dans le grand manoir familial de Whitlock, incarnant la petite fille accompagnée de son cadet. Notre but est clair, retrouver papa, maman et la servante pour nous enfuir du manoir. Ed sert fort son ours en peluche contre lui et nous partons explorer les lieux à la recherche des nôtres.
Le jeu se passe en 2D, vu de côté, avec des éléments sur trois plans; sur le premier, des meubles, bibelots, et éléments d’architecture. En second plan, nos personnages tels des marionnettes de papier et en toile de fond le décor qui se résume bien souvent aux murs des couloirs que nous avons traversés tout au long du jeu avec leurs nombreux placards et portes, pour nous cacher ou changer de pièce ou d’étage. Très vite, nous comprenons que le cri que nous avons entendu provenait d’un serviteur du chaos, une sorte de croisement entre un fantôme issu du folklore japonais et le membre d’une secte satanique. Il s’agit en fait des domestiques de la famille, transformés à l’issue d’expériences menées par nos parents dont nous découvrirons le but au fur et à mesure que l’histoire progressera. Le jeu ne proposant à aucun moment de combattre ces sbires enragés, les seuls moyens de leur échapper sont de se cacher dans un placard ou de courir. Il est également possible d’utiliser une des bougies d’arcane que nous trouverons sur notre chemin, mais nous y reviendrons plus tard, car elles ont une autre utilité et sont donc de précieux consommables à ne pas gâcher.
On joue à cache-cache ?
Au début de notre visite, nous découvrons rapidement une pièce avec des tableaux au mur qui nous expliquent les différentes fonctions attribuées aux boutons de la manette. Nous pouvons donc marcher normalement, sur la pointe des pieds ou courir. Il est également possible de regarder par la serrure des portes pour observer ce qu’il se passe derrière et ainsi éviter de se retrouver nez à nez avec un des psychopathes qui nous traquent.
Clea étant endimanchée pour son anniversaire, nous avons tout de suite remarqué que le moindre de nos pas résonnait puisque mademoiselle porte des talons pour bien aller avec sa belle robe et que cela fait du bruit. Les sons que nous produisons ou que nous pouvons entendre font partie intégrante du gameplay. Quand nous marchons ou courons, tout le manoir est au courant et par conséquent les serviteurs du chaos qui longent les couloirs, partent à notre recherche aussi. Lorsque nous sommes sur la pointe des pieds (mais avec une vitesse réduite) nous n’entendons plus que les mouches voler ou plutôt, les cris ou râles des antagonistes. Mais il n’y a pas que cela, les portes grincent aussi. Pour progresser, il faut donc écouter les faits et gestes de nos ennemis tout en étant le plus discret possible, mais aussi parfois, faire du bruit pour attirer les serviteurs du chaos afin de les localiser et repartir dans un sens opposé afin de leur échapper, car dès qu’un de ces tordus vous met la main dessus, c’est le game over et il faut recommencer depuis votre dernier enregistrement.
Durant notre progression, nous croisons ici et là un gâteau d’anniversaire qui nous sert à sauvegarder notre progression. Pour l’enregistrer, il suffira de valider sur le gâteau, autant de fois que nous le souhaitons en mode facile, mais pour les autres modes il faudra sacrifier une bougie d’arcane.
Au début du jeu vous ne pourrez choisir votre niveau de difficulté qu’entre les modes lumineux ou sombre. Une fois le jeu terminé une première fois, les modes chaos et chaos+ seront disponibles.
Car oui, même si le jeu se termine en moins de deux heures en mode facile il se joue et se rejoue pour différentes raisons; fins alternatives, une fin secrète et il y a même une grande incitation au speed run lorsque l’on termine le jeu puisque les temps des développeurs sont affichés. Également, différents costumes pour Clea seront à débloquer sous certaines conditions, comme trouver la fameuse fin secrète, finir la partie en rang S, terminer la campagne en mode difficile, en invisible (un pouvoir qui se débloque également). Certains de ces costumes sont inspirés de personnages fétiches de jeux Sekai Games (Sena, Setsumi, Ritona). En mode sombre et chaos, il y a également des médailles à récolter en remplissant des objectifs qui ne sont dévoilés qu’à la chaque fin de niveau afin de débloquer des bonus; il s’agira par exemple de finir le stage sans avoir tiré la chasse d’eau, ou sans avoir utilisé de bougie d’arcane ou encore sans presser un mauvais interrupteur (lors des énigmes).
De prime abord, le jeu semble se résumer en une grande partie de cache-cache, saupoudré d’énigmes à résoudre pour récolter des clés ou des morceaux de clés à reconstituer, permettant d’ouvrir différentes portes à travers divers labyrinthes menant à d’autres parties des lieux. Mais finalement les énigmes varient et se corsent au fil des niveaux de difficulté, ce qui renforce la durée de vie du jeu permettant de visiter ou revisiter les appartements des membres de la famille, les chambres des domestiques, les innombrables w.c., le jardin, la cave et tout ce que peut se compter dans un manoir. Enfin, sans spoiler l’histoire, nous croiserons régulièrement un certain personnage, une sorte de double démoniaque qui se dévoilera au fur et à mesure que le scénario progressera. À chacune de ces rencontres, les traits diaboliques de notre double apparaitront sur notre propre visage et pour nous en débarrasser il faudra que nous avalions une potion préalablement récupérée dans le niveau.
Oh que c’est beau !
InvertMouse a vraiment mis le paquet sur la direction artistique de Clea qui a été minutieusement étudiée. Le design des personnages est dans le style animé format théâtre de papier, la lumière est extrêmement bien travaillée, les décors (murs, sols, environnements) sont variés. Les bruitages, le rapprochement et l’éloignement des sons, leurs provenances sont partie intégrante du gameplay. Les musiques sont glauques, solennelles et même angoissantes, juste ce qu’il faut pour recréer une ambiance sombre et nous mettre dans la situation cauchemardesque dans laquelle se retrouvent nos deux bambins. Au passage, nous avons particulièrement apprécié une bande son style années 50 avec son filtre façon vieux vinyle qui craque sous son saphir. Ajoutons à cela de belles cinématiques très bien doublées (en anglais) et nous avons le bel emballage d’un conte macabre dont nous sommes les héros.
Conclusion
De par sa patte graphique, son ambiance aux petits oignons et son scénario tordu, Clea sera parfait pour la période, puisqu'il sort le 30 octobre et il sera tout autant apprécié des fans de macabre à tous les moments de l'année. Le jeu ravira également aussi bien les speedrunner, les complétionnistes que les casuels gamers en fonction de la difficulté choisie, qui s'adaptera à tous ces profils de joueurs. En revanche il demande de la patience et de l'assiduité sur les derniers modes de jeu ce qui pourrait irriter les moins patients d'entre nous.
LES PLUS
- Une ambiance superbe
- De bonnes idées dans les puzzles
- Gameplay et difficulté adaptés à différents types de joueurs
- En français
LES MOINS
- Pas de HD rumble
- Certaines morts frustrantes