Cavalier de l’Apocalypse, Reaper prend son rôle de faucheuse très à cœur dans ce Beat-them-all bien énervé. Le jeu déverse sans répit sur l’écran de la Switch des hordes de monstres baveux et autres robots surarmés. Et notre petit Reaper ne leur laisse aucun répit. Il taille dans le lard, en faisant virevolter sa faux dans tous les sens, tout en sautant partout. Pour l’aider dans sa tâche, il peut être accompagné par Spaura, un sympathique épouvantail, muni d’un gros maillet, soit le perso idéal pour les joutes à deux.
Avec comme objectif de pacifier violemment ce petit monde, le jeu se présente comme une succession de niveaux sur des maps (chaque map représentant une zone) avec quelques chemins nous menant vers des niveaux bonus. Ces niveaux bonus mettent en scène en général la MORT qui va confier à son jeune apprenti de petites missions. Il y aura d’autres niveaux, bien plus rares, où l’on pourra souffler et chiner du bel objet chez le marchand. Néanmoins, ce semblant de variété, ce semblant de petit monde en soi où l’on peut interagir avec les uns et les autres, reste une illusion. Death Tales est avant tout un Beat-them-all bien bourrin et bas du front, un jeu qui en grande partie, ressemble à une grande ligne droite.
Si l’on se penche sur les niveaux en eux-mêmes, ils se saucissonnent en plusieurs sections mélangeant (beaucoup de) baston et (un peu de) plates-formes. Les plus délicates sont celles où il sera impératif de nettoyer toute la zone pour passer à la section suivante. Attention aux trous ! Ils ont l’air innocents, avec leur petit air de ne pas y toucher, mais ils sont nos pires ennemis, puisque tomber dans un trou équivaut à un one shot, avec retour à la case départ. Comme les check-points sont rares, il vaut mieux être prudent et ne pas bourriner bêtement l’ennemi aux abords d’un vide mortel.
Pour un jeu qui aime les trous mortels, il n’y a pas ce mouvement de recul horripilant (un écueil du genre) lorsque le perso se fait toucher. Oui, accroché à une paroi, il vaut mieux ne pas se faire toucher et il y a bien un ennemi qui nous fonce dessus, ce qui nous éjecte vers l’arrière, mais le plus souvent, le joueur ne pourra s’en prendre qu’a lui-même si Reaper tombe dans le vide.
Death Tales est rudement efficace dans ce qu’il entreprend. La jouabilité est instinctive et nerveuse. Outre les attaques au sol ou aériennes, il est possible de passer derrière l’ennemi en se projetant, la faux en avant. Les combos sont relativement simples à sortir, même si au final, il est dommage qu’on n’en découvre pas davantage au fil de notre périple. A contrario, les sortilèges, jouables avec les gâchettes, seront à débloquer au fur et à mesure de notre « pacification » et les armes, armures et casques à glaner seront une bonne variable pour personnaliser au mieux notre Reaper.
Comme dans Zelda, on gagne un cœur une fois un boss vaincu ou lorsqu’on a réuni trois fragments de cœur. Idem, lorsqu’on a trois fragments de crystal, notre barre de mana augmente. De ces deux choses, cœurs et mana, s’ils viennent à manquer, on pourra en récupérer en achevant les ennemis qui inondent l’écran. On aura également des âmes, monnaie d’échange chez le marchand. Du classique de chez classique pour le genre.
Si le jeu parvient à enthousiasmer sur les premières heures de jeu, il ne se renouvelle pas assez et devient même prévisible. Pire, plus on a de cœurs, plus on a de réserve de mana, plus il devient facile de progresser dans ces niveaux pourtant de plus en plus longs. Rien ne paraît difficile une fois notre Reaper customisé à fond. Et cette quasi-invincibilité arrive bien trop tôt dans le jeu, environ à la moitié du parcours si on chine suffisamment d’items en refaisant quelques niveaux. Du coup, enchaîner les mêmes vagues de monstres sur des dizaines de minutes peut finir par lasser.
Malgré ce défaut, jouer Death Tales n’est pas non plus un supplice, le joueur prendra plaisir à affronter des boss aux looks impayables, bien retors et bien longs à dessouder. Reaper reste excellent à manier, en toute circonstance. Pour le fun, jouer à deux est bien entendu une grosse plus-value. Et puis, l’univers atypique, l’ambiance particulière du jeu donne envie d’accomplir sa mission avec le plus grand soin.
Artistiquement parlant, c’est beau. Nous avons droit à une simili-animation en papier découpé rappelant les Beat-them-All made in Vanillaware. Mention spéciale aux créatures, entre ces médecins de peste déclinés sous diverses formes, ces anges de la mort, ces sorcières witcheresques et ces méchants totalement déjantés. Les décors ne sont pas en reste, en étant complètement déjantés, à l’image de ces astres géants cartoonesques. Nous nous retrouvons quelque part dans le monde torturé d’un Clive Barker à la sauce fantasy. Seule faute de goût : les couleurs fluos à certains moments ! Le niveau dans la forêt fait même dans l’association audacieuse entre l’octarine, l’orange « tanguesque » et le vert épinard au plutonium… Autre couac, si le jeu flatte l’œil en mode portable, avec une excellente résolution, sur la télé, le flou est de sortie et fait baver ces fameuses couleurs qui débordent de toute part. À jouer donc de préférence en mode portable.
Un dernier point sur la musique, elle sera un sérieux lien entre le jeu et vous. Tour à tour sublime, intrigante, épique, puissante, toujours orchestrale (avec des chœurs wagnériens), elle fait partie intégrante du plaisir à enchaîner les coups de faux sur cette bleusaille. Si le jeu avait été plus varié, moins sur des rails, nul doute qu’il aurait tutoyé les cieux du genre.
Conclusion
Si manier la faucheuse dans cet univers déjanté et atypique, sur une musique épique, est un grand plaisir, Death Tales reste un parcours balisé, alternant de manière métronomique vagues de monstres et phases de plates-formes. Un peu répétitif en somme, Death Tales est néanmoins un bon Beat-them-all, un jeu tout ce qu'il y a de plus recommandable pour qui cherche un peu de « bourrinitude » dans ce monde trop doux.
LES PLUS
- Atypique et attachant
- Maniement jouissif
- Mélange réussi entre baston et plates-formes
- Musique fantastique !
- Le bestiaire et les décors
- Des débuts enthousiasmants
LES MOINS
- Quelques couleurs fluos vont vous détruire la rétine
- De plus en plus linéaire
- Trop facile une fois la moitié du jeu passé
- Répétitif
Oups coquille… Pour « ces sorcières witcheresques et ces méchants totalement déjantés », il faut lire « ces sorcières witcheresques et ces mechas totalement barrés. »