Production du studio cKolmos Game Studios, Oniria Crimes est un jeu point & click à l’ambiance onirique. Le studio espagnol a utilisé de nombreuses influences artistiques pour mettre en lumière sa dernière réalisation. Pour la Nintendo Switch, Oniria Crimes permet de compléter la collection des jeux policiers.
Un concept atypique
Oniria Crimes propose 6 enquêtes à résoudre, lesquelles comportent de nombreuses caractéristiques. Tout d’abord, il est nécessaire de décrypter le décor du crime. Les objets ont une importance cruciale, puisqu’ils peuvent communiquer. En effet, Oniria Crimes se déroule dans un monde virtuel où des personnes, par l’intermédiaire de rêves, ont créé une nouvelle société. Basé dans des rêves, Oniria est un monde onirique où une société secrète est chargée d’enquêter sur des meurtres. Les objets sont également le fruit de l’imagination des humains, leur permettant de transmettre des informations importantes aux enquêteurs.
Le joueur incarne un nouvel agent, devant collaborer avec Santos et Torres, deux inspectrices rigoureuses. Le scénario présente des rebondissements, entraînant les personnages à suivre la trace de plusieurs guildes mystérieuses qui souhaitent contrôler le monde d’Oniria. Les 6 enquêtes poussent le joueur à comprendre les tenants et aboutissants de cette sombre histoire, qui révèle un background surprenant.
Un hommage à blade runner
La direction artistique peut surprendre. Graphiquement, le jeu est réalisé en voxels, rappelant fortement l’esthétique de Minecraft. Cette touche artistique fait son effet dans les deux premiers niveaux, mais elle devient très vite redondante voire encombrante, dans les enquêtes suivantes. Les décors sont en effet chargés d’objets qui ont tendance à polluer visuellement le jeu. De plus, l’aspect graphique montre très rapidement ses limites lors des séquences de puzzle où, conjointement au manque criant d’indications, le joueur se perd à distinguer les pixels. Néanmoins, l’ambiance reste accueillante et colorée, notamment grâce à de fortes influences.
Oniria Crimes est un jeu généreux pour les adorateurs de la culture populaire du début du XXIe siècle. De nombreuses références culturelles viennent compléter les enquêtes, permettant notamment au jeu de se construire une identité atypique. Certains décors rappellent les lieux de Blade Runner. Ce n’est pas anodin si la police secrète du jeu rappelle les Blade Runner, personnages chargés de traquer des robots marginaux dans l’œuvre de Ridley Scott. Mention spéciale à la cinquième scène de crime qui est une véritable déclaration d’amour à la littérature fantastique et de science-fiction. Les enquêtes se succèdent grâce à des références culturelles plus ou moins subtiles, mais qui confèrent une identité bien particulière au jeu.
Des défauts particulièrement contrariants
Il convient de nuancer quant à la qualité relativement bonne d’Oniria Crimes. Proposant un jeu d’enquête avec une patte artistique bien goupillée, certains défauts viennent assombrir l’ensemble. En premier lieu, la traduction française est imparfaite. Certaines séquences sont encore sous-titrées en langue espagnole, et ce sans raison apparente. De plus, les dialogues sont parfois trop abstraits. Certaines informations ne sont pas explicites, au risque de perdre le joueur. Le schéma narratif est alambiqué et trop complexe. Il aurait été pertinent d’inclure des informations complémentaires sur l’univers du jeu afin de mieux l’appréhender et de comprendre plus clairement les enjeux de l’enquête principale.
Si le style graphique est réussi, l’ambiance sonore est plutôt ratée. Les mélodies sont oubliables, et elles s’arrêtent brusquement en pleine enquête. Il faut attendre le déclenchement d’un nouveau puzzle ou l’apparition d’un objet pour retrouver un semblant d’ambiance sonore.
Les puzzles peuvent également souffrir de quelques bugs, plus particulièrement pour recevoir de l’aide via une icône dédiée. Celle-ci ne fonctionne pas forcément en permanence, pouvant entraîner de l’agacement. Certains puzzles manquent d’explications précises, entraînant la perturbation de l’enquête. Il n’est pas question de critiquer une quelconque once de difficulté, mais plutôt de remettre en question l’abstraction totale de certains puzzles, dont on peut se demander légitimement si cela sert seulement à doper artificiellement la durée de vie. Concernant cette dernière, il ne faut pas viser trop loin, car le jeu se termine très rapidement. Il faut compter quatre bonnes heures pour faire le tour complet du jeu. Pour un prix de 20€, il convient de prendre du recul face à la rejouabilité limitée d’Oniria Crimes.
Une adaptation classique sur Nintendo Switch
L’adaptation à l’architecture de la console de Nintendo laisse indifférent. Que ce soit en version nomade ou en version dockée, le jeu n’évolue pas considérablement. Cela peut poser directement problème en nomade, car la fonction tactile n’est pas présente. Pour un point & click, le système semblait juste, malgré certains détails complexes à toucher du doigt.
Conclusion
Oniria Crimes est un jeu relativement bon, mais très contrariant. L’ambiance visuelle et les enquêtes sont de bonne facture, mais le manque de clarté de l’histoire complexifie la compréhension du jeu. La bande originale et les puzzles sont décevants et ne proposent pas de vivre efficacement l’expérience proposée par cKolmos Game Studios. Il convient toutefois de surveiller le monde d’Oniria ; l’ambition, peut-être démesurée, est un gage de qualité dans cette production imparfaite.
LES PLUS
- Un univers ambitieux et prometteur
- Une ambiance visuelle atypique
- Des références culturelles à la pelle
- Des enquêtes uniques
LES MOINS
- Un gameplay trop classique
- Des puzzles imparfaits
- Une bande-son à oublier
- Un scénario trop abstrait
- Un manque criant de background
- Pas d’utilisation de l’écran tactile en portable