Sega continu son travail d’exhumation avec sa série Ages. Après des hits tels que les deux premiers Sonic, les Puyo Puyo ou encore Thunder Force, il nous propose aujourd’hui un RTS de sa Mégadrive. Si beaucoup considèrent Dune 2 comme le premier représentant du genre, celui qui l’a influencé et bien (merci Wikipédia) d’après son producteur, Brett SPERRY, c’est Herzog Zwei. Je dois bien vous avouer que j’étais passé complètement à côté du titre de Tecno Soft à sa sortie en 1990 en Europe (j’avais 10 ans en même temps, je galérais assez sur Shinobi…), alors lui découvrir un lien avec Dune 2 m’a donné follement envie de l’essayer. Etait-ce une bonne idée ? Les affres du temps, ont-ils terni l’éclat du titre de Tecno Soft ? Et bien sûr ce jeu répond-il à l’autre plus grand mystère de l’univers : les femmes ? Beaucoup de questions qui ne trouveront pas toute une réponse dans ce test.
Retour vers le passé
Technosoft, c’est un monument de la Mégadrive, Tecno Soft, c’est la série des Thunder Force (que je ne présenterai pas), et c’est Dragon Fury : le meilleur jeu de flipper de l’univers connu et inconnu. Bref, que du bon dans des registres assez différents. Alors, découvrir qu’ils sont aussi les auteurs d’Herzog Zwei, forcément ça met l’eau à la bouche. Le lancement du jeu sur ma Switch est un brin fébrile, la peur de la déception est palpable. L’écran d’accueil ne ressemble en rien à la jaquette, c’est une image digitalisée (avec les moyens de l’époque) d’un tank, OK… Mais ils sont où les méchas de la jaquette ?
Allez ce n’est pas grave, lançons la première partie, Yes ! Un mécha. Voilà ! Ça, c’est du Tecno Soft. On dirige un vaisseau transformable en robot. Il est possible de se déplacer sur la carte pour attaquer les unités dans les airs et sur terre… Quoi ??? Mais comment je suis mort ? J’ai plus d’énergie ? Mais c’est quoi ce délire ? Il est où mon vaisseau surpuissant ? Recommençons : voilà ma base, tiens rester dessus augmente mon énergie. Mon vaisseau est incapable de franchir toute la carte sans exploser, il va falloir des relais. Il y en a un pas loin, commençons avec celui-là. Alors je vais dessus, y’a rien qui se passe … retour à la base. Tiens elle peut créer des unités contre rémunération : des tanks, des voitures, des motos, des lance-missiles et … Ouais, on va faire ça : un fantassin, ça doit rentrer dans une base ça. On peut même leur donner des ordres : attaquer la base ennemie la plus proche, patrouiller, rester sur place, ah voilà : prendre la base relais la plus proche.
Voilà, le fantassin est paré, il est où sur la carte ? Raaaahhh, c’est à moi de rester au centre de la base et de le prendre avec moi pour le transporter. Allez, direction la base relais, tiens mon fantassin rentre dedans, mais ce n’est pas suffisant, il en faut quatre pour la posséder. OK, c’est parti.
Les stations relais s’enchaînent, l’attaque va pouvoir commencer, KEWA !! Mais pourquoi j’ai une base qui a disparu ? Ah ! Mon vil ennemi a profité de mes débuts balbutiants pour développer lui aussi son empire et commencer son attaque, peu importe, je vais lui rendre la monnaie de sa pièce : à l’attaque !
Voilà, en résumé, ma première partie d’Herzog Zwei. Le jeu est prenant, très riche et sans temps mort pour l’époque. Il faut toujours avoir un œil sur les différentes jauges : énergie, munitions, point de vie de la base. Il faut toujours être dans l’action tout en planifiant ses défenses. Défenses qui se révèlent assez faibles dans le cas où le mécha ennemi passe à l’attaque. L’analyse de la carte est alors importante : des unités ennemies, peuvent-elles venir à pied ? Des batteries antiaériennes, vont-elles suffire ? Nos finances, sont-elles suffisantes pour mettre notre stratégie d’attaque en branle, où faut-il prioriser la défense jusqu’à avoir plus de crédit ?
Herzog Zwei est un vrai RTS, tout est en temps réel : la gestion de nos bases et de nos unités, l’attaque de notre ennemi, jamais de pause, c’est intense et tactique. L’impression d’être débordé est souvent présente.
Retour vers le futur
Voilà pour le jeu. Qu’apporte cette version Sega Ages ?
Côté graphique, plusieurs filtres et plusieurs modes d’affichage s’offrent à nous : les classiques smooth et scanline qui viendront adoucir les pixels. Pour l’affichage, c’est aussi du classique : normal (entendez 4/3 avec bordure), large (16/9 sans bordure, mais flou et moche), vintage (je n’ai pas vu l’intérêt…).
Plus original : le mode split screen : pratique pour deux joueurs, mais disponible aussi en solo, du coup, on voit notre adversaire en action. Original.
Herzog Zwei n’a pas mal vieilli, la Mégadrive a régulièrement des jeux dont les graphismes sont moins chatoyants que ceux de la Super Nes, dus à une palette plus limitée de 512 couleurs contre 32 768 pour la machine de Nintendo. Herzog Zwei a donc ce cachet un peu sombre et criard des jeux Mégadrive, ce n’est pas gênant, ça colle au thème. Que ce soit en docké ou en portable, le titre de Technosoft ne ressemble jamais à une bouillie de pixel. Malgré son âge, il reste agréable à regarder.
Noté que la version 4/3 propose, pour remplir le vide sur les côtés, un fond d’écran reprenant les éléments importants de votre base, dont le radar. Un ajout vraiment très pratique qui simplifie la navigation dans les menus et qui nous fait gagner du temps dans la base.
Pour la bande-son, c’est du chiptune Mégadrive, c’est énergique et ça colle parfaitement à l’action. Et forcément au bout d’un moment, sur des parties longues, ça finit par lasser parce que ça tourne en rond.
Continuons dans les détails qui fâchent : cette version ne propose aucune amélioration de la maniabilité. Normal me direz-vous, ce n’est pas un remake. Peut-être, mais si les RTS ont évolué, c’est pour leur bien. Il a toujours été très difficile de proposer des contrôles dignes de ce nom pour ce genre sur console. Peu importe la franchise et la machine (Command & Conquer sur PS1, Starcraft 64 sur N64 ou encore Halo Wars sur Xbox 360), toutes ont échoué à fournir une ergonomie simple et plaisante à la manette. L’écran tactile de la Switch aurait pu être une solution à ce problème, d’autant plus que les menus gèrent la navigation au doigté, mais ça aurait demandé une refonte du jeu, ce qui n’est pas le cas ici. Les contrôles sont toujours aussi pénibles. Sorti en 1989, Herzog Zwei montrait déjà les limites du RTS sur consoles. Et malheureusement pour les fans de genre, les choses n’ont que peu changé.
Revenons sur les ajouts de cette version : un manuel, un mode online (dont je n’ai pas pu tester les capacités d’accueil vu que chaque recherche se soldait par une absence de partenaire), un mode didacticiel : très pratique pour apprendre les bases du jeu et assez décalé dans l’écriture pour ne pas être trop rébarbatif. Pour finir, la possibilité, avant de lancer une partie, de choisir le niveau de difficulté via différents items : la vitesse de production, la résistance de votre base et de votre vaisseau ou le coût des unités. Il est évident que Herzog Zwei est difficile, il est sorti en 1989, il fait honneur aux jeux sortis à cette époque et se montre ardu à maîtriser. Il propose un vrai challenge, accentué par sa maniabilité. Pour apprendre à maîtriser les bases tactiques et en finir avec les niveaux proposés, comptez une bonne vingtaine d’heures, la durée de vie augmente avec le mode versus en écran splitté si vous avez des amis fans de rétro gaming et de RTS.
Conclusion
Faut-il noter Herzog Zwei, ou faut-il noter la version Sega Ages ? C’est à cette question qu’il vous faudra répondre vous-même en vous aidant de ce test. Si le premier faisait partie des must have de la console de SEGA dans les années 90, le second sent franchement le renfermé avec ses mécaniques intéressantes, mais sa maniabilité pénible. Les ajouts, qui sont les bienvenues, vous permettront de profiter du jeu de Tecno soft sans trop de rage et de désespoir tout en offrant au puriste du rétrogaming un challenge d’époque bien corsé. Amateur de conclusion tranchée, désolé pour vous, mais comme bien souvent la réponse dépend de vous. Si Herzog Zwei mérite d’être redécouvert pour ce qu’il a apporté au monde du jeu vidéo, il n’en reste pas moins un jeu aux mécaniques d’un autre temps qui risque de vite finir sur l’étagère virtuelle de votre Switch.
LES PLUS
- Découvrir l’ancêtre des RTS…
- Le didacticiel
- Le réglage de la difficulté
- L’action permanente
- Le mode deux joueurs en écran splitté
LES MOINS
- … et la maniabilité des RTS sur console
- La musique lassante sur les parties longues
- Le mode online bien vide