Le cinéma hongkongais – et plus généralement asiatique – a eu une influence considérable dans l’industrie vidéoludique. Les fusillades d’À toute épreuve, œuvre phare de John Woo, ont été bénéfiques pour développer l’esthétique des scènes d’action. Le jeu Stranglehold, sorti en 2007 sur Xbox 360 et PS3, reprenait l’histoire du film pour réaliser une suite principalement tournée vers des fusillades intenses coincées entre l’utilisation excessive du bullet-time et une maniabilité rigide. Dans la même veine, The Hong Kong Massacre est un hommage sincère aux productions asiatiques, partagées entre Johnnie To et Tsui Hark. Sa sortie sur Nintendo Switch permet de découvrir un jeu dont le concept rassemble les gameplay de Hotline Miami et de Max Payne.
Des gunfights à gogo
The Hong Kong Massacre narre les péripéties du personnage principal qui, à travers des cinématiques sobres, se laisse découvrir. Ancien inspecteur de police, il fait désormais face à de nombreux ennemis, accusés d’avoir tué l’ancien partenaire du héros. À travers une trentaine de niveaux, le personnage principal tue en pagaille des mafieux dans un Hong Kong propre aux productions de John Woo. En exécutant des chorégraphies aidées par le bullet-time, le joueur doit faire et refaire des niveaux – dont les principaux défis permettent d’augmenter la durée de vie.
Le principal attrait de The Hong Kong Massacre repose sur sa verticalité. Or, le level design oscille entre le bon et le très moyen. Certains niveaux sont agréables à parcourir, mais le décor peut parfois bloquer la trajectoire du personnage et de ses balles. Il faut également compter sur une destruction des décors pour améliorer l’interactivité entre l’action des personnages et le décor – dont la destruction demeure toutefois partielle. Le bullet-time permet de s’imprégner dans l’ambiance explosive, car le joueur peut se servir du décor pour exécuter ses cibles. Ainsi, il peut sauter à la fois sur des cartons et sur le toit d’un immeuble, rendant l’effet du bullet-time bien plus ravageur.
Un gameplay trop générique
Il est bien évidemment complexe de passer après la révolution vidéoludique qu’avait été, en son temps, Max Payne. L’utilisation du bullet-time, qui y était essentielle, n’a jamais été revisitée avec autant de vigueur et d’efficacité que depuis le troisième opus, sorti en 2012. Enter The Matrix avait peut-être des idées supplémentaires, mais sa maniabilité et ses graphismes ont triomphé sur son gameplay. Parallèlement, The Hong Kong Massacre semble hors du temps, empruntant un concept utilisé à foison – My Friend Pedro, de Devolver, étant le dernier exemple phare. Dans un champ aussi chargé que celui du bullet-time, The Hong Kong Massacre ne propose rien de bien nouveau.
Une autre particularité vient parasiter quelque peu le plaisir de jeu. La structuration du jeu et le gameplay ressemblent très fortement à Hotline Miami, réalisé par Devolver. Derrière son style psychédélique se cache une merveille de gameplay rappelant les premiers GTA, dont la vue au-dessus permettait aux joueurs d’assister le personnage dans ses furies meurtrières. Dans The Hong Kong Massacre, la vue au-dessus est bien respectée, permettant d’apprécier la plastique du jeu. Certes, le jeu n’est pas une foudre de guerre, d’autant que certains décors semblent parfois baveux ; mais il faut reconnaître l’existence de différents effets visuels plutôt réussis. Les explosions et les effets lumineux sont relativement corrects, renforçant la sensation d’immersion. Le sound design est également au rendez-vous ; les bruitages sont de très bonne facture, et les musiques, malgré leur redondance, sont satisfaisantes. Toutefois, l’ensemble s’appuie très fortement sur certaines idées promues dans Hotline Miami. Ce dernier proposait un gameplay fluide et très rythmé, ce que The Hong Kong Massacre n’arrive malheureusement pas à reproduire. La rigidité et la lourdeur du personnage principal étonne durant les premières sessions, nécessitant un certain temps d’adaptation.
Du contenu sommaire
La force du jeu repose principalement sur la diversité des situations proposées. Évidemment, les fusillades ont une place centrale dans le jeu, mais les décors permettent de faire évoluer l’expérience. C’est un moindre mal pour un jeu dont le gameplay invite à s’impatienter devant l’inévitable die and retry qu’il occasionne. En effet, la difficulté permet de relever la durée de vie du jeu, dont l’histoire parvient aisément à se clore en seulement quatre heures. Des défis agrémentent l’expérience, proposant, par exemple, au joueur de clore un tableau sans utiliser le bullet-time ou dans un temps imparti. Un dopage purement artificiel, puisque l’intelligence artificielle conditionne seulement et simplement cette réussite. Le niveau de cette intelligence n’est pas vraiment exceptionnel – les niveaux se terminant très rapidement tant les adversaires semblent parfois trop léthargiques. Des boss sont présents à chaque fin de tableau, mais ils ne demeurent pas très cérébraux.
Une adaptation efficace sur nintendo switch
L’adaptation de The Hong Kong Massacre est très satisfaisante, et ce peu importe le support. En mode portable, le jeu se prend non sans difficulté en main, mais l’immersion est totale. L’optimisation est de mise pour cette version, tout comme en version dockée où le jeu tourne très bien. Entre la version avec les Joy-Cons et la version avec la Controller Pro, la seconde option est largement privilégiée en version dockée tant la manette améliore considérablement la maniabilité. Il faut toutefois noter que le jeu est seulement disponible en langue anglaise – jusqu’à présent, la langue française n’est pas d’actualité.
Conclusion
The Hong Kong Massacre est à la fois un jeu d’action réussi, un hommage vibrant au cinéma asiatique des années 80 et 90 et une pâle reproduction d’une union profanatoire entre Hotline Miami et Max Payne. Pour autant, l’expérience est de bonne facture, mais le prix, d’une vingtaine d’euros, ne vaut peut-être pas un investissement durable sur le temps long.
LES PLUS
- Le bullet-time
- Un hommage sincère envers le cinéma asiatique
- L’esthétique
- Un gameplay jouissif
LES MOINS
- La lourdeur du héros
- Une maniabilité parfois confuse
- L’intelligence artificielle
- Une durée de vie très limitée…
- … et des défis illusoires