Vous êtes-vous déjà demandé à quoi pourrait ressembler l’enfant du jeu Hyrule Warriors et du film The Killer de John Woo, dans un univers en deux dimensions et dans le Paris des années 70 ? Non ? Il faudrait un cerveau malade pour imaginer ça… Et pourtant, un tel cerveau existe, et donc un tel enfant existe ! Il s’agit du jeu Arrest of a Stone Buddha, tout droit sorti du cerveau malade de Yeo, un développeur solitaire qui a déjà commis le jeu The Friends of Ringo Ishikawa.
Dans Arrest of a Stone Buddha, on commence assis dans une église. Puis on se lève, on avance vers le chœur, on sort un flingue et on tire sur un type agenouillé devant nous. Et c’est parti, des hordes d’hommes de main débarquent à gauche et à droite, et il faut les abattre avant qu’ils ne nous tuent. On comprend alors qu’on est un tueur à gages traqué et on se déplace dans un Paris fantasmé des années 70, au milieu des Citroën DS, des Renault 4L et des combis Volkswagen, où on défouraille sans répit.
Notre personnage se déplace très lentement, à part tirer d’un côté ou de l’autre, il peut désarmer un ennemi pour lui prendre son arme : un pistolet ou un fusil à pompe, et s’accroupir. On ne pourra jamais faire mieux, pas de saut, pas de course rapide. Arrest of a Stone Buddha, est un jeu de tir de type die & retry, sans aucune indication à l’écran. On ne sait pas combien il reste de balles dans notre chargeur, donc on est obligé de laisser les ennemis s’approcher suffisamment près pour pouvoir leur arracher leurs armes. On ne sait pas non plus où nous en sommes de notre vie. La plupart du temps, on survit à plusieurs balles sans comprendre pourquoi et on meurt d’une balle sans comprendre pourquoi non plus. Ce qui est assez frustrant.
Tout au long de l’aventure, le jeu est assez avare en explications. Entre deux phases de shoot, on se retrouve à arpenter les rues grises de Paris en 1976. On peut ainsi entrer dans une pharmacie, un cinéma, un bar et son appartement. On rencontre un acolyte qui nous parle du bon vieux temps. Rien n’est explicité, on a l’impression d’être face à un jeu expérimental ou un film à la Melville comme Le Samouraï…
La musique qui accompagne le jeu est très très belle et bien choisie. C’est vraiment la seule chose qui sauve le jeu. Pour le reste, les graphismes en pixel art sont plutôt jolis, mais assez répétitifs. La maniabilité est correcte, bien que très limitée, et le gameplay est extrêmement répétitif et punitif. Quand on meurt, on reprend au début du niveau, et on peut mourir des dizaines de fois avant d’atteindre la fin d’un niveau. Il faut donc avoir des nerfs solides pour recommencer sans avoir clairement compris ce qu’on avait mal fait pour se faire tuer.
Conclusion
Est-il possible d’être déçu d’un jeu dont on n’attend rien ? Oui, car après des premières minutes qui amènent de l’étonnement et de l’intérêt pour le titre, on se retrouve face à un jeu obscur, très difficile et très répétitif. À part la musique, rien ne sauve Arrest of a Stone Buddha. C’est dommage, car l’idée de base est intéressante, mais elle est trop mal gérée sur la durée.
LES PLUS
- Une musique très agréable
- Une ambiance mystérieuse
LES MOINS
- Un gameplay ultra répétitif
- Un jeu très dur et frustrant
- Aucune indication à l’écran
- Un prix élevé pour ce type d’expérience (15€)
Dommage… il avait l’air bien sur le papier
ce jeu est en quelque sorte un gachis..la realisation est simplement sublime , la musique au top.quel dommage ! ca me rappelle les jeux micros des annees 90
Le jeu est volontairement lent et répétitif, surtout dans les phases de balades. C’est pour exprimer et faire ressentir la futilité de la vie du personnage, son ennuie profond et sa solitude. Les pilules que le personnage consomme pour dormir et passer au jour suivant deviennent une addiction, et le joueur se retrouve pris dans cette addiction préférant droguer le personnage plutôt que de vivre quelques secondes de plus la solitude de ce dernier. Alors oui, ce n’est pas vraiment un jeu d’action, ni vraiment un jeu. C’est plutôt une expérience à vivre. Le jeu vidéo peut se rapprocher des autres arts: un Picasso c’est moche, et pourtant c’est puissant. Ici c’est pareil, l’expérience de jeu est mauvaise, mais si l’on y réfléchit, elle nous fait vivre quelque chose que l’on ne retrouvera dans aucun autre jeu, aucune autre oeuvre.
bonjour RBK,
ton analyse est très juste, merci. J’avoue être un peu passé à côté de cette « expérience », mais tu as complètement raison dans le fait de dire que comme toute oeuvre d’art, on ne peut pas se contenter d’un c’est bien ou c’est pas bien.
On arrive ensuite à la différence entre un test et une critique. Les lecteurs aiment les tests car ils peuvent se faire un avis en lisant uniquement la conclusion et la note finale, mais la critique est plus intéressante même si elle apporte souvent plus de subjectivité.
Bref ta critique est finalement très complémentaire du test, et pour ça, encore merci !
je suis d accord avec le test ….ce produit se veut avant tout etre un jeu video ! et la c est la limite entre la contemplation et le jeu