Qu’est-ce qu’un bon shooter sur Switch ? Vous avez deux heures ! Est-ce un Outbreak : Epidemic ? Telle est la question. Développé et publié par Dead Drop Studios, un graaaaand studio constitué d’une personne seule. Avec plus d’un opus sorti par an depuis 2017, Epidemic est déjà le cinquième titre de la saga, et soyons honnête, aucun n’a vraiment réussi à percer. Epidemic sera-t-il la bonne pioche ? Nous commencerons par aborder le jeu en lui-même avant de parler de la version Switch, car la meilleure console du monde de l’univers a quand même des spécificités dont il faut tenir compte.
I want to be a zombie
Chaque titre de la licence a tenté une approche différente de la même histoire : en vue de dessus à la Hotline Miami (en beaucoup moins pêchu) pour le premier opus, en écran fixe à la Resident Evil premier du nom pour les deux suivants (là aussi en moins réussit). Et pour finir, en mode TPS pour les deux suivants, dont celui qui nous intéresse aujourd’hui Epidemic.
La série des Outbreak vous emmène dans un monde ravagé par des zombies, dans lequel il vous faudra survivre avec vos compagnons. Ceux-ci peuvent avoir différentes classes : du survivant au leader en passant par le bûcheron ou le médecin. Chaque personnage apportera son petit plus à votre équipe. Vous pouvez jouer à deux en écran partagé (verticalement ou horizontalement) ou seul si vous n’avez pas d’ami. Le jeu n’est ni plus simple, ni plus difficile à un ou à deux. Si les hordes de zombies peuvent paraître plus aisément contrôlables à deux, la gestion des munitions, qui restent les mêmes que vous soyez seul ou accompagné, demande au contraire bien plus de coordination.
Chaque personnage possède des buffs et des debuffs liés à sa classe : plus ou moins de dommage en fonction de l’arme équipée, plus ou moins de place dans l’inventaire, possibilité d’utiliser des armes particulières… À vous de trouver le bon compromis avec votre style de jeu et , si vous jouez en équipe, la meilleure combinaison possible avec votre acolyte.
Une fois la première partie lancée, ce qui choque le plus c’est la distance d’affichage : il fait tellement sombre qu’il est impossible de voir quoi que ce soit à plus de trois pas de distance. Dans ces conditions, bien sûr que les zombis nous surprendront, mais il est aussi de ce fait quasi impossible de jouer en plein jour. Il faudra se contenter de parties nocturnes, tant pis si vous aviez prévu de regarder l’intégrale de plus belle la vie. Le mode visé (ZL enfoncé) améliore bien les choses, mais du coup votre personnage avance pas à pas et le parcours des niveaux devient horriblement lent.
Le jeu est entièrement en anglais, ce qui vous demandera un niveau plutôt correct dans la langue du quinze de la rose pour comprendre le background du jeu et pour assimiler la biographie de chaque personnage. Ces éléments ne sont pas nécessaires à la progression, mais ils apportent un petit plus à l’ambiance que cherche à instiller le développeur solitaire. Par contre une fois en jeu, les objectifs seront à lire via des rapports rédigés en anglais, une maîtrise minimale sera alors nécessaire sous peine de tourner en rond.
Les options de jeu sont plutôt complètes, avec quatre niveaux de difficulté, qui concernent essentiellement le temps que mettra un zombi à périr sous vos coups. Par contre la navigation dans le menu est assez pénible, la taille des textes étant assez réduite, en mode nomade notamment. La partie graphique est assez sommaire, les niveaux sont constitués des modèles classiques d’un shooter 3D horrifique avec ses passages obligés dans le métro ou dans une usine désaffectée par exemple. Rien de transcendant ni de très joli. La musique est plutôt bonne, jouée au piano dans un style assez mélancolique, elle colle très bien à l’ambiance.
En termes de gameplay, vous devrez vous déplacer dans des zones pour réussir différents objectifs vous permettant de survivre quelques jours de plus. Ces missions vous renverront dans la préhistoire du jeu vidéo : trouver du carburant, oui, mais pour cela il faut utiliser la clé… imposant ainsi des allers retours assez pénibles. Vous aurez aussi à gérer votre équipement. Le nombre de places disponibles dans votre inventaire est très limité. Il vous faudra faire attention entre les armes, les munitions et les éléments nécessaires pour avancer dans l’histoire.
Un portage pas à la hauteur
Si ces premiers éléments peuvent donner envie de jouer à Outbreak : Epidemic, il y a un point qu’il ne faut pas oublier : le titre est sur Switch. D’où cette question : c’est quoi un bon Shooter sur Switch. Les shooters sur console ont toujours eu (à juste titre) un complexe d’infériorité face au combo clavier/souris. Avec l’arrivée des gyroscopes, les débats se sont un peu équilibrés et les systèmes d’aide à la visée ne sont plus nécessaires. Alors dans un jeu où il n’y a ni l’un ni l’autre, vous retrouverez les sensations des jeux d’il y a 20 ans. Sauf que lorsque le nombre de balles est si faible, la rigidité d’un tel système de visée est franchement frustrante et donne vite envie de lâcher la manette.
Les réglages sont quasi inexistants, que ce soit pour la luminosité ou la sensibilité de la visée. Rien n’est ajustable et vous aurez très vite l’impression de contrôler une brique dans un couloir sombre. C’est dommage, car ça gâche complètement l’expérience de jeu. Seules des options concernant la place de la caméra viendront attendrir le verdict.
Le système des munitions est lui aussi très pénible : aucune indication ne vient nous dire où en est la charge. Très souvent, notre chargeur se retrouve vide en pleine action, sans munitions à disposition. Il faut alors s’enfuir sans rien voir, changer d’arme, puis revenir. Ça coupe complètement le rythme des combats et n’apporte pas vraiment de stress à l’affaire.
Pour terminer, il convient de mentionner son tarif, le portage se vend plus de sept fois son prix sur Steam. Je veux bien comprendre un écart de tarif dû au portage, mais là vu le peu d’efforts faits pour l’adapter, je ne vois pas en quoi ils justifient un tel écart de prix.
Conclusion
Il est difficile d’être méchant avec Outbreak : Epidemic. Quand on sait qu’il est le fruit du travail d’un seul homme sur une période de temps très courte, la prouesse est assez impressionnante et mérite le coup d’œil. On en vient à espérer qu’un jour le studio Dead Drop ait plus de temps pour fignoler ses œuvres et qu’il puisse les sortir sans tous ces défauts, tels la rigidité de ses contrôles ou le manque d’information sur les munitions, qui gâchent fortement l’expérience. On espère aussi que la Switch ne soit pas la console de la dernière chance pour un titre qui ne cherche pas à s’adapter à ses spécificités, mais qu’il soit pensé pour elle. Peut-être au prochain opus de la saga…
LES PLUS
- L’ambiance très sombre est très oppressante…
- Tout le titre est jouable en coop à deux
- La bande sonore toute au piano, très mélancolique colle bien à l’ambiance
- Les différentes classes permettent de former une équipe complémentaire
LES MOINS
- …mais nécessite de jouer dans le noir
- Les contrôles sont d’une rigidité qui vous rappellera l’ère des FPS sur console 32 bits
- Tout comme la construction des niveaux
- Son prix est dissuasif par rapport à la version Pc
- Pas de visée gyroscopique
- Aucune indication sur l’état de nos munitions
- Tout en anglais