Cela fait bien 10 ans que Super Meat Boy est né, développé à l’époque par Edmund McMillen (aujourd’hui connu pour The Binding of Isaac entre autres) et Tommy Refenes, et qui est aujourd’hui parmi la scène indépendante, l’une des pierres angulaires et symbole de l’essor des “indies”. Ce platformer extrêmement exigeant a d’ailleurs popularisé un genre à l’époque que l’on appelait le “Die and retry” ; des jeux dont la difficulté très élevée et la rejouabilité instantanée après un échec poussaient à tenter sa chance, mourir, recommencer et ce encore et encore jusqu’à compléter chaque niveau. Aujourd’hui 10 ans après, c’est donc la nouvelle Team Meat dirigée par Tommy Refenes qui nous sort la suite tant attendue de Super Meat Boy, sobrement sous-titrée “Forever”. Contrairement à son prédécesseur, ce nouvel opus est un runner et non pas un jeu de plate-forme, alors est-ce que ce revirement de genre plutôt lié au mobile enlève du charme à la série ? Nous allons le voir tout de suite.
Tap and retry
Après les événements de Super Meat Boy, notre héros retrouve sa bien aimée Bandage Girl avec qui il aura donné naissance à un petit bébé appelé Nugget. Comme dans tout scénario un peu nanar, le grand méchant Dr. Fetus est de nouveau présent. C’est donc à la petite progéniture qu’il va s’en prendre cette fois et l’enlever à la place de Bandage Girl (histoire de changer un peu). Dans un élan d’héroïsme, les deux parents vont donc se lancer à la poursuite du super-vilain pour retrouver leur petit bout de chou (ou de chair plutôt).
Une première chose que l’on remarque, c’est que cette suite se concentre un peu plus sur la narration d’une histoire, et pour accompagner cela, des cinématiques en dessins animés viennent agrémenter les transitions entre les différents mondes. Un mode cinéma est d’ailleurs présent et vous permettra de visionner à souhait les presque une heure de cinématiques incluses dans le jeu. Petit mot sur les cinématiques d’ailleurs, elles sont visuellement impeccables et dépeignent bien l’univers tout mignon et à la fois gore de la franchise. Pour rappel, celle-ci tient ses initiales “SMB” d’un certain moustachu de chez Nintendo par pure envie parodique de la part de ses créateurs.
Au niveau du gameplay nous sommes donc sur un jeu de type auto-runner, c’est à dire que votre personnage va se mettre à courir frénétiquement dans une direction sans que vous n’en ayez le contrôle avec votre joystick par exemple, ni de moyen de vous arrêter. Ce jeu étant parti à l’origine pour être un jeu mobile a finalement vu un portage sur toutes les plates-formes, le tout sans changer la formule choisie au départ.
Le pari est risqué, alors que le premier opus était un jeu de plateforme si exigeant et si prisé par une communauté de speedrunners, mais n’enlève au final pas la moindre once d’ADN de Super Meat Boy, ceci surtout face à une difficulté extrême et évoluant exponentiellement à chaque niveau. Ici vous mourrez donc de très très TRÈS nombreuses fois à chaque niveau jusqu’à réussir le parcours parfait et en voir le bout.
Pour ce qui est des commandes, seuls deux boutons vous seront utiles, l’un permet de sauter et l’autre de glisser. C’est tout… Bon, petite subtilité tout de même qui vient ajouter un peu de profondeur, si vous pressez la touche de saut en étant dans les airs vous effectuerez une attaque en avant qui vous fera légèrement dash, même chose pour la glissade qui vous fera plonger vers le sol.
La palette de mouvements de votre personnage (au choix parmi 18 à débloquer) sera très similaire à ce que l’on a pu voir sur Super Meat Boy, vous pourrez ainsi augmenter la hauteur de vos sauts en pressant plus ou moins longuement la touche, glisser le long des parois et rebondir sur des murs. Chaque niveau vous proposera des collectibles qu’il faudra récupérer pour débloquer de nouveaux personnages, ainsi qu’un timer qui vous attribuera un rang à chaque niveau. A l’instar donc du premier opus vous pourrez débloquer les versions “Dark World” de chaque niveau en complétant la version originelle avec un rang S.
Des combats de boss assez originaux et tirant bien partis des commandes limitées du jeu viennent agrémenter l’aventure et font part d’un ajout plutôt sympathique. Ces combats viennent briser le rythme un peu répétitif des phases de plate-forme et apportent une petite touche de fraîcheur.
Vous traverserez donc différents niveaux dont les obstacles seront générés aléatoirement à chacune de vos sauvegardes, chaque niveau est en effet constitué de plusieurs “morceaux” tous mélangés et assemblés différemment dans des ordres uniques pour chaque sauvegarde créée. D’ailleurs chaque mort ne vous ramènera pas au tout début d’un niveau mais au début du “morceau” en cours, légère différence se montrant plus clémente que le premier opus.
Ainsi ce côté un peu moins frustrant aide à rendre le jeu très addictif et la rejouabilité s’en trouve quasi infinie, vous poussant à recréer de nouvelles parties si vous souhaitez revisiter certains mondes sous un nouveau jour. Un système de “seed” est présent vous permettant de saisir manuellement un code qui vous fera jouer exactement sur les mêmes mondes que vos amis si vous souhaitez vous lancer des défis de vitesse par exemple.
Au total 4 mondes comprenant 6 niveaux + 1 combat de boss chacun vous sont proposés, comptez en le double pour les versions alternatives Dark World que vous débloquerez avec énormément de détermination, combinez cela à une génération aléatoire pour chaque sauvegarde créée et vous obtenez un jeu dont la durée de vie est virtuellement illimitée.
Au niveau de sa présentation globale, le jeu est très beau, coloré, rempli de petits détails en tout genre comme la classique trace de sang que vous laisserez derrière chaque surface touchée. Les musiques quant à elles restent bien dans le ton de ce que l’on avait pu entendre dans l’excellente soundtrack de Super Meat Boy premier du nom.
Conclusion
Prenant un pari de changer totalement de genre, au risque de se mettre à dos les plus grands fanatiques du premier opus qui en auraient attendu plus pour une suite, Super Meat Boy Forever nous propose une formule de runner automatique qui fonctionne diablement bien. Le côté Die and Retry se retrouve parfaitement et s’adapte bien au gameplay du titre, conservant ainsi l’ADN du produit de base tout en apportant une nouvelle façon de jouer. De plus le côté “aléatoire” dans la génération de chaque sauvegarde vient donner une rejouabilité infinie au titre, plus un côté “partage” des seeds de joueurs s’ils souhaitent se lancer dans des compétitions de speedrun par exemple. Enfin, la présence des versions Dark de chaque niveau s’ils sont préalablement complétés avec un rang “S”, ainsi que les collectibles que vous devrez récupérer dans des zones pas toujours confortables, apporteront un challenge bien plus hardi aux plus tenaces d’entre vous.
LES PLUS
- La difficulté brutalement élevée que l’on connaît à Super Meat Boy…
- La génération aléatoire de niveaux rendant la durée de vie infinie
- Les cinématiques toutes colorées et bien réalisées
- Un tas de personnages à débloquer
- Des versions Dark World plus épicées des niveaux
- Les combats de boss vraiment originaux
- La possibilité de partager ses seeds avec ses amis
LES MOINS
- ...Rendant le jeu plutôt (volontairement) frustrant
- Certaines sections générées aléatoirement peuvent être proches de l’impossible
- Une certaine répétitivité peut se faire sentir
- Quelques chutes de framerate dans les derniers mondes