On sait les Allemands férus de jeux de simulation : train, bus, bateau, patrouille d’autoroutes, camion poubelle. Mais avec Bus Driver Simulator, on se rend compte qu’ils ne sont pas les seuls et que les Russes ne sont pas en reste dans ce domaine. On sait aussi que la plupart de ces simulations sont moches, vides et bourrées de bugs. Alors qu’en est-il de Bus Driver Simulator ? Les développeurs russes de KishMish Games, ont-ils réalisé un miracle ?
Vis ma vie : chauffeur de bus à Cologne
À peine le jeu lancé, on se rend compte que l’interface de Bus Driver Simulator est aussi accueillante qu’un dépôt de bus un jour de grève. On a quand même droit à un tutoriel léger avant d’être lancé dans le grand bain : c’est-à-dire un mode carrière ou un mode scénario. Difficile de distinguer les deux, le mode carrière reprend les lignes de service du mode scénario en ajoutant une gestion financière et une gestion de l’essence.
La carrière d’un chauffeur de bus urbain est assez simple à comprendre. On doit suivre son trajet, s’arrêter aux bons arrêts aux bons horaires, et respecter le code de la route. Chaque infraction, aussi minime qu’elle soit, a des répercussions sur notre porte-monnaie. On part en avance d’un arrêt, on a une amende (et non une amande comme c’est écrit noir sur blanc dans le jeu… qui est jouable en français, c’est à noter). On part en retard d’un arrêt, on a une amende. On passe au feu rouge, une amende. On effleure une voiture, une amende. On oublie de fermer les portes du bas en démarrant, une amende. Si on ne fait pas extrêmement attention, tout l’argent que l’on encaisse à chaque arrêt s’envole entre deux arrêts sous forme d’amendes diverses et variées.
Le choix des villes à parcourir est assez limité : Cologne en Allemagne et surtout Serpukhov et son hiver russe. La différence entre les deux ? À part l’architecture, pas grand-chose… Ah si peut-être la présence de bonhommes de neige en Russie… Les deux villes sont austères, froides et vides de toute vie ou toute folie.
Vis ma vie : chauffeur de bus à Serpukhov
Le jeu est laborieux dans son approche. Il faut ouvrir un menu pour démarrer le moteur. Puis il faut fermer ce premier menu et en ouvrir un second pour allumer les phares. Puis fermer ce second menu et en ouvrir un troisième pour ouvrir et fermer les portes du bus. On passe son temps à ouvrir et fermer des menus avant de trouver le bouton qui va nous permettre de faire une action.
En termes de maniabilité, on a affaire à une vraie simulation, chaque bus a une inertie différente et un rayon de braquage plus ou moins grand dont il faut tenir compte quand on prend un virage. Pour les graphismes, c’est dur, très dur pour les yeux. Les immeubles sont laids, les routes sont moches, on croit voir des reprises de bitume qui pourront nous faire ressentir les aspérités de la route, mais c’est purement esthétique, ça n’influe en rien sur la qualité de la route et donc sur la conduite à proprement parler. Les passagers sont hideux, ils se rentrent dedans sans aucune gêne, et arrivent même à s’imbriquer les uns dans les autres.
Tout dans Bus Driver Simulator est de cet acabit. Les piétons dans les rues sont tous les mêmes, le comportement des véhicules sur les routes est erratique. Le côté simulation pure est lourd, mal implémenté, on galère dans des menus alors que ça devrait être simple. Le jeu nous propose une dizaine de bus différents à débloquer, mais pour cela, il faut de l’argent. Et cet argent est tellement long à récolter que même les plus patients ne tiendront pas. La simulation est poussée à l’extrême. On doit attendre parfois plusieurs minutes à un arrêt pour respecter l’heure du départ. Et que le temps passe lentement au volant d’un car russe à l’arrêt Lénine en face de la gare ferroviaire.
Même les trajets relativement courts avec une dizaine d’arrêts à respecter ont des allures de combat contre le temps et quand la destination finale apparaît dans la faible lueur du jour qui tombe sous le poids des nuages gris, on ressent le soulagement du travailleur qui va enfin terminer sa journée et rentrer se reposer dans son doux foyer. En fait, on éteint sa console et on reprend une vie normale. Merci Bus Driver Simulator de nous faire ressentir tant de choses sur la vie des conducteurs.
Conclusion
Bus Driver Simulator est un jeu qui n’est pas beau, qui n’est pas fun, qui n’est pas maniable, et ce n’est pas le cui-cui des oiseaux qui accompagne le ronronnement du moteur qui permet de rattraper la catastrophe. De bout en bout, ce jeu est laborieux, fastidieux et inintéressant. Fans de simulation ou simples néophytes, passez votre chemin et allez plutôt faire un tour du côté de MudRunner.
LES PLUS
- Une simulation russe… à l’allemande
LES MOINS
- Une maniabilité datée
- Des graphismes horribles
- Une jouabilité très punitive
- Des amendes par dizaine