Wonder Blade, du studio chinois Puppet Depot Game, fait partie de cette liste des jeux opportunistes qui, venant du monde mobile, tente d’améliorer leur rentabilité par un portage sur notre Nintendo Switch d’amour. Si cela peut permettre à des jeux de qualité de profiter d’un parc de machines conçues pour le jeu, il ne faut jamais oublier qu’une Switch n’est pas un smartphone et qu’un portage de qualité demande du travail. Alors Wonder Blade est-il une bonne pioche ou un autre titre fainéant, réponse en fin de test…
Le Castle Crashers du pauvre
… ou pas. Soyons francs, Wonder Blade est une resucée complète de Castle Crashers. Ça en devient presque risible tant le titre de Puppet Depot Game « s’inspire » de son aîné. Un monde féodal, une direction animée cartoon, le design des mobs, le système de leveling, les phases de jeu, le système de drop des armes, tout est quasi identique. À un détail près : la composante multi, absente sur Wonder Blade. Ce constat s’impose dès les premières minutes de jeu, ce qui explique qu’il soit établi dès le début de test…
Donc comme Castle Crashers, Wonder Blade est un Beat’em up. Le scénario est clairement un prétexte à l’annihilation de monstres en tout en genre : une princesse se fait kidnapper, allons la sauver. Ce classique des jeux vidéos est clairement assumé et tourné en dérision avec beaucoup d’humour. Les mimiques du roi, qui cherche à marier sa fille, donnent le sourire et offrent une belle rampe de lancement au titre de Puppet Depot Game.
La suite est plus consensuelle, il va falloir parcourir différents niveaux dans différents environnements pour secourir votre promise. Il n’y a pas vraiment de lien entre les niveaux, à chaque entrée, notre princesse est trimballée par un quelconque mob n’ayant rien à voir avec le précédent. À vous d’avancer, de tuer le boss qui est là sur votre chemin un peu par hasard, puis de continuer votre route.
Ça manque de cohérence, mais ça n’est pas vraiment ce pour quoi les beat’em up sont renommés. Non, le cœur du jeu, c’est la bagarre, le combo saignant et la dextérité du joueur. Ici encore, le titre est assez décevant par rapport à ce qui se fait chez la concurrence. Les niveaux se parcourent sans aucune difficulté, seuls certains boss vous feront perdre une ou deux vies. Le problème étant surtout qu’ils sont juste de gros sacs à PV, qu’il faudra prendre son temps pour en venir à bout et donc répéter régulièrement les mêmes actions pendant une durée trop longue pour être amusante.
Seuls quelques ennemis volants vous demanderont un surplus exorbitant de technique : il faut sauter avant de taper ou alors leur balancer une boule de feu pour les mettre au sol et les finir. Quelquefois des pièges au sol vous obligeront à prendre du temps pour les circonvenir. Mais là encore, ça casse juste le rythme sans vraiment ajouter de stress.
En ce qui concerne les techniques disponibles, ce n’est pas fou non plus. Une frappe classique, un sort, une attaque spéciale (différente suivant le sort actif), un saut et une esquive. Pas d’enchaînement possible vu qu’une action lancée annule la précédente, c’est pratique pour esquiver rapidement ou attaquer pendant une esquive, mais il n’y a pas de combos nécessitant un geste particulier ou un ordre de touche adéquat. On mash le boutons Y et parfois, pour s’éviter l’ennui, s’ajoute un lancer de sort ou un saut, gardant l’attaque spéciale pour le boss.
Do you Speak français
Alors bilan de mi-test : ce n’est pas fou mais ce n’est pas mauvais non plus, disons que le titre ferait bien le taff…s’il était toujours sur smartphone. Hé oui, Wonder Blade n’a pas compris qu’un jeu sur console n’a pas la même ergonomie qu’un jeu sur téléphone. Exemple simple : vous parait-il normal de devoir quitter votre partie et revenir au menu d’accueil pour avoir la possibilité d’utiliser vos points de compétences ? Non ? Hé bien pourtant c’est ce que vous aurez à faire. Je n’ai pas joué à Wonder Blade sur smartphone, mais dépenser ses points acquis ou l’argent gagné en partie dans un menu à l’accueil, ça sent un peu l’achat in-game qu’il a fallu modder vite fait pour les joueurs console, qui eux ne dépenseront rien de plus une fois le jeu payé.
En parlant de vite fait, il faut aussi mentionner la traduction générale du jeu. Elle a dû être faite par un participant vainqueur d’une émission de télé-réalité tant notre langue est ici massacrée. Dès le message d’accueil le ton est donné : il manque un bout de mot : « appuyez sur n’importe quelle tou », je ne parle pas des tournures de phrases ni des « magasins qu’il faut vendre »…. Même les phases de tutoriel affichent les touches… De manettes PlayStation (à moins que chez Nintendo ils aient ajouté sans prévenir une touche O).
Tout ça nous fait bien rire, ça ne gâche pas le gameplay, certes, mais ça fait mauvais genre. Et puis surtout ça montre que les développeurs n’ont pas cherché à porter leur jeu. Sinon ils auraient pensé à mettre un mode multi. Qu’un Beat’em up ne propose pas de jouer à plusieurs sur mobile, ça se comprend, mais imaginez un Street Of Rage en solo, même les premiers ancêtres du genre étaient jouables à deux et leur descendance a vite intégré 3 voire 4 joueurs que ce soit en arcade ou dans notre salon.
Bien sûr, il faudrait mentionner, pour rehausser son aura, que Wonder Blade propose de customiser votre avatar ou que certaines phases de jeu vous proposent de contrôler une monture tels un dinosaure ou un robot. Mais là encore c’est rigolo cinq minutes mais le gain de puissance obtenu se fait au détriment du gameplay qui s’en trouve appauvri.
Conclusion
Wonder Blade n’est pas un mauvais jeu, il maîtrise parfaitement son sujet et ses graphismes sont très soignés. Mais il passe complètement à côté de la plaque de son portage. Un Beat’em up sans multi, une ergonomie des menus inadaptée et une traduction aux fraises (qui en plus mentionne les touches d’une autre console), tout ça le met tellement loin de ses concurrents qu’il est quasi impossible de vous le conseiller. Vous voulez plus de technique ? Lancez un Street Of Rage 4. Vous voulez une bonne tranche de marrade à plusieurs ? Lancez Castle Crashers.
LES PLUS
- Les graphismes cartoons sont très rigolos…
- Les différences de gameplay sont maîtrisées…
- L’humour potache du titre marche bien
LES MOINS
- … mais ils sont très très proches de ceux de Castle Crashers
- … mais elles sont identiques à celles de Castle Crashers
- L’ergonomie des menus est épouvantable
- Pas de mode multi pour un beat’em up
- La traduction française est ridicule