À notre époque de gros jeux AAA développés par une équipe composée de centaines de personnes, il reste encore des développements solos (ou à effectifs très réduits) sur la scène indépendante qui entretiennent le fameux mythe du “développeur bossant dans son garage”. Derrière l’énigmatique dénomination “Npckc” se cache certainement un de ces développeurs. En se renseignant, on constate que le nom est lié à de nombreuses petites expériences mignonnes dans le genre du Visual Novel. À Hero and a Garden est une de ces productions, et c’est lui qui constitue l’objet de notre attention.
Cultiver des baies sans fin pour être libre
Il s’agit pour commencer du récit classique d’une princesse disparue et d’un héros chevalier partant à l’aventure pour la sauver. Ce dernier arrive alors à une tour dans laquelle la princesse semble retenue prisonnière par une sorcière et ses monstres. Notre jeune héros dégaine son épée pour faire face à la puissante magie de son ennemie dans l’espoir de libérer la belle. C’est sur un flash que cette introduction se termine. On retrouve alors notre héros retenu dans un complexe avec un jardin. Celui-ci est surplombé par un grand arbre. Un monstre humanoïde avec des cornes s’adresse à notre héros : il s’agit d’un médecin.
On apprend rapidement au travers du dialogue que notre héros a été vaincu par la Sorcière et est victime d’une malédiction le retenant dans ce complexe. Il est condamné à réparer les dommages qu’il a causés au village de monstres lors de son combat. Pour y parvenir, il est chargé de prendre soin du jardin appartenant à la sorcière. Notre médecin apporte également la solution qui nous permettra de commencer à entreprendre la réparation.
À l’aide d’une potion, il fertilise une parcelle de terre du jardin et laisse notre héros y planter une graine. Un buisson grandit rapidement et des baies apparaissent. On récolte alors ces baies pour les vendre en échange d’argent et financer les réparations. En avançant, d’autres monstres victimes des dégâts du combat apparaîtront et de nouvelles baies deviendront cultivables afin de leur fournir et de faire avancer le récit du jeu. Nous en parlons comme s’il y avait des centaines de baies et de monstres, mais il n’en est rien.
Le titre et le récit tournent autour d’une petite poignée de personnage : le médecin cornu, votre assistant de jardinage aux allures de chauve-souris, un monstre aux allures de grande main, une espèce de gros bulbe vivant, un monstre humanoïde félin, la sorcière puis enfin la princesse. Chacun à sa petite histoire plus ou moins liée aux événements causés par le héros. Et c’est à travers les dialogues du jeu que l’on voit se dérouler devant nous un récit plus complexe que ce sur quoi on aurait parié au départ, sur un ton qui reste mignon, naïf et bon enfant.
Un récit de héros qui ne connaissait rien au monde et qui ne pensait qu’à accomplir son devoir de chevalier en allant sauver la princesse. Une princesse qui cherchait juste à fuir la vie de château pour vivre comme elle l’entendait. Les monstres qui méprisent ou craignent les humains, mais comprennent en même temps que notre héros qu’il ne s’agit que d’une histoire de préjugés. En continuant ainsi, on finirait par vous dévoiler toutes les coulisses de ce jeu d’une durée d’une à deux heures. Mais on préfère vous laisser la découverte de ce récit dépeint autour des personnages attachants et mignons.
La réalisation nous met face à des illustrations tout aussi mignonnes que le récit. Rien de transcendant techniquement, mais plus que convenable pour le genre et pour un jeu indépendant. Il manque peut-être quelques notes de musiques en plus et pourquoi pas un doublage qui auraient contribué à potentiellement attirer un jeune public. Cette expérience relativement courte nous laisse avec l’espoir de vivre davantage d’aventures avec chacun des personnages. Cela reste sympathique pour un genre de Visual Novel à petit prix et traduit en français!
On aurait pu en rester là si le jeu s’était contenté d’être un simple Visual Novel, mais le développeur tente d’apporter un peu de gameplay supplémentaire via une expérience de cueillette de baies dont on se serait peut-être passé. Le récit est divisé en cinq petits segments liés à notre paiement des dégâts du village. Chaque récit de personnage est lui divisé en sept petits arcs qui se développent au rythme des requêtes que nous effectuons pour chacun d’eux. Ces requêtes sont toutes les mêmes, il s’agit simplement de leur fournir un certain nombre de baies. Chacun aura des raisons différentes et propres à son récit, mais la finalité reste la même.
Cueillir des baies pour faire avancer l’histoire
Chacun des personnages nous demandera un genre de baie différent. Chaque buisson nous fournit un maximum de trois baies par récolte et chaque espèce de baie ne se développe pas à la même vitesse. Ainsi, la première espèce nous propose, par exemple, une baie chaque seconde alors qu’un autre arbuste d’une autre espèce nous demandera d’attendre trois à quatre secondes pour pousser. Nous pouvons programmer notre assistant pour qu’il se concentre sur la récolte d’un arbuste, mais il n’apparaîtra que sur des intervalles très longs pour cueillir trois baies. Autant toutes les cueillir soi-même.
Un mini-jeu qui peut être sympathique au début, mais qui devient répétitif au bout de quelques minutes et lassant. Il est même inutile à un certain moment. Car lorsque le récit d’un personnage est complété, on peut continuer à cueillir les baies associées à son récit. Mais elles ne servent plus à rien. On ne peut même pas les vendre pour faire avancer le paiement de la dette qui est, pour le coup, totalement scripté. On aurait aimé pouvoir s’en servir pour les échanger, par exemple, comme engrais et accélérer la pousse des autres baies. En réalité sur les deux heures de jeu, il est probable que sans le mini-jeu des baies, le récit ne dure que quelques minutes.
On pourrait se dire que le titre est onéreux pour ce très court récit et que le mini-jeu rallonge la durée de vie pour justifier ce tarif. En réalité, c’est le tarif que propose l’éditeur Ratalaika Games pour ce portage sur chaque console, mais le développeur Npckc offre le jeu sur son site et sur boutique mobile en accès totalement gratuit. Il laisse la liberté aux joueurs d’apprécier le jeu et de le soutenir financièrement par d’autres moyens si l’expérience leur plaît. Autrement dit, sur Switch, on ne paie pas forcément le jeu lui-même, mais on finance surtout le coût du portage. On comprend mieux ainsi l’absence, par exemple, de doublage, vu le budget certainement très réduit du développeur. Bref, une logique de marché comme une autre à notre époque.
Conclusion
Si vous cherchez un petit Visual Novel, mignon et attachant, A Hero and a Garden pourra totalement vous convenir. Il faudra juste supporter son mini-jeu de baie, mais en fermant les yeux dessus puis en se laissant transporter par ces personnages et leurs petits récits, on peut en ressortir légèrement surpris. Osons dire que l’on reste même sur notre faim. On aurait souhaité avoir plus de personnages tout aussi développés ou alors d’autres développements autour d’eux et du village. On se contentera tout de même de cette petite friandise toute mignonne qui plus est proposée en français. Une chose rare dans le genre pour être souligné et qui en fait une expérience ouverte à tous !
LES PLUS
- La réalisation et les personnages mignons et attachants
- La douce musique accompagnant très bien cette atmosphère
- L’histoire autour de cette poignée de personnages
- Un récit avec de bons thèmes et restant bon enfant
- Une tentative d’être autre chose qu’un simple Visual Novel...
- Accessible à tous, car disponible en français !
LES MOINS
- Déjà fini? On veut plus de personnages et…plus tout court !
- Quelques notes de musiques supplémentaires seraient bienvenues
- Ou des voix
- ...tentative pas très convaincante
- Car la cueillette de baie était plus que facultative