Fruit de la collaboration entre un développeur amoureux de retro-gaming, François « Wonderboy Bobi » Perez, et un studio français, Storybird Game, qui soigne ses sorties sur Nintendo Switch. Tanuki Justice ne peut laisser indifférents les amateurs de beaux pixels et d’action intense. Ses promesses alléchantes de Run’n Gun à l’ancienne et d’action frénétique attirent l’œil de tous les fans de Ninja Gaiden 1er du nom sur Master System. De plus, sa sortie à la fois sur l’eshop et aussi dans une magnifique version boite grâce aux éditeurs No Gravity Games et PixelHeart semble être un gage de qualité. Alors, arrivera-t-il à rendre un hommage vibrant à son modèle ? C’est ce à quoi nous tenterons de répondre dans la suite de ce test.
Un développeur sous influences
Pour tous ceux qui ne le connaîtraient pas (honte à vous, mais il n’est jamais trop tard pour bien faire), Wonderboy Bobi est un développeur indépendant qui s’est fait connaître par ses titres qui rendent à chaque fois un hommage à un titre bien précis : avec Golvellius la Quête du Second, c’était Golvellius : Valley of Doom sur Master System qu’il rappelait à nos souvenirs. Avec EON, il offrait une madeleine de Proust à tous les amoureux de Shadow Of The Beast sur Amiga. Et avec Aggelos, c’était Wonder Boy qu’il rappelait à nos souvenirs.
Son nouveau titre : Tanuki Justice, se décrit comme un Run’n Gun. C’est-à-dire que dans un univers en deux dimensions, vous devrez mettre à l’épreuve vos réflexes pour mettre au pas les forces ennemies qui se jetteront avidement sur vous tout en évitant les pièges tendus par un level design qui fait la part belle aux acrobaties aériennes.
De ce côté, Tanuki Justice remplit parfaitement le contrat. Ne comptez pas le terminer en un run. Il vous faudra de la patience et de nombreux essais pour maîtriser l’ensemble des niveaux qui vous sont proposés. Le titre de Wonderboy Bobi est, comme son modèle, très difficile. D’autant plus que vos ennemis vous tueront au moindre contact. Vos trois petites vies ne seront pas de trop pour arriver au bout de votre aventure.
Celle-ci est d’ailleurs un peu trop en retrait. Si l’univers féodal dans lequel prend place votre aventure attire tout de suite les regards, tout comme le design de nos personnages, le scénario est quasi inexistant : vous et votre sœur tanuki devez empêcher les méchants de prendre le contrôle du monde. Pourquoi ? Ben parce qu’ils ont un rire machiavélique, voilà si ça, ce n’est pas une bonne raison. C’est dommage, une histoire plus poussée aurait rendu nos héros encore plus attachants.
D’autant que le travail sur l’ambiance générale du titre est de qualité. Les graphismes, tout en pixel art, rappellent ceux de la Master System, mais avec un sens du détail adapté à nos consoles modernes. Le résultat est magnifique, que ce soit dans les forêts de bambous, dans le cimetière ou encore dans le temple, chaque level a sa propre identité. Bien sûr, les vieux de la vieille retrouveront beaucoup d’influences dans les arrière-plans, mais c’est à ça qu’on reconnaît un hommage réussi.
La musique n’est pas en reste avec ses sonorités chiptune entraînantes. Elle est parfaitement adaptée à chaque niveau parcouru et elle se renouvelle suffisamment pour être un moteur qui vous motivera à aller toujours de l’avant même dans les moments difficiles.
Un tanuki ninja, une autre idée de la classe
Qui dit Run’n Gun, dit gameplay maîtrisé et technique affûtée. Dans les deux cas, aucun souci à avoir. Tanuki Justice est une réussite. Son gameplay est un modèle de maîtrise. Les attaques au shuriken, les sauts et doubles sauts ainsi que les attaques spéciales s’enchaînent sans coup férir et les contrôles répondent au doigt et à l’œil. S’il vous arrive de mourir dans Tanuki Justice, c’est entièrement du fait de la défaillance de vos réflexes (des miens en tout cas). Seul l’apprentissage viendra pallier vos lacunes et vous permettra de progresser, jusqu’à affronter le boss pour clore le niveau et accéder au suivant.
Les combats de boss demandent bien sûr l’apprentissage de leur pattern ainsi qu’une bonne dose de réflexe (et oui encore) pour gérer leurs attaques ainsi que les multiples ennemis supplémentaires qui arrivent encore à se faufiler dans votre face-à-face. Autant vous le dire, le challenge est corsé. Si le premier level ne nécessite aucun « Continue » en mode normal, ceux-ci ne tarderont pas à se montrer essentiels, d’autant plus qu’un « Continue » signifie revenir au début du niveau. Heureusement ceux-ci sont de tailles raisonnables et une fois maîtrisées ils se passent rapidement, permettant à un nouvel affrontement avec le boss d’avoir lieu sans faire naître de frustration.
Le chara-design des boss, tout comme celui des personnages et des monstres, sont assez réussis et variés. Du chat Goku au lion samouraï en passant par la tortue géante et le démon folklorique, vos adversaires n’offrent jamais de moments de répit et ne se ressemblent jamais. Vos héros, eux, sont à la fois choupi tout plein et pourtant bien badass. En prendre le contrôle est un plaisir.
Enfin cerise sur le gâteau de riz, vous pouvez vivre votre aventure avec un allié. La partie est alors bien plus facile et vous pouvez envisager d’en venir à bout plus facilement. Le titre de Wonderboy Bobi se montre alors un peu décevant en termes de durée de vie, comptez deux heures pour en voir le bout. Bien sûr vous pourrez relancer une partie avec deux niveaux de difficulté supplémentaires, mais l’aventure à deux était tellement plaisante que des niveaux additionnels n’auraient pas été superflus.
Conclusion
Avec son gameplay maîtrisé, sa technique irréprochable et son ambiance graphique et musicale rendant hommage aux meilleurs titres de la Master System, Wonderboy Bobi a réussi avec Tanuki Justice à créer un jeu qui a son identité propre tout en rappelant ses plus illustres ancêtres que sont Ninja Gaiden ou Psycho Fox. Son titre à la fois exigeant et accessible offre une progression régulière jamais frustrante. Sa durée de vie dépendra du challenge que vous vous fixerez. Si en venir à bout à deux en difficulté normale ne vous prendra que quelques heures, il en ira tout autrement en solo en mode « Insane », qui vous permettra alors d’affûter vos réflexes de ninja. En finir avec Tanuki Justice c’est espérer qu’un jour, nos héros aient droit à une nouvelle aventure.
LES PLUS
- Les graphismes tout en pixel art sont une réussite de néo-rétro
- Les musiques chiptune entraînantes s’enchaînent sans baisser en qualité
- Le level design est maîtrisé et permet une avancée régulière
- Le gameplay et la technique sont un exemple de justesse
- Une version physique est disponible
- Une difficulté adaptable au challenge souhaité
LES MOINS
- Le scénario est anecdotique